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E.

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ECHARD (Jacques). Dominicain, né à Rouen en 1644, mort à Paris en 1724. Nous le plaçons au rang des bibliographes, parce qu'il a publié Scriptores ordinis prædicatorum recensiti, notisque historicis et criticis illustrati. Parisiis 1719 1721, 2 vol. in- fol. Cet ouvrage, dont le père Quétif avait fait à peu près le quart avant qu'Echard y travaillat, est très-estimé : on y trouve un catalogue bien détaillé et bien raisonné des ouvrages des écrivains dominicains, de leurs différentes éditions et des bibliothèques où on les garde en manuscrit: tout est appuyé sur de bonnes preuves.

ECRITURE. C'est, comme le dit madame de Graffigny, l'art de donner une sorte d'existence aux pensées, en traçant avec une plume de petites figures qu'on appelle lettres, sur une matière blanche et mince que l'on nomme papier. Devaines (1) distingue deux sortes d'écritures, 2.o l'écriture de pensées, qui est la plus ancienne : elle ne pouvait pas se rendre par des sons; mais elle exprimait une totalité de choses, une action, un événement avec toutes ses circonstances, et quelquefois même, au moyen de certaines nuances, le jugement qu'on devait en porter. Il trouve cinq sortes d'écritures de pensées : la première est l'hyéroglyphique représentative, qui représentait les objets ; la seconde est l'hieroglyphique imitative; ainsi un cercle signifiait le soleil, et un croissant la lune ; la troisième était l'hieroglyphique caractéristique; ainsi l'hippopotame signifiait l'impudence et la cruauté; la quatrième était

(1) Dictionnaire raisonné de diplomatique. Tom. I, pag. 413.

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symbolique et emblématique ou allégorique; ainsi un soleil annonçait la divinité; l'oeil peignait un monarque; une sauterelle, animal que l'on croyait alors sans bouche, représentait un initié dans les mystères ; enfin la cinquième était énigmatique : cette écriture de pensées a été fort en vogue chez les égyptiens et chez les chinois, qui s'en servent encore. 2.o L'écriture des sons qui succéda à la précédente, et qui, par le moyen de deux douzaines de signes, ou a peu près, auxquels on donna un son de convention, remplaça cette infinité de traits qui, étant isolés, avaient un sens propre et fort étendu, et qui d'ailleurs ne pouvaient rendre toutes les pensées intellectuelles et métaphysiques. C'est par les divers assemblages et les différentes combinaisons de ces signes sonores rapprochés, qu'on forma premièrement des mots univoques, expressifs pourtant, qui furent les racines de plusieurs autres mots composes de ces monosyllabes qui servirent les uns et les autres à rendre les pensées et à les différencier selon leur degré d'approximation ou de disparité. Telle est la marche duelle de l'esprit humain dans l'invention de l'écriture (1). Mais quelle est l'écriture la plus ancienne? et quel est le peuple à qui l'on en doit l'invention? De toutes les écritures alphabétiques, la chaldaique, l'égyptienne et la samaritaine ou phénicienne, sont les seules qui puissent entrer en lice pour disputer d'antiquité. On tombe assez d'accord sur ce fait général; mais on ne l'est pas ainsi pour décider laquelle de ces écritures est la primordiale. Ciceron, Jamblique, Tertullien et Plutarque défèrent la gloire de l'invention au fameux Taaut, fils et secrétaire de Misraïm, en Egypte; mais ils ne disent pas si cette écriture était hieroglyphique ou épistolographique. Pline et Diodore de

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(1) Voyez l'article LANGUES, Section de l'écriture des différens peuples.

Sicile regardent les phéniciens comme les pères de l'écriture: Kircher s'est déclaré pour les égyptiens; toutefois il a été vivement combattu par Renaudot : Buxtorf, Conringius, Spanheim, Meier, Morin et Bourguet se sont déclarés ouvertement pour l'écriture chaldaïque, qu'ils regardent comme la langue primordiale d'où sortent toutes les autres ; mais, au rapport de Génebrard, de Bellarmin, de Huet, de Montfaucon, de Calmet, de Renaudot, de Joseph Scaliger, de Grotius, de Casaubon, de Walton, de Bochard, de Vossius, de Prideaux, de Capelle, de Simon et de beaucoup d'autres, tout dépose exclusivement en faveur de l'antiquité de la langue phénicienne. Par la Phénicie, on n'entend pas seulement les villes de la côte maritime de la Palestine, mais encore la Judée et les pays des chananéens et des hébreux. Par écriture phénicienne, on entend donc la 'samaritaine, c'est-à-dire, l'ancien hébreu, différent de l'hébreu quarré ou chaldaïque, qui est le moderne que les juifs ont adopté depuis la captivité de Babylone, suivant l'opinion de S. Jérôme, de S. Irénée et de S. Clément d'Alexandrie. Ce qui prouve encore que la langue phénicienne, c'est-à-dire, la samaritaine, est la plus ancienne : c'est l'analogie des caractères samaritains avec les caractères grecs, ressemblance nécessaire pour obtenir la gloire de l'antiquité, puisque les derniers se perdent dans la nuit des temps, et que cependant ce ne sont point les grecs qui les ont inventés ils les ont reçus de Cadmus qui, selon Bouhier, quoiqu'égyptien d'origine, était né en Phénicie, et y apprit les lettres qu'il communiqua aux grecs. Les caractères grecs, parfaitement semblables aux phéniciens dans l'origine, se sont à la vérité écartés un peu, avec le temps, de leur figure primitive; mais ils laissent voir encore nombre de traits de ressemblance, et les monumens des grecs les plus antiques, comparés aux monnaies et médailles des samaritains les plus anciennes, présentent des caractères

