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leur connaît que quelques feuilles volantes recueillies par Camden (1). L'Allemagne et les Pays-Bas ont eu beaucoup de poëmes macaroniques, parmi lesquels on distingue Cerfamen catholicum cum calvinistis, par Martinius Hamconius Frinus. Cet ouvrage &, dit-on, mille deux cents vers dont tous les mots commencent par la lettre C. On peut mettre à côté de ce poëme, le De R bandita de Leti : c'est un discours sans aucune R, présenté par Leti à l'académie des humoristes de Rome. Ajoutons-y les discours en monosyllabes, et ceux desquels on retranche une voyelle. En général, on doit dire de ces objets de pure curiosité, ainsi que de toutes les poésies

(1) Ils ont cependant quelques poëtes burlesques; Cotton a travesti Virgile en anglais, comme Scaron l'a fait en français. Brown, ami de Franklin, est auteur d'une Bible travestie en vers burlesques. "Brown avait de la littérature et de l'esprit, dit Franklin; mais il était mécréant. Il présenta dans sa Bible travestie beaucoup de faits sous un jour trèsridicule; ce qui aurait pu nuire aux esprits faibles, si son ouvrage eut été publié; mais il ne le fut jamais.

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Pelisson, dans son Histoire de l'académie française, raconte que, dans le 17e siècle, le burlesque était si fort à la mode, qu'un docteur de Sorbonne mit la passion de Jesus-Christ en vers burlesques. Ce poëte représente Jesus au jardin des Olives, tenant en mam le calice, et buvant à la santé du genre humain. Il n'existe rien de plus ridicule, ni de plus burlesque que le poëme de la Magdelaine, par Pierre de Saint-Louis, carme. Il y appelle les rossignols et les pinçons, des luths animés, des orgues vivans, des sirènes volantes: les arbres sont de vieux barbons, de grands enfans d'une plus grande mère, d'énormes géans, des colosses éternels. Il leur reproche l'orgueil avec lequel ils s'élèvent jusqu'au ciel, sans avoir jamais devant lui la tête nue. Il rend cependant justice à la droiture de leurs intentions: il convient qu'en regardant de si près le ciel, il n'ont dessein, ni de l'outrager, ni de l'escalader; ils sont seulement d'aimables rodomonds et de beaux orgueilleux. Il dit, en parlant des yeux de Magdelaine:

Qu'ils sont des bénitiers d'où coule l'eau bénite,

Qui.chasse le Démon jusqu'au fond de son gîte, etc., etc.

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macaroniques: Turpe est difficiles habere nugas, et stultus labor est ineptiarum.

MACÉ (Robert). Imprimeur à Caen, mort en 1490 à peu près. Il est le premier qui exerça, en Normandie, l'art typographique avec des caractères de fonte. Il eut pour apprentif le célèbre Christophe Plantin.

MAITTAIRE (Michel). Grammairien de Londres, et l'un des plus célèbres bibliographes connus, dans le 18 siècle. Il joignait à une vaste érudition beaucoup d'exactitude. Le principal ouvrage qu'il a publié est celui intitulé : Annales typographici, dont nous avons donné le titre détaillé dans notre Manuel (1); mais nous n'y avons parlé que des cinq premiers volumes de la nouvelle édition donnée par M.-D.-G.-W. Panzer : nous ajouterons ici que le neuvième vient de paraître, et que le dixième, qui doit terminer cette belle édition, verra le jour sous peu. Le titre de cette édition est: Annales typographici ab anno MDI, ad annum MD XXXVI continuali, post Maittairii aliorumque doctissimorum virorum curas in ordinem redacti, emendati et aucti cura D.-G.-W. Panzer, 1797 et années suiv. 10 vol. in-4 (2). Les autres ouvrages de Maittaire sont : Historia Stephanorum. Londres, 1709, in-8; Historia typographorum aliquot parisiensium, 1717, 2 tom. en 1 vol. in-8; Corpus poëtarum latinorum. Londres, 1721, 2 vol. in-fol.; Græcæ linguæ dialecti. La Haye, 1738, in-8; Miscellanea græcorum aliquot scriptorum carmina, gr. lat.

(1) Pag. 264.

que M.

(2) On a refondu dans cette nouvelle édition le supplément Denis, bibliothécaire à Vienne, a. publié en 1789, et dans lequel supplé ment il se trouve plus de six mille articles du 15e siècle, et qui étaient inconnus à Maittaire.

Londres, 1723, in-4, etc. Tous les ouvrages de Maittaire

sont très-estimés.

