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2,000 hommes de sa colonne mobile par Ferrare à Rovigo, à l'effet de renforcer la division Augereau, et partit lui-même, comme nous l'avons dit, pour Vérone, pivot de ses mouvements. En passant sous Mantoue, il donna les instructions nécessaires pour le cas où l'ennemi se présenterait devant la place. Il arriva, le 12, à Vérone, où sa présence devenait très-urgente; car, pendant que Provera s'avançait sur le bas Adige, Alvinzy avait opéré sa jonc. tion près de Roveredo avec le corps de Davidowich, et s'était porté, le 10 janvier, avec 36 bataillons sur Alla, pour accabler la gauche des Français. Une autre colonne de 6 bataillons et 100 chevaux, aux ordres du général Bayalitsch, débouchant de Bassano, menaçait Vérone: déjà, dans une première attaque, elle avait repoussé les avant-postes; et Masséna pour les soutenir, venait de faire déboucher sa division de cette place, et d'engager un combat où il enleva quelques centaines de prisonniers. Ces démonstrations sur la droite et le centre de l'armée française, n'étaient que le prélude des attaques plus sérieuses préparées contre la gauche: il ne s'agissait de rien moins, que de l'enlever dans sa position entre le lac de Garda et l'Adige.

Mais pour bien juger cette affaire, il faut étu dier sur le plan, le terrain qui en fut le théâtre, parce que la meilleure description n'en donnerait qu'une idée imparfaite et peu propre à l'intelligence de ces mouvements compliqués (1). ·On a déjà vu au chapitre LXI, qu'il n'y a que trois moyens de déboucher du Tyrol en Italie, par la vallée de l'Adige. Le premier, en longeant la rive gauche de ce fleuve sur la grande route de Trente, pour forcer la Chiusa et Vérone; le second, en emportant ce premier poste, puis venant jeter des ponts entre Polo et Pescantina, afin d'éluder Vérone; le troisième, enfin, en attaquant le Montebaldo, et suivant le chemin d'Incanale sur la rive droite de l'Adige, pour déboucher sur le plateau de Rivoli. Alvinzy adopta le dernier de ces moyens, comme le moins chanceux, et fit ses dispositions en conséquence. Il paraît qu'il avait connaissance du départ de Bonaparte pour Bologne; mais en supposant même le contraire, il est certain qu'il crut lui donner le change, en faisant faire par Pro

(1) Planche XXVI.

vera et Bayalitsch les démonstrations dont nous venons de rendre compte. Il se flattait de n'avoir que la division Joubert à combattre; on ne tardera pas à s'apercevoir de l'erreur de son calcul, et comment les dispositions qu'il prit pour l'envelopper occasionnèrent sa propre défaite.

L'armée autrichienne réunie sur le haut Adige, fut divisée en six colonnes, composées ainsi qu'il est indiqué au tableau ci-annexé. L'attaque étant fixée au 12 janvier, la première colonne à droite, commandée par le général Lusignan, devait partir le 11 de Brentonico, tourner le revers occidental du Montebaldo, et marcher par les hauteurs de Malsesena et de Casteletto, le long du lac de Garda; le but de ce mouvement hasardé était de couper la retraite aux Français et de les prendre à revers. La deuxième colonne, aux ordres du général Liptay, partant d'Avio, avait l'instruction de gravir le col de Campione, et de se communiquer avec la précédente par les crêtes du Montebaldo. La troisième, dirigée par le général Koblos, devait partir de Belluno, attaquer de front par la Ferrara et se lier à la deuxième. Les 4 et 5 colonnes avaient ordre de s'avancer au delà de Belluno vers Rivalta, soit à dessein de longer la rive droite de l'Adige et de déboucher sur Rivoli, soit en vue de soutenir au besoin les attaques du Montebaldo. Wukassowich devait balayer avec la 6° colonne la route de Vérone à Trente, par Dolce.

Le 12 au matin, les 2 et 3 colonnes arrivèrent effectivement, après une marche pénible, sur le mont Albaro, près de la Ferrara, en face de l'avant-garde de Joubert: celle de Lusignan, ayant à suivre des sentiers difficiles, obstrués par la neige qui tombait depuis deux jours, ne put occuper le revers des hauteurs du Montebaldo.

Malgré ce contre-temps, les deux autres divisions, fortes d'environ 9 à 10,000 hommes, eussent expulsé les républicains de leur position, si les généraux qui les commandaient s'étaient prêté un mutuel secours. Koblos attaqua le village de la Ferrara, mais Liptay ayant l'ordre de ne point s'engager avant que le mouvement de Lusignan n'eût atteint le but proposé, fit échouer sa tentative. Le canon des retranchements de Castelli et d'Olivetti, foudroya la têté de colonne, qui n'avait que de l'artillerie de montagne pour lui répondre.

