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comme un moyen de rétablir l'équilibre des forces, attendu que, dans un combat de chaussée, les têtes de colonnes seules sont engagées, et que la supériorité du nombre devient inutile. Ce raisonnement acquerrait quelque poids, si l'armée française, sûre de prévenir l'ennemi à Villanova, eût été à même de rester sur la défensive. Dans toute autre supposition, et celle-là est bien gratuite, il est bien avéré que le mouvement de cette armée étant offensif, les marais de l'Alpon formaient des obstacles pour elle, et qu'il eût été beaucoup plus convenable d'aller jeter un pont à Albaredo, et de remonter par la rive gauche du ruisseau sur Arcole et San-Bonifacio. La crainte d'être obligé à un mouvement trop long qui laissât à Alvinzy le temps de forcer Vérone, un trop grand mépris des obstacles, ou peut-être aussi le défaut de connaissance du terrain, sont, avec plus de vraisemblance, les motifs de cette faute qui faillit devenir fatale. Cependant Alvinzy attendait avec impatience, à son quartier général de Gambione, l'arrivée de la

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Sur ces entrefaites, la division Augereau s'approchait d'Arcole, et celle de Masséna de Porcil, comme nous l'avons dit plus haut. La tête de colonne de la première éprouva la plus vive résistance et ne put déboucher; les troupes impériales qui tenaient le village, y firent une résistance des plus opiniâtres. Il fallait pourtant forcer ce passage à quelque prix que ce fût; car il était déjà trop tard pour aller passer l'Adige à Albaredo. Le succès de la manœuvre dépendait d'un instant; les généraux, bien pénétrés de cette vérité, firent les plus grands efforts, et comme en pareil cas il n'y a pas de disposition qui tienne, chacun paya de sa personne; tous se précipitèrent à la tête de la colonne : la fortune trahit leur courage, et leur dévouement n'avança pas les affaires ; l'ennemi continuait un feu meurtrier; les généraux Lasnes, Verdier, Bon et Verne furent mis hors de combat; Augereau se porta à la tête du pont; tout cela fut inutile : le feu était si violent que les pelotons de la tête se trouvaient écrasés avant d'arriver à portée.

Alors Bonaparte courut lui-même avec son étatmajor devant la colonne, encourageant les soldats, leur demandant s'ils n'étaient plus les mêmes qui avaient emporté le pont de Lodi. Cependant, comme il s'était aperçu de l'impossibilité de déployer sur cette digue étroite, il avait déjà détaché Guyeux, vers Albaredo, avec l'ordre d'y passer l'Adige au bac, afin de tourner Arcole et de faciliter son attaque de front. La présence du général en chef ayant rendu aux soldats tout leur enthou

Jusque-là il n'y avait rien que de prudent; mais Alvinzy conçut bientôt sur ses flancs, et ses derrières, ces craintes exagérées qui déroutent tousiasme, et le temps devenant de plus en plus préjours les généraux médiocres; et, au lieu d'attaquer Vérone ou de passer l'Adige à Zevio, il s'arrêta comme on l'avait bien prévu, et changea ses dispositions en détachant à la hâte des renforts sur Arcole, et donnant ensuite à son armée l'ordre d'exécuter un changement de front en arrière. Une colonne de 6 bataillons, sous la conduite de Provéra, se dirigea sur Porcil; 14 bataillons, 22 escadrons, commandés par Mitrouski, durent se porter sur San-Bonifacio et Arcole; les pares filèrent à Montebello.

