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de cavalerie tenaient Casal-Pusterlengo; enfin, un détachement d'un millier d'hommes avec 3 bouches à feu se porta sur Plaisance.

Wukassowich à Caprino vis-à-vis Brivio; la division Ott en face de Trezzo; celle de Zoph à Canonica devant Vaprio; Mélas avec les divisions Kaim et Froelich, à Triviglio; le général Seckendorf devant Lodi.

Suwarow, après avoir mis à la disposition de

On voit, par cette distribution maladroite de ses forces, que Schérer avait trouvé le secret d'étendre ses 28,000 hommes depuis la Valteline jusqu'à Plaisance, devant une armée de 50,000 combat-Kray, non-seulement toutes les troupes qui se tants massée entre les montagnes et Triviglio. Il n'aurait probablement pas même eu le temps de former ce cordon, si les Austro-Russes n'avaient employé 27 heures au passage du Serio, par suite de l'accident rapporté plus haut.

Les généraux alliés, en poursuivant les républicains, avaient à choisir entre trois systèmes : d'abord de manœuvrer par le pied des montagnes de Bergame, pour tourner la gauche, et rompre la communication avec la droite de Masséna; le second, de se jeter en masse contre la droite de Schérer le long du Pô, pour le refouler vers les lacs, et le prévenir s'il était possible sur ses communications avec Alexandrie et Turin; le troisième, de faire des simulacres contre les ailes, et d'opérer constamment sur le centre. Grâce au morcellement de Schérer, ce dernier parti eût été le plus convenable: en toute autre hypothèse, il était plus habile de manœuvrer le long du Pô que par le pied des montagnes, puisque c'était le moyen de gagner la ligne de retraite des Français : c'est pourtant ce que l'on ne fit pas.

trouvaient sur le Mincio, mais encore la division Klénau, c'est-à-dire, environ 20,000 hommes, pour faire le siége de Peschiera et bloquer Mantoue, songea aussitôt à franchir l'Adda. Son intention était que le corps russe forçât d'abord le passage à Lecco, et que, descendant la rive droite sur Merate, il fût successivement soutenu par le reste de l'armée, qui passerait au fur et à mesure que les débouchés seraient dégagés par la marche victorieuse de Rosenberg.

Ce projet, qui ne donnait rien au hasard, ne fut pas ponctuellement suivi, et dans le fait, il s'en fallait de beaucoup qu'il se trouvât calculé sur l'exacte connaissance de la situation des choses.

Abreuvé de dégoûts et d'humiliations, plus encore qu'abimé de fatigues et de sciatique, Schérer venait de remettre le commandement provisoire de l'armée à Moreau, qui se trouvait alors à Lodi. Celui-ci à son arrivée au quartier général, apprit vers 6 heures du soir que Wukassowich avait surpris le passage à Brivio nonobstant les renforts assignés à l'adjudant général Guillet qui y commandait on l'informa en même temps que Serrurier marchant sur Vaprio avec la majeure partie de ses forces, s'éloignait ainsi du point où l'ennemi s'établissait. Il estima, avant tout, qu'il fallait s'opposer en masse aux progrès des alliés : en conséquence, il expédia à Serrurier l'ordre de rétrograder vers la gauche, et de laisser un bataillon seulement à Trezzo, puis il prescrivit à Grenier de se

Le 25 avril, dans l'après-midi, le prince Bagration, dont l'avant-garde harcelait les troupes de Serrurier, attaqua le pont de Lecco. Les grenadiers russes s'avancèrent d'un pas assuré jusque sous les retranchements; les carabiniers de la 18 légère tenant à honneur de leur épargner la moitié du chemin, en sortirent baïonnettes croisées, et les repoussèrent. L'artillerie placée sur les deux rives tint leurs colonnes à distance res-porter sur Vaprio, et au général Laboissière de pectueuse, et les obligea à se retirer, laissant certain nombre de morts devant la tête de pont. Ce fut le premier engagement des Russes avec les Français; les premiers, emportés pas trop d'ardeur contre un poste fortifié, s'aperçurent qu'ils avaient affaire à des adversaires dignes d'eux.

Cependant le 26, l'armée combinée, après avoir passé la Bembrana, arriva sur la rive gauche de l'Adda; le corps russe devant Lecco; la brigade

venir occuper Lodi ; mouvement qui tendait à réunir l'armée dans la direction où les alliés montraient le gros de leurs forces; mais qui, prescrit trop tard, et sans connaissance exacte de ce que faisait l'ennemi, ne pouvait avoir que de fâcheux

résultats.

La division Ott avait en effet réussi à jeter un pont sous Trezzo, à la faveur de la nuit, et, dès 5 heures du matin, ses troupes avaient filé sur la

rive droite de l'Adda. Un bataillon républicain | pouvait plus transmettre d'ordres à Serrurier; qui se trouvait derrière Trezzo, attaqué par des et Victor n'était pas encore à portée de prendre forces aussi considérables, eut beaucoup de peine part au combat. Le signal de la retraite est gagner Pozzo. donné; elle allait s'exécuter, quand les Autrichiens renforcés par la brigade Morzin, renouvelèrent leurs attaques.

