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rés et de chapitres dispersés sur tous les points du territoire de la Champagne. Les conservateurs des dépôts que nous venons de citer voudront bien, nous les en prions, agréer l'expression de notre reconnaissance. Nous adressons les mêmes remercîments à MM. Michelin, de Provins, Carteron-Cortier, Corrard de Breban, Camusat de Vaugourdon, Coffinet et Le Brun-Dalbanne, de Troyes, qui ont mis si gracieusement à notre disposition leurs riches bibliothèques et leurs belles collections.

Et nous serions bien ingrat si nous venions à oublier ici l'excellent ami dont la collaboration si active et si désintéressée a eu tant de part à notre œuvre. Nous aurions désiré pouvoir, sur le titre de ce livre comme déjà sur celui de deux autres, associer à notre nom celui de M. L. Pigeotte. Par un scrupule exagéré de modestie, il nous a refusé la satisfaction de lui rendre cette justice. Il n'a pu nous ôter le droit d'en prévenir notre lecteur.

LIVRE I.

LES DUCS DE CHAMPAGNE

DU VI AU VIII® SIÈCLE.

CHAPITRE I.

La Champagne moderne et la Champagne mérovingienne.

Quand une géographie nouvelle, créée par les lois révolutionnaires de la fin du siècle dernier, vint se substituer à la géographie traditionnelle de la France, la Champagne était comptée au nombre de nos plus importantes provinces, et son nom, qui aujourd'hui ne se trouve plus que dans la langue de la conversation ou dans celle de l'histoire, appartenait à la langue officielle. Toutefois, on aurait tort de croire qu'il y eût ce sens précis qu'ont depuis soixante-dix ans les termes géographiques employés dans les actes émanés du gouvernement français. Aujourd'hui le même ensemble de circonscriptions, la même subdivision en départements, en arrondissements, en

cantons et en communes, sert de base à toute notre organisation administrative, religieuse, judiciaire et militaire. Autrefois, le système était tout autre, ou, pour mieux dire, il n'y avait pas de système. Il n'existait pas de Champagne ecclésiastique : le nom de Champagne était complètement étranger à la géographie religieuse. Autre était la Champagne administrative, autre la Champagne militaire, autre la Champagne judiciaire ou féodale. Nous croyons inutile d'entrer ici dans le détail circonstancié de toutes les différences qui distinguaient ces trois Champagnes. Nous nous bornerons à indiquer les plus importantes.

La Champagne administrative, autrement dite généralité de Champagne, ne comprenait pas la partie orientale du grand gouvernement de Champagne, c'est-à-dire de la Champagne militaire; elle ne comprenait pas les onze élections de Château-Thierry, de Meaux, de Coulommiers, de Rosoy, de Provins, de Montereau, de Nogent-sur-Seine, de Sens, de Joigny, de Saint-Florentin et de Tonnerre qui dépendaient du grand gouvernement de Champagne, comme on peut le vérifier en consultant les cartes de l'ancienne France, qui s'impriment encore aujourd'hui à l'usage des établissements d'instruction; car, dans l'enseignement, c'est la division en grands gouvernements qui a prévalu (1).

La Champagne judiciaire ou féodale avait, comme la Champagne administrative, beaucoup moins d'é

(1) Le grand gouvernement de Champagne se divisait en quatre lieutenances celles de Troyes, de Reims, de Vitry et de Brie.

tendue que le grand gouvernement; elle ne se composait que des pays soumis aux quatre coutumes de Troyes, de Meaux, de Vitry et de Chaumont, c'està-dire de l'ancien ressort des quatre grands bailliages champenois de Troyes, de Meaux, de Vitry et de Chaumont. Elle ne renfermait ni Sens, ni Châlons, ni Reims, qui faisaient partie du grand gouvernement de Champagne.

Par cet énoncé, nous connaissons déjà en quoi se distingue principalement la Champagne féodale et judiciaire de la Champagne administrative. Châlons et Reims, qui restaient en dehors de la Champagne judiciaire et féodale, faisaient partie de la Champagne administrative. Châlons en était le cheflieu, Reims était le siége de l'une des treize élections dont elle était composée (1). En compensation, la plupart des localités régies par la coutume de Meaux, Meaux et Provins entre autres, qui appartenaient à la Champagne judiciaire et féodale, ne dépendaient pas de la Champagne administrative.

Mais ces distinctions ont aujourd'hui un caractère exclusivement scientifique. Ce que tout le monde appelle Champagne, ce qui depuis des siècles est resté la Champagne, malgré toutes les variations de la géographie politique, c'est le grand gouvernement de Champagne, avec Troyes pour capitale et les subdivisions suivantes : 1° Champagne propre (Troyes et Châlons-sur-Marne); 2° Rémois (Reims, Rocroy,

(1) Ces treize élections avaient pour chefs-lieux : Epernay, Reims, Rethel, Sainte-Menehould, Sedan et Vitry-le-François, pour la Haute-Champagne; Bar-sur-Aube, Châlons, Chaumont, Joinville, Langres, Sézanne et Troyes, pour la Basse-Champagne.

Château-Porcien); 3° Rethélois (Rethel, Mézières, Donchery); 4° Perthois (Vitry-le-Français, SaintDizier); 5o Vallage (Vassy, Bar-sur-Aube); 6° Bassigny (Chaumont, Langres); 7° Senonais (Sens, Joigny); 8 Tonnerrois (Tonnerre); 9° Brie-Champenoise (Meaux, Coulommiers, Provins, Sézanne).

La Champagne mérovingienne ne paraît pas avoir eu une étendue aussi grande. Nous ne croyons pas que les cinq dernières subdivisions de la Champagne moderne, que le Vallage, le Bassigny, le Sénonais, le Tonnerrois ni la Brie en fissent partie. Elle comprenait seulement les quatre premières subdivisions de la Champagne moderne, ou, pour autrement parler, le territoire des trois cités romaines de Troyes, de Reims et de Châlons-sur-Marne. Cela résulte de l'étymologie de son nom et des textes que nous allons citer.

Champagne vient du latin Campania, plaine, qui appartient à la haute latinité. Au temps de la splendeur romaine, il était porté par la province d'Italie dont les charmes passaient pour avoir énervé le rude vainqueur de Cannes et de Trasimène. Capoue et Naples en étaient les villes principales (1). Capoue est moins célèbre aujourd'hui qu'autrefois; mais Naples, devenue capitale de royaume, ne cesse pas d'attirer les voyageurs; et la contrée privilégiée où elle est bâtie n'a rien perdu de son antique renommée. Tout le monde connaît le proverbe italien : « Voir Naples et mourir, » Vedi Neapoli e poi mori.

(1) Forcellini et Facciolati, Totius latinitatis lexicon aux mots Campania et Capua, édition de Padoue, 1827, I, 455, 480; Ducange, éd. Henschel, II, 62.

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