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composé que de signes représentatifs de choses ou d'idées avec lesquels ils n'ont qu'un rapport arbitraire : elle semble n'avoir été inventée que pour des muets qui n'auraient aucune idée de la parole. On peut comparer les caractères de cette écriture à ceux de nos chiffres numéraux, à nos signes algébriques, astronomiques, chimiques, etc. entendus de toutes les nations qui les connaissent, quoique parlant des langues différentes. Quant au nombre prodigieux de ces caractères, il ne doit effrayer personne, par rapport à la difficulté d'en

analise de leurs anciens symboles et hiéroglyphes ( en anglais ). Londres, 1801, I vol. in-fol. Comme très-peu d'auteurs (Bayer, Fourmont, de Guignes, le jésuite Amyot) se sont occupés de la langue chinoise, le docteur Hager s'est proposé de suppléer à ce qui manque dans cette partie. Son introduction annonce des connaissances et des recherches. L'invention des carac◄ tères chinois est, dit-il, attribuée à Fo-hi, premier empereur de la Chine, regardé comme l'auteur de la langue écrite. Avant lui, on se servait de cordes nouées, semblables à celles qu'on a trouvées chez les péruviens. Les premiers caractères des chinois étaient deux lignes horizontales, dont l'une entière, l'autre divisée en deux Ces lignes indiquaient le parfait et l'imparfait, le ciel et la terre, le mâle et la femelle, auxquels on assignait, comme à Osiris et Isis en Egypte, l'origine de toutes choses. Ces lignes, combinées en huit différens trigrammes, formaient le Koua ou les huit élémens, dont quatre mâles et quatre femelles ; doctrine qui est conforme à ce que Jamblique dit des égyptiens, et à ce que Sénéque cite dans ses questions naturelles. Journ. de litt. étr.

Le docteur Hager vient d'être, dit-on, appelé à Paris par le ministre de l'intérieur, pour publier un dictionnaire chinois; c'est sans doute pour donner une édition en français de l'ouvrage dont nous venons de parler. Ce dictionnaire, ajoute-t-on, sera enrichi par les travaux laissés par Fourmont, ainsi que par les autres matériaux nombreux dont la bibliothèque nationale abonde, pour former un dictionnaire chinois. Plus de 80,000 caractères chinois, déjà gravés en bois pour cet effet, abrégeront l'édition d'un ouvrage nécessaire pour l'étude de la langue chinoise. Ce diction. naire, imprimé aux frais du gouvernement, sera exécuté avec beaucoup de magnificence.

(Monit.)

connaître la valeur. Cette difficulté n'est pas plus insurmon table que celle d'apprendre à fond les langues mortes, telles que la grecque ou la latine, et d'y joindre encore la connais sance de plusieurs vulgaires; ce qui est très-commun L'étude des caractères chinois donne des idées nettes et distinctes de toutes les choses qu'ils désignent; en quoi cette écriture approche fort de celle d'une langue philosophique (1).

Les chinois ont 328 vocables, tous mono- syllabiques applicables à environ 80,000 caractères dont leur langue est composée; ils n'ont cependant que 214 caractères radi caux ou clefs auxquels se rapportent les 80,000; et ces 214 caractères en sont les véritables élémens. Le chinois s'écrit du haut en bas, et va de droite à gauche pour les lignes.

Langues modernes.

Voyons maintenant quelles sont les langues en usage dans chacune des quatre parties du monde.

:

Il faut remarquer que les langues sont ou générales ou particulières les générales sont celles qui sont d'une grande étendue, et que les conquêtes, la religion et le commerce ont mises en usage parmi les peuples; les particulières sont celles qui, de peu d'étendue, ne sont en usage que parmi quelques petits peuples.

DES LANGUES EN EUROPE. L'Europe a cinq langues générales, dont quatre naturelles et une étrangère, qui est la tartare, et cinq langues particulières.

Les langues genérales sont la latine, la grecque, la teutone, l'esclavone et la tartare.

1. La langue LATINE est une langue morte, c'est-à-dire, qu'on ne parle plus dans la société : elle est répandue dans les quatre parties du monde, par le moyen des langues

(1) Mémoire de Fréret.

française, espagnole et italienne, qui proviennent du latin altéré (1) par les peuples barbares qui ont dévasté l'empire d'occident.

La langue FRANÇAISE (2) est entendue dans toutes les

(1) La langue latine a cessé d'être parlée vulgairement en Italie vers l'an 581.

(2) Autrefois on parlait deux langues vulgaires dans l'étendue de la monarchie française: ces deux langues étaient le tudesque, ou ancien allemand, et la romaine rustique : le tudesque était parlé par les peuples soumis aux rois de Germanie, et la romaine rustique par les gaulois soumis aux rois de France et d'Aquitaine. Cette dernière fut communément employée dans les diplômes du 7e siècle, et pendant la moitié du suivant. La romance, née de la corruption du latin, se forma dans les provinces méridionales des Gaules. Le mélange du tudesque et de la romance forma une nouvelle langue dans les provinces septentrionales de la France, où les français étaient en plus grand nombre que les gaulois et les romains, et on l'appela Langue française. Celle ci donna l'exclusion à toutes les autres, et devint la langue générale de tout le royaume. La romancière se perpétua pourtant dans les pays méridionaux. Le plus ancien acte écrit en langue romance et tudesque tout à la fois, est un double serment d'alliance entre Charles-leChauve et Louis-le-Germanique, de 842; et le plus ancien monument en langue française ne remonte pas au-dessus du 11e ou 12e siècle. Une charte de 1133 de l'a ba e d'Hennecourt, est peut-être la plus ancienne qui ait été écrite en français. Voyez DICTION. DIPLOM.