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Au jour, la ligne française était donc coupée en trois parties. Pour comble de malheur, la plus forte ne put être réunie assez tôt pour dégager les deux autres. C'est dans ce moment, où l'armée ainsi morcelée n'avait plus d'espoir de conserver la position de l'Adda, que Moreau reçut de Schérer, l'arrêté du Directoire qui lui en conférait le commandement définitif. Il fallait presqu'un miracle pour la sauver, mais les risques de compromettre une réputation faite, ne l'arrêtèrent pas. Le général cn chef s'apercevant bientôt que le passage de Brivio, n'était que secondaire, se ravise sur le mouvement prescrit à Serrurier et lui expédie l'ordre de s'arrêter à Verderio, il presse ensuite la marche de la division Victor, et se porte à travers une nuée de Cosaques vers celle de Grenier, déjà aux prises avec l'ennemi depuis 6 heures du matin. Conformément aux ordres qu'elles avaient reçus dans la nuit, les troupes de cette dernière division s'étaient mises en marche sur Vaprio. La 63° demibrigade, formant tête de colonne, arriva à temps pour s'opposer aux progrès des Impériaux. Bientôt le général Kister, étant survenu avec le reste de sa brigade et du canon, s'avança sur Vaprio, qu'occupaient déjà les Autrichiens. Le combat s'engagea avec chaleur; ce bourg fut repris et perdu. Grenier n'avait pour s'y maintenir que 9 bataillons et 8 escadrons. Les Autrichiens, déjà supérieurs en nombre, renforcés à chaque minute des troupes de la division Zoph, avaient formé leur ligne perpendiculairement à l'Adda, étendant leur droite vers Pozzo, et poussant leur cavalerie au loin dans la plaine. En tonte autre circonstance, on eût sans doute songé à la retraite; mais la présence de Moreau, et la nouvelle de sa nomination au commandement, électrisèrent les troupes, et leur firent tenter un généreux effort: l'ennemi fut repoussé, la cavalerie française, lancée sur l'infanterie autrichienne en désordre, la maltraita et tailla en pièces le bataillon de grenadiers de Strentz. Cependant un coup d'œil avait suffi à Moreau, pour voir que cette valeureuse division serait livrée à ses propres forces déjà l'on ne

Les grenadiers impériaux accueillis par un feu terrible essuyèrent une perte immense; mais, sur la droite, Vaprio fut enlevé par le bataillon de Nadasty, à la suite d'une terrible mêlée où l'on se joignit corps à corps. Sur ces entrefaites, les Cosaques soutenus de la cavalerie autrichienne, chargent le 24 de chasseurs, le culbute jusqu'auprès de Gorgonzola, et lui font nombre de prisonniers. Néanmoins la brigade Quesnel se retire, en ordre sur Inzago; et le général Kister, quoique blessé, ramène la sienne sur Gropello et Cassano.

que

Pendant les divisiens Ott et Zoph pressaient ainsi Grenier, la 106 demi-brigade qui formait sa droite, tint la colonne de Mélas en échec pendant 5 heures, derrière le canal de Ritorto, et ne céda sa position qu'après avoir été écrasée par le feu redoutable de 30 pièces de canon. Obligée ensuite de se retirer dans la tête de pont de Cassano, elle y avait déjà soutenu une attaque, lorsqu'elle fut secourue par la brigade Argod, de la division Victor, qui arriva fort à propos sur les fait ayant 4 heures du soir. Mélas le canal passer à toute sa colonne, dirigea le régiment de Reisky contre les retranchements. Son attaque fut vive. Les Autrichiens, bravant la mitraille, pénétrèrent dans la tête de pont, dont ils se rendirent maîtres, après un combat à outrance, où le général Argod fut tué. Les Français, pour arrêter la poursuite des Impériaux, mirent le feu au pont.

Après cet échec la division Grenier, affaiblie de 2,400 hommes, parmi lesquels on ne comptait. pas moins de 1,000 prisonniers, se réunit à Inzago, et se retira sur Milan par la route de Melzo, celle de Bergame étant déjà interceptée à Gorgonzola. Le général Victor, après avoir été relevé à Lodi par une brigade de l'avant-garde, se retira avec celle de Charpentier sur Melegnano, où il prit position.

