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ville à donner des otages. Il entra ensuite en Aquitaine, battit Guillaume; mais il n'eut pas le temps de profiter de cette victoire : le bruit d'une invasion des Hongrois le rappela dans le nord de la France, où il rentra avec Herbert vers la fin de l'année 926 (1).

que

Herbert croyait avoir payé et au delà le service Raoul lui avait rendu en lui abandonnant les biens de l'église de Reims, il demanda un nouveau don; Roger, comte de Laon, venait de mourir, Herbert pria Raoul de lui faire présent du comté de Laon pour son fils Eudes. Laon, situé entre SaintQuentin et Reims, était parfaitement à la convenance du comte de Vermandois, et supprimait un de ces nombreux intervalles qui séparaient ses possessions les unes des autres. Mais Roger avait laissé des fils, un, entre autres, de même nom que lui; Raoul ne crut pas devoir violer à leur égard la loi de l'hérédité des fiefs, et il investit le jeune Roger du comté de Laon. Aussitôt on put prévoir une guerre entre Raoul et Herbert : Flodoard rapporte qu'un dimanche du mois de mars, les habitants de Reims virent dans le ciel des armées de feu. C'était un présage des luttes sanglantes qui allaient commencer. Mais une épidémie de grippe fut le seul fléau qui suivit immédiatement. Avant de se battre on négocia, et les négociations durèrent longtemps.

Herbert commença par envoyer des ambassadeurs à Henri l'Oiseleur (2). La royauté, si faible en

(1) Chronicon Frodoardi an. 926, ap. Duchesne, II, 596 C, 597 A.

(2) Henri, d'abord duc de Saxe, dit l'Oiseleur, premier du nom

France, avait conservé sa vigueur en Germanie, et l'appui du roi des Germains semblait alors une grande chose. Les ambassadeurs, à leur retour, dirent à Herbert qu'Henri désirait une entrevue avec lui, Herbert alla donc trouver le roi de Germanie; son beau-frère Hugues l'accompagnait. Ils firent avec Henri un traité dont les clauses ne nous sont pas connues; tout ce que nous savons, c'est qu'ils lui donnèrent et reçurent de lui des présents. Ensuite, se dirigeant vers l'extrémité opposée du territoire français, ils partirent pour combattre les Normands qui habitaient à l'embouchure de la Loire. Ils les assiégèrent pendant cinq semaines, puis, de guerre lasse, firent avec eux un traité par lequel Hugues leur abandonna le pays de Nantes. A son retour, Herbert assista à un concile qui se tint à Trosly, et qu'il avait convoqué malgré le roi Raoul (1), cela sans que nous comprenions bien de quel droit : il se croyait sans doute tout-à-fait archevêque de Reims. Une fois le concile fini, changeant de rôle, il prit avec une armée la route de Laon, qu'il espérait surprendre; mais Raoul, qui était à Compiègne, le prévint et envoya dans cette ville des troupes, qu'il suivit bientôt en personne. Herbert avait manqué son coup; furieux, il voulut recourir aux grands moyens. Il tira Charles du donjon de Château-Thierry, où ce malheureux prince était enfermé depuis quatre ans, et il le mena à Saint-Quentin, lui rendant les

comme roi de Germanie, avait succédé à Conrad Ier en 918, et devait mourir en 936.

(1) On sait que les légistes royaux considéraient le jussus du roi comme nécessaire pour la convocation des conciles.

honneurs royaux. Mais ce n'était pas un acte de repentir, Charles 'était un instrument dont Herbert voulait se servir pour trouver des alliés dans la grande lutte qu'il pensait entreprendre. Le premier allié auquel il songea fut Guillaume, dit Longue-Épée, duc de Normandie, fils de Rollon, c'est-à-dire du dernier défenseur de la royauté carlovingienne dans le nord de la France. Charles, Herbert et Guillaume eurent une entrevue au château d'Eu. Guillaume y fit hommage à Charles et promit son amitié à Herbert, qui lui donna son fils Eudes en otage.

