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en bas, et de la droite à la gauche, comme les chinois, en séparant totalement leurs mots, dont les traits liés les uns aux autres, ne paraissent former qu'un seul caractère, à la façon des chinois, pendant qu'ils ne sont réellement que l'assemblage de plusieurs lettres qui ont chacune leur valeur comme les nôtres, et par-là ressemblent fort aux caractères de l'écriture courante de divers orientaux.

Telles sont toutes les espèces d'écritures essentiellement différentes, qui nous soient counues; car l'arrangement des lettres est purement accidentel: les uns les ayant disposées perpendiculairement de haut en bas, comme les chinois, les japonais, les tartares orientaux, les naturels des îles Philippines, les anciens éthiopiens, etc.; les autres les ayant rangées horisontalement, soit de la gauche à la droite, ce qui paraît le plus naturel et le plus commun, comme les abyssins, les brhamines, les malabares, les ceylanais modernes, les javanais, les siamois, les anciens habitans du Thibet et de la Germanie, les georgiens, les arméniens, les grees et tous les peuples qui en ont emprunté l'alphabet, tels que les latins, les cophtes, les esclavons, les goths, les allemands et presque tous les européens; soit de la droite à la gauche, comme les anciens égyptiens, les phéniciens, les hébreux, les chaldéens, les syriens, les arabes, les persans, les turcs et thême les huns, sujets d'Attila, desquels on trouve encore aujourd'hui les restes, sous le nom de zikules, dans un coin de la Transylvanie, comme l'ont observé Molnar et Hickes, qui en a publié l'alphabet composé de trentequatre lettres rangées de la droite à la gauche, et ne ressemblant à nul alphabet connu (r). Il serait à propos de placer ici un extrait du savant ouvrage de Hickes (2) sur les anciennes

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(1) Mémoire de Fréret sur les principes généraux de l'art d'écrire. (2) Georges Hickes nacquit dans le duché d'Yorck en 1642, et est mort Worcester en 1715. Le titre de son ouvrage est Antiquae litteraturae

langues du nord ; mais ce détail nous menerait beaucoup trop loin. Nous renvoyons, pour l'analise de cet excellent livre, à l'Essai sur l'étude des antiquités septentrionales et des anciennes langues du nord, qu'a publié le citoyen Poagens. Il en donne un précis qui est très-bien fait, mais qui indique seulement la distribution et une notice très - sommaire du travail de Hickes. L'opinion du savant anglais sur l'origine des diverses langues du nord, est que l'anglais, le flamand le westphalien, l'idiome de la Saxe-Inférieure et celui connu sous le nom de plat allemand, dérivent du mœso-gothique et de l'anglo-saxon. Les langues islandaise, norwégienne, suédoise et danoise sont formées de l'ancien scano-gothique, ainsi que cette partie de la langue anglaise, qui vient également du dano-saxon et de l'anglo-saxon. Hickes donne le tableau des divers rapports qui existent entre la plupart des langues septentrionales et le médo-persique. Ce tableau est suivi d'une comparaison des langues septentrionales avec la langue grecque. Avant Hickes, personne n'avait écrit sur l'analogie du grec, du latin et du médo-persique avec les langues septentrionales. André Muller est le seul qui ait traité du rapport de l'allemand et du flamand avec le médopersique, Thomas Hyde, traducteur du Sadder, a entrevu

septentrionalis, libri II; quorum primus complectitur Georgii Hickesii linguarum veterum septentrionalium thesaurum grammatico-criticum et archaeologicum : ejusdem de antiquae litteraturae septentrionalis utilitate dissertationem epistolarem; et and. fountaine numismata saxonica et dano-saxonica. Alter continet humfredi wanleii librorum veterum septentrionalium qui in angliae bibliothecis extant, catalogum historico-criticum; necnon multorum vett. codd. septentrionalium alibi extantium notitiam, cum totius operis sex indicibus. Oxoniæ e Theatro sheldoniano, 1705, 2 vol. in-fol. Hickes vendit son patrimoine pour faire imprimer cet ouvrage, qui n'eut pas grande réputation pendant la vie de l'auteur, mais qui fut très-recherché après sa mort. Ces deux volumes se sont vendus jusqu'à 217 livres en 1779. Les exemplaires en grand papier sont rares; la bibliothèque confiée à mes soins en possède un.

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également l'analogie de l'anglais avec le persan : cette vérité a été démontrée depuis jusqu'à l'évidence, par Méninski, dans son Trésor des langues orientales (1); par Richardson, dans son Dictionnaire anglo-persique. Abraham Vander Milius a traité de l'analogie des langues grecque, latine et persane avec le flamand. On trouvera encore dans l'Essai du citoyen Pougens, des notices très intéressantes sur Boxhorn, sur Leibnitz et Podesta, sur Jean Ihre, célèbres glossographes. L'auteur s'attache surtout à développer l'opinion du suédois Ihre il regarde son dictionnaire suiogothique comme l'un des meilleurs ouvrages relatifs à la connaissance des langues. Il est vrai que Ihre a fait preuve d'une sagacité et d'une érudition extraordinaires, dans le rapport des langues septentrionales avec l'hébreu ; dans l'examen des divers dialectes en usage parmi les scythes; dans ses recherches sur les celtes, sur leur langue, sur le persan, sur le grec, sur le latin, sur le méso-gothique, sur l'anglosaxon, sur l'ancien allemand, sur la langue des belges, sur l'islandais, et enfin sur le finnois et lapon. Nous invitons nos lecteurs à suppléer à la briéveté de notre article sur les langues, par la lecture du petit ouvrage du citoyen Pougens: il indique les sources, et on peut le prendre pour guide dans le choix des ouvrages sur les langues septentrionales : il a renfermé beaucoup de choses en peu de mots, et son essai sera toujours de la plus grande utilité à ceux qui voudront éviter de se noyer dans une infinité de livres hasardés sur cette partie.

