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de la ville, Augustobana ou Augustomana (1). De l'étymologie de ce nom, on a conclu, non sans grande vraisemblance, que Troyes était une des cités créées par l'empereur Auguste; ce qui ne signifie pas que Troyes ait eu Auguste pour fondateur: on veut dire par là seulement qu'elle aurait été séparée par lui de la cité des Sénons, et qu'elle devrait son autonomie municipale à l'illustre fondateur de l'empire romain.

Troyes, cependant, fut toujours, sous la domination romaine, une cité de second ordre; elle n'eut jamais rang de métropole, même lorsqu'en dernier lieu le nombre des provinces des Gaules fut porté à dix-sept; alors elle dépendait administrativement de la métropole de Sens, où résidait le président de la province. L'église, calquant son organisation sur l'organisation impériale, subordonna l'évêque de Troyes à l'archevêque de Sens. Mais le moyen âgé, réagissant contre le passé et complétant l'œuvre de l'empereur Auguste, ne laissa subsister qu'en matière ecclésiastique ces liens d'antique dépendance, qui, depuis les temps les plus reculés, soumettaient à la ville de Sens la capitale future de la Champagne, et l'on vit Troyes s'élever peu à peu, tandis que Sens s'abaissait et ne conservait guère que le souvenir de sa vieille suprématie. Troyes dut en partie ce succès à ses foires, dont il est question pour la première fois au ve siècle, dans une lettre de Sidoine Apollinaire à saint Loup (2). Mais elle le dut,

(1) D. Bouquet, I, 74 Cn. L'itinéraire d'Antonin porte Augustobona, D. Bouquet, I, 108 C.

(2) Lib. VI, epist. 4. Œuvres de Sidoine Apollinaire, éd. de

croyons-nous, surtout à ses comtes des maisons de Vermandois et de Blois, dont la Champagne féodale est une création. Avant leur avénement, le comté de Troyes dépassait de fort peu de chose les limites du diocèse de ce nom. Ainsi, la seule localité située hors du diocèse de Troyes, et qu'un texte formel place dans le comté de Troyes à cette époque reculée, est Silviniacus, aujourd'hui Sainte-Vertu qui faisait partie de l'archidiaconé de Tonnerre au diocèse de Langres. Cet archidiaconé était limitrophe du diocèse de Troyes (1). Les seules localités, non comprises dans le diocèse de Troyes, qu'on puisse, outre Ste-Vertu, placer avec une certaine probabilité dans le comté, sont Chaource, chef-lieu de canton du département de l'Aube, et qui, comme Ste-Vertu, faisait autrefois partie de l'archidiaconé de Tonnerre au diocèse de Langres, et Landricourt, village du département de la Marne, arrondissement de Vitry, canton de Saint-Remy-en-Bouzemont, situé sur la limite extrême du diocèse de Troyes (2). En revanche, le comté de Troyes ne renfermait pas la partie la plus septentrionale de diocèse de Troyes, c'est-à-dire l'archidiaconé de Sézanne, qui faisait partie du comté de Meaux (3). On vit même le pa

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Paris, 1599, p. 369. Cf. Grosley, Mémoires historiques et critiques pour l'Histoire de Troyes, I, 483.- Saint Loup fut évêque de Troyes de 426 à 479, Gall. Christ., XII, 485-486.

(1) Voir une charte de l'année 858, émanée de Charles-le-Chauve, imprimée dans Camuzat, Promptuarium, 20 vo-21 vo.

(2) On verra, dans la suite de ce récit, la preuve de ce que nous

avançons.

(3) Gall. Christ., XIV, Inst. 15; D. Bouquet, IX, 72.

gus Morivensis, qui correspond à l'ancien doyenné de Pont-sur-Seine (Aube) au diocèse de Troyes, former quelques temps, au 1x siècle, un comté indépendant (1).

(1) Diplôme de Charles-le-Chauve de 859, D. Bouquet, VIII, 558 D. Ce pays y porte le nom de comté, mais on ne le lui donne plus en 862. (Voir un autre diplôme du même roi, ibid, 580 E.)— Il est certain que ce pays faisait partie du comté de Troyes en 978, Gall. Christ. Novum., II; Inst., 8 D.

CHAPITRE II.

Alédramne, comte bénéficiaire (1) de Troyes,

Mort en 854 au plus tard.

Le premier comte de Troyes que nous connaisions s'appelait Alédramne (2); il vivait sous Charlemagne, qui mourut, comme on le sait, en 814 (3), sous Louis le Débonnaire, mort en 840 (4), et il cessa de vivre pendant les premières années de Charles le Chauve, fils et successeur de Louis le Débonnaire. Nous avons encore le texte d'un mandement que lui adressa Charlemagne. Il s'agissait de faire rendre justice à l'abbaye de Montier-en-Der.

«< Charles, par la faveur de la clémence divine, >> empereur auguste et triomphateur perpétuel, à » Alédramne, notre fidèle, salut. »>

« Nous te mandons et ordonnons de faire rendre

(1) On appelle comtes bénéficiaires ceux qui n'eurent sur leur comté qu'un droit non transmissible à leurs héritiers.

(2) Son nom a été souvent écrit Aledrannus. On trouve même Alerannus, mais les textes qui donnent cette leçon ne sont que des copies. L'orthographe que nous adoptons est celle d'un diplôme original de l'année 854, conservé aux archives de l'Aube.

(3) Le 28 janvier.

(4) Le 20 juin.

>> intégralement les manses (1), que ton satellite Go» don possède injustement à Landricourt (2) et à » Targie (3), et de lui faire réparer conformément à » la loi le préjudice qu'il a causé. Fais en sorte » d'exécuter ce mandement en homme qui veut >> jouir de nos bonnes grâces (4), »

En 820, Alédramne fut, par la confiance de Louis le Débonnaire, investi des fonctions de missus dominicus. On appelait missi dominici des inspecteurs qui étaient envoyés dans les provinces de l'empire avec un pouvoir sans limites pour surveiller les fonctionnaires locaux et réparer les injustices que ces fonctionnaires pouvaient avoir commises eux-mêmes ou laissé commettre à d'autres. Alédramne, accompagné de deux missi de rang inférieur, nommés Adélard et Léon, se rendit à Nursie, petite ville d'Italie, où plusieurs personnages importants des environs se réunirent pour lui servir d'assesseurs et juger avec lui les causes qui se présenteraient. C'étaient deux ducs, quatre évêques, deux abbés et plusieurs

(1) Le manse était une certaine étendue de terre avec une ou plusieurs maisons habitées par un ou plusieurs ménages.

(2) Marne, arrondissement de Vitry-le-François, canton de SaintRemy en Bouzemont.

(3) Lieu voisin sans doute, mais qui nous est inconnu.

(4) Premier cart. de Montier-en-Der, fo 20 vo et 21 ro, archives de la Haute-Marne. M. N. de Wailly, consulté par nous au sujet de cette pièce, est d'avis qu'elle émane de Charlemagne. Il considère comme moins certaine l'identité de notre comte avec le personnage auquel ce document est adressé. Ce qui nous fait croire cette identité au moins probable, c'est la situation géographique de Landricourt qui n'est pas très-éloigné de Troyes, et qui peut dès cette époque avoir fait partie du comté de cette ville.

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