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Les Impériaux furent donc obligés de tourner la montagne par les Dossi et la chapelle de la Ferrara. La nuit surprit les combattants, et une ligne majestueuse de feux changea bientôt l'aspect des cimes glacées du Montebaldo.

Cependant, Joubert se disposait à bien recevoir l'ennemi, lorsqu'il apprit à quatre heures du matin, que le corps de Lusignan avait déjà gagné sa gauche par le versant occidental du Montebaldo; il ne jugea pas prudent de s'engager dans cette position, contre des forces aussi supérieures, et se retira dans le plus profond silence, après avoir levé les ponts de l'Adige et rendu compte au général en chef de ce qui se passait.

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d'y réunir les cinq colonnes; car c'était le seul
point de concentration qu'on pût leur assigner.
Mais, une telle résolution était contraire au
système favori des Autrichiens, qui visaient tou-
jours à envelopper l'ennemi, comme si, sûrs de la
victoire, ils n'eussent pas voulu qu'un seul homme
leur échappât. Alvinzy
leur échappât. Alvinzy se borna donc à faire sui-
vre avec lenteur Joubert, par les 2 et 3° colonnes.

En jetant un coup d'œil sur le plan de la bataille, on verra bientôt que les deux points décisifs de l'opération étaient le ravin par lequel on monte sur le plateau de Rivoli en longeant l'Adige, et la chapelle de San-Marco, bâtie sur la crête du mont Magnone. C'est par le ravin, creusé près d'Osteria della Dugana, que Ocskay et Quasdanowich devaient déboucher: les hauteurs de la chapelle séparaient la grosse colonne autrichienne, la cavalerie et tout le train d'artillerie, des trois autres. Si Alvinzy avait poussé assez vivement pour s'emparer des hauteurs de San-Marco, le 13 janvier, et qu'il eût réuni là ses trois corps de gauche pour

Aussitôt que les Autrichiens aperçurent à la faible lueur des feux, que les Francais s'étaient retirés, ils se mirent en vain à leur poursuite: le mouvement rétrograde s'exécuta dans la matinée du 18, avec tant d'ordre, que l'arrière-garde ne fut pas même entamée. Joubert alla d'abord s'établir sur les hauteurs de Trombalora, en arrière du vallon de Caprino, où il attendit le reste de la jour-attaquer Rivoli, le 14, au matin, avec deux fortes née des nouvelles de Bonaparte, dont il ignorait encore l'arrivée à Vérone. Mais craignant d'être accablé le lendemain dans cette position, il en repartit à dix heures pour se retirer par Campara, sur Castel-Novo; les troupes étaient déjà en marche, lorsqu'on reçut avec la nouvelle de la prochaine arrivée du général en chef, l'ordre de tenir ferme en avant du platean de Rivoli. Le général Joubert fit alors prendre position aux 33°, 39°, 14°, et 85° de ligne, en avant de Rivoli; la droite sur la direction de la redoute de Castello, la gauche appuyée au pied des hauteurs de Marogne. Son avant-garde occupa les hauteurs de Zoana. Les 4° et 22 légères, réparties dans les retranchements et en avant d'Osteria, avaient des postes entre Serpole et les sommets du mont Magnone; la 17°, légère, à la gauche, s'étendait jusqu'à Zoana, Brensone, Montalto et Beticelli; la 29° légère tenait en seconde ligne les hauteurs de Zoana et Montagna: on tirailla toute la nuit.

Le premier projet d'Alvinzy, sur la division Joubert, se trouvait ainsi déjoué, et c'était un grand point toutefois il semblait possible de réparer ce contre-temps en la poussant vivement le 13, pour déboucher en même temps qu'elle sur Rivoli, afin

colonnes seulement, la victoire se fût déclarée pour lui; car il est douteux que Joubert eût pu tenir tête à 25,000 hommes avant que Masséna et Rey arrivassent à son secours. Mais les colonnes de Liptay et de Koblos, ne se sentant peut-être pas assez soutenues, s'avancèrent avec mesure, et prirent position sur le Tasso, entre Caprino et les hauteurs de Gambarone et de Lubiara. Leurs avant-gardes s'établirent sans obstacles sur les hauteurs importantes de San-Marco, à l'instant que les postes de Joubert venaient de les quitter pour exécuter le mouvement rétrograde dont nous avons parlé. Cette circonstance décisive fut probablement ignorée de l'état-major autrichien. La colonne de Lusignan bivouaqua près de Lumini.

