Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

fidèles sur ce qui se passait dans l'intérieur de la | pas un moment à perdre pour dissiper cette arSyrie. Par ce moyen, il apprit que le pacha de mée que les pachas réunissaient sur ses derrières. Damas, nommé par la Porte au commandement Une bataille devant Acre offrant trop de chances en chef des armées turques, réunissait un corps avantageuses à l'ennemi, il résolut de le prévenir, considérable derrière le lac de Tibériade et se pré- et donna l'ordre à Kléber d'aller rejoindre Junot parait à passer le Jourdain pour venir attaquer devant Nazareth. Murat fut détaché sur le pont le corps de siége, pendant que la garnison d'Acre d'Iacoub, avec 1,000 hommes d'infanterie et 2 esrenforcée par les équipages anglais, exécuterait cadrons; et lui-même partit du camp le 14 avril, une sortie générale. avec la division du général Bon, la cavalerie et 8 pièces de canon.

Kléber, qui s'était mis en route le 9, apprit en arrivant à Nazareth, que l'avant-garde d'Abdallah n'avait pas quitté Loubi, et le rencontra, le 11 avril, de bonne heure. Le commandant turc, apercevant les Français, avait jeté 5 à 600 hommes d'infanteric dans le village de Ledjarra, et manœuvrait avec 4,000 chevaux, pour envelopper la division. Mais Kléber, qui avait deviné son intention, ne lui laissa pas achever son mouvement : deux bataillons se portèrent rapidement sur le village, tandis que le reste des troupes, formé en carré, marcha au pas de charge contre la cavalerie. En un instant, cette cohue armée se dissipa, le village de Djarra fut enlevé à la baïonnette, et l'ennemi épouvanté se retira en désordre sur le Jourdain.

Ces nouvelles alarmantes engagèrent le général en chef à envoyer des détachements sur Tyr, Saffet et Nazareth, pour s'emparer de ces points et s'assurer de l'approche de l'ennemi. Le général Vial, qui conduisait le premier, réduisit les habitants insurgés de Tyr, et y plaça une faible garnison. Murat occupa Saffet, et poussa des reconnaissances sur le Jourdain; mais n'ayant rien découvert qui annonçât la proximité d'une armée, il rentra au camp le 6 avril. Le général Junot seul resta à Nazareth, avec environ 500 hommes de la division Kléber. Il ne tarda pas à s'apercevoir que le retour de Murat avait été prématuré; car l'avant-garde de l'armée de Damas ayant passé le Jourdain sur les ponts d'Iacoub et de Djez-el-Macanieh, vint prendre position en avant de Tabarieh, où elle rassembla de grands approvisionnements. Junot, sans avoir égard à la faiblesse de son détachement, marcha au-devant de l'ennemi, et le rencontra le 8 avril, près du village de Loubi. L'engagement fut vif; mais les Français, malgré leur bravoure, durent enfin céder au nombre, et se retirèrent en bon ordre par la route de Naza-rapport, leur armée pouvait s'élever à 15 ou reth, devant une nuée de cavaliers qui ne purent les entamer.

La veille de cette affaire, Djezzar croyant sans doute l'armée d'Abdallah-Pacha près de lui, fit une sortie générale; ses colonnes dirigées par des officiers anglais et appuyées par quelques troupes de marine de la même nation, obtinrent d'abord des avantages. Déjà même ils étaient sur le point de s'emparer de l'entrée de la mine, lorsque des renforts venus du camp, et le feu de l'artillerie, Jes forcèrent à rentrer précipitamment dans Acre, laissant le champ de bataille couvert de morts et de blessés.

Sur ces entrefaites Bonaparte, qui venait de recevoir les rapports de Junot, sentit qu'il n'y avait

[ocr errors]
[ocr errors]

Pour ne pas compromettre ce premier succès, Kléber regagna les hauteurs de Saffarié en avant de Nazareth, où il prit position pour attendre les renforts et l'artillerie qu'il demandait à Bonaparte, en lui transmettant de nouveaux renseignements sur la force et la position des pachas. D'après son

18,000 hommes, non compris les Naplouzains.