(1) Bonaparte s'exposa si fort, que l'adjudant général Belliard et quelques officiers d'état-major se placèrent devant lui pour le couvrir contre les tirailleurs ennemis,

cieux, il résolut de faire une troisième tentative sur ce malheureux pont. Mais tous ces délais avaient donné le temps aux Autrichiens de soutenir les troupes qui le défendaient la colonne fut encore une fois arrêtée, malgré les efforts et l'exemple de Bonaparte même, qui mit pied à terre et marcha à la tête des grenadiers. Le général Lasnes déjà blessé, accourut à cette nouvelle attaque et y reçut un troisième coup de feu. Vignole fut également blessé, et Muiron, aide de camp du général en chef, tomba mort à ses côtés (1). La division fit

et firent ensuite filer quelques grenadiers pour remplir cet objet.

un mouvement rétrograde : le cheval de Bonaparte | division de Provéra, derrière un canal, entre Porentraîné par le désordre inséparable d'un tel cil et Caldiero: les avant-gardes réoccupèrent Porévénement sur une chaussée, fut jeté dans le cil et Arcole. marais. Les Autrichiens en poursuivant les troupes en retraite sur la digue, dépassèrent de plus de 50 pas le général en chef. S'ils avaient su qu'ils tenaient pour ainsi dire l'homme qui devait leur causer tant de mal, ils eussent sans doute redoublé d'efforts, pour s'emparer de sa personne. Mais les troupes françaises, voyant le danger de leur général, et encouragées par l'adjudant général Belliard, firent volte-face, et repoussèrent l'ennemi avec vigueur. Cet effort fut le dernier : il fallut renoncer à forcer le passage du pont, et attendre le résultat de l'attaque de Guyeux.

Tandis que la droite des Français éprouvait une résistance aussi vive, et faisait de généreux efforts pour seconder les projets de son chef, la division Masséna plus heureuse, ayant assailli la colonne ennemie qui débouchait de Bionde, la culbuta audelà de ce village, attaqua ensuite Porcil, avec la plus grande impétuosité, et parvint à l'en chasser également.

Sur ces entrefaites, les Impériaux avaient continué leur mouvement, Mitrouski formait sa division en bataille entre San-Bonifacio et San-Stephano. Guyeux, de son côté, après avoir réussi à passer l'Adige près d'Albaredo, sous la protection de quelques pièces d'artillerie, repoussa les tirailleurs ennemis, et se dirigea sur Arcole pour l'attaquer vers la gauche, pendant que la colonne d'Augerean l'aborderait par le pont. Les troupes qui tenaient ce village, l'abandonnèrent un instant et se retirèrent sur le gros de l'armée.

Quoique la résistance de l'ennemi et des obstacles inattendus vers Arcole, eussent déjoué le projet de Bonaparte, et empêché d'enlever ses parcs et de s'établir sur ses communications, on avait pourtant réussi à changer le théâtre des opérations, à sauver le point important de Vérone, et à retarder la jonction des colonnes d'Alvinzy et de Davidowich. Mais ces demi-succès ne pouvaient satisfaire le général français: il était bien résolu de ne pas s'en tenir là, et toutes les dispositions furent faites pour livrer bataille le lendemain. La situation était plus embarrassante que le premier jour : il ne suffisait plus de prévenir Alvinzy à Villanova; et le mouvement étant démasqué on ne devait compter que sur la force des armes pour en assurer le succès. On a cru que Bonaparte commit une faute moins excusable que la première, en ne faisant pas descendre son pont vers Albaredo, ou même en ne le levant pas tout à fait pour aller en une marche de nuit franchir l'Adige à Legnago. Il semble même qu'il aurait pu, dès le 15, s'assurer les moyens de jeter de nuit un pont de chevalets, sur l'Alpon, dont le lit est étroit; car on n'aurait eu alors que ce bras à franchir, et l'on se serait épargné le grand mouvement par Legnago. Bien que ces reproches paraissent fondés, nous nous abstiendrons de prononcer, attendu ignorons absolument toutes les circonstances qui ont déterminé la conduite du général en chef.

que nous

Bonaparte persista donc à marcher de rechef sur Arcole et Porcil. Dans un terrain différent, il eût été convenable de porter l'effort principal sur San-Bonifacio et Villanova contre la droite des Autrichiens, afin de les couper de Montebello, de leurs communications avec Davidowich et de la