(1) Le Thesaurus linguarum orientalium, turcicae, arabicae, persicae, etc., de Meninski, imprimé à Vienne, 1680 - 87, en 5 vol. in-fol. est trèsrecherché et très-rare, par le petit nombre d'exemplaires échappés au feu qu'un boulet de canon, tiré par les turcs lors du siège de Vienne, mit au magasin du libraire. Un exemplaire a été vendu 900 livres en 1776.

D'après ce que nous venons d'exposer sur l'origine et la différence des langues, ainsi que sur l'écriture des différens peuples, on voit que les langues sont, après le geste, les principaux instrumens de l'émanation de la pensée, que la parole en est l'écho, et que l'écriture en est l'image. La connaissance des langues, caractérisant le bibliographe, lui est donc essentielle : mais trouvera-t-on beaucoup de personnes versées dans cette partie? trouvera-t-on beaucoup d'Anquetil, de de Guignes, de Larcher, de Barthelemy, de Sylvestre de Sacy, de Langlés? Malheureusement ils ne sont plus

communs,

Depuis que la langue française s'est perfectionnée, et que les chefs-d'œuvre littéraires du 17° siècle l'ont presque naturalisée chez tous les peuples de l'Europe, l'étude des langues anciennes a été singulièrement négligée. De bonnes traductions les ont reléguées dans quelques ci-devant colléges isolés, et la langue latine est la seule qui se soit soutenue dans les écoles publiques et particulières.

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Quoique cette langue soit la plus universellement répandue, quoiqu'elle soit encore la langue usuelle des savans, elle ne suffirait cependant pas à celui qui voudrait fouiller les mines précieuses renfermées dans ces dépôts littéraires, immenses, enrichis de quantité de manuscrits dans toutes les langues; mais comme ces dépôts considérables ne sont pas communs et que le plus grand nombre des bibliothèques pourrait ne contenir que peu de manuscrits et d'ouvrages anciens, il suffirait peut-être à la plupart des bibliophiles d'avoir, outre une connaissance familière des langues française et latine quelques notions alphabétiques et syllabiques des langues anciennes et vivantes, pour au moins ne pas ignorer en quelle langue est écrit tel ouvrage, et quel est son titre.

On se proposait de placer ici les alphabets et syllabaires des principales langues, tant anciennes que modernes, tels

qu'ils se trouvent dans plusieurs ouvrages (1) sur les langues; mais la grande quantité de planches qu'il aurait fallu faire graver, eût demandé un temps considérable, et eût beaucoup augmenté le prix modique auquel on porte ce dictionnaire: on est donc obligé, pour le moment, de le restreindre à la simple nomenclature des langues anciennes et des langues modernes les plus connues.

Langues anciennes.

Ces langues sont:

1. L'HÉBREU, qui renferme le samaritain et le rabbinique. Le phénicien a beaucoup de rapport avec l'hébreu.

(1) On peut consulter à ce sujet le tome second des planches de la grande Encyclopédie, où se trouvent 25 planches renfermant plus de 40 alphabets tant anciens que modernes, avec l'explication; la Diplomatique de Mabillon; le Nouveau Traité de diplomatique des bénédictins, le Dictionnaire de diplomarique de Devaines; le troisième tome de la Bibliothèque des artistes de Petity, etc. Il serait bien à souhaiter que les savans glossographes, tels que ceux que nous nommons dans le cours de cet article, se réunissent pour publier une Polyglotte universelle élémentaire. Cet ouvrage, qui ne serait pas impossible à exécuter, serait de la plus grande utilité dans toutes les bibliothèques. Nous proposerions d'adopter à cet effet le format in-fol. dans lequel on ferait graver ou imprimer tous les alphabets connus; chaque planche offrirait, 1. l'alphabet d'une langue; 2. son syllabaire; 3. son systême numéral, et 4. une quinzaine de lignes d'un morceau de littérature, qui serait toujours le même, traduit dans toutes les langues. Chaque planche serait précédée de deux ou quatre pages d'impression, qui donneraient en abrégé les principes élémentaires grammaticaux, et même l'historique de la langue à laquelle elles appartiendraient. L'ouvrage serait terminé par les vocabulaires traduits des langues particulières de l'Amérique, de l'Inde et des îles dont les habitans n'ont point d'alphabets. Ce livre serait bien préférable à celui que vient de publier, en Angleterre, M. Edmond Fry, fondeur de caractères à Londres, sous le titre de Pantographie, contenant des copies exactes de tous les alphabets connus, avec une explication anglaise de la signification de chaque caractère, in-8 de 320 pages. Cet ouvrage n'offre que le mérite d'une belle exécution, car il fourmille de fautes, d'erreurs et de lacunes.

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