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leur exemple les peuples voisins, n'hésita pas à fo- | les détails de l'administration, réservés aux commenter cet esprit d'insurrection, en leur promettant missaires du Directoire. Cependant, on voit avec son appui. C'en était assez bientôt tous les pays quel art il conduisit cette opération délicate : il situés sur les deux rives du Pô, partagèrent les glissa sur les réformes du clergé, ne voulant pas vœux des démocrates lombards. s'attirer pour ennemie la foule ignorante qui suivait aveuglément ses impulsions : en proclamant l'égalité des personnes, il n'exclut aucun noble des fonctions civiles ou administratives : et donna par là, à la noblesse, l'assurance de conserver par des charges et des dignités, la considération et le respect dont elle était si jalouse. La révolution de l'Italie, dans laquelle on ne remarque pas de secousse violente, fut aussi sans réaction; et, malgré la vivacité naturelle des Italiens, elle fut exempte des horreurs qui souillèrent celle de France.

La création de nouveaux États en Italie était une idée heureuse, dont le but immédiat était de diminuer d'une manière sensible la masse de résistance qu'opposait l'Autriche dans cette guerre. En effet, on la privait des ressources qu'on ménageait aux Français, au milieu des chances incertaines de cette lutte. En jugeant l'opération sous un point de vue plus éloigné, dans la supposition qu'on parvint à faire reconnaître à la paix l'indépendance de ces républiques, la Frante devoit gagner en puissance relative, ce qu'aurait perdu l'Autriche en force effective; car le besoin de leur propre conservation attachait toujours ces nouveaux États, à ceux dont les armes victorieuses protégeaient leur berceau.

Les tristes résultats des expéditions de Charles VIII, de Louis XII et de François Ier, avaient fait passer en proverbe, que l'Italie était le tombeau des Français. S'il paraissait glorieux de prouver qu'une armée bien commandée élève des trophées là où d'autres mal conduites ont trouvé leur tombeau, il ne l'était pas moins de montrer que les conquêtes les plus difficiles parviennent à se consolider quand elles ne froissent ni l'honneur ni l'intérêt d'une nation. Bonaparte résolut donc de faire, en face de l'Europe, l'application de ces deux grandes vérités.

Les derniers événements militaires venaient de lui prouver l'efficacité des moyens de rigueur et de conciliation qu'il avait su employer tour à tour: les succès de Wurmser, qui deux mois plus tôt eussent allumé la guerre civile en Italie, n'y causèrent qu'une légère agitation: les nouvelles absurdes répandues par les émissaires de l'Autriche, relevèrent les espérances de ses partisans, comprimèrent l'élan révolutionnaire de la multitude, mais n'eurent pas d'autres suites.

Il importait de donner à l'Italie régénérée un gouvernement fort, bien plus que des institutions trop démocratiques mais Bonaparte obligé de le mettre en harmonie avec le régime en vigueur dans sa patrie, n'avait d'influence que sur le fond de la révolution à opérer, sans pouvoir s'immiscer dans TOME III.

Le peuple de Reggio embrassa avec chaleur les nouvelles doctrines; et, comme on pouvait plus aisément proclamer son indépendance sans craindre d'alarmer l'Autriche, ce fut là qu'on plaça, désormais le foyer de la propagande.

A l'entrée de l'armée en Italie, le duché de Modène était gouverné par Hercule III, prince faible, sans enfants, et indigne sous tous les rapports du nom qu'il portait. Comme il avait épousé une princesse de la maison impériale, à sa mort le duché devait passer à l'archiduc Ferdinand. Sa passion dominante était l'avarice toutes ses vues tendaient à grossir un trésor dans lequel on comptait déjà une vingtaine de millions, indépendamment des capitaux considérables, placés dans des banques étrangères. Ces levées d'argent, dans un pays peu étendu, n'avaient eu lieu qu'au détriment du peuple : aussi, son administration était-elle généralement détestée.

