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la marque de la bonne édition. On doit à ce célèbre imprimeur un dictionnaire latin, sous le titre de Thesaurus linguæ latinæ, qui passe pour un chef-d'œuvre. Il a été publié en 1536 et 1543, 2 vol. in-fol. Il a été réimprimé plusieurs fois à Lyon, à Leipsick, à Bâle et à Londres. L'édition de Londres, 1734, 4 vol. in-fol., est magnifique; celle de Bâle, 1740, 4 vol. in-fol, a quelques augmentations. Robert Etienne mourut à Genève en 1559, âgé de 56 ans.

ETIENNE (Charles). Frère du précédent, fut médecin et imprimeur du roi. Il s'adonna à l'imprimerie en 1551. Il était très-instruit. On lui doit beaucoup de bons ouvrages, entr'autres De re rusticâ, in-8, maintenant 2 vol. in-4; De vasculis, in-8; une Maison rustique, in-4; un Dictionnaire historique, géographique et poétique. Londres, 1686, in-fol. corrigé et augmenté par Nicolas Lloyd, etc. Charles Etienne laissa une fille très-savante et qui fut mariée à Jean Liebaut, docteur en médecine.

ETIENNE (Henri II). Fils de Robert Ier, commença à imprimer en 1554. Il fit plusieurs éditions avec Robert, son cadet. Un savant hollandais le met au-dessus de tous les imprimeurs qui ont jamais existé. On croit qu'il était plus savant que son père. Il était très-versé dans la langue grecque, et publia Thesaurus linguæ græcæ, 1572, en 4 vol. in-fol. (1), qui n'eut pas d'abord beaucoup de débit, parce que Jean Scapula, son correcteur, en fit imprimer secrètement un abrégé. Henri Etienne s'établit à Genève pour pouvoir mieux suivre la religion prétendue réformée. Il a fait une Version d'Anacréon en vers latins, qui est fort

(1) On doit joindre au Trésor de la langue grecque, deux Glossaires imprimés en 1573, et un Appendix, par Daniel Schott. Londres, 1745, 2 vol. in-fol.

estimée; des Corrections sur Ciceron; De origine mundorum; juris civilis fontes et rivi, in-8; l'Apologie pour Hérodote, publiée par le Duchat, 1735, 3 vol. in-8 (1); Poetæ græci principes, 1566, in-fol.; Medicœ artis principes, post Hyppocratem et Galenum. Paris, 1577, 2 vol. in-fol., collection rare et chère: la version qu'il fit de ces auteurs et qu'il joignit au texte, est estimée; Traité de la prééminence des rois de France; Narrationes cædis Ludovici Borbonii, 1569, in-8; les Prémices, etc. L'Apologie pour Hérodote fit condamner Henri Etienne à être brûlé en effigie; ce qui le fit passer à Genève, et delà à Lyon (2), où il mourut à l'hôpital en 1598, à 70 ans, presqu'imbécille. Il laissa un fils nommé Paul, et deux filles dont l'une épousa Isaac Casaubon.

ETIENNE (Paul). Fils du précédent, commença à imprimer en 1599. Il ne répondit point à la réputation de ses pères; cependant il était versé dans les langues grecque et latine. Ses caractères n'étaient plus aussi beaux que ceux de l'imprimerie de Paris. Il vendit les siens à Chouet, et mourut à Genève en 1627, laissant deux fils; l'un, Joseph, qui fut imprimeur du roi à la Rochelle ; et l'autre, Antoine, dont nous allons parler.

ETIENNE (Antoine ). Né en 1594, se fit catholique,

(1) Cette Apologie est un recueil d'invectives contre la religion catholique, et de contes sur les prêtres et sur les moines, dont le but est de justifier les fables d'Hérodote, par celles que les catholiques ont débitées sur les saints.

(2) Pour éviter les poursuites, il errait dans les montagnes de l'Auvergne, au milieu des neiges. On rapporte qu'il dit alors très-plaisamment que jamais il n'avait eu plus froid que pendant qu'on le brûlait.

ETYMOLOGIE. Quoique cette expression vienne de deux mots grecs qui signifient vrai et discours, on ne le prend que dans ce sens, origine d'un mot, dérivation d'un mot formé d'un seul ou de plusieurs autres. Celui dont un autre est tiré se nomme primitif, et l'on donne le nom de dérivé à celui qui vient du primitif. La connaissance des étymologies p'est ni superficielle, ni à négliger, comme quelques auteurs l'ont prétendu : elle est utile, soit pour juger de l'antiquité d'une langue, soit pour la connaître à fond. Il est certain qu'on explique les termes avec plus de précision, qu'on en comprend mieux la force et la signification quand on en sait l'origine et l'étymologie (1). Si la science étymologique a eu des contradicteurs, c'est que la plupart des étymologistes ont donné dans l'arbitraire, et se sont couverts 'de ridicules par des étymologies monstrueuses dénuées de tout fondement et de toute vraisemblance; mais il n'en est pas moins vrai que cette science est réelle, aussi régulière que les autres, et qu'elle a ses principes et sa méthode (2).