Cependant le mouvement rétrograde de la division française, ayant enhardi ces barbares, ils descendirent des montagnes; et vinrent se joindre dans la plaine de Fouli, aux troupes d'Abdallah, qui furent alors portées à 25,000 combattants, dont la cavalerie formait plus de moitié. Kléber se trouvait dans une position critique. Heureusement, le 14, il reçut 4 pièces d'artillerie, avec un détachement de cavalerie et les munitions dont il avait besoin, en même temps que l'avis de la marche combinée du général en chef avec Murat sur le pont d'Iacoub. Certain alors d'être appuyé, il voulut profiter du peu de précaution que les Turcs mettent à se garder, pour surprendre la nuit sui

Le général Murat, envoyé sur Saffet pour débloquer ce fort et s'emparer du pont d'Iacoub, avait accompli sa tâche, dès la veille. Le fils du pacha de Damas, qui commandait sur ce point, avait assis son camp sur la rive gauche du Jourdain. Après avoir renforcé la garnison de Saffet, Murat forma son infanterie en deux carrés, et marcha droit au pont, que l'ennemi avait déjà passé pour s'opposer aux Français. Ce corps ne fit pas plus de résistance que l'armée principale: il fut culbuté, et quelques coups de fusil suffirent pour le disperser entièrement. Le pillage de son camp dédommagea les vainqueurs de leurs fatigues. Ce succès permit à Murat de se rapprocher du corps de bataille ; il traversa la plaine d'Iacoub, et vint bivouaquer, le 16 au soir, à peu de distance de Tabarieh, qu'il se proposait d'attaquer le lendemain. Mais, quoique cette ville fût susceptible d'être défendue, la terreur des Turcs était si grande, que la garnison l'avait évacuée. Murat en prit possession, et y trouva encore intacts les immenses magasins formés par les pachas.

vante leur camp; il leva le sien le 15 avril, | faisaient tourbillonner les Tures au milieu de la trompé par ses guides, il ne put y arriver qu'au plaine, et les écrasaient avec l'artillerie. Leur dégrand jour. L'armée turque était déjà sous les ar- route fut complète : ne pouvant gagner les haumes l'infanterie gardait le village de Fouli, et teurs de Naplouze, dont la brigade Vial leur son immense cavalerie vint aussitôt entourer les barrait le chemin, ils se rejetèrent derrière le Français. Ceux-ci, disposés en carré avec leur ar- mont Thabor, et pendant la nuit franchirent le tillerie aux angles, s'arrêtèrent au milieu de la Jourdain, dans lequel un grand nombre se noya. plaine, et attendirent de pied ferme la charge qui L'armée française bivouaqua sur le champ de fut impétueuse mais sans effet. Les troupes de bataille. Kléber, par la mitraille et un feu nourri de mousqueterie, rendirent nuls les efforts décousus de ces hordes indisciplinées, et se créèrent en un clin d'œil, autour du carré, un rempart considérable de cadavres d'hommes et de chevaux. Elles soutenaient depuis six heures cette lutte si inégale en apparence, lorsque Bonaparte arriva sur les hauteurs qui bornent la plaine. Son coup d'œil pénétrant lui inspira sur-le-champ les dispositions les plus convenables. L'adjudant général Leturcq reçut l'ordre de se diriger, avec toute sa cavalerie et deux pièces d'artillerie légère, contre les mameluks, qui étaient en arrière du champ de bataille, au pied des montagnes de Naplouze; la division Bon fut partagée en deux carrés : l'un commandé par le général Rampon, eut la mission d'attaquer en flanc et à dos les Turcs qui étaient aux prises avec Kléber, pendant que l'autre, aux ordres du général Vial, balayerait la plaine et rejetterait l'ennemi sur le Jourdain. Bonaparte continua ensuite sa marche, et lorsqu'il ne fut plus qu'à une demi-lieue de Kléber, il fit tirer un coup canon de 12, pour l'avertir de sa présence, en même temps que les colonnes suivaient la direction qui leur avait été tracée. A ce signal, celui-ci changea de rôle et prit l'offensive. Deux cents grenadiers, soutenus par un détachement de cavalerie, se jettent sur le village de Fouli, l'emportent, et font main basse sur les Turcs qui le dé-observer les débris de l'armée battue, il rentra au fendaient; le carré s'ébranle, et fond sur la cavalerie, que Rampon abordait déjà par derrière. On put voir alors l'immense supériorité des troupes européennes sur ces milices de l'Orient. Abdallah-Pacha, aussi ignorant en tactique que le reste de sa nation, n'avait fait aucunes dispositions pour déjouer les manœuvres de Bonaparte. Il ne sut pas inême opérer sa retraite avec ordre les trois carrés, marchant dans une direction concentrique,

