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Moreau, après avoir laissé dans Alexandrie une garnison de 3,000 hommes, dont il confia le commandement à Gardanne, partit à la tête de la division Grenier, et arriva, le 18 au soir, à Asti. Il apprit dans cette ville que l'officier commandant à Ceva l'avait honteusement livré aux insurgés. Ce fâcheux événement enlevait à l'armée la seule communication qui lui restât pour se retirer dans la rivière de Gênes. Sans perdre une minute, le général en chef ordonna à Garreau de forcer de marche avec 4 bataillons, pour reprendre ce point important: il devait être soutenu par l'adjudant général Seras, intrépide officier piémontais, détaché de la garnison de Coni, et qui, connaissant parfaitement le pays, pouvait mieux que personne, le faire rentrer dans l'ordre. Mais tous les hasards semblèrent conjurés contre les Français: une crue d'eau subite empêcha Garreau de franchir le Tanaro, et l'obligea d'en remonter la rive gauche. Pour comble de malheur, un corps considérable de révoltés s'empara de la place de Mondovi, et s'y établit si bien, qu'il repoussa la colonne du général Delaunay, sortie de Coni pour le reprendre. Loin de se laisser abattre par tous ces contretemps, Moreau campa sa petite armée entre VillaNova et Poirino; puis, profitant de l'éloignement des alliés, qui heureusement pour lui se dirigeaient vers la Sésia, il fit filer sur la France, par le col de Fénestrelles, tous les gros bagages et l'artillerie qui embarrassaient sa marche : l'adjudant général Drouot eut la mission délicate de les escorter jusqu'à cette ville, avec ordre de rejoindre aussitôt l'armée. D'un autre côté, Moreau pressa les opérations de ses colonnes mobiles, et se disposa à se jeter dans les montagnes aussitôt que le gros des Austro-Russes paraîtrait.

Le corps de bataille retardé par le passage de la Sésia, de la Dora-Baltea, de la Stura, et plus encore par ses équipages, n'arriva que le 27 à la hauteur de cette capitale. Wukassowich, qui s'y trouvait depuis deux jours, avait reçu par des députés piémontais, un plan de la ville et la proposition de l'attaquer de concert avec ses habitants. La chose était facile; car il n'y avait que 500 hommes, laissés par Fiorella, pour évacuer les magasins dans la citadelle.

Après les avoir inutilement sommés de se retirer, le général autrichien, ayant fait placer quelques. obusiers sur la hauteur des Capucins, incendia plusieurs maisons, et excita ainsi les habitants à s'opposer à une plus longue défense. Ces insurgés ouvrirent la porte du Pô aux Croates et aux hussards, bientôt suivis par le reste du corps. Les Français, plus occupés à chercher un refuge dans la citadelle qu'à défendre une enceinte aussi vaste, laissèrent pénétrer Wukassowich sans résistance jusqu'à la place de Carignan : ce général fit alors ouvrir la porte Neuve à la division Kaim, qui se précipita dans la ville, malgré le feu de la citadelle; le prince Bagration, pour le seconder, fit des démonstrations du côté de Rivoli.

Ce coup de main si facile valut une victoire ; ses résultats furent la prise de 261 canons, 80 mortiers et 60,000 fusils, outre une énorme quantité de munitions. Le premier soin du vainqueur fut d'établir des autorités provisoires, et d'ordonner la levée de 10,000 hommes de milices. Il s'occupa ensuite à pousser des détachements dans les différentes vallées, confia au général Kaim le soin d'observer les Alpes, et d'assiéger la citadelle de Turin avec les immenses moyens trouvés dans la ville.

Le château de Milan, pressé vivement depuis le retour du comte de Hohenzollern s'était rendu après 4 jours de tranchée ouverte. La garnison de 2,000 hommes rentra en France, sous condition de ne pas servir d'un an contre les alliés. Une partie de l'artillerie fut dirigée sur Tortone dont on avait résolu le siége; et le corps de Hohenzollern alla rejoindre celui du baron de Kray, devant

Lorsque le maréchal Suwarow fut instruit de la retraite des Français, il se hâta de reporter Schweikowsky à la rive droite du Pô, et de lui prescrire de s'emparer de Valence, en même temps que Wukassowich canonnait Casale. La dernière de ces places était démantelée; la première, garnie d'une enceinte bastionnée, tombait en ruines : les républicains les ayant abandonnées l'une et l'autre, Schweikowsky se disposa alors à investir Alexan-Mantoue. drie, et Wukassowich précédant l'armée, se dirigea, le 21, par Chiavasso sur Turin.