Cependant, comme les Autrichiens faisaient mine de vouloir reprendre Arcole avec des forces considérables, il devenait dangereux de passer la nuit dans la position où l'on se trouvait. Engagée sur des digues et avec l'Adige à dos, l'armée fran-route de Vicence. Mais, pour exécuter ce mouveçaise avait à craindre à la moindre alerte d'être précipitée dans les marais, sans espoir de salut. Bonaparte résolut donc de la retirer sur la rive droite de l'Adige et la forma autour de Ronco, en ne laissant que les 12 et 75° demi-brigades dans leur position d'observation sur la rive gauche pour la garde du pont. Le gros des Impériaux resta toujours, entre San-Stephano et San-Bonifacio. La

ment, il aurait fallu remonter entre l'Alpon et des marais impraticables, par une digue non moins étroite que celle d'Arcole, en laissant le flanc droit et le pont de Ronco totalement à découvert; or, si dans une semblable situation les Autrichiens avaient marché d'Arcole ou de Porcil contre le pont pour le détruire, et que l'armée française n'eût pas réussi à déboucher sur San-Bonifacio,

elle cût été perdue. Un résultat moins brillant, mais plus certain, s'offrait en portant les efforts contre la gauche des Impériaux, et l'on prit ce parti. Le 16 novembre, au point du jour, les divisions repassèrent l'Adige; à peine eurent-elles débouché qu'elles rencontrèrent l'armée autrichienne, en marche de Porcil et d'Arcole, pour attaquer le pont de Ronco. La cavalerie d'Alvinzy s'avançait en même temps sur Arcole, une brigade se portait vers Albaredo pour garder ce passage. La division Masséna attaqua sur-le-champ la colonne de Provéra, la rejeta dans Porcil, lui fit 7 à 800 prisonniers et lui prit 6 pièces de canon et 8 drapeaux. Le général Robert avec la 75° culbuta les Autrichiens à la baïonnette sur la chaussée du centre. De son côté, Augereau repoussa aussi leur avant-garde sur Arcole; mais ici se renouvela la scène de la veille; la majorité des forces d'Alvinzy soutenait alors ce village d'un abord si difficile, et il n'était pas probable qu'on l'emporterait de front Bonaparte sentit que le seul moyen de réussir était de passer l'Alpon vers son embouchure; il se porta lui-même sur ce point pour y ordonner la construction d'un pont de fascines; il espérait tourner ensuite la gauche de l'ennemi, que la garnison de Legnago inquiéterait, en remontant l'Adige. Toutes les tentatives pour établir ce pont furent infructueuses; et l'adjudant général Vial, chargé de longer l'Adige avec une demi-brigade pour chercher un passage, n'ayant pu en trouver quoiqu'il se fût jeté à l'eau jusqu'au col, il fallut se décider à attendre qu'on construisît un pont de chevalets. Le feu de l'ennemi était vif, plusieurs officiers d'état-major périrent, entre autres Elliot, aide de camp du général en chef.

Dans cet intervalle, Augereau renouvelait ses efforts sur Arcole. Alvinzy, voulant enfin se débarrasser des attaques réitérées et meurtrières dont son avant-garde et sa gauche souffraient dans ce village, ordonna à son centre placé à San-Bonifacio, de passer en partie sur la rive droite de l'Alpon, et de marcher par les digues qui longent le cours de ce ruisseau; ce mouvement aurait en des suites fâcheuses si Bonaparte ne l'avait prévenu en faisant avancer une compagnie et quatre pièces d'artillerie légère dont le feu arrêta tout court les têtes de colonnes ennemies.

Les ombres de la nuit commençant à s'étendre, sans que les affaires fussent plus avancées que la veille, le général français jugea prudent de reprendre les positions de la nuit précédente à la rive droite de l'Adige, et laissa la 12o demi-brigade à la garde de la tête du pont. Les Autrichiens, de leur côté, revinrent derrière Arcole.

