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autres vassaux de l'empire. Ce tribunal prononça en faveur de l'abbaye de Farfa un jugement que le cartulaire de cette abbaye nous a conservé (1).

Nous ignorons si Alédramne reçut d'autres missions. En 837, nous le retrouvons dans son comté de Troyes: il donne à un prêtre de ce pays, nommé Adrémare, un terrain situé dans la forêt de Der, long de cinq cents perches, large de deux cent vingt. En dédommagement, Adrémare s'engage à payer au comte une rente annuelle de vingt deniers, qui écherra le jour de la Saint-Pierre. Ce terrain était arrosé par la Barse (2), qui le divisait en deux parties égales. Adrémare y bâtit un monastère de l'ordre de saint Benoît, et qui, après s'être longtemps appelé Nova Cella, par opposition au monastère de la Celle, plus tard Montier-la-Celle, dans le même diocèse, finit par être appelé du nom de son fondateur : monastère d'Adrémare, aujourd'hui Montiéramey (3).

Quelques années plus tard, Charles le Chauve, fils et successeur de Louis le Débonnaire, confirma l'abbaye de Montier-la-Celle dans la possession des biens assez nombreux qu'elle avait précédemment acquis. Dans le diplôme royal délivré à cette occasion, Charles déclare agir ainsi, « sur la prière et le

(1) L'analyse se trouve dans les Annal. Bened., II, 459; le texte dans le même vol., p. 722-723.

(2) Affluent de la Seine, rive droite.

(3) La charte qui constate cette fondation a été imprimée dans le Gallia Christiana, XII, 247 DE. Voir aussi sur cette fondation le même vol., col. 549 E, 550 A. Camuzat, Promptuarium, fo 281; Ann. Bened., II, 596; D. Bouquet, VI, 242 A.

>> salutaire avertissement de notre cher Alédramne, » comte illustre et notre officier (1). »

Parmi les biens dont il est question dans cette pièce, se trouve une villa appelée Silviniacus, aujourd'hui Sainte-Vertu (2). Alédramne s'en empara quelque temps après (3), et il mourut sans l'avoir restituée ; il voulait sans doute se dédommager de ses bienfaits envers l'abbaye de Montiéramey. Les faits de ce genre ne sont pas rares dans l'histoire de ces temps. Le même homme, très-libéral envers une abbaye, dépouille un autre établissement religieux. Par ses dons, il compte assurer son bonheur à venir pendant l'éternité; mais, comme il ne veut rien sacrifier des jouissances de la vie présente, il reprend d'un côté ce qu'il a donné de l'autre.

Alédramne était mort en 854.

(1) Archives de l'Aube, Inventaire de Montier-la-Celle, fo 40 vo; Camuzat, Promptuarium, fo 20; D. Bouquet, VIII, 642.— Cf. Gallia Christiana, XII, 542 B, où l'on trouve une mention de cette pièce.

(2) Yonne, arrondissement de Tonnerre, canton de Noyers.

(3) Nous avons cité plus haut la charte qui établit ce fait. (Voir du reste, à ce sujet, le Gallia Christiana, XII, 539 C.)

CHAPITRE III.

Eudes de France, premier comte propriétaire de Troyes. 854-878.

Il est question d'Eudes pour la première fois dans une charte émanée du roi Charles le Chauve, le 25 avril 854. Dans ce document, Charles l'appelle << notre très-cher et très-aimé Eudes, homme il» lustre, comte; » il ajoute qu'Eudes avait eu pour prédécesseur Alédramne, et, sur sa proposition, il accorde aux moines de Montiéramey la libre élection de leur abbé (1). Suivant nous, cet Eudes n'est autre qu'Eudes de France, fils de Robert le Fort, et plus tard concurrent de Charles le Simple au trône. Cette identité est établie par une charte du 25 octobre 877, où nous voyons Eudes mettre son frère Robert en possession du village de Chaource, donné à Robert par Charles le Chauve, alors empereur (2). On sait qu'Eudes de France avait un frère nommé Robert, qui lui succéda d'abord au duché

(1) L'original de cette pièce est conservé aux archives de l'Aube; elle a été imprimée par Camuzat, Promptuarium, f 283 v°; dans le Gallia Christiana vetus, IV, 78, dans le Gallia Christiana novum, XII, Inst. 248; et par D. Bouquet, VIII, 591 C. — II en est question dans les Ann. Bened., II, 596-597; on l'a, par erreur, datée jusqu'ici de 864.