Dans ces entrefaites Moreau, n'ayant laissé qu'une faible arrière-garde aux ponts de Monte

conséquence, Coni, pourvu d'une garnison de 3,000 hommes aux ordres du général Musnier fut livré à ses propres forces. Les colonnes qui avaient escorté les convois, rejoignirent l'armée; 2,700 hommes commandés par le général Quesnel, formèrent le blocus de Ceva : le surplus de la division Grenier fut partagé en deux parties; l'une resta près de Mondovi, en arrière-garde; tandis que l'autre, mise à la disposition du général Chasseloup, travailla jour et nuit, malgré le mauvais

Caglieri et de Carignan, venait de gagner Savigliano, où il attendit pour continuer sa route sur Coni, des nouvelles de Garreau chargé de reprendre Ceva. Cegénéral, obligé de remonter la Stura jusqu'à Coni, avait rallié les colonnes mobiles de Seras et de Freyssinet, et s'était porté sur Mondovi, qu'il enleva aux insurgés malgré leur vive résistance. Il proposait de marcher rapidement sur Ceva, lorsqu'il apprit qu'un partisan autrichien y avait jeté quelques centaines d'hommes. Inquiet d'ailleurs pour ses communications, et manquant d'ar-temps, à percer un chemin pour l'artillerie à tratillerie, il évacua Mondovi, et rétrograda sur Coni. vers ces âpres montagnes (2). Moreau envoya sur-le-champ son chef d'étatmajor Grouchy, prendre le commandement des troupes de Garreau, avec l'injonction de marcher sans délai sur Ceva lui-même, qui était resté jusqu'alors entre Fossano et Savigliano, partit pour Coni, afin de soutenir l'expédition, ne laissant qu'une brigade entre la Maira et la Stura, pour défendre les approches de cette place.

Aussitôt qu'il fut achevé, Quesnel leva le blocus de Ceva, et gagna par les montagnes le poste de Murialto, pour couvrir le point de passage. La droite, où se trouvait Moreau, fut disposée en échelons dans la vallée du Tanaro, puis l'artillerie et le peu d'équipages conservés commencèrent à filer. Le cavalerie descendit sur Finale et Savone; et, le 6 juin, tous les convois furent rendus sains et saufs à Loano.

Cette opération difficile achevée, Moreau fit appuyer la division Laboissière sur Gênes, où se trouvait déjà celle du général Lapoype. Victor fut

Grouchy reprit Mondovi; mais tous ses efforts se brisèrent contre les remparts de Ceva. Il eût fallu, pour l'enlever, courir les chances d'une escalade qui eût coûté beaucoup de monde; et Moreau, avare du petit nombre de braves qui lui res-chargé de garder le débouché de Pontremoli, autait, ne voulut pas s'y exposer. La position était critique au delà de toute expression; il s'agissait de sauver l'artillerie de campagne indispensable pour une défensive dejà si pénible, et il importait néanmoins de ne pas se replier par le col de Tende (1), de crainte de trop isoler les troupes détachées sous Victor dans la Ligurie, ou de perdre tout espoir de rallier l'armée de Naples.

Une reconnaissance dans la direction de Garessio, détermina Moreau à s'ouvrir un passage au col Saint-Bernard. L'entreprise était scabreuse, mais pourtant la seule qui pût sauver l'armée en attirant l'attention de l'ennemi sur le point où l'on désirait la fixer. D'ailleurs, on était engagé dans la vallée de Garessio, et il n'y avait plus moyen de reprendre le grand chemin du col de Tende. En

(1) Le Zeitschrift autrichien porte que la route du col de Tende était obstruée par l'éboulement d'une masse de rochers. Le journal historique de l'armée française n'en fait aucune mention.

dessus du golfe de la Spezzia : l'infanterie de Grenier occupa le nœud des contre-forts qui tombent dans la mer, et couvrit surtout le débouché de Loano, que l'on venait d'ouvrir. La brigade Parthouneaux prit poste à Cerisola, Bardinetto et Carpi, se liant par sa droite aux troupes de Quesnel, placées à Mallere et à Altare, Garreau occupa dibona, Torre, et Madona-di-Savone, l'adjudant général Campana s'établit à San-Giacomo-delSegno.

