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traité De Missis dominicis, ouvrage où il est question, non pas de messes, de dimanches, mais de ces magistrats que les rois de la première et de la seconde race envoyaient dans les provinces, pour y rendre justice, et qu'on appelait Missi dominici. Un ignorant avait placé le Traité des fluxions de Maclaurin avec les livres de pathologie, prenant pour une maladie les fluxions mathématiques. Un autre avait mis un ouvrage intitulé: Aurifodina, parmi des livres de métallurgie, à côté d'Agricola ; et ces prétendues mines d'or n'étaient autre chose qu'un mélange ou recueil de lieux communs sur diverses matières de religion et de piété. Dans une grande bibliothèque, le citoyen Ameilhon a vu un livre sur l'opération de la taille, intitulé: Historiæ lateralis ad extrahendum calculum sectionis appendix, placé à côté d'un Traité sur les sections coniques. Dans cette même bibliothèque, on voyait un grand in-folio ayant pour titre : Fuggerorum et fuggerarum... ... imagines, mis au rang des livres de botanique. Il est visible qu'on a pris pour un traité des fougères mâles et femelles, une généalogie de la famille des Fugger ou Foucker, ces fameux négocians d'Ausbourg, qui avaient prêté à Charles-Quint des sommes immenses, et qui l'en acquittèrent, au milieu d'un grand festin qu'ils lui donnaient, en jetant sa cédule obligatoire dans un feu allumé avec des fagots de canelle. On avait aussi placé dans cette bibliothèque les Jours caniculaires au rang des livres ďastronomie; et ces jours caniculaires ne sont qu'un recueil de rapsodies sur toutes sortes de matières. Ces exemples, et mille autres qu'on pourrait citer, doivent engager les bibliothécaires à ne jamais juger des ouvrages par le titre, et à les parcourir avant de les classer. Des erreurs si ridicules et si choquantes, sont propres, comme le dit le citoyen Ameilhon, à dissiper les préjugés de certaines personnes qui s'imaginent que, pour dresser ou organiser une bibliothèque, on peut se servir du premier venu. Le citoyen Delille de Sales a regardé

comme une erreur, bibliographique la place que l'on donne dans les bibliothèques à l'Atheismus triumphatus de Campanella; « Cet ouvrage, dit-il, où toutes les objections contre Dieu, sont exposées avec force, tandis que tout est vague et insipide dans les réponses, pourrait être intitulé: Atheismus triumphans, Les bibliographes, ajoute-t-il, qui jugent des livres par le frontispice, rapgent cet ouvrage parmi les apologies du christianisme; et il est probable que c'est l'autorité de ces Quinze-vingt de la littérature qui a empêché le saint-office de mettre ce livre à l'index. » On pourrait répondre au citoyen Delille que le titre de Quinze-vingt convient sans doute aux prétendus bibliographes qui commettent les erreurs dont nous avons parlé plus haut, ou à ceux qui citent et classent les ouvrages sans les avoir lus; mais qu'il est injuste d'appeler ainsi les bibliographes instruits, quand meme ils placeraient Campanella parmi les apologistes du christianisme. Si le titre de l'ouvrage n'est pas une raison suffisante pour donner cette place au moine Calabrois, la publication de son livre à Rome (1), le silence de la congrégation de l'index, qui avait les yeux ouverts sur l'auteur, et, plus que tout cela, la nature de l'ouvrage, qui n'est ni aussi fort contre Dieu, ni aussi intéressant qu'on le veut faire croire, sont des motifs suffisans pour démontrer que les bibliographes n'ont point commis une erreur dans cette occa sion, et que l'épithète de Quinze-vingt est un peu gratuite: il serait cruel de la mériter, après avoir ouï parler des productions du citoyen Delille.

(1) Son titre est: Thomae Campanellae atheismus triumphatus, seu reductio ad religionem per scientiarum veritates. Rome, 1631, in-fol. Campanella est mort à Paris en 139, à 71 ans. Il a été emprisonné pendant 27 ans, et a essayé sept fois la question pendant 24 heures de suite. On l'accusait d'avoir voulu livrer la ville de Naples aux ennemis de l'état, et d'avoir des sentimens erronés, en matière de religion.

LIVRES D'IMAGES. L'histoire de l'origine de ces sortes de livres, c'est-à-dire, de la gravure en bois, serait trèsintéressante et jeterait une grande lumière sur le berceau de l'imprimerie, si elle n'était pas enveloppée de nuages que toute la sagacité des meilleurs bibliographes n'a pu encore percer. Ceux qui se sont le plus adonnés à ces recherches conviennent que les italiens, les allemands, les belges, les bataves ont cherché presque tous à la même époque, sur la fin du 14° siècle et au commencement du 15e, à graver et à sculpter sur bois et sur cuivre : ils avaient été devancés par les sculpteurs, ciseleurs, graveurs, maçons et fondeurs des 13 et 14e siècles. Le règne de Charles V, roi de France, fut, depuis Charlemagne, la première époque du renouvellement des lettres : il honora les sciences, pro-. tégea et encouragea les talens. Jean de Bruges, d'abord chimiste, puis inventeur de la maniere de peindre à l'huile (1), enfin, peintre distingué de ce monarque, enluminait les manucrits en, or, argent et azur. Les Histoires escolatres de la Bible, qu'il a ornées de jolies miniatures en 1371 par ordre et à l'honneur de ce prince, et qu'il a souscrites de sa propre main, attestent le goût et les talens supérieurs de l'artiste. Les livres d'images, sans date, sans indication d'auteurs et de lieu, que l'on fait voir dans les différentes bibliothèques de l'Europe, ont été gravés sur planches de