(1) Le résultat de la science étymologique, dit Diderot, est une partie essentielle de l'analyse d'une langue, c'est-à-dire, la connaissance complette du systême de cette langue, de ses élémens radicaux, de la combinaison dont ils sont susceptibles, etc. Le fruit de cette analyse est la facilité de comparer les langues entre elles sous toutes sortes de rapports, grammatical, philosophique, historique, etc. On sent aisément combien ces préliminaires sont indispensables pour saisir en grand et sous son vrai point de vue la théorie générale de la parole et la marche de l'esprit humain dans la formation et les progrès du langage; théorie qui, comme toute autre, a besoin, pour n'être pas un roman, d'être continuellement rapprochée des faits. Cette théorie est la source d'où découlent les règles de cette grammaire générale qui gouverne toutes les langues, à laquelle toutes les nations s'assujettissent, en croyant ne suivre que les caprices de l'usage, et dont enfin les grammaires de toutes nos langues ne sont que 'des applications partielles et incomplettes.

(2) Diderot appelle l'analogie et l'étymologie les ailes de l'art de parler, comme on appelle ja chronologie et la géographie les yeux de l'histoire.

Cependant on peut dire, en parlant de notre langue, qu'il est difficile, de retourner dans les siècles gaulois pour suivre ensuite, comme à la piste, les altérations, imperceptibles qu'elle a souffertes de siècle en siècle. Un habile étymologiste, dit un savant, a besoin d'appeler à son secours toutes les lumières qui lui peuvent servir de guides pour conduire sûrement les mots qui se sont déguisés sur leur route, et pour marquer les changemens qui y sont arrivés. Comme ces altérations sont quelquefois arrivées par caprice ou par hasard, il est aisé de prendre une conjecture bizarre et imaginaire pour une analogie régulière ainsi il ne faut pas s'étonner de voir des personnes combattre une science' qui a des règles, en apparence, si chancelantes et si indéterminées. Les étymologies ont incontestablement trois sources, qui sont la dérivation, l'onomatopée et la réunion de deux mots pour n'en former qu'un. On juge ordinairement de la dérivation d'un mot par le rapport qu'il a avec son primitif, soit dans la manière dont il s'ecrit, soit dans la manière dont il se prononce, et par le sens qui doit être le même ou à peu près dans les deux mots; ainsi etymologia, qui se prononce ainsi en grec et en latin, est le primitif d'étymologie; mais tous les mots modernes sont bien loin d'avoir une pareille identité avec les mots anciens dont on les fait dériver; et c'est ce qui a fait donner les étymologistes dans l'arbitraire. Les étymologies par onomatopée (1) sont d'autant plus aisées à saisir, qu'elles se trouvent dans la plupart des langues. Le mot trictrac ex

(1) L'onomatopée est une figure par laquelle un mot étant prononcé imite le son de la chose qu'il signifie; ainsi trot, trotter, frit, friture, cliquetis, éclat, etc. tiennent à l'onomatopée. Ce terme vient de deux mots grecs qui se rendent en latin par nomen et fingo, nom et je fais ? c'est-à-dire, formation de nom.

prime suffisamment son origine en rendant le bruit que les dés et les dames que l'on remue font à ce jeu, de même dans les mots suivans on saisit facilement l'étymologie.

Pour les oiseaux, sibilare, siffler.

Les moutons, balare, béler.
Les pourceaux, grunire, grogner.
Les chevaux, hinnire, hennir.
Les loups, ululare, hurler.

Les bœufs, mugire, meugler ou beugler, eto. L'étymologie est encore plus sensible dans la réunion de deux ou plusieurs mots; Théophile, antropophage, inconstant, survenir, parvenir, etc. font assez sentir leur double étymologie. Ceux qui désireront des détails philoso phiques et bien raisonnés sur ce qui fait l'objet de cet article, les trouveront dans l'Encyclopédie, au même mot ETYMOLOGIE.

ETYMOLOGISTE. Un bon étymologiste doit connaître la plupart des langues anciennes, surtout le grec et le latin, que l'on retrouve dans une grande partie des langues modernes : il doit aussi connaître ces dernières, qui, chaque jour, s'empruntent et se passent réciproquement des termes, qui sont d'abord nouveaux, et qui finissent par se naturaliser dans le pays étranger à la langue qui les a fournis. Les étymologistes les plus connus sont Varron, qui a écrit de l'étymologie des mots latins; Ménage, qui a écrit de celle des mots français et italiens; ce qu'il appelle origines (1);

́(1) Huet a fait des additions à l'étymologie de la langue française de Ménage; elles ont été imprimées dans le second tome des dissertations recueillies par l'abbé de Tilladet. On trouve en tête du Dictionnaire de Ménage un Vocabulaire hagiologique de l'abbé Chatelain, dans lequel on oit les prodigieux changemens qu'ont subi les noms des saints depuis un

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