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Tandis que l'armée française sortait ainsi, par les talents et l'activité de son chef, d'une position aussi difficile, le maréchal Suwarow avait cru devoir rester aux environs de Turin. Son intention était bien de pousser vivement les républicains; mais sans cesse contrarié par le conseil aulique,

de camp de Moreau, qu'on fut redevable de ce chemin ; toutes les reconnaissances l'avaient déclaré impraticable; Guilleminot promit qu'en trois jours, avec 2,000 tirailleurs, on y passerait toute l'artillerie, et il tint pa

(2) Ce fut au zèle du général Guilleminot, alors aide role,

TOME III.

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Cette dispersion des forces combinées, quoique excusable par le délabrement de l'armée de Moreau, convenait moins que la continuation d'une offensive vigoureuse qui eût achevé l'armée d'Italie et rejeté ses débris sur Nice.

Cependant le maréchal, instruit que l'armée de Naples s'avançait vers la Toscane, pressa la marche de Bellegarde en Lombardie (1). Ce général, ar

hommes, après avoir pourvu à l'approvisionnement de ses troupes et au rassemblement des barques nécessaires pour passer le lac de Como, venait de se réunir, le 28, dans cette ville. Il en détacha la division Haddick, comme on l'a déjà dit, pour reprendre le Gothard; le reste reçut l'ordre de se diriger sur Alexandrie.

dont émanaient tous les ordres généraux, il eut le | soumit Suze, qui, privée du fort de la Brunette, rasé déplaisir de se voir arrêté au milieu de ses succès, en 1796, n'était plus à l'abri d'insulte. Lusignan et d'être obligé d'attendre la prise des places qui chassa les insurgés de Perosa et bloqua Fenestreltenaient encore sur les derrières, avant d'entre-les, mais il fut bientôt rappelé au siége de Turin. prendre de chasser les Français de leur dernier refuge. Pour faire diversion à ses ennuis, il chercha à réorganiser l'armée piémontaise. A cet effet, des proclamations portant l'empreinte de son caractère, furent répandues avec profusion dans le pays. Toutefois, elles ne produisirent qu'une partie de ce qu'il en attendait; car quelques milliers de Piémontais seulement vinrent se ranger sous ses drapeaux. S'il faut en croire des versions contem-rivé le 21 mai à Chiavenna avec environ 25,000 poraines, c'est de l'occupation de Turin que date la mésintelligence qui éclata plus tard dans les troupes alliées. On assure que les Autrichiens manifestèrent l'intention d'y planter l'aigle impérial, mais que Suwarow s'y opposa fortement, et déclara qu'il en prenait possession au nom du roi de Sardaigne. Il n'est guère probable que le cabinet de Vienne ait voulu s'emparer ainsi de cette capitale, Mais avant de voir ce qui se passa à son arrivée sans s'expliquer préalablement avec les autres en Piémont, jetons un instant nos regards sur les puissances; et nous adopterions plutôt l'idée que derrières de l'armée d'invasion. La flottille impéSuwarow, plein de franchise, avait invité le roi àriale, sous les ordres du vénitien Querini, encourevenir dans ses États, mais que Thugut s'y était ragée par quelques prises dans l'Adriatique, attenopposé, afin d'attendre ce qui serait statué à la paix dit à Goro et à Primaro, qu'on lui eût ouvert sur le sort de ce pays. Si cette anecdote est vraie, l'embouchure du Pô. Kray ayant détaché sur Ferprouve que le plan qui attira tant de désastres rare la brigade Klénau avec 12 pièces de gros à la coalition fut dicté par l'Autriche, dans le des- calibre, cette colonne, secondée par plusieurs milsein de se débarrasser du maréchal, dont l'inflexi- liers d'insurgés, prit possession de la ville sans coup bilité contrariait ses vues ambitieuses sur l'Italie. férir; elle dressa ensuite contre la citadelle des batteBien que le séjour de Suwarow autour de Turin ries incendiaires, dont le feu détermina la garnison eût facilité à son adversaire les moyens de regagner à capituler aux mêmes conditions que le château de la Ligurie, il n'avait pas entièrement perdu son Milan. Aussitôt que les Impériaux furent maîtres temps. Le général Seckendorf fut poussé avec un de ce point d'appui, un bataillon fut embarqué sur petit corps sur Montenotte; Wukassowich vers une division de canonnières à Chioggia, et alla surMondovi et Ceva; Froelich, avec une de ses bri- prendre Ravenne; tandis que le gros de la flottille gades, en face de Coni, et Lusignan à la tête de opérait une diversion à Torre-della-Sanita. l'autre, contre Fenestrelles; le colonel russe Zucato marcha sur Pignerol. Les habitants de cette dernière vallée, aussi attachés aux Français que les autres leur étaient peu favorables, guerroyèrent quelques semaines contre les alliés. Cependant Pignerol étant à moitié démantelé, le général Zimmermann le rendit, aussitôt que les Impériaux eurent franchi les Barricades, et poussé des partis derrière lui dans la vallée du Chisson. Bagration

elle

De Ravenne, Querini cingla vers Cesenatico, qui fut occupé, le 30 mai, par des Esclavons. Rimini et Césène éprouvèrent le même sort sans opposer plus de résistance, bien que ces petites villes eussent des garnisons cisalpines.