:

de

Cette série de combats, où une masse de 30,000 hommes avait été mise en fuite par 6,000 Français, délivra Bonaparte de toute inquiétude, et lui procura des subsistances pour le reste de la campagne. Ne laissant donc que la division Kléber à Nazareth, pour garder les ponts du Jourdain et

camp de Saint-Jean-d'Acre, le 19 avril, avec le reste des troupes de l'expédition et fit reprendre les travaux du siége avec une nouvelle activité.

Le contre-amiral Perrée, ayant enfin débarqué à Jaffa 3 pièces de 24 et 6 pièces de 18, cette artillerie fut sur-le-champ transportée au camp et mise en batterie, d'abord contre la tour, ensuite contre la courtine de gauche. On recommença à pousser des mines contre ces ouvrages ; mais la

défense ne fut pas moins opiniâtre que l'attaque. Les | bientôt les barbares les entourent, en poussant des assiégés, dirigés par le colonel Phélippeaux, creu- hurlements affreux. Déjà ils avaient consommé. sèrent un boyau dans le fossé, pour prendre à re- toutes leurs cartouches: il ne leur restait d'autres vers les grenadiers qu'on envoyait à la brèche, et armes que des baïonnettes, lorsque Sidney Smith, parvinrent même à élever quelques ouvrages en- touché de tant de valeur, s'interposa entre eux et tre la ville et le camp. Tous les jours étaient mar-les Turcs, et leur accorda une capitulation à laqués par de nouvelles sorties; et, dans l'une d'elles, quelle ils n'osaient plus prétendre. ils réussirent à éventer la mine de la courtine. Celle poussée contre la tour n'ayant pas produit l'effet qu'on en attendait, il semble qu'on aurait dû porter les efforts sur un autre point, avec d'autant plus de raison, qu'on n'ignorait pas que cette four n'offrait aucun débouché dans l'intérieur; mais on s'obstina à s'en rendre maître; on multiplia des attaques qui échouèrent toutes, et coûtèrent la vie au brave Caffarelli.

Malgré les pertes considérables de cette journée, où Lannes fut blessé et Rambaud tué, le général en chef renouvela l'attaque le surlendemain, avec la division Kléber qui venait de rentrer au camp. Cette tentative ne fut pas plus heureuse que les précédentes, et coûta la vie au général Bon, ainsi qu'à une foule d'officiers de marque. Cet effort des assiégeants fut le dernier. Bonaparte considérant que l'armée était diminuée d'un tiers par les combats et les maladies, et que les renforts survenus aux assiégés mettaient toutes les chances de leur côté, se détermina enfin à renoncer à son entreprise. Les rapports inquiétants qu'il reçut de l'Égypte, contre laquelle la Porte dirigeait une expédition maritime, le confirmèrent dans cette résolution. Il commença à faire filer les blessés et la grosse artillerie, incendia les magasins, ravagea la campagne, et effectua sa retraite dans la nuit du 20 mai, après avoir fait éprouver une perte considérable à la garnison, qui, avertie des préparatifs de la levée du siége, crut pouvoir écharper l'arrière-garde dans la tranchée.