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absolument semblables. L'écriture la plus ancienne de l'Eu rope nous vient donc du samaritain et non du chaldaïque, avec lequel elle n'a aucun trait de conformité, ni de l'égyptienne, avec laquelle elle n'a pas plus de rapport. Les pélasges, premier peuple de la Grèce, soit par la voie de la navigation, soit par les colonies grecques qui passèrent en Italie, portèrent premièrement leur forme d'écriture chez les étrusques; aussi depuis les lumières jettées sur la littérature étrusque, on voit que de dix-huit lettres qui composaient l'alphabet de ces derniers, huit sont exactement semblables à autant de caractères samaritains, et six autres ont, avec un pareil nombre de samaritains, des traits apparens de conformité mais dix des lettres étrusques sont évidemment les mêmes que les nôtres, et les huit autres en approchent fort; donc nos lettres, par l'entremise des latins et des grecs, nous viennent des samaritains. Les peuples ayant reçu successivement la théorie de l'écriture, varièrent considérablement dans la forme de l'exécution, surtout dans la disposition des lignes. Le père Hugues (1) a fait représenter vingt-quatre manières d'écrire; mais la plupart sont restées dans l'état de pure possibilité, sans qu'aucune nation les ait jamais adoptées. On peut réduire à trois espèces celles qui ont été d'usage : l'écriture perpendiculaire, l'écriture horizontale et l'écriture orbiculaire. Les chinois et les japonais écrivent du haut en bas; mais ils n'observent pas la même manière de tracer leurs lignes; les chinois commencent leurs pages à l'angle supérieur à droite, et les terminent à l'angle inférieur à gauche; les japonais, au contraire, tracent leurs lignes perpendicu laires en allant de gauche à droite; les mexicains écrivent du bas en haut. On ne connaît guère que ces trois peuples

et

(1) De prima scribendi orig. Chap. 8, pag. 83.

qui emploient l'écriture perpendiculaire. On peut distinguer trois sortes d'écritures horizontales: celle qui va de droite à gauche, comme l'hébreu, le chaldéen, le samaritain le syrien, le turc, le persan, l'arabe; le tartare, etc., etc.; celle de gauche à droite, comme le grec, le romain, l'arménien, l'éthiopien, le georgien, le servien, l'esclavon et toutes les écritures pratiquées en Europe; enfin celle qui va de droite à gauche pour la première ligne, et de gauche à droite pour la seconde, ainsi de suite: elle était en usage. chez les anciens grecs, et se nommait boustrophédon. Quant à l'écriture orbiculaire, elle ne fut peut-être jamais d'un usage suivi chez aucun peuple. Il y en eut cependant selon Pausanias (1) et selon Maffei; mais la forme des vases, des monnaies, des boucliers y donna lieu quelquefois, sans que le gros de la nation en ait usé. On a découvert sur des roches, des écritures d'anciens peuples septentrionaux, avec cette forme à peu près; mais comme ces lettres runes sont disposées de façon qu'elles suivent les replis et les spirales d'un serpent qu'on avait figuré d'abord, il est encore assez douteux que cette écriture ait été commune à tout un peuple. Nous ne nous étendrons pas davantage sur les différens genres d'écritures; nous renvoyons à l'auteur qui nous a fourni la majeure partie de cet article (2); d'ailleurs on peut consulter dans notre ouvrage, les mots ALPHABET, LANGUES, etc.

EDDA. Livre qui contient les dogmes, la religion des scandinaves et autres peuples du nord, ou plutôt c'est un recueil de mythologie écrit en Islande peu après l'abolition du paganisme. Cet ouvrage avait d'abord été composé par Sæmund-Sigfusson, surnommé le Savant, né en Islande en

(1) Liv. V, chap. XX.

(2) Devaines.

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