Le général Lahoz, qui commandait à Pesaro, aurait pu mettre obstacle à ces débarquements

(1) Voyez le chapitre précédent.

nie

aller

avec une colonne mobile de dragons et de troupes I château de Via-Reggio; ils menaçaient même de de ligne; mais déjà il méditait une seconde défecse porter sur Florence, où le général Gaultier n'ation. Cet homme, que l'ambition ou un amour dé- vait à leur opposer qu'une poiguée de soldats réglé de la liberté avait poussé en 1796 dans les écrasés de fatigues. D'un autre côté, les habitants rangs français, s'étant aperçu que l'Italie n'avait d'Arezzo, à l'instigation de l'agent diplomatique fait que changer de maîtres, humilié de la tyran- Wickham, qui s'était retiré près d'eux, secondés que les agents du Directoire y exerçaient, et de ceux des campagnes, venaient de se soulever peut-être encore plus de se voir placé sous les contre les Français, les avaient chassés de la ville, ordres de Montrichard, que sa conduite irréfléchie dont ils se hâtaient de relever et d'armer les avait indisposé contre lui, tourna tout à coup son murs, afin de barrer le chemin à l'armée de Naples. amour en haine, et décampa, le 13 mai, pour Tel était, dans les premiers jours de juin, l'état joindre les insurgés à Fossombrone. des choses en Italie. A tous ces maux prêts à fondre sur les Français, le Directoire n'opposa aucune mesure capable d'en arrêter ou d'en diminuer l'effet. Il est vrai qu'il expédia l'ordre à Macdonald de revenir en toute hâte au secours de Moreau ; mais, comme s'il eût conservé l'espoir de rentrer incessamment dans ses conquêtes ruineuses et impolitiques, plus imprudent encore que Charles VIII, il ne sut pas prendre la résolution de les évacuer entièrement, et ordonna de laisser des garnisons dans le royaume de Naples et l'État Romain. En même temps, il prescrivit aux autorités maritimes d'évacuer les ports d'Ancône et de Civita- Vecchia, d'expédier à Malte les bâtiments capables de tenir la mer, de couler tous les autres; enfin, de faire transporter par terre tous les effets qui ne seraient pas nécessaires aux garnisons laissées dans ces ports.

Devenu bientôt leur chef, après avoir négocié avec l'Autriche le pardon de sa première défection, cet officier, qui connaissait parfaitement le pays, et n'était pas dépourvu de moyens militaires, devint un ennemi redoutable pour les Français. D'abord il commença par équiper et armer, aux dépens des provinces, un corps d'environ 3,500 hommes, dont 400 à cheval, qui formèrent la réserve de l'insurrection; puis il alla s'établir à Fermo, dont il fit son réduit de sûreté, en le retranchant. De là Lahoz ne se contenta pas d'entrer en communication avec la croisière turco-russe et les insurgés des Abruzzes, ni d'observer les mouvements de la garnison d'Ancône; il poussa un millier d'hommes à Monte-Granaro et à SantaElphidie, afin de forcer Tolentino et Macerata, qui hésitaient à se prononcer contre les Français. Ces opérations répandirent la terreur dans le centre de l'Italie, au point que le général Monnier se vit obligé de lui opposer le général Lucotte, avec une partie de sa faible division.

De Rome à Naples, des brigands, de concert avec les insurgés, infestaient tous les chemins. Il n'y avait de repos, de tranquillité, que là où les Français étaient en forces. Rome même était vivement agitée; l'autorité des consuls se trouvait resserrée dans ses murs. Partout, la pénurie et la misère devenaient à la fois cause et prétexte des insurrections, que l'activité des colonnes mobiles ne suffisait plus pour comprimer.

En Toscane, dès les premiers jours de mai, les paysans de Lucques s'étant insurgés, chassèrent de cette ville 2 à 300 estropiés, qui en formaient la garnison, prirent possession des forts de PietraSanta, et arborèrent le drapeau impérial sur le

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pauvres rentiers, soupçonnés de royalisme, furent obligés d'en payer mille.