L'armée française arrivée le 21 à Tentoura, où

Le fléau de la peste, dont le soldat avait apporté le germe du sac de Jaffa, aggrava bientôt les fatigues inséparables d'un siége aussi long; et, pour comble de disgrâces, un convoi de 30 voiles venant de l'île de Rhodes entra le 7 mai dans la rade, avec de puissants secours d'hommes, de vivres et de munitions. Bonaparte sentit que pour conserver quelque espoir de succès, il fallait en prévenir le débarquement; et, le même jour, il ordonna l'assaut. A dix heures du soir, la division Bon se porta sur les ouvrages extérieurs des assiégés, les en chassa, et malgré la plus vigoureuse résistance, escalada la tour où elle pouvait se loger. L'artillerie ayant profité de ce demi-succès pour battre la courtine, à la pointe du jour la brèche fut praticable, et le gé-elle détruisit tout ce qu'elle ne pouvait emmener, néral Lannes reçut l'ordre d'y marcher. La tête en partit le lendemain pour Jaffa, dévastant sur la de sa division, composée de 200 grenadiers com- route le pays des Naplouzains, qui venaient harmandés par le général Rambaud, arriva jusqu'au celer ses flancs. Bonaparte resta trois jours à Jassa rempart, sous la protection des soldats placés sur pour en faire sauter les fortifications; ses divisions. la tour. Mais les Turcs, revenus bientôt de leur qui continuèrent leur marche sur El-Arisch y enpremière terreur, filent dans le fossé, se jettent trèrent le 1er juin. Le passage du désert fut le entre ces pelotons et le reste des troupes de Lan- terme des souffrances de l'armée de Syrie elle nes qu'ils refoulent jusque dans les tranchées. Les retourna ensuite à petites journées dans l'intérieur grenadiers de Rambaud, au contraire, après avoir de l'Égypte, à l'exception de la division Kléber, escaladé la courtine et le retranchement intérieur qui s'embarqua sur le lac Menzaleh pour Daque Phélippeaux avait fait établir en arrière, sau- miette. Le général en chef voulant imposer au tèrent dans la place au moment où les troupes de peuple, avait ordonné qu'on lui fît une réception Lannes accablées battaient en retraite. Ces braves, triomphale. Aussi, le retour de l'armée au Caire, victimes de leur intrépidité, ne conservant plus le 14 juin, fut marqué par des fêtes brillantes ; et, d'espoir d'être secourus, se retranchent dans une dans une proclamation qui se ressentait du style mosquée, déterminés à vendre chèrement leur vie: oriental, Bonaparte se vanta aux Égyptiens d'avoir

TOME 111.

49

exterminé les Turcs et accompli tous ses projets. | Lanusse de réunir toutes les troupes disponibles,

et de se porter sur Demanhour, dont il avait fait sa place d'armes. Celui-ci y arriva le 10 mai, avec 2 à 3,000 hommes; la ville fut emportée de vive force, livrée aux flammes, et tout ce qui s'y trou

les fanatiques se retirèrent dans le haut Bahireh, où Lanusse les atteignit le 20 mai, et acheva de compléter leur déroute. Mais, quoique leur prophète eût perdu la vie dans ce dernier combat, on ne put les disperser entièrement : ils se divisèrent en petites bandes; et joints aux débris du kiaya, ils continuèrent à infester les deux rives du Nil.

Ainsi se termina cette expédition, dont tous les hommes éclairés sont encore à deviner le but. Quelques écrivains exagérés ont prétendu que celui du général français était de marcher sur Constantinople, après avoir conquis la Syrie : l'absur-vait passé au fil de l'épée. Après ce sanglant échec, dité d'un tel projet est trop palpable pour mériter d'être discuté : il est bien plus probable que Bonaparte, fidèle à son système d'offensive, voulait prévenir les pachas, détruire leurs armements, et augmenter l'immense solitude qui sépare l'Égypte du pachalik d'Acre. L'occupation de la Syrie, en privant d'ailleurs les Anglais des ressources qu'ils en tiraient pour leur escadre, les eût obligés d'aller se ravitailler à Chypre ou à Candie. Mais une cruelle expérience dut lui démontrer qu'il eût été plus sage, et surtout plus militaire, d'augmenter la force des établissements de la frontière; d'y former un camp retranché en se rendant maître des puits, et d'attendre à la sortie du désert d'El-Arisch, cette armée ennemie, dont ses troupes braves et reposées, auraient eu bon marché.