MANSION (Colard ). Premier imprimeur à Bruges On ignore l'année et le pays où Mansion a vu le jour. Tout ce que l'on sait, c'est qu'en 1454 il était membre et suppôt de la communauté de saint Jean l'évangéliste à Bruges, où l'on présume qu'il est né. Cette communauté était composée d'écrivains, de maitres d'école, de librairiers, de printers (imprimeurs sur bois), d'enlumineurs, de relieurs et de beeldemakers (faiseurs d'images). On voit, par les registres de cette communauté, que Mansion a resté sans interruption à Bruges depuis 1454 jusqu'à 1468; il n'est point question de lui dans les années 1469 et 1470 : il reparaít en 1471; ce qui fait conjecturer qu'il s'est absenté de Bruges pendant ces deux années, pour aller apprendre l'art de l'imprimerie qu'il y apporta. Dans ces registres, il prend quelquefois le nom de Colinet, diminutif de Colard, qui était fort commun dans le 15e siècle. Son nom de famille varie aussi dans ces mêmes registres: tantôt c'est Manchien ; tantôt Monzioen; en 1458, Manzioen; en 1459, Manchoen; en 1467, Monsyoen; mais, dans ses éditions, il a toujours pris le nom de Mansion, qu'il écrit quelquefois Manchion. On pourrait soupçonner que Mansion était originaire de France; car il a traduit plusieurs livres en français. Il n'a imprimé que des livres écrits en cette langue; cependant il écrivait très-bien le flamand. Il s'est fait, par ses services dans l'art typographique, et par ses traductions françaises, une réputation qui lui valut la protection et même l'amitié des grands, entr'autres, celles de Louis de Bruges, seigneur de Gruthuse, qui tint un de ses enfans (1), et que Mansion appello son compère dans la dédicace d'un de ses ouvrages.

(1) On ignore quelle fut la profession de cet enfant ; peut-être Paul en

La première édition sortie des presses de Mansion est le Jardin de dévotion, ouquel l'ame dévote quiert son amoureux Jesu-Crist. On y lit à la fin ces deux lignes: Primum opus impressum, Brugis, per Colardum Mansion. Laudetur omnipotens. On croit cette édition, qui n'a point de date, de 1472 ou 1473; l'édition des Dits des Philosophes est également sans date on la croit de 1473; mais l'édition de la Ruine des nobles hommes et femmes, de Bocace, date incontestablement de 1476. On en connait six a sept exemplaires (1). L'édition du Livre de Boëce, de Consolation de Philosophie, etc., est de 1477. On connaît encore plusieurs autres éditions publiées par Mansion, et sur lesquelles on peut consulter Marchand, Mercier, Vanpraet, Lambinet, Visser, etc, il résulte de l'incertitude de la date de certaines éditions de Mansion, et de la certitude de celle de la Ruine des nobles hommes, que l'on ne peut fixer l'établissement de l'imprimerie à Bruges, d'une manière certaine, qu'en 1476. On présume que Mansion aura appris son art en France, si l'on en juge par la forme de ses caractères. Il est mort en 1484.

MANUCE (Alde). Cet imprimeur, nommé en latin Aldus-Pins Manutius, était de Bassano dans la MarcheTrévisane, et vivait sur la fin du 150 siècle et au commencement du 16. Il s'établit à Venise, et s'y maria avec la

Robert Mansion, libraires et imprimeurs, qui vinrent s'établir à Paris au Commencement du 17e siècle, descendaient-ils de lui.

(1) Nous possédons, à l'école centrale de la Haute-Saône, cet ouvrage, mais d'une édition différente: elle est de Lyon, et postérieure à celle de Mansion. En voici la souscription: A la gloire et louenge de Dieu et à l'instruction de tous a este cestuy œuure de Jehan Bocace, du dechiet des nables hommes et femmes, imprimé à Lyon - sur-le-Rosne par_honorables maistres maistre Jehan Fehabeler, et maistre Mathis Huss. L'an mil, cœce quatre vinges et trays.

Nle d'André Asulan ou d'Asola, imprimeur dans cette ville. Il imprima, en 1476, Doctrinale puerorum, ouvrage de grammaire, que l'on croit d'Alexandre de Ville-Dieu, franciscain du 13e siècle. Alde a donné de très-bonnes traductions de quelques traités de saint Grégoire de Naziance et de saint Jean de Damas. Il fit une grammaire grecque et des notes sur Horace, Homère, etc. Il publia quelques ouvrages des anciens, auxquels il ajouta des préfaces estimées. Il s'occupa à corriger les manuscrits, en les confrontant les uns avec les autres ; ce qui ne se faisait point avant lui : on imprimait le premier manuscrit qui se présentait, et souvent le compositeur ajoutait des fautes à celles des copistes. André Roccha, dans sa Bibliotheca vaticana, dit qu'Alde donnait tant de soins à la correction des épreuves, qu'il n'imprimait tout au plus que deux feuilles semaine. Alde - Manuce par passe pour être l'inventeur du caractère cursif ou italique, dont on s'est tant servi dans le 16e siècle. C'est ce qui a fait donner à ces sortes de lettres le nom d'aldines; on les a aussi appelées vénitiennes, parce que les premiers poinçons en ont été faits à Venise; mais le nom d'italiques a prévalu, parce que ce caractère vient d'Italie : presque tous les peuples l'ont adopté. Le pape Jules II, dans son privilége du 27, janvier 1513, accordé à Alde-Manuce, relativement à son invention des caractères cursifs ou de chancellerie, dit que, dans l'impression, on les prendrait pour de l'écriture: Cum tu.... græcorum et latinorum auctorum volumina summa cura et diligentia castigata, à paucis annis ad communem omnium literatorum utilitatem characteribus, quos vulgus cursivos seu cancellarios appellat, imprimi tam diligenter et pulchri curaveris, ut calamo conscripta esse videantur. Alde est le premier qui a imprimé le grec correctement. Il faisait accueil à tous les savans. Erasme lui a fait imprimer quelques-uns de ses ouvrages, et a passé quelque temps chez lui, mais n'a jamais été son correcteur d'imprimerie

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