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cernées dans ces villes, qui devinrent la proie des féroces vainqueurs.

Dès que le cardinal eut avis de la prise de Cosenza, il se dirigea vers la Pouille, en longeant les côtes de la mer Ionienne, et prit, chemin faisant, Crotone, où 40 à 50 invalides français renvoyés d'Égypte, venaient de débarquer; Ruffo reçut ici un renfort de troupes régulières, qu'amena son frère le commandeur, et alla dans la Basilicate effectuer sa jonction avec la bande de Cesare.

et de les tenir prêtes à renforcer l'armée de Naples lors de son passage.

Dans le même temps, le commissaire du Directoire, Abrial, se hâtait de mettre la dernière main à l'organisation de la république parthénopéenne, et pressait l'organisation de la garde nationale, sous la sauvegarde de laquelle allait bientôt reposer l'existence d'un gouvernement éphémère.

Mais quelques précautions que prissent Macdonald et Abrial, pour dérober leurs véritables intentions, elles furent devinées par les royalistes, que les croisières anglo-siciliennes instruisaient des défaites essuyées par les Français dans la haute Italie. Dès lors, les germes de résistance se développèrent avec une incroyable rapidité. Duhesme laissa la Pouille en feu, et eut dix combats à livrer, pour se rendre de Trani à Capoue. La division Rusca était encore cantonnée dans les environs de Naples, que le commodore Foote débarqua, le 4

Le bruit de ses succès, les proclamations de Ruffo, le fanatisme religieux, l'appât du butin, l'assurance de l'impunité; tout, dès lors, concourut à grossir la soi-disant armée chrétienne. Différentes bandes de brigands qui infestaient la Basilicate et la province de Salerne vinrent se ranger sous les bannières du cardinal, qui compta au nombre de ses lieutenants, Fra-Diavolo, ex-moine chassé de son couvent, dont les plus beaux exploits consistaient en enlèvements de diligences; Pauza-mai, 5 à 600 Anglais, réunis à autant d'insurgés nera, convaincu de 14 homicides; le meunier de la principauté de Salerne, qui s'emparèrent de Mammone, la terreur et l'effroi du comtat de Mo- cette ville, et se portèrent sur Castellamare. Les lise; le lieutenant Sciarpa, qui, lassé de comman-Français les en chassèrent, à la vérité, mais ils ne der aux sbires de Salerne, s'était constitué chef tardèrent pas à y rentrer. de tous les criminels remis à sa garde.

Telle était la situation intérieure de l'État de Naples, lorsque les ordres du Directoire enjoignirent à Macdonald de venir renforcer l'armée d'Italie sur les bords du Pô, après avoir laissé des garnisons dans les places fortes..

L'exécution de cette mesure tardive pouvait devenir le signal d'une insurrection générale. Macdonald le sentit; et à, en expédiant l'ordre Duhesme de se replier sur Capoue, il chercha à donner le change sur ses projets en annonçant la formation d'un camp derrière le Volturne, sous prétexte de tenir ses troupes en haleine, et soumises à une plus sévère discipline. Cependant il prit les mesures les plus secrètes pour approvisionner le fort Saint-Elme, Capoue, Gaëte et Pescara, seules places du royaume de Naples susceptibles de soutenir un siége; le parc d'artillerie fut rassemblé à Gaëte. Des ordres pressants furent expédiés au général Garnier, commandant la république romaine, de former l'approvisionnement du fort SaintAnge, de Civita-Vecchia et d'Ancône; de concentrer ses troupes disponibles aux environs de Rome,

Au moment où Macdonald reçut l'ordre d'évacuation, il réunit environ 24,000 hommes effectifs. Il en destina 5,000 pour former les garnisons du fort Saint-Elme, de Capoue et de Gaëte, puis se disposa à se mettre incessamment en marche pour Rome, avec le surplus. Informé que les insurgés arétins et romains devenaient de jour en jour plus audacieux, et s'opposaient à la réunion de la faible division du général Garnier, il se fit précéder par une colonne mobile aux ordres du général Dombrowsky, tant pour s'emparer de la Corniche, que pour réduire ces ennemis et s'emparer des débouchés de la Toscane. Le gros de l'armée, consistant en 15,000 hommes environ, partit de Naples le 7 et le 8 mai, sur quatre colonnes, qui suivirent à un jour de distance la route des marais Pontins et celle de San-Germano; le 16 et le 17, elles arrivèrent à Rome. Macdonald, après s'être renforcé de quelques milliers d'hommes de la division Garnier, continua sa route par Aqua-Pendente et Peruggia sur Florence, où il entra le 25. Là, il rallia les troupes de Gauthier, qui guerroyaient aux environs de Pistoya, et la division Montrichard

qui gardait le Bolonais, en sorte que son armée | de Moreau sur Tortone, fut fixé au 17 juin. Comme passa 28,000 hommes. l'armée d'Italie ne pouvait sans danger s'éloigner de cette place, et que Macdonald avait la plus forte tâche à remplir, ils convinrent que la division Victor, débouchant du val Taro sur Parme, passe

