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avait pris l'habit monastique (1). Enfin, il y avait été enterré (2). Notre comte Eudes resta toute sa vie affectionné à ce monastère, et il en fit l'objet de ses libéralités.

Deux ans après cette restauration, il prit part à l'érection d'une abbaye de femmes nommée Beaumont, et située près de Tours. Chose qui semble'ra 'extraordinaire, quand ce monastère fut établi, il n'y avait pas un seul couvent de femmes dans le diocèse de Tours. Le fondateur de cette abbaye fut Hervée, trésorier de Saint-Martin de Tours. La fondation fut confirmée par Eudes et par un diplôme du roi Robert donné en présence d'Eudes, le 27 du mois de septembre 1007 (3).

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C'est vers cette époque, ou peu après, que paraît avoir eu lieu la première guerre d'Eudes avec Foulques Nerra, comte d'Anjou. Les domaines d'Eudes et ceux de Foulques se trouvaient tellement enchevêtrés que le maintien du statu quo était complètement impossible. Eudes possédait

et la restauration dont parle Albéric. La conséquence de ce système, c'est qu'Albéric s'est trompé en datant cette restauration de l'année 1005; il aurait dû la faire remonter au moins vingt ans plus haut. Dans le même système, Albéric a commis une autre erreur en appelant Ermengarde la femme du restaurateur de Marmoutier, puisque la femme d'Eudes Ier s'appelait Berthe. Il nous semble que l'on peut tout concilier, en admettant qu'Eudes II aurait simplement restauré les bâtiments du monastère.

(1) Extrait d'une charte de Eudes II, son fils, ap. Ann. Bened., IV, 96.

(2) Baluze, Miscellanea, II, 309.

(3) D. Bouquet, X, 589-591; Gall. Christ., XIV, Instr. 63.

Tours, Langeais (1), Montbazon (2), Saumur (3), Chinon (4), Saint-Aignan (5), Chaumont-surLoire (6), Montsoreau (7) et l'Isle-Bouchard (8). Cette partie de ses états était séparée de ses comtés de Blois et de Chartres, et enveloppée par les possessions du comte d'Anjou. A l'est, Foulques était maî

(1) Indre-et-Loire, arrondissement de Chinon.
(2) Indre-et-Loire, arrondissement de Tours.
(3) Maine-et-Loire.

(4) Indre-et-Loire. Ces possessions sont énumérées dans les Gesta Ambasiensium dominorum, ap. D. Bouquet, X, 239 D. Montbazon, dont il est question ici, avait été bâti par Foulques, comme le prouve une charte du roi Robert, qui date de l'an 1000 ou environ (D. Bouquet, X, 577-578). Nous ne savons pas comment cette forteresse était passée des mains de Foulques dans celles d'Eudes. Langeais avait été aussi construit par Foulques (Historiæ Andegavensis fragmentum, ap. D. Bouquet, X, 204 C), puis sans doute pris par Eudes Ier, comme on peut l'induire d'une charte de ce personnage, datée du siége de Langeais en 995 (Ann. Bened., IV, 96). D'après l'Hist. monast. S. Florentii, D. Bouquet, X, 265 A, Foulques aurait bâti Langeais au temps du comte Eudes II. C'est une erreur évidente.

(5) Loir-et-Cher, arrondissement de Blois. Gesta Ambasiensium dominorum, ap. D. Bouquet, V, 240 D, et Gesta consulum Andegavensium, ibid., 256 D. Le château de Saint-Aignan avait été bâti par Eudes Ier.

(6) Loir-et-Cher, arrondissement de Blois, canton de Montrichard. Chaumont-sur-Loire avait été fondé par Eudes Ier (Gesta Ambasiensium dominorum, ap. D. Bouquet, X, 240 D).

(7) Maine-et-Loire, arrondissement et canton de Saumur. Gesta consulum Andegavensium, ap. D. Bouquet, X, 255 A.

(8) Indre-et-Loire, arrondissement de Chinon. Gesta consulum Andegavensium, ap. D. Bouquet, X, 255 A.

tre d'Amboise (1), qui, assis sur la Loire, entre Tours et Blois, coupait le chemin de l'une de ces villes à l'autre. Il avait, en 1005, bâti sur le Cher le château de Montrichard (2), qui coupait les communications entre Tours et Saint-Aignan ; Saint-Aignan restait ainsi complètement isolé. De son château de Loches (3), Foulques était, au sud de Tours, maître du cours de l'Indre au-dessus de Montbazon (4). Les seigneurs auxquels appartenaient les autres châteaux construits sur l'Indre lui étaient tout dévoués (5). A quelque distance de là, tout près de l'Isle-Bouchard, il bâtit Sainte-Maure (6). Au sud de Chinon, Loudun et Mirebeau lui appartenaient (7). Au sud-ouest de Saumur, il bâtit les

(1) Indre-et-Loire, arrondissement de Tours. Gesta consulum Andegavensium, ap. D. Bouquet, X, 254 D.