Le 13, au soir, Alvinzy prescrivit une nouvelle disposition pour envelopper la division Joubert, qu'on supposait avoir l'intention de défendre le point important qu'elle occupait. La 1 colonne devait continuer son mouvement hasardé le long du lac de Garda, afin de tourner la gauche des Français et de déboucher sur leurs derrières. La 2 colonne, qui était vers Caprino, avait ordre de communiquer avec celle de Lusignan par une chaîne de partis, tout en coopérant à attaquer le front de

Joubert sur les hauteurs de Zoana et Trombalora. Ocskay, rétrograda par le ravin de Belluno (1) pour gravir le Montebaldo et se réunir à la 3° colonne qui devait attaquer San-Martin et les hauteurs de San-Marco. On prescrivit à Quasdanòwich de longer la rive droite de l'Adige avec la 5 colonne, le parc d'artillerie et la cavalerie, pour déboucher par Osteria della Dugana sur le flanc droit des Français. Enfin on assigna à Wukassowich la tâche de s'emparer de la Chiusa par la rive gauche de l'Adige, d'y établir de fortes batteries, pour prendre d'écharpe les colonnes françaises qui voudraient se retirer ou occuper les hauteurs de la rive opposée.

Une partie de la division Masséna se mit en marche sur-le-champ pour Rivoli, laissant la 25° de ligne sous Vérone avec la tâche d'observer le corps de Bayalitsch, battu la veille à SaintMichel. La réserve, aux ordres de Rey, se porta également en une marche forcée de Dezenzano par Peschiera sur le camp de Castel-Novo. Augereau reçut l'instruction de ne pas s'engager sérieusement, s'il avait affaire à des forces considérables, et de se borner à les harceler. On lui assigna la réserve de cavalerie du général Dugua, qui ne pouvait rendre de grands services dans les rochers du Montebaldo: Victor vint la remplacer à VillaFranca.

Ces dispositions arrêtées, Bonaparte se rendit en personne à Rivoli dans la nuit du 13 au 14: il n'eut pas plutôt connaissance de l'état des affaires, qu'il ordonna un mouvement en avant; car il importait de prévenir l'ennemi, et de l'empêcher de déboucher sur le plateau, seul point où ses colonnes pussent se réunir, se déployer et combattre avec les différentes armes. Aussi, sans attendre les colonnes de Masséna et de Rey, dont la coopération eût été si efficace, prescrivit-il à Joubert de resserrer sa position, de déloger les tirailleurs autrichiens, et de reprendre le poste intéressant de San-Marco.

Ces dispositions, qui devaient s'exécuter le 14, au point du jour, étaient déjà expédiées à tous les corps, quand Alvinzy eut avis que les Français se renforçaient : il ordonna alors à la colonne d'Ocskay de s'avancer pendant la nuit jusqu'à la chapelle de San-Marco. Mais laissons un instant le général autrichien faire ses préparatifs d'attaque, et revenons à ce qui se passait dans l'armée française. Bonaparte apprit à Vérone, le 18 janvier, après midi, que son aile gauche avait été forcée de se replier. En réfléchissant d'un autre côté aux fortes démonstrations faites vers Legnago et Saint-Michel, il jugea aussitôt que les Autrichiens, fidèles à leur système, avaient divisé leurs forces des pour accessoires sur le bas Adige; mais que le gros de leur armée se trouvait aux environs de Rivoli, puisqu'ils étaient parvenus à repousser la division Joubert de la position formidable de la Corona. Legea au centre sur Rovina: la gauche de Joubert, moyen de prévenir une défaite était d'opposer le même principe à la même faute; il résolut donc de se jeter avec la plus grande partie de son armée sur la droite d'Alvinzy, s'inquiétant peu des succès momentanés que les autres colonnes pourraient obtenir, et se promettant de revenir bientôt sur celles que leurs succès mêmes auraient affai-postes essentiels, tels que les retranchements de blies et compromises. Il était d'autant plus naturel de s'arrêter à ce parti, que les localités du plateau de Rivoli lui offraient toutes chances de succès.

(1) Le général Alvinży fit rétrograder ces 5 bataillons par Belluno, ignorant probablement qu'il y eût an chemin allant de Staffolo dans la vallée de l'Adige sur le mont Magnone, à la hauteur de Porzin; peut-être aussi

TOME III.

La brigade du général Vial, soutenue de la 33° de ligne, attaqua l'avant-garde des Impériaux et la força à se replier sur San-Giovani et Gambarone : la 14°, tirée de la brigade Sandoz, se diri

sous le général Lebley, reprit d'abord les hauteurs de Trombalora, d'où elle expulsa quelques pelotons ennemis. Bonaparte établit son quartier général sur les hauteurs de Zoana. La 39° resta dans les redoutes d'Osteria à la garde de ce point décisif. Des détachements continuèrent d'occuper des

Mont-Castello, le fort de Chiusa et le mont Rocca.

Cependant Masséna s'approchait de Rivoli avec les deux demi-brigades et trois régiments de cava

craignait-il de faire marcher un détachement si près de l'armée ennemie. Toutes les dispositions de ce général font pencher néanmoins pour la première supposition.

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