Cependant Bonaparte convaincu désormais que le succès de l'affaire dépendait du passage de l'Alpon vers son confluent, hâta dans la nuit toutes les dispositions pour y jeter un pont. Cette résolution qui procura la victoire, prouve assez qu'il eut tort de ne pas la prendre dès la fin de la première journée.

Le 17 novembre, au point du jour, commença le troisième acte de cette terrible lutte. L'armée française s'ébranlait pour passer l'Adige, lorsqu'un des bateaux du pont s'enfonça. Cet accident, pouvait avoir des suites d'autant plus fâcheuses que dans le même instant les Autrichiens s'avancèrent pour attaquer la brigade chargée de la garde du pont ; mais l'artillerie, placée sur la rive droite, fit un si grand effet, en les prenant d'écharpe, qu'elle les arrêta. Cette canonnade donna le loisir de raccommoder le pont. Aussitôt qu'il fut en état, les divisions passèrent le ruisseau, attaquèrent l'ennemi et le repoussèrent jusqu'à Porcil et Arcole. Masséna suivit à gauche avec la 18° de ligne sur Porcil; mais comme l'effort principal devait avoir lieu par la droite au confluent de l'Alpon, une partie de sa division demeural intermédiaire. La 32o demi-brigade fut embusquée dans le bois à la droite de la digue, La 18° légère se mit en bataille près du pont que la 12 de ligne devait toujours défendre. Robert, avec la 75*, fut placé au centre devant Arcole. La division Augereau se disposait à passer l'Alpon à son confluent et à se lier avec les deux bataillons de la garnison de Porto-Legnago, qui commençaient à paraître sur la rive gauche pour attaquer et tourner la gauche de l'ennemi; elle devait être soutenue dans ce mouvement par toute la cavalerie de Beaurevoir.

Robert suivit vivement les Impériaux jusqu'à Arcole ; mais là, le gros de leurs forces le ramena plus vite, de sorte qu'il fut contraint de se réfugier derrière la division Augereau; quelques pelotons

s'étant repliés sur le pont, les Autrichiens s'avan- | afin de se lier à l'armée. Dès que le mouvement de retraite des Autrichiens fut prononcé, il déboucha de ce village, les poursuivit dans la direction de San-Bonifacio, et se lia ensuite par sa droite avec la division Augereau. L'armée s'établit, la gauche en avant d'Arcole, la droite à San-Gregorio où elle passa la nuit.

çaient déjà sur l'Adige à leur poursuite, et les eussent sans doute enlevés, si Bonaparte qui avait disposé en intermédiaire, comme nous l'avons dit, une partie de la division Masséna, n'avait paré à cet accident. Au moment où les Autrichiens se croyaient sûrs de la victoire, ils se voient assaillis de toutes parts. La 18 légère marche à leur rencontre et les aborde de front sur la digue, la 18 de ligne, revenant sur ses pas du côté de Porcil, les attaque en queue, et la 32o embusquée dans un taillis, tombe à l'improviste sur leur flanc et les jette dans le marais. La déroute de ce corps fut totale, comme elle devait l'être dans une situation pareille; on lui fit 2 ou 3,000 prisonniers.