Le 29 mai, le quartier général fut transféré à Lucques. L'aile gauche, formée par la division Dombrowsky, prit alors poste à Sarzana et à Aulla:

le centre s'établit sur la route de Florence à Pis-rait sous ses ordres immédiats. On arrêta en outre, toya; et les divisions Rusca et Montrichard, qui composaient l'aile droite, occupaient tous les débouchés de Modène, se prolongeant de San-Marcello sur la route de Bologne. Cette dernière ville resta occupée par la brigade Clausel, qui dans les derniers jours du mois, débloqua le fort Urbin, investi par le corps de Klénau, et repoussa celui-ci sur San-Giovanni et San-Giorgio.

Ce fut dans cette position seulement, que Macdonald et Moreau commencèrent à communiquer sûrement; car, jusqu'alors, tous les courriers ou officiers d'état-major qu'ils s'étaient réciproqueinent adressés, avaient toujours été interceptés par l'ennemi, ou assassinés par les insurgés. Les deux généraux arrêtèrent aussitôt le plan de jonction qui devait réparer les désastres de la campagne.

Deux partis s'offraient à l'armée de Naples. Le premier, de suivre la route de la Corniche, qui mène directement à Gênes le long de la mer, procurait l'avantage d'une réunion prompte et facile, en prenant la précaution de se flanquer à droite dans les montagnes, par de forts détachements. Mais ce chemin, bon pour l'infanterie, était réputé impraticable à l'artillerie; et Macdonald se fût trouvé dans l'obligation d'abandonner la sienne. D'un autre côté, le choix de cette direction n'amenait aucun résultat important: après la réunion à Gênes, il eût fallu déboucher une seconde fois par les monts liguriens; car la pénurie, qui se faisait déjà sentir dans la rivière du Levant, s'opposait à la concentration passive des troupes.

Le deuxième parti consistait à marcher par Modène, Parme et Plaisance, en culbutant les divisions autrichiennes des généranx Ott, Hohenzollern et Klénau. L'armée de Naples, suivant la rive droite du Pô, et appuyant la gauche aux montagnes, arrivait ainsi sous les murs de Tortone; tandis que Moreau, franchissant l'Apennin par Gavi et Serravalle, déboucherait dans la plaine du Pô. Ce plan, qui semblait promettre des avantages certains, fut adopté par les généraux en chef. Le mouvement

que le corps de Lapoype descendrait la vallée de la Trebbia jusqu'à Bobbio, tant pour entretenir les communications des deux armées, que pour flanquer la gauche de Macdonald, et faire, en cas de besoin, une puissante diversion en sa faveur. Ainsi, par la réunion d'environ 50,000 hommes sur les bords du Pò, on espérait changer la face des affaires en Italie. Mais, pour saisir d'un coup d'œil les résultats incalculables qu'eût produit la stricte exécution du plan projeté, il n'est pas inutile de jeter les yeux sur la position des alliés au moment où il fut conçu.

Kray, qui commandait sur le bas Pô et faisait le siége de Mantoue, avait environ 24,000 combattants, dont la moitié se trouvait détachée. Son avant-garde, aux ordres du général Klénau, forte de 5 à 6,000 hommes, campait entre Bologne et le Panaro, et bloquait de nouveau le fort Urbin. Depuis l'apparition en Toscane des têtes de colonnes de l'armée de Naples, une autre division de 5,000 Autrichiens, commandée par le comte de Hohenzollern, avait été envoyée de Mantoue pour couvrir Modène. Le général Ott gardait, dans le Parmesan, avec 6,000 hommes, les débouchés des vallées latérales du Taro et de la Trebbia. Son avant-garde, sous le général Morzin, tenait le poste important de Pontremoli, à la naissance du val Magra.

Le noyau de l'armée, consistant dans les divisions Zoph, Kaim, et le corps russe, montant ensemble à 28 ou 30,000 combattants, campait sous Turin, en assiégeait la citadelle, et gardait par ses avant-postes les avenues des Alpes.

La division Froelich, postée à Fossano, observait Coni; Wukassowich, avec l'avant-garde, forte de 5,700 hommes, occupait Mondovi, Ceva et Salicetto, se liant par une chaîne de postes à la brigade Seckendorf, postée en avant d'Acqui. Le général Lusignan, avec 3,000 baïonnettes, bloquait le fort de Fenestrelles, et faisait une petite guerre aux habitants soulevés en faveur des Fran

çais. Un détachement russe aux ordres du prince Bagration occupait Cézanne, le fort de la Brunette, et le col de l'Assiette.