A cette nouvelle, Raoul, qui depuis l'affaire de Laon s'était retiré en Bourgogne, entra les armes à la main dans les états d'Herbert, portant partout le pillage, mettant même le feu dans certains endroits. Hugues le Grand se proposa pour arbitre, une entrevue eut lieu entre lui, Raoul et Herbert, sur les bords de l'Oise; il fut convenu que Raoul abandonnerait Laon à Herbert, qu'Herbert remettrait Charles en prison. Le reste des difficultés qui pouvaient avoir surgi fut renvoyé à une assemblée des grands du royaume, qui devait avoir lieu peu de temps après pendant le carême de l'année 928. En conséquence, Raoul donna à sa garnison de Laon l'ordre de quitter cette ville. Mais la femme même de Raoul, la belle-sœur d'Herbert, Emma, qui commandait cette garnison, considérant la retraite comme une lâcheté, refusa d'obéir. Alors Herbert tint le traité pour non avenu, et, oubliant qu'il venait de trahir Charles une seconde fois, il montra pour lui plus de zèle que jamais. Non content du concours promis par les Normands, il désira obtenir aussi celui d'une puissance qui, malgré son abaissement,

restait l'objet d'un respect traditionnel. Nous voulons parler du pape (1). Il lui écrivit une lettre comme en peuvent écrire seuls, en pareille circonstance, des hommes qui ne rougissent plus (2) : « Je » n'ai jamais conspiré contre Charles, » disait-il, « je » n'avais même pas été à l'avance instruit de la cons>>piration, et c'est malgré moi que j'ai cédé quelque >> temps aux conjurés. Je désirerais donc ardemment » que l'on rendit à Charles un trône d'où il a été » précipité innocent et sans motifs. Je ne suis pas >> seul de cet avis, mon sentiment est partagé par >> tous les gens de bien, à l'exception de ceux qu'on » a corrompu à force de présents. Veuillez donc, >> par votre autorité apostolique, ordonner qu'on >> rende à Charles son royaume; frappez de l'ana>> thème d'une perpétuelle malédiction quiconque >> refusera d'obéir à votre sentence, et envoyez aux » évêques et aux princes des Gaules et de Germa>> nie une lettre où vous bénirez les bons et où vous >> maudirez les opposants (3). »

Herbert remit cette épître à des ambassadeurs qui prirent la route de Rome. C'était un long voyage, ils n'étaient pas encore de retour quand eut lieu l'assemblée qui, d'après le traité de l'année précédente, devait régler définitivement les points en litige entre Herbert et Raoul. Les deux adversaires s'y ren

(1) Le pape était alors Jean X, intronisé vers la fin d'avril 914, mort étranglé vers la fin de mai ou le commencement de juin 928. (2) Chronicon Frodoardi an 927-928, ap. Duchesne, II, 597 D, 598 A.

(3) Ce résumé de la lettre d'Herbert au pape nous est fourni par Richer, I, 54, éd. Guadet, I, 102-103.

dirent. Raoul consentit à toutes les concessions que demandait le comte de Vermandois, et lui fit livrer la ville de Laon, que la reine Emma se décida enfin à quitter. En conséquence, Herbert promit encore une fois de ne plus faire valoir les droits de Charles à la couronne, et de reconnaître Raoul pour roi. Mais cet engagement rendait sa position très-fausse. Nous ne parlons pas seulement de sa démarche auprès du pape, dont la réponse pouvait arriver d'un moment à l'autre, mais son fils Eudes était entre les mains des Normands caution de sa fidélité à Charles. Herbert eut une entrevue avec le duc Guillaume. Il y mena Charles avec lui, et là, solennellement, il fit hommage à ce pauvre prince, dont le pitoyable rôle, au milieu de ces intrigues, ne peut s'expliquer que par un état de presque complète imbécillité. Plusieurs comtes et plusieurs évêques qui avaient accompagné Herbert accomplirent après lui la même cérémonie; nous ignorons si ce fut avec la même sincérité. Guillaume s'y laissa tromper et rendit Eudes à son père. Peu après, les ambassadeurs envoyés à Rome revinrent sans réponse. Le pape, alors prisonnier, n'avait pu leur en donner; ainsi d'une part un faux serment, de l'autre un hasard heureux, avaient délivré Herbert de tous les embarras au milieu desquels il s'était un instant trouvé. Il remit Charles en prison et revint trouver le roi Raoul, auquel il fit hommage de nouveau, et avec lequel il passa même quelque temps en Bourgogne; pendant ce séjour, il assista à une entrevue de Raoul avec Hugues, roi d'Italie, et il eut l'habileté de se faire donner par Hugues le comté de Vienne pour son fils Eudes. Toutefois, cette donation resta sans effet,

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