Le duc s'enfuit, comme nous l'avons dit, à l'approche de l'armée française, laissant le timon des affaires à un conseil de régence, et emportant avec lui ses trésors, qu'il mettait au dessus de sa couronne et de l'amour de son peuple. Ses sujets avaient de justes motifs de mécontentement : ceux de Reggio, en particulier, regardèrent et reçurent les Français comme des libérateurs. Après une fermentation de quelques semaines, fomentée selon toute apparence par quelques agents secrets de Salicetti et de Garreau, l'orage éclata, le 26 août. Les habitants de Reggio prirent les armes, chassèrent les employés du duc de Modène, créèrent une mu

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nicipalité, et se mirent sous la protection de l'ar- | trop lourdes, pour ne pas nuire dans l'esprit d'un

mée française.

peuple intéressé : cependant, la prise du château de Milan, et la déroute de cette armée que l'on s'attendait à chaque instant voir arriver triom

D'un autre côté, par l'armistice conclu avec le pape, Sa Sainteté avait cédé les légations de Bologne et de Ferrare. Le général en chef avait confiéphante, ayant consterné les ennemis de la France, le gouvernement de chacun de ces petits États à le parti de l'indépendance grossit de jour en jour. un conseil provisoire, qui devait chercher à leur L'opinion publique, travaillée par mille ressorts donner une constitution sage, adaptée à leur que les commissaires républicains mettaient adroisituation et à leurs mœurs. Ces premiers actes tement en jeu, se prononça avec plus d'énergie : d'une indépendance politique, avantageuse et ho- déjà, des adresses présentées à l'administration norable, avaient gagné presque tous les cœurs de générale, sollicitaient de lever quelques corps de la contrée. Aussitôt que l'événement de Reggio fut troupes soldées. connu, des députés des légations vinrent féliciter cette ville, et lui offrir une alliance.

Sur ces entrefaites, la régence du duché de Modène, alarmée sans doute de ce mouvement, se mit en devoir de le comprimer, ou du moins de se défendre, et arma les remparts de la capitale. Le général français ne désirait qu'un prétexte pour substituer à une administration ennemic, un conscil populaire qui lui gagnât insensiblement l'esprit des habitants, et les liât ainsi peu à peu à la cause française. Il dirigea donc des détachements sur Modène; et, après avoir signifié la rupture d'un armistice dont on arguait la violation, ils y entrèrent le 9 octobre. La régence fut destituée, et remplacée au nom de la république française, par un comité de gouvernement, qui lui prêta serment de fidélité.

Cependant, la prudence conseillait de ne rien. presser dans l'organisation des provinces appartenant à la maison d'Autriche, avant de savoir s'il serait possible d'en obtenir la cession par le traité de paix. Le Directoire et le général en chef affectèrent donc une grande modération, en n'autorisant que des institutions provisoires et la levée de légions de police, pour le maintien de la tranquillité intérieure : le colonel Lahoz, chargé d'organiser ces bataillons, les recruta particulièrement de prisonniers autrichiens qui, plus tard, formèrent le noyau des légions polonaises.

Ces mesures étaient d'autant plus prudentes, que les affaires du reste de l'Italie présentaient un aspect peu rassurant. Les négociations avec Naples traînaient en longueur : la politique du Piémont flottait incertaine : les environs de Gênes s'agitaient ; et le sénat, obsédé, dit-on, des réquisitions de Faypoult, ne restait pas étranger aux troubles des fiefs impériaux. Le pape, revenu de sa terreur,

