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Godile; il avait eu une fille nommée Glossinde, qui embrassa la vie religieuse et devint abbesse à Metz. Elle a été placée au nombre des saints (1).

(1) Vita sanctæ Glodesindis, ap. D. Bouquet, III, 461.

CHAPITRE V.

Waimère, troisième duc connu de Champagne.

674.

Après la mort de Wintrion, il y a dans la liste des ducs de Champagne une lacune de soixantequinze ans, soit que dans cet intervalle cette province n'ait pas eu de ducs, soit que les noms de ceux qui auraient existé ne nous soient point parvenus. En 674, le duc de Champagne s'appelait Waimère. La race mérovingienne était alors en décadence les descendants de Clovis n'apportaient plus sur le trône qu'un nom et la plus absolue nullité, l'autorité tombée de leurs mains débiles avait été saisie par le premier dignitaire de leur maison. Le génie de quelques maires du palais était la seule force qui pût entrer en lutte avec les tendances anarchiques de l'aristocratie franque. Cependant Childéric II avait voulu un instant montrer qu'il était roi : Childéric venait d'être assassiné (1). La nation franque toute entière, sans chefs, fut livrée au plus affreux désordre. Ebroin, ancien maire du palais de Neus

(1) Childéric II, fils de Clovis II, et petit-fils du célèbre Dagobert Ier. Il régna de 660 à 673, ou au commencement de l'aunée 674. D'abord roi d'Austrasie, il devint roi de toute la France en

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trie (1), et Léger, évêque d'Autun, qui avaient été tous deux enfermés par ordre de Childéric au monastère de Luxeuil (2), reprirent leur liberté et essayèrent de réorganiser le pays, mais ils ne s'entendirent pas. Léger fit proclamer roi Thierry III, frère du roi défunt, auquel Leudèse fut choisi comme maire du palais. Ebroin ayant réuni de nombreux partisans, éleva sur le pavois un enfant nommé Clovis, qu'il prétendait neveu de Thierry et fils du feu roi Clotaire III (3). Il battit Leudèse et Thierry, les fit prisonniers tous deux, fit tuer Leudèse et enfermer Thierry, qui passa pour mort.

Beaucoup de Francs refusèrent de reconnaître Clovis, Léger fut du nombre. Ebroin envoya contre lui une armée commandée par Désiré, surnommé Didon, évêque de Châlon-sur-Saône, et par Waimère, duc de Champagne (4), auxquels était adjoint

(1) De 659 à 671; redevenu maire du palais, il mourut en fonctions en 681.

(2) En 671.

(3) Clotaire III, fils aîné de Clovis II, frère de Childéric II et de Thierry III, avait été roi de Neustrie et de Bourgogne, de 656 à 670.

(4) Suivant M. Henri Martin, Waimère était duc de la Champagne troyenne, c'est-à-dire de la Champagne bourguignonne : c'est la conséquence de son opinion que l'Austrasie toute entière refusait de reconnaître l'autorité d'Ebroin; mais son erreur est démontrée - par les termes dont se sert l'auteur anonyme de la vie de saint Léger, inter cæteros enim dux quidam erat Campania, Waymerus vocatus, qui ad hoc malum perpetrandum à finibus Austri venerat. Il n'est pas possible de dire en termes plus formels qu'il s'agit de la Champagne austrasienne (voir Henri Martin, Histoire de France, 4o édition, II, 157, et Vita S. Leodegarii, ap. Duchesne, I, 608 A).

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Bobon, évêque déposé de Valence. Ils vinrent assiéger Autun. A leur approche, les habitants des environs se réfugièrent dans la ville, on ferma les portes et on prépara la défense. Léger, qui avait une argenterie magnifique, en donna une partie à son église, une autre aux monastères; il fit briser le reste en morceaux, et les fragments furent distribués aux pauvres. Il ordonna un jeûne de trois jours, pendant lequel le clergé et le peuple, portant des croix et les reliques des saints, firent en procession le tour des murailles. Léger s'arrêtait à chaque porte, priant le Seigneur avec larmes que s'il l'appelait à la mort, il épargnât tout malheur à ses fidèles diocésains. Cependant Désiré et le duc de Champagne arrivèrent avec leur armée, ils enveloppèrent la ville; leurs soldats, dit un chroniqueur anonyme, vociféraient jour et nuit comme des chiens; et l'attaque commença. Alors Léger envoya un parlementaire, c'était Méroalde, abbé d'un monastère d'Autun (1). Méroalde s'adresssa à l'évêque de Châlon et lui demanda pourquoi son armée était venue assiéger Autun, et à quelles conditions il consentirait à cesser l'attaque. Désiré répondit qu'il fallait de deux choses l'une ou que Léger promît fidélité à Clovis, ou qu'il fût livré prisonnier. Et il jura que Thierry était mort. Méroalde rapporta à Léger ces paroles. Un autre eût sans doute reconnu Clovis pour roi, mais Léger fut inflexible. Il monta sur la muraille, et de là, s'adressant à la fois aux habitants qui étaient dans l'intérieur et aux ennemis

(1) On ne sait pas s'il était abbé de Saint-Martin ou de SaintSymphorien. Gall. Christ. novum, IV, 449 B.

qui étaient au pied : « Jamais, » dit-il, « je ne man» querai à la fidélité que j'ai promise devant Dieu à

Thierry.» Aussitôt les assiégeants saissisent leurs armes, ils lancent des traits sur les remparts, ils y mêlent des projectiles enflammés et menacent Autun d'incendie. Mais Léger aima mieux se sacrifier que de mettre en danger de perte une ville qui lui était si chère; après s'être fortifié par la communion, il fit ouvrir les portes et vint lui-même se livrer à l'ennemi, qui le reçut, dit un de ses biographes, comme une innocente brebis est accueillie par les loups. On lui arracha immédiatement les yeux. La ville fut mise au pillage, les habitants ne conservèrent que leur vie et leur liberté, encore fut-ce moyennant une contribution de guerre de cinq mille sous d'or, ou environ quatre cent quatre-vingt-dix-sept mille six cents cinquante francs, que la cathédrale paya pour eux; puis Désiré et Bobon continuèrent leur marche vers le Midi. Waimère, emmenant avec lui Léger, reprit avec ses Champenois la route de son duché, et fit demander à Ébroin comment il fallait traiter son prisonnier. Ébroin voulait la mort de Léger, mais les membres de l'épiscopat étaient l'objet d'un respect si universel, qu'il crut impolitique de le condamner ostensiblement au dernier supplice. «< 11 » faudra,» répondit-il, « répandre le bruit qu'il s'est » noyé par accident. Pour donner à ce bruit plus » de vraisemblance, on construira un tombeau à » Léger, et, pendant ce temps, on le mènera dans » un bois, où on le laissera mourir de faim. » Waimère exécuta cet ordre. Mais après avoir laissé pendant un certain temps Léger sans nourriture au fond d'une forêt, il eut pitié de lui, lui fit donner à

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