(1) Lessing, dans un ouvrage allemand imprimé à Brunswick en 1775, prétend que l'art de peindre à l'huile est beaucoup plus ancien qu'on ne pense: il cite, à l'appui de son opinion, des passages d'un manuscrit de Théophile-le-Prêtre, du 10e ou le siècle, et qui est à la bibliothèque nationale sous le n.o 6741. Il rapporte en entier le chapitre XVIII De rubricandis ostiis et de oleo lini, et le chapitre XXIII De coloribus oleo et gummi terendis. Mais ce manuscrit, qui contient encore quatre ou cinq tités sur le même sujet, n'est que de 1431. Voyez Recherc, sur l'orig, de l'Imp. de LAMBINET.

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bois fixes avec le texte à côté, au milieu ou au-dessous des images, ou quelquefois sortant de la bouche des figures pour les expliquer. Ils ont été imprimés d'un seul côté du papier avec une encre grise en détrempe. Ces ouvrages, que l'on regarde comme les premiers essais de l'imprimerie, ont été fabriqués, selon les uns, avant la découverte de l'art typographique, et selon les autres, dans les premiers commencemens ; ils se ressemblent presque tous : les figures sont grossièrement faites au simple trait dans le goût gothique, de même que l'explication en prose rimée qui accompagne chaque figure gravée dans les petits carrés des planches. Les feuilles, n'étant imprimées que d'un seul côté, sont collées dos à dos les unes avec les autres ; les lettres de l'alphabet qui se trouvent ordinairement au milieu des planches, indiquent l'ordre de leur arrangement: c'est ce qu'on appelle signatures (voyez ce MoT). Nous ne parlerons point ici des procédés que l'on a employés dans le principe pour graver en bois ; nous nous contenterons de faire mention de quelques livres d'images, curieux par leur singularité, d'une lecture difficile par l'abréviation des lettres et leur forme. Ils sont au nombre de sept à huit principaux. Maittaire, Schelhorn, D. Clément, Fournier le jeune, Méerman, Papillon, Debure, etc. les ont décrits, mais surtout Heinecke, qui a donné la copie fidelle de toutes les planches et le fac simile du texte, en désignant les différentes éditions, les variantes, etc. Voici la notice ou plutôt la liste de quelques-uns de ces livres précieux sur lesquels le citoyen Lambinet donne des détails. 1.o Figuræ typicæ veteris atque antitypicæ novi Testamenti, petit in-fol. C'est ce qu'on appelle la Bible des pauvres en Allemagne. Il y a quatre édi tions différentes de cet ouvrage en 40 planches, et une cinquième distincte des autres par son augmentation en 50 planches. On en voit un exemplaire à Bâle, un à Paris, un dans la bibliothèque du duc de Brunswick-Wolfenbutel,

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un à Oxford et un à Cambridge. 2.° Historia sancti Joannis evangelista, ejusque visiones Apocalyptica, petit in-fol. Heinecke a trouvé six différentes éditions de cette histoire. Il en existe beaucoup d'exemplaires que l'on voit dans différentes bibliothèques ; les uns ont 46 planches, d'autres 47 et d'autres 48, comme à la bibliothèque nationale. 3.o Historia seu providentia Virginis Mariæ ex cantico canticorum, petit in-fol. Il contient seize feuillets remplis de gravures en bois, et imprimés seulement d'un côté. 4.o Ars moriendi, petit in-fol. en 23 feuillets, dont 12 pour le texte et 11 pour les figures. Il y a eu de cet ouvrage sept à huit éditions différentes en latin, en allemand, avec un plus grand nombre de planches. '5° Ars memorandi notabilis per figuras evangelistarum, petit in-fol. On en voit un exemplaire à la bibliothèque de Nuremberg, un autre à la bibliothèque nationale, qui contient 48 planches, dont les figures sont grossièrement colorées. Méerman fait mention d'un exemplaire qui n'a que 30 planches. 6.° Donatus, seu grammatica brevis in usum scholarum conscripta. Le Donat Vocabulaire ou catholicon, fut imprimé par Guttemberg et Fust en caractères fixes gravés sur des tables de bois ( voyez TYPOGRAPHIE ). 7.0 Speculum humance salvationis ou Speculum salutis, petit in-fol. On compte plusieurs éditions de cet ouvrage. L'exemplaire qu'a vu le citoyen Lambinet à la bibliothèque nationale a 63 feuillets imprimés d'un seul côté à deux colonnes, et 58 estampes représentant des sujets de l'ancien et du nouveau Testament, gravés au simple trait.

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Selon Heinecke, les premiers livres ornés de gravures en taille-douce ou sur métal, en Allemagne, datent de 1440 à 1455; et selon Mercier, le premier livre orné de gravures sur métal que l'on ait découvert en Italie, est Libro intitulato monte santo di dio. Florentie, 1477, x septemb. Il y en a un exemplaire complet à Rome. La Valliere en

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