Une des principales causes qui nécessitèrent la levée du siége d'Acre était les troubles qui désolaient le Delta. Depuis le départ de l'armée expéditionnaire, les villages enhardis par la faiblesse des colonnes mobiles, refusaient le payement des impôts. Les mameluks revenaient sous divers déguisements dans leurs anciennes propriétés, fomenter cet esprit de résistance. Le kiaya de l'ancien pacha du Caire avait levé l'étendard de l'insurrection, envahi presque toute la province, et massacré quelques détachements. Le général Lanusse, commandant sur la rive droite du Nil, se mit à sa poursuite, et n'eut pas de peine à dissiper ses bandes. Mais bientôt un ennemi plus redoutable remplaça celui-ci; un imposteur adroit, se disant l'ange El-Madhy, envoyé par Allah pour exterminer les Français, réussit à fanatiser quelques milliers d'Arabes, et pénétra avec eux dans le Bahireh, dont les habitants se joignirent à ses Troupes. Pour premier exploit il surprit Demianhour, où 60 Français furent égorgés; puis il continua sa marche sur le Nil. Des colonnes mobiles parties de Ramanieh, d'Alexandrie et de Rosette, n'ayant fait que lui tuer beaucoup de monde sans pouvoir le détruire, le général Dugua ordonna à

Bonaparte, avant de partir pour son expédition de Syrie, avait ordonné à Desaix de pousser avec vigueur la guerre contre Mourad-Bey, et d'expulser ce chef de mameluks du Saïd. Nous avons vu, au chapitre LXXIX, que ce général, affaibli par les ophthalmies et ses pertes au combat de Sediman, avait été obligé de suspendre ses opérations et de demander des renforts au Caire. Il en ramena 300 hommes d'infanterie, 1,200 chevaux, 6 pièces d'artillerie et 6 djermes armées. Ces forces portèrent sa division à 4,000 hommes, et lui permirent de se mettre à la poursuite de Mourad-Bey, sans dégarnir ses postes principaux sur le Nil.

Celui-ci n'était pas resté oisif. Instruit que la ville de Faïoum n'était gardée que par 350 malades, il tenta de l'enlever avec un corps considérable de mameluks, d'Arabes et de fellahs. Mais les Français, dirigés par le général Robin et le chef de bataillon Eppler, repoussèrent cette multitude, et en firent un grand carnage. Mourad, sans se laisser décourager par cet échec, rallia ses troupes, grossit son parti de toutes les tribus du Saïd, et vint camper sur la rive gauche du canal de Joseph, pour attendre les Arabes d'Yambo et de la Mecque, qui débouchaient par Kosseïr. Bonaparte n'avait songé à s'emparer de ce port qu'après l'occupation de Suez; mais les Mecquains, déjà débarqués, reçurent à coups de canon la flottille française la barque amirale sauta en l'air, et le reste rentra dans le port de Suez sans avoir atteint son objet.

A la nouvelle du retour de Desaix, Mourad s'était porté sur le Nil, pour conserver les communications avec les différentes vallées. Cependant,

ne se jugeant pas assez fort pour engager une af- stant pour lancer sa cavalerie sur cette masse faire générale, il se replia sur le haut Saïd, à l'ap- | déjà ébranlée. Ce mouvement détermina la victoire;

proche des Francais, qui, partis de Benissoüef le 17 décembre, entrèrent à Girgeh le 30. La flottille, retardée par la baisse des eaux, n'ayant pu suivre cette marche rapide, se trouvait fort en arrière, et les dispositions des habitants faisaient craindre qu'elle ne fût attaquée. En conséquence, Desaix ordonna au général Davoust d'aller à sa rencontre avec toute la cavalerie. Les émissaires de Mourad étaient en effet parvenus à soulever le pays sur les derrières, mais Davoust après avoir dissipé les principaux rassemblements auprès des villages de Fouâgy et de Tahta, continua sa marche le long du Nil, rencontra la flottille à hauteur de Siout, et revint avec elle à Girgeh le 19 janvier.