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Tandis que par ces dispositions Bonaparte assurait sa gauche, son centre et ses ponts de l'Adige, contre toutes les tentatives de l'ennemi, droite renforcée jetait enfin son petit pont sur le ruisseau, et le passait; le combat s'engagea bientôt avec vivacité sur ce point où les Autrichiens avaient eu le temps de faire filer des renforts. Leur flanc gauche était couvert par un marais : la faiblesse des troupes disponibles ne permettait pas de le tourner sans tenter un mouvement décousu, d'autant plus dangereux que le corps qui l'eût exécuté aurait cheminé entre ce marais même et l'Adige. Dans cet état des localités, Bonaparte se rappelant que le simulacre d'une attaque sur le flanc d'une troupe qui n'y est pas préparée l'ébranle presque toujours, ordonna au lieutenant Hercule de descendre l'Adige avec 25 de ses guides, pour tomber avec impétuosité sur l'ennemi en faisant sonner la charge par plusieurs trompettes. Ce stratagème réussit complétement; il causa un moment d'hésitation dans l'infanterie autrichienne. Le gégéral Augereau en profita ponr l'attaquer, et parvint à la faire ployer; elle se défendit néanmoins avec vigueur, et se retirait en bon ordre lorsque la garnison de Porto-Legnago débouchant sur SanGregorio, menaça de la déborder et de la prendre à revers, ce qui lui fit accélérer sa retraite.

Dans ces entrefaites, Masséna avait reporté une de ses brigades, soutenue de plusieurs escadrons, sur Porcil, pour en chasser l'ennemi et couvrir les communications des ponts, pendant qu'il se dirigeait avec le reste de ses troupes vers Arcole,

TOME III.

Alvinzy, fatigué d'une lutte aussi longue et aussi pénible, forcé dans cette dernière journée à quitter le champ de bataille après avoir perdu beaucoup de monde, désespérant de forcer jamais l'armée française dans un terrain si favorable à la défensive, prit enfin la résolution de se retirer, le 18, à Montebello. Il paraît que le manque de nouvelles sur l'issue des attaques de Davidowich, fut un des principaux motifs qui le déterminèrent à la retraite.

Cette bataille de soixante-douze heures est sans contredit une des plus remarquables de la guerre. Les efforts furent également honorables pour les deux partis, et leur perte grande; on estima celle des Autrichiens de 7 à 8,000 hommes tués, blessés ou prisonniers. Celle des Français n'a pas été indiquée; on l'a exagérée en la calculant d'après le nombre des officiers-généraux qui s'y sacrifièrent pour enlever les troupes, et qui se trouvant à leur tête dans un combat de chaussée, devaient nécessairement être les premières victimes. Outre ceux dont nous avons fait mention, dans cette troisième journée, les généraux Robert et Gardanne furent blessés, et l'adjudant général Vandelin tué.

A peine Bonaparte cut-il la certitude qu'Alvinzy se retirait sur Vicence, pour se lier sans doute par les gorges de la Brenta avec Davidowich, qu'il résolut de se porter sur ce dernier afin de l'accabler. Mais tandis que les deux armées principales se battaient avec tant d'acharnement dans les marais d'Arcole, les affaires avaient pris une tournure différente sur les bords du lac de Garda, et la présence de Bonaparte y devenait très-nécessaire.

Dès le 10 novembre, Davidowich se trouvait en mesure d'attaquer le général Vaubois avec toutes ses forces; loin de profiter de cette circonstance, il les divisa sans aucun but raisonnable : le corps de Laudon s'étendait à droite vers Condino et Tione; la brigade Ocskay était en intermédiaire.

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vers Brentonico et Mori, pour communiquer avec | général français un succès éclatant, si la division lui; il occupait aussi Avio, Valfreddo et Lessago. autrichienne informée dans la journée du 19, de Le corps de bataille campait vers Seravalle, et l'avant-garde près d'Alla.

Enfin, après huit jours d'une inaction inexcusable, Davidowich attaqua, le 16 novembre, la division Vaubois sur les hauteurs de Ferrara et de la Corona après deux engagements assez vifs, les brigades Laudon et Reuss débouchèrent, le 17, dans la vallée de Caprino, tandis qu'une troisième colonne passait l'Adige vers Croara, pour enlever le plateau de Rivoli. D'un autre côté, Wukassowich s'avançait avec une 4o brigade par la grande route de Vérone, sur la Chiusa. Les Français menacés d'être tournés, et forcés à la retraite, d'abord sur Rivoli, puis ensuite sur Campara, ne l'exécutèrent pas sans quelque perte : leur arrière-garde fut entamée, et le général Fiorella fait prisonnier avec 7 à 800 hommes.