Les germes d'une seconde puissance auxiliaire au centre de l'Italie, adroitement semés, ne pouvaient manquer de fructifier: Bologne et Ferrare se réunirent, et nommèrent un comité de gouver-ne songeait plus à la paix. nement. Chacune de ces villes travailla d'abord à une régénération particulière, contraire sans doute à l'intérêt général, mais inévitable dans le début. Le comité de gouvernement signala ses premières séances par la formation des gardes nationales institution précieuse, qui donnait une force auxiliaire d'autant plus utile, que, sans agir, elle en imposait aux mécontents. Ainsi, des provinces dont le mauvais esprit eût exigé des garnisons françaises, allaient bientôt rendre toutes ces troupes disponibles, se soutenir par elles-mêmes, et renforcer peut-être l'armée active de quelques légions soldées. La révolution marchait, en Lombardie, avec plus de lenteur. Les charges de la guerre étaient

Venise, surtout, pouvait, en se déclarant contre les républicains, donner une tournure fâcheuse à la guerre. En foulant son territoire à Brescia et Vérone, le général Bonaparte n'avait fait qu'user de représailles, pour le passage livré aux Autrichiens à Peschiera. Toutefois, cette violation de la neutralité semblait devoir multiplier les embarras de l'armée victorieuse. Heureusement pour elle, que la république, qui jadis avait bravé l'empire ottoman et confondu la ligue de Cambrai, abatârdie aujourd'hui par deux siècles de repos, n'était plus capable d'efforts vigoureux. Persuadée qu'elle échapperait à tous les dangers, en usant de la même faiblesse envers les deux partis, elle comptait dé

tous les arguments d'une politique prévoyante et rusée : ni la proposition d'une quadruple alliance avec la Porte, l'Espagne et Naples; ni la crainte des empiétements de voisins redoutables, ou de la dépendance de l'Autriche et de l'Angleterre, ne

tourner la guerre par des concessions successives à chacun d'eux. Son sénat, imbu de maximes surannées, ne sut faire ni la paix, ni la guerre, et mécontenta l'Autriche comme la France, par des demi-mesures qui répondaient peu à l'attente de l'une et de l'autre. Bien que les patriciens ne dis-parent ébranler l'impassible politique d'un corps simulassent point la haine qu'ils portaient à la France, et qu'ils redoutassent l'ascendant qu'elle prenait en Lombardie, ils ne voyaient pas l'éminence du péril auquel ils allaient être exposés, et ne comprenaient pas qu'une république démocratique de 30,000,000 d'hommes, ne pouvait s'allier à l'oligarchie repoussante du sénat vénitien, à moins d'exiger de celui-ci le sacrifice de son indépen-mesures de sûreté intérieure, dont nulle puissance dance. Pourtant, il fallait s'allier à elle ou à l'Autriche, si l'on voulait intéresser l'une des deux à la conservation d'une puissance caduque.

déjà frappé d'atonie dans toutes ses parties constitutives. Confiant en sa propre faiblesse, il fallut toutes les instances de quelques hommes prépondérants, parmi lesquels on distinguait le grand procurateur Pesaro, pour déterminer le sénat à ordonner la levée des milices esclavones, et l'armement d'une flottille pour la défense des Lagunes:

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n'avait droit de se plaindre, mais qui ne laissèrent
pas de causer quelques inquiétudes à la France.
La coïncidence de ces armements avec le refus
pape de signer la paix, et l'arrivée à Rome du
marquis del Vasto, chargé par la roi de Naples de
conclure une alliance offensive et défensive entre
les deux États, fit présumer à Bonaparte qu'une li-
gue italienne lui tomberait incessamment sur les
bras, si le Directoire ne se hâtait d'en finir avec
Naples. Il le pressa donc de lui accorder la paix à
tout prix, pensant que c'était le seul moyen d'im-
poser au reste de la Péninsule.