(2) Voyage paléographique dans le Département de l'Aube, p. 67-68.

de France, et ensuite dans ses prétentions, à la couronne (1).

Eudes paraît s'être occupé fort peu de son comté de Troyes; ses affaires comme comte de Paris et comme duc de France avaient trop d'importance pour ne pas l'absorber tout entier. C'est ce qui explique la rareté des documents où il agit comme comte de Troyes. C'est peut-être aussi ce qui explique deux diplômes, importants dans lesquels on voit le comte Raoul et le duc Boson défendre près de Charles le Chauve les intérêts des abbayes ⚫ de Montier-la-Celle et de Montiéramey au diocèse de Troyes; ces diplômes datent, l'un de 864, et l'autre de 877.

Dans le premier, Charles le Chauve, sur la demande de son très-cher oncle Raoul, comte, fait don à l'abbaye de Montiéramey d'un terrain long de cent vingt perches, large de soixante, et situé au comté de Troyes, entre la Barse et la forêt de Clérey (2). Ce comte Raoul est un fils de Welfe de Ba

(1) Dans notre système, Eudes, que le président Hénault et l'Art de vérifier les Dates, II, 246, font mourir à quarante ans, aurait vécu au moins vingt ans de plus. On sait que sa mort eut lieu en 898; il serait né au plus tard vers l'année 858 ou 840, aurait eu au moins quinze ans en 854, vingt-sept ans en 866, année où il prit part au combat de son père contre les Normands (Ann. Berti niani, ap. Duchesne, III, 225 A), et trente-un ans en 870, quand il fut envoyé par Charles-le-Chauve en ambassade au roi Louis-leGermanique, pour négocier le partage du royaume de Lorraine. (Ann. Bertiniani, ap. Duchesne, III, 239 C). Dans le système qui le fait naître en 858, on est obligé d'admettre qu'il a battu les Normands à l'âge de huit ans, et qu'il a été ambassadeur à douze.

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(2) Clérey, Aube, arrondissement de Troyes, canton de Lusigny, Gall. Christ, vetus, IV, 79; D. Bouquet, VIII, 590-591.

vière, il est frère de l'impératrice Judith, femme de Charles-le-Chauve ; il mourut en 866 (1), après avoir rempli diverses fonctions (2) et avoir été notamment abbé de Jumiéges (3) et de Saint-Riquier (4). Mabillon l'a, par erreur, fait mourir en 859, et ce lapsus a été reproduit sans vérification par D. Bouquet et par les auteurs du Gallia Christiana et de l'Art de vérifier les dates (5).

Boson, dont Courtalon a fait un comte de Troyes, (6), joua un grand rôle dans la seconde moitié du 1x siècle. Fils de Thierry, comte d'Autun, il fut créé duc de Lombardie par Charles le Chauve, en 876, et peu après il devint roi de Provence. Il avait des biens qui n'étaient pas éloignés du comté de Troyes. Ainsi une lettre d'Hincmar nous parle d'un bénéfice situé dans le diocèse de Reims, et qui appartenait à Boson (7). Boson s'était emparé du

(1) Ann. Bertin., ap. Duchesne, III, 224 C; D. Bouquet, VII, 92 C; Chronicon Floriacense, ap. Duchesne, III, 355B; D. Bouquet, VII, 274 E; Chronicon Adonis archiepiscopi Viennensis, ap. D. Bouquet, VII, 55 D.

(2) Voir par exemple un capitulaire de l'année 856, D. Bouquet, VII, 622 E.

(3) Il établit à Jumiéges une mense conventuelle, Ann. Bened., II, 685, 754-755; D. Bouquet, VIII, 498-499; Gall. Christ., XI,

955.

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(4) Chronicon Centulense, ap. D. Bouquet, VII, 244 C. Cf. Ann. Bened., III, 76; Gall. Christ., X, 1246 DE; D. Bouquet, VIII, 539; Art de vérifier les Dates, II, 750.

(5) Voir les deux notes précédentes.

(6) Topographie historique de la ville et du diocèse de Troyes,

I, 54.

(7) Lettres d'Hincmar, ap. D. Bouquet, VII, 531 D.

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