La même manière d'opérer fut suivie dans les provinces ; elle y occasionna les mêmes sujets de mécontentement, qui s'accrurent encore par la né

blée à son berceau d'une foule d'embarras que ses fondateurs n'avaient point prévus. Quoiqu'une voix unanime s'élevât contre les opérations du ministère d'Acton, qu'on l'accusât d'avoir levé des impôts sans le consentement des Piazze, ruiné les banques, dépouillé les églises, spolié le mont-de-cessité où se trouva le nouveau gouvernement d'exipiété; soit force d'habitude ou de religion, la nation était encore attachée à Ferdinand. La masse des Napolitains, ensevelie pour ainsi dire dans les langes de l'ignorance et de la superstition, n'était point mûre pour une liberté qu'elle ne comprenait pas. Mais les familles notables qui avaient eu tant à gémir de l'inquisition de la cour, se firent, comme les Français, illusion sur les véritables idées de la nation; et parce qu'elle se prononçait ouvertement contre les prodigalités d'une cour sans pudeur, qu'elle réclamait plus de justice dans la répartition de l'impôt, et une législation plus favorable à la division des propriétés, ils s'imaginèrent qu'il serait facile de renverser le trône.

ger le recouvrement des contributions arriérées. Bientôt après survint Faypoult, qui signala son arrivée en qualité de commissaire du Directoire, en mettant sous le séquestre, comme fruits de la conquête, les biens des ordres de Malte et de Constantinien, ceux des monastères, les biens allodiaux dont le roi n'était que l'administrateur, les banques dépositaires de fonds particuliers, et jusqu'aux monuments d'Herculanum et de Portici, encore enfouis dans les entrailles de la terre.

Comment, avec de telles prétentions, oser se déclarer libérateur ? Championnet, craignant qu'elles ne soulevassent la nation napolitaine, supprima, il est vrai, l'arrêté du commissaire du Directoire; mais cette suppression équivalut à une simple suspension; Barras ni Rewbell n'étaient hommes à reculer devant une injustice, surtout en matière de finances. L'affront fait à Faypoult ne tarda pas à être vengé, Championnet fut rappelé et mis en jugement, on lui donna pour successeur Macdonald, averti par cela même de ne point contrarier les mesures fiscales du Directoire.

A la vérité, ces vœux pouvaient aider à l'entreprise de la réforme; mais il eût fallu pour cela toucher la corde sensible, donner l'éveil aux intérêts, au lieu de s'égarer dans des théories incompréhensibles pour l'intelligence bornée du peuple; car le premier objet d'une révolution doit être de gagner l'opinion publique, sans laquelle point de résultats durables. Cette erreur fut d'autant plus grave, que la révolution étant toute passive et s'opérant sous l'influence des Français, les charges de leur administration opposaient assez d'autres obstacles à l'établissement du gouvernemeut démocratique. En effet, ils donnaient moins la liberté aux peuples, qu'ils ne la leur vendaient. Payez-nous les frais de la guerre, disait le Direc-investie à la fois de tous les pouvoirs de l'admitoire; et puis, constituez-vous en république, comme nous l'entendons.

Conformément à l'esprit de ces instructions, Championnet, en entrant à Naples, imposa à cette capitale une contribution de 12 millions; et bientôt après une autre de 15 millions aux provinces. Ce n'est pas tout; au lieu de charger le bureau des dîmes de la taxation et du recouvrement de la première, les habitants de Naples furent maladroitement imposés d'après leur opinion, en sorte qu'on vit des familles millionnaires, mais patriotes, taxées à quelques ducats, tandis que de

Le général français, en émancipant la nation napolitaine, chargea une commission de 25 membres de lui donner une constitution. Quoiqu'il n'en fallût pas tant pour en faire une bonne, la politique eût conseillé de rendre cette assemblée beaucoup plus nombreuse ; d'autant qu'elle devait être

nistration, et qu'au moment où l'on appelait une nation à la souveraineté, il ne fallait pas s'exposer au soupçon de vouloir favoriser quelques individus.

A la tête de cette commission se trouvait Charles Laubert, d'origine française, esprit imbu des doctrines les plus fausses, prêt à tout sacrifier pour transformer les États d'Italie en républiques démocratiques. Il est vrai qu'on lui donna pour collègues, des hommes d'un grand mérite; mais ils refusèrent cette charge périlleuse, ou, atteints aussi de la même exagération, ne purent le redresser dans ses écarts politiques.

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