Bien que Pie VI protestat sans cesse de son amour pour la paix, il était trop enclin à partager la haine que les cardinaux et le secrétaire d'État

Nous aurons occasion de nous étendre plus amplement sur ce sujet : il suffit d'indiquer actuellement que Bonaparte et le Directoire, tremblant de réveiller le lion de Saint-Marc, cherchaient, par des propositions habilement motivées, à s'attacher la vieille république, dont le plus léger effort, dans la situation actuelle des affaires, était capable de faire pencher la balance du côté de leurs ennemis. En effet, qui répondait que le doge actuel, jaloux d'imiter les Morosini, les Dandolo et les Alviane, ne se mit à la tête de 20.000 hommes, et n'aidât puissamment les Impériaux à expulser d'Italie cette poignée de braves qui venait soulever tant d'inté-vouaient aux maximes démocratiques, et trop ulrêts divers? Cette simple résolution n'eût-elle pas décidé du sort de Mantoue, encouragé le roi de Naples, et ranimé celui de Sardaigne, dont le pays, foulé par une triple ligne d'étapes, était exaspéré au plus haut degré ? Déterminer le sénat ombrageux à se jeter franchement dans les bras de la France, en lui peignant tour à tour les dangers dont le menaçaient, d'un côté la propagande, et de l'autre l'ambition de l'Autriche : l'endormir du moins par des promesses; prolonger sa léthargie par des protestations d'amitié, jusqu'à ce qu'on vit le moment de l'abattre par une révolution populaire; tels étaient les moyens les plus sûrs à adopter, et que Bonaparte mit effectivement en jeu pour arriver à ses fins.

céré de la dureté des conditions qu'on lui imposait, pour ne pas traîner les négociations en longueur, dans l'espoir de trouver tôt ou tard l'occasion de les rompre avec éclat.

Les premiers succès de Wurmser, et le déblocus momentané de Mantoue, avaient ranimé toutes les espérances du gouvernement pontifical: il compta même tellement sur ces succès passagers, qu'il chargea le prélat Lagreca de chercher à reprendre Ferrare; et réussit, sous différents prétextes, éluder les articles de l'armistice. On était convenu qu'il n'enverrait point d'ecclésiastique pour traiter définitivement de la paix: au mépris de cette clause, il avait envoyé à Paris les prélats Petrarchi et Vangelisti. Une pareille obstination étant Le résultat ne répondit point à ses premières de nature à détruire toute confiance, le gouverneespérances. En vain le ministre Lallement épuisament français crut de sa dignité de ne pas la souf

frir, et ces deux agents reçurent l'ordre de quitter | tifical ne rejeta pas seulement les propositions qui Paris dans les 24 heures. D'un autre côté, les non- lui étaient soumises; mais il passa subitement aux ces et les légats de la Marche d'Ancône et de la préparatifs hostiles. L'armistice fut regardé comme Romagne se conduisaient en ennemis déclarés de nul: l'argent destiné à payer les contributions rél'armée française. Enfin, le saint-siége négociait trograda; et l'on fit, dans les États ecclésiastiques, une alliance plus étroite avec le cabinet de Vienne. de nouveaux armements. Le général en chef, instruit de ces dispositions malveillantes, se préparait à y mettre fin, lorsque les opérations des armées impériales le forcèrent à dissimuler son ressentiment, et à tourner toute son attention vers l'Adige.

Les neuvaines, les prières, les processions, les bulles, tout ce qui pouvait, en un mot, enflammer la haine d'une multitude ignorante et superstitieuse, fut mis en usage pour activer le recrutement de l'armée papale. Mais ces moyens, si puissants encore au xv° siècle, avaient perdu toute leur magie: la foule se contenta de faire des vœux et des prières pour le succès d'une guerre aussi juste. Quelques princes, par la crainte de perdre leurs priviléges, ne s'en tinrent pas là: le connétable Colonne leva un régiment d'infanterie : le prince Giustiniani en offrit un de cavalerie. Mais il n'y avait pas de quoi former une armée; à peine mit-on sur pied 8,000 hommes: on se flattait, à la vérité, que Naples en fournirait 30,000.