La première traduction de latin en français, selon Soret, est celle du livre de Boece, de la Consolation de la Philosophie, par Jean de Meun, sous Philippe-le-Bel. Selon Falconet, le poëme de Gemmis, de Marbodus, évêque de Rennes, au commencement du 12e siècle, sous Louis-le-Gros, a été traduit en français par un des contemporains de ce Marbodus.

Ducange prétend que le premier traducteur de latin en français, est Mikius de Harnes, qui a traduit la Chronique latine de l'archevêque Turpin, que Papyre Masson croit composée du temps de Charles-le-Chauve, et qu'Oihenart attribue à un auteur espagnol, au 12e siècle.

Dans le milieu du 13e siècle, sous le règne de saint Louis, Brunetto Latini, auteur italien, traduisit en français les Morales d'Aristote. Dans le même temps, saint Louis fit traduire la Bible en français. C'est la première traduction de la Bible entière qui fut suivie de celle de Guiart - des. Moulins, chanoine d'Aire, achevée en 1294 Voyez Mémoire des inscriptions et belles-lettres, tom. VII.

cours de l'Europe; elle est même en usage dans quelquesunes et en plusieurs endroits de l'Asie, de l'Afrique et d'une bonne partie de l'Amérique.

La langue ITALIENNE est connue en France, en Allemagne, le long des côtes de la Méditerranée et de l'Archipel; elle a la même origine que la française et l'espagnole : elles sont toutes trois une corruption du latin.

La langue ESPAGNOLE est répandue dans le Portugal, dans plusieurs endroits de la Barbarie, dans quelques íles de l'Asie et dans une très-grande partie de l'Amérique.

2. La langue GRECQUE est connue des gens de lettres; elle est entendue dans la Russie, dans la Lithuanie, dans la Transylvanie, dans la Valaquie, dans la Moldavie et dans les états du grand-seigneur, dans quelques endroits de la Perse, dans la Géorgie et dans l'Abyssinie.

3. La langue TEUTONE, qui est la langue naturelle du nord et du nord-ouest de l'Europe, porte avec elle les caractères de la plus haute antiquité ; mais elle s'est corrompue et en a formé plusieurs autres qui n'en sont que des idiomes, tels que l'allemand, le suédois, le danois, l'anglais, le hollandais et le flamand. Ces langues sont répandues dans tous les pays soumis aux peuples qui les parlent dans l'un et dans l'autre continent.

4. La langue ESCLAVONE, qui est la langue naturelle du nord et de l'est de l'Europe, s'est aussi corrompue et a formé plusieurs idiomes, comme le russe, le polonais, le bohémien, le hongrois et l'esclavon propre.

5. La langue TARTARE, que nous appelons étrangère, parce qu'elle vient de l'Asie, est la langue naturelle de la Tartarie moscovite et de la Petite-Tartarie : elle s'étend aussi dans la Turquie.

Les langues particulières de l'Europe sont l'irlandaise, la bretonne, la basque, l'albanaise et la finlandaise.

I. L'IRLANDAISE est particulière à l'Irlande et au nord de l'Ecosse.

2. La BRETONNE est particulière à la ci-devant BasseBretagne en France, et à la principauté de Galles en Angleterre (1).

3. La BASQUE se parle dans la Basse-Navarre, dans le ci-devant pays de Labour en France, et dans la Biscaye en Espagne.

4. L'ALBANAISE est particulière à l'Albanie, province de Turquie.

5. Enfin, la FINLANDAISE est renfermée dans la Finlande et dans la Laponie.

DES LANGUES EN ASIE. L'Asie a trois langues générales et six particulières ; les générales sont la tartare, la chinoise et l'arabe.

1. La TARTARE s'étend dans tout le nord de l'Asie, la Turquie, dans le Mogol et dans la Chine (2).

dans

(1) Le célèbre et malheureux Latour-d'Auvergne-Corret, tué le 9 messidor an 8, à la bataille de Neufbourg, a publié un ouvrage sur les Origines gau oises, an 5, in-8, dans lequel il cherche à démontrer les rapports physiques et moraux des bretons de l'Armorique avec les anciens gaulois, et à établir l'identité de la langue de ces deux peuples sur la conformité qui règne encore entre le bas-breton et la langue en usage dans les diverses contrées de l'Europe et de l'Asie, où les gaulois portèrent leurs armes victorieuses, et formèrent des établissemens. Les plus anciens peuples du Nord se nommaient scythes ou celto-scythes, du moins chez les grecs, qui donnaient indistinctement ce nom à toutes les nations qui habitaient le long du Danube, et au-delà de ce fleuve jusques dans le fond du Nord; ensuite on les appela celtes; puis les romains leur donnèrent le nom de gaulois, Latour-d'Auvergne veut prouver que c'est de la langue des scyto celtes, représentée aujourd'hui par celle des bretons de l'Armorique, que sont sortis, comme d'un tronc commun, les nombreux rejettons, les différens idiomes qui se sont étendus de l'orient à l'occident, et du nord au midi de l'Europe et de l'Asie, Nous parlerons plus bas de son tableau de l'origine et de la descendance des langues.

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(2) On trouve dans le cinquième volume des Recherches asiatiqués, ou Mémoires de la Société du Bengale, imprimé en anglais à Londres en 1799, in-8, un alphabet de la langue d'Ava et d'Arracan, donné par J. Towr,

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