Six à sept mille hommes, commandés par les généraux Alcaini et Schweikowsky, bloquaient Alexandrie et Tortone. Le corps du comte de Bellegarde, fort de 15,000 hommes, destiné par Suwarow à commencer le siége de ces deux forteresses, et dont nous avons rapporté la marche sur Chiavenna, arrivait de Como sur le Pô.

Le général Haddick gardait les derrières de l'armée austro-russe, et entretenait les communications avec l'aile gauche de celle de Suisse. Son corps, composé de cinq brigades formant ensemble près de 14,000 baïonnettes, s'apprêtait, comme nous l'avons dit, à pénétrer en Valais par le Simplon et de Nuffenen.

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pas

La prudence exigeait que Macdonald agit avec promptitude, et ne donnât pas à l'ennemi le temps de se reconnaître. Cependant, par des motifs qui nous sont inconnus, il resta dix jours dans une inaction complète : et certes, il n'en fallait pas la moitié pour reposer l'armée de ses fatigues, et concerter ses opérations avec le général Moreau. Quoi qu'il en soit, une partie de ce temps fut employée à réorganiser l'armée. Quelques bataillons, aux ordres des généraux Gauthier et Miollis, furent laissés en Toscane pour réprimer les insurgés, et protéger le port de Livourne contre les entreprises des Anglais. Le reste de l'armée, présentant un effectif de 26,000 fantassins et de 3,000 sabres, non compris Victor, fut partagé en cinq divisions et une brigade d'avant-garde. (Voy. le tableau cijoint.)

Le 9 juin, l'armée se mit enfin en mouvement. Les divisions Rusca et Montrichard, suivies du grand parc d'artillerie, prirent la route de Bologne, La division Olivier, réunie la veille à Lungobosco, marcha par la route de Pieve-Pelago sur Paolo; l'avant-garde sur l'hospice de San-Pellegrino (1), d'où elle descendit la vallée du Dragone. Dom

et la division Watrin, formant réserve, se dirigea de San-Marcello sur San-Leoni. Les deux jours suivants, les diverses colonnes ayant continué leur marche dans la même direction, l'avant-garde prit poste, le 11, au soir, en avant de Sassuolo; les divisions Rusca et Montrichard arrivèrent à Bologne; Watrin et Olivier se réunirent à Formigine; Dombrowsky, après avoir franchi les sources de la Secchia, se dirigea par Castel-Novo-del-Monti sur Vezzano. Le même jour 11, l'avant-garde d'Olivier, commandée par le général Forest, replia sous les murs de Modène les postes de Hohenzollern.

Ainsi le maréchal, forcé d'obtempérer aux ordres du conseil aulique, avait tellement éparpillé ses forces pour des expéditions sans importance, que, d'une armée de plus de 100,000 combattants, à peine en avait-il 30,000 sous la main pour parer à un danger pressant. Ces dispositions, quoique vicieuses, étaient sans inconvénients en face de la faible armée de Moreau. Mais si celle de Macdo-browsky quitta Fivizzano pour se rendre à Sassalbo; nald débouchait dans la plaine du Pô, avec la même célérité qu'elle avait mise à arriver en Toscane, les divisions Klénau, Hohenzollern et Ott devaient être écrasées avant qu'on pût les secourir; et rien n'empêchait l'armée de Naples, renforcée par les divisions Victor et Lapoype, de continuer sa marche victorieuse jusque sous les murs de Tortone. Heureusement pour les alliés, tard mis à l'exécution du plan de Moreau, et la lenteur de la marche de son collègue, donnèrent à Suwarow le temps de prendre d'autres dispositions. Dès le 29 mai, la division Dombrowsky, placée en avant d'Aulla, s'était mise en mouvement pour favoriser la marche de Victor. Elle attaqua, le même jour, les postes du général Morsin à Villafranca, les culbuta sur Pontremoli; et s'empara de cette ville après un combat opiniâtre, où quelques compagnies autrichiennes furent taillées en pièces. Morzin se replia sur Fornoue; et Dombrowsky, ayant établi ses communications avec la division Victor, qui débouchait dans le val Taro, revint dans les environs de Fivizzano.

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Macdonald fit ses dispositions pour attaquer la ville le lendemain. Dans l'espérance d'enlever le corps autrichien qui la défendait, il donna l'ordre au général Rusca de partir à minuit de Bologne avec l'aile droite, de passer le Panaro vis-à-vis de SanGiovanni, et d'intercepter la route de Mirandola,

(1) Sur le sommet des monts, à l'ouest de Pieve-diPelago.

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