A la suite de ce succès qui eût été décisif, le 18 ou le 14 novembre, et ne servait plus qu'à compromettre le corps victorieux, Davidowichs'avança, le 18, jusqu'à Castel-Novo et Passago, poussant des partis jusqu'à Vérone: il resta deux jours dans cette position, sans doute de crainte de s'engager avant d'avoir des nouvelles de son général en chef. | Vaubois se retira derrière le Mincio en passant par Campara et Peschiera.

Dès que Bonaparte fut informé de cet événement, il résolut de profiter de la faute des généraux ennemis, pour accabler le corps de Davidowich avec toutes ses forces, s'il osait tenir dans sa position. On se contenta donc de faire suivre Alvinzy sur Vicence, par la réserve de cavalerie. Masséna repassa, le 18 novembre, sur la rive droite de l'Adige, et prit la route de Villa-Franca, pour s'y rallier à Vaubois, qui reçut l'ordre de s'y rendre en traversant le Mincio à Borghetto. Leurs divisions devaient attaquer l'ennemi de front, tandis qu'Augereau déborderait sa gauche en se portant de Vérone sur San-Martin et la vallée de Panthena, par laquelle il devait gagner ensuite les hauteurs de Santa-Anna, et descendre dans la vallée de l'Adige vers Dolce, pour couper toute retraite aux Autrichiens.

La mise en action du gros de ses forces sur cette partie isolée de l'armée ennemie, aurait procuré au

la retraite d'Alvinzy, ne s'était hâtée de regagner les montagnes; mouvement qu'elle n'exécuta pas sans une perte très-sensible; les régiments de Lehrbach et de Lattermann furent atteints à Campara, et en partie détruits, surtout le premier, dont un bataillon entier fut coupé.

Le général Joubert poussa jusqu'auprès de la Corona et de Preabocco; Masséna et Vaubois s'arrêtèrent à Castel-Novo. De son côté, Augereau ayant chassé un parti des hauteurs de Santa Anna, lui fit quelques centaines de prisonniers, brûla deux équipages de ponts, et occupa la position importante de Dolce.

La prompte retraite de Davidowich dans les montagnes, ôta tout espoir de l'entamer plus sérieusement. D'un autre côté, Alvinzy, informé des succès que son lieutenant avait obtenus, le 17, sur la division Vaubois, et de la marche de celle d'Augereau, craignit avec raison de voir sa droite bientôt accablée; résolu de la soutenir, il détacha quelques bataillons dans les montagnes de Molare, et s'avança de nouveau jusqu'à Villanova: mais Bonaparte revint aussitôt sur ses pas, et se disposa à déboucher de Vérone.

Alors Alvinzy, dont tous les mouvements étaient déjoués par la rapidité de son adversaire, se décida à rester sur la Brenta, où son armée prit des cantonnements pour se refaire. La gauche s'établit à Padoue, le quartier général à Bassano, la droite se prolongeant vers Trente, se lia au corps de Davidowich.

Par suite du défaut d'ensemble, inévitable dans toutes les entreprises compliquées et exécutées par des parties isolées qui n'ont aucune communication directe entre elles, Wurmser était resté tranquille dans Mantoue, quand on se battait pour le délivrer, et tenta, comme il en était convenu, une sortie, le 23 novembre, lorsque la retraite de toutes les colonnes d'Alvinzy ne pouvait que rendre cette opération désastreuse. En effet le général Kilmaine, dont la présence devenait inutile à Vérone, était déjà retourné devant Mantoue avec les troupes momentanément retirées du blocus, et après un combat assez vif, il obligea les Autrichiens à rentrer dans la place.

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