(2) Loir-et-Cher, arrondissement de Blois. Chronicon Andegavense, ap. D. Bouquet, X, 272A; Chronicon Turonense, ibid., 282 D.

(3) Indre-et-Loire.

(4) Gesta Ambasiensium dominorum, ap. D. Bouquet, X, 240 B. (5) Gesta Ambasiensium dominorum, ap. D. Bouquet, X, 240 D. (6) Indre-et-Loire, arrondissement de Chinon. Historiæ Andegavensis fragmentum, ap. D. Bouquet, X, 204 C.

(7) Loudun, Vienne; Mirebeau, Vienne, arrondissement de Poitiers. Foulques tenait Loudun en fief du comte de Poitiers (Chronicon Ademari Cabanensis, ap. D. Bouquet, X, 145 C, et 149 E). Le château de Mirebeau avait été bâti par Foulques, comme le prouve la charte déjà citée du roi Robert pour l'abbaye de Cormery, ap, D. Bouquet, X, 577-578. Voir aussi Gesta consulum Andegavensium, ap. D. Bouquet, X, 255 A.

châteaux de Montreuil (1), de Passavant (2) et de Maulévrier (3). Son comté d'Anjou le rendait maître du cours de la Loire, au-dessous de Saumur, et de tout le pays situé à l'ouest de cette ville. Au nord de Saumur, il bâtit Baugé (4). Enfin, au nord de Tours, le seigneur de Château du Loir (5) et de SaintChristophe (6), tenait pour son parti; c'était par les terres de ce seigneur que Foulques passait quand d'Angers il voulait se rendre à Amboise (7). A peu de distance de Saint-Christophe, Foulques possédait le château de Semblançay (8). Ainsi, Tours et les quelques châteaux que le comte Eudes avait aux environs étaient comme une proie enveloppée dans un filet dont les mailles se serraient chaque jour de plus en plus. Tout ceil clairvoyant devait prévoir qu'à moins de grands efforts, le jour

(1) Maine-et-Loire, arrondissement de Saumur.

(2) Maine-et-Loire, arrondissement de Saumur, canton de Vihiers.

(3) Maine-et-Loire, arrondissement de Beaupréau, canton de Chollet. C'est Foulques Rechin, petit-fils de Foulques Nerra, qui attribue à son grand-père la construction de ces deux châteaux (Hist. Andegavensis fragmentum, ap. D. Bouquet, X, 204 C).

(4) Maine-et-Loire. Hist. Andegavensis fragmentum, ap. D. Bouquet, X, 204 C.

(5) Sarthe, arrondissement de Saint-Calais.

(6) Indre-et-Loire, arrondissement de Tours, canton de Neuvyle-Roi.

(7) Gesta Ambasiensium dominorum, ap. D. Bouquet, X, 240 C; Gesta consulum Andeg., ap. D. Bouquet, X, 255 A.

(8) Indre-et-Loire, arrondissement de Tours, canton de NeuilléPont-Pierre. Gesta consulum Andeg., ap. D. Bouquet, X, 255 A.

arriverait où le comté de Tours, perdu par la maison de Blois, viendrait s'ajouter aux domaines de la maison d'Anjou. La maison de Blois avait pour elle le droit héréditaire (1); Foulques avait reçu d'Adalbert, comte de Périgord, l'investiture de Tours, que celui-ci avait momentanément usurpé sur Eudes Ier, en 990 (2). A une autre époque, la cour suprême du royaume aurait tranché la question; mais entre Eudes II et Foulques, la force des armes devait être le seul juge. La décision définitive se fit longtemps attendre. Il y eut entre les deux rivaux une lutte qui se prolongea même au-delà du tombeau, car leurs enfants la continuèrent, et plus de cinquante ans s'écoulèrent depuis le jour où Adelbert avait livré Tours à Foulques jusqu'au moment où le sort de cette ville fut fixé. Les deux ennemis déployérent l'un contre l'autre toutes les ressources de leur génie.

Eudes, homme d'une activité comme d'une ambition sans bornes (3), était pour Foulques un voisin redoutable; mais l'excès de cette activité et de cette ambition eut souvent pour lui-même des conséquences désastreuses. Passant sans cesse d'un projet de conquête à un autre projet, ne pouvant jamais rester en place, il s'épuisait en des tentatives sans nombre, et rarement achevait ce qu'il avait

(1) Thibaut-le-Tricheur était comte de Tours.

(2) Chronicon Ademari Cabanensis, ap. D. Bouquet, X, 146 BC.

(3) Raoul Glaber, ap. D. Bouquet, X, 27B.

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