Le pape, après le renvoi de ses agents, chercha, il est vrai, à renouer des négociations à Florence, Le prélat Galeppi, le dominicain Soldati, et le chevalier d'Azzara, ambassadeur d'Espagne, qui venait d'être médiateur de l'armistice si mal observé, se présentèrent aux commissaires Salicetti et Garreau; mais il ne fut pas possible de s'entendre. Ceux-ci exigeaient que le pape retirât et déclarât nuls les brefs et les mandements publiés contre la France depuis la révolution; qu'il fermât ses ports aux Anglais; qu'il fit réparation du meurtre de Basseville. Poussant même l'inflexibilité jusqu'au dernier degré, ils présentèrent aux plénipoten-plosion, et rendit, dans ces circonstances pénibles, tiaires du pape, un traité en soixante-quatre articles; déclarant qu'il fallait l'adopter ou le rejeter tel qu'il était, attendu qu'ils ne se trouvaient point autorisés à entrer en discussion. Cette méthode tout à fait insolite, même dans la diplomatie révolutionnaire de 1793, produisit un mauvais effet.

Galeppi retourna à Rome. Les conditions qu'il apportait parurent trop dures. Les succès des Autrichiens enivraient tous les esprits; on crut à la prochaine délivrance de l'Italic. Le gouvernement pon

Cependant le chevalier d'Azzara, interposant la médiation de l'Espagne, parvint à retarder l'ex

des services éminents. L'envoyé de France Cacault, de son côté, contribua par sa contenance impassible à éviter une rupture ouverte, qui, à cette époque, eût pu avoir les plus funestes résultats (1).

Ces inquiétudes furent enfin heureusement dissipées, par le traité définitif signé, le 10 octobre, à Paris, entre la république française et la cour des Deux-Siciles. Les conditions en étaient bien douces, en comparaison de celles imposées au pape et au Piémont. On peut attribuer sans doute cette mo

(1) Cacault écrivait à Bonaparte, de Rome, le 17 octo- » Cette ancienne politique du Vatican, si célèbre autrebre 1796: » fois, est tombée en enfance; et l'administration inté

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« Il y a une chose désespérante ici pour la négociation.» rieure de l'État est également dans une confusion

Le secrétaire d'État n'a que peu de crédit; en sorte qu'après l'avoir persuadé, on n'aurait encore rien gagné.

» La volonté du pape, vieillard de 80 ans, dépend des intrigants qui l'environnent, et change suivant leurs

>> intérêts. Ce sont les partis de Vienne, de Naples, et l'argent de l'Angleterre, qui ont l'ascendant à cette » cour. De plus, le pape n'oserait prendre un parti, sans » assembler les cardinaux en congrégation. Ces hommes,

» la plupart étrangers à tous les intérêts de l'État, déci

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» extrême.

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>> Il paraît à la cour de Naples et à celle de Rome qu'un traité par lequel elles s'obligeraient à admettre les

Français avec des priviléges, à ouvrir les prisons à

» leurs sujets détenus pour opinions politiques, et à re» noncer à la persécution de ce qu'on appelle les jacobins, leur ferait perdre tous moyens d'autorité et de sûreté..... » Le sombre esprit de la tyrannie est plus fort que les sentiments da véritable intérêt. La peur que le despotisme a d'être méprisé, est plus grande que celle que » vos armées peuvent lui inspirer..... »

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dération, au grand éloignement du royaume de Na- |
ples, à la difficulté d'y porter la guerre, et surtout
à l'urgence de se débarrasser d'un ennemi dont
l'armée seule surpassait en nombre celle de Bona-
parte. En cas de guerre, les Napolitains pouvaient
soutenir Rome, se renforcer de ses troupes, s'a-
vancer jusque sur le Pô, et mettre encore en pro-
blème la conquête de l'Italie. Mais si l'on parvenait
à les lier, plus d'inquiétude à l'égard de la Lombar-
die; Rome restait abandonnée à ses propres forces,
et rien n'entravait le cours ultérieur des opérations
militaires.