Pendant l'inaction forcée des Français, Mourad avait été rejoint par quelques beys de mameluks et par la masse entière des Mecquains. Secondé en outre par toute la population armée du pays, il estima pouvoir prendre l'offensive; et, quittant la position de Stoné, il marcha sur Girgeh. Le général Desaix, instruit de ses intentions, lui épargna la moitié du chemin, en sorte que le 23 janvier les deux partis furent en présence auprès de Samanhoud.

les mameluks lâchèrent pied; les Arabes et les fellahs se dispersèrent dans toutes les directions. Après cette brillante affaire, où Desaix ne perdit que quelques hommes, il suivit les traces de Mourad-Bey, qui remontait le Nil avec les débris de son corps d'armée. Arrivé le 29 janvier à Esneh, il y laissa la brigade Friant; et, poussant toujours les mameluks devant lui, il entra, le 2 février, à Sleime, où il apprit que Mourad avait franchi les Cataractes et gagné la Nubie; voyant l'inutilité de le poursuivre plus longtemps, il chargea Belliard de l'observer avec deux bataillons, et descendit à Esneh avec sa cavalerie.

L'un des principaux beys, Osman-Hassan, était resté sur la droite du Nil, où il levait des vivres et de l'argent. Desaix détacha contre lui le général Davoust avec quelque cavalerie. Les deux partis se rencontrèrent près de Thèbes. Les mameluks étaient moins nombreux, et escortaient un immense convoi; mais, n'apercevant pas d'infanterie, ils crurent que la fortune leur présentait l'occasion de prendre leur revanche sur les Français ils dirigèrent donc leurs chameaux dans le désert, et attaquèrent les escadrons de Davoust. L'engagement fut vifet dura plusieurs heures. Enfin Osman. blessé lui-même et satisfait d'avoir fait essuyer une perte assez notable aux républicains, abandonna

Cependant le général Friant, instruit que les débris de ces deux corps commençaient à se réunir, jugea prudent de détacher deux bataillons à Keneh. Le chef de brigade Conroux, qui les commandait, fut attaqué dans la nuit du 13 février; il repoussa les Arabes, leur tua beaucoup de monde,

Desaix avait disposé son infanterie en deux carrés, commandés par les généraux Friant et Belliard. La cavalerie, sous Davoust, était au centre, flanquée par 8 pièces de canon. Les Arabes d'Yambole champ de bataille, et gagna avec son convoi la et les Mecquains, postés dans un large fossé entre vallée de Keneh à Kosseïr, où les Mecquains avaient Samanhoud et le carré de Belliard, engagèrent le aussi trouvé un asile après la journée de Samancombat par une vive fusillade. Desaix les fit atta- houd. quer par quelques compagnies d'élite, pendant qu'un escadron de hussards les tournait du côté du village. Les Mecquains furent chassés du canal, et repoussés au delà de Samanhoud. Sur ces entrefaites Mourad, qui avait achevé ses dispositions pour envelopper entièrement les républicains, fit charger le carré de Belliard par toute son infante-et les rejeta dans le désert. Ralliés par leur schérif rie, et celui de Friant par les mameluks; mais ils furent accueillis à demi-portée de pistolet, par un feu si meurtrier d'artillerie et de mousqueterie, qu'après un moment d'hésitation, ils songèrent à se retirer. Les Arabes d'Yambo, qui s'étaient ralliés, n'ayant pas été plus heureux dans leurs tentatives contre le village, Desaix saisit cet in

Abou-Manah, ils furent bientôt atteints par Friant. qui accourut avec le reste de ses troupes au soutien de Conroux. Les Français, sans s'amuser à tirailler, se forment sur deux colonnes, culbutent l'ennemi dans le village, et en font un massacre horrible. Le schérif Hassan s'échappe néanmoins avec quelques hommes du côté de la Knita, où il

« VorigeDoorgaan »