Le Directoire, cédant enfin aux sollicitations de Bonaparte, appuyées par Carnot, rabattit de ses prétentions pour faciliter le traité. Ses stipulations n'engagèrent donc la cour de Naples qu'à rester neutre ; à rechercher les auteurs des délits commis en 1793; à promettre à la France un traité de commerce d'une réciprocité avantageuse; enfin, à reconnaître la république batave et à renouer avec elle ses anciennes relations.

tant moins improbable, que les puissances du second rang se rangent ordinairement du côté du plus fort. Les premiers saccès de l'armée avaient fait fermer le port de Gênes aux bâtiments anglais, en représailles des hostilités commises par eux en 1793 contre les navires français. Le sénat refusa même de reconnaître plus longtemps le comte de Girola, envoyé de l'Empereur, sous prétexte qu'il avait excité les troubles des fiefs impériaux. Le peuple génois, qui entretenait de grandes relations commerciales avec la France, était bien disposé; et le sénat avait donné trop de preuves de modération pour qu'on ne dût pas en être satisfait. Mais ce n'était assez, ni pour l'ambition du Directoire, ni pour le repos de Bonaparte; et on aurait voulu que la Ligurie fît décidément cause commune avec la France. La présence du ministre anglais Drake, les bruits qu'il répandait à dessein sur les derrières de l'armée, l'enlèvement de la frégate la Modeste, et autres affronts dont Gênes n'était point coupable, parurent à un vainqueur orgueilleux des griefs plausibles. Bonaparte, déjà habile dans l'art d'imposer à ses ennemis, et bien convaincu qu'il suffit parfois de prendre un ton im

moment où des embarras de toute espèce l'inquiétaient sur l'Adige, un aide de camp au doge, avec une série de griefs dont il demandait réparation ; menaçant, en cas de refus, de marcher sur Gênes. Mais le moment n'était guère propice : Faypoult lui démontra qu'un éclat intempestif gâterait tout: d'ailleurs, la nouvelle que le Directoire traitait à Paris avec la république, détourna le coup; et, en attendant qu'on pût en porter un dernier à son indépendance, on la rançonna par de nouvelles de

Si la paix définitive, conclue avec Ferdinand, le 10 octobre, débarrassait d'un voisin doublement dangereux par sa puissance et sa situation géographique; d'un autre côté la mort du roi de Sardai-périeux pour se faire craindre, dépêcha, au gne, survenue au milieu de ce mois, pouvait amener un changement fâcheux dans la politique de la cour de Turin. Bien que le nouveau roi eût contribué à la décider à la paix, et qu'il eût accueilli favorablement les propositions faites en dernier lieu par Poussielgue; il y mettait pour condition qu'on lui cédât la Lombardie, et le Directoire se refusait obstinément à tout arrangement de cette nature (1). Dès lors, il devenait à craindre que ce prince, jaloux de signaler son avénement au trône, ne cherchât à relever le lustre de sa puissance par des ac-mandes d'argent. quisitions équivalentes à ce qu'il avait perdu dans cette guerre. Les refus de la France, ne lui laissant aucun espoir d'en obtenir des indemnités, il devait naturellement se rattacher à la coalition, dès qu'il entreverrait la possibilité de recouvrer les provinces cédées. Cette résolution paraissait d'au

(1) Le motif allégué par le Directoire était spécieux: il ne voulait point s'engager, disait-il, à une guerre interminable contre l'Autriche pour acquérir la Lombardie an roi de Sardaigne; mais cet obstacle eût été facile à

Le 9 octobre, un traité stipulant le payement de 4 millions, la clôture du port aux Anglais, et accordant un libre passage aux troupes républicaines et aux convois destinés pour l'armée d'Italie, trans, forma Gênes en place d'armes française.

Les paysans des fiefs impériaux, instigués selon

lever, et on eût aisément obtenu un secours de 12,000
dans
Sardes, en promettant une indemnité équivalente,
une autre partie de l'Italie non soumise à l'Empereur. A
l'époque d'Arcole, ce secours eût été indispensable.

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