Cependant Serrurier, coupé en deux dès le matin par le corps de Wukassowich, et embarrassé par les ordres contradictoires qu'il recevait, ne fut

Le lendemain, 29 avril, le corps de bataille austro-russe prit position en avant de Gorgonzola; Suwarow poussa Rosenberg et Wukassowich par Monza sur Milan. L'avant-garde de ce dernier dé

point aussi heureux. Environ 3,000 hommes auraient pu s'échapper par Vimercate sur Monza, ou venir par Colnago attaquer les derrières d'Ott et de Zoph qu'ils eussent mis dans l'embarras; mais Serrurier n'eut l'œil qu'à la fausse attaque de Bri-couvrit vers midi, les troupes de Serrurier. Elles

vio, et trouvant à Verderio une bonne position, préféra y attendre l'issue du combat de Vaprio comme si, le passage de l'Adda étant forcé à sa droite et à sa gauche, aucun avantage du terrain pouvait le garantir de la catastrophe qui le menaçait.

L'inquiétude qu'il avait sur le sort de sa gauche dont il était séparé, explique seule une résolution aussi peu militaire ; car dans un pareil doute, rester en position sans prendre aucune part au combat, est le pire qu'on puisse faire.

L'adjudant général Guillet, renforcé à Olginate par la 39° qui revenait de la Valteline, voyant le progrès de Wukassowich, et n'ayant aucune nouvelle de son général, se retira sur Como, où le chef de brigade Soyez avait déjà renvoyé une partie de son artillerie sous escorte. Ce dernier, voyant les apprêts de Rosenberg pour escalader la tête de pont de Lecco, et désespérant de gagner Como par terre, s'embarqua sur le lac. Instruit de l'évacuation de cette ville, il vint débarquer à Menagio, gagna Lugano par les montagnes, puis revint par Luvino descendre sur Arona. Retraite heureuse, qui fait honneur au coup d'œil de cet officier, et peut être considérée comme la meilleure critique de la conduite de Serrurier, bien qu'elle fût en quelque sorte légitimée par les ordres du général en chef. Il est des circonstances à la guerre, où il faut savoir interpréter un ordre ; il n'en est aucune où une division active doive se blottir dans un poste, et s'y laisser tranquillement envelopper par

l'ennemi.

De tout ce qui précède, on voit que Moreau parvint à réunir le gros de son armée, et à couvrir Milan, qui courait risque d'être pris le même jour : ce que le général en chef venait d'exécuter avec la seule division engagée à Cassano, prouve qu'il aurait pu défendre avec succès le passage de l'Adda, s'il avait eu toutes ses forces sous la main : avantage qui lui eût permis d'évacuer paisiblement la république cisalpine, et de manœuvrer ensuite derrière le Pô, pour y attendre l'armée de Naples.

étaient couvertes par une rivière et un ruisseau qui, se réunissant au-dessus de Verderio, rendent l'accès de ce poste difficile. Les avenues en étaient garnies de canon, et les petits ponts auxquels elles aboutissent, avaient été barricadés.

Wukassowich jugea bien que ce détachement était coupé, et après l'avoir sommé, il se disposa à l'enlever. L'attaque dirigée sur le ruisseau ayant fait quelques progrès, les Français brisèrent les écluses d'un moulin, et obtinrent ainsi une inondation qui les mit hors d'atteinte de ce côté. Les attaques de front furent moins heureuses encore: Serrurier racheta par une résistance vigoureuse, la faute qu'on pouvait reprocher à son irrésolution. Cette fermeté ne fit que différer sa perte de quelques heures; Wukassowich prolongeant ses colonnes, gagna ses derrières, et s'il ne réussit pas à l'entamer, il acheva de l'investir. Rosenberg étant arrivé avec 12,000 Russes au soutien de Wukassowich, et la marche de Zoph et de Mélas de Vaprio à Milan ôtant tout espoir de retraite, le général français, privé de vivres et de munitions, capitula.

Rien ne s'opposant désormais à la marche victorieuse de l'armée austro-russe, elle entra dans Milan, le même jour 29, aux acclamations du peuple, toujours charmé de changer de maîtres, et toujours séduit par les proclamations du vainqueur. On y fit à Suwarow une réception non moins brillante qu'à Bonaparte, la noblesse, le clergé, toute la population furent au-devant de lui, et d'une voix unanime le proclamèrent leur libérateur : le fanatisme religieux avait succédé à celui de la liberté.

L'armée française s'était retirée sur le Tésin: les deux divisions de droite, par Pavie: Grenier, par la route de Bufarola. Cette dernière protégea, pendant 24 heures, l'évacuation de Milan, contre les insultes des troupes légères ennemies, et jeta une garnison de 2,400 hommes dans le château. Le général Lemoine, après avoir abandonné Pizzighetone à ses propres forces, et rompu le pont de

Plaisance, alla couvrir Tortone, pour assurer la communication avec Gênes.

La ligne de l'Adda forcée, la république cisalpine en ressentit une violente commotion; et Moraeu éprouva que, si les intérêts politiques exigent de faire cause commune avec un peuple conquis, c'est presque toujours aux dépens de la raison militaire (1). Ces nouveaux alliés ne font pacte qu'avec la prospérité, et vous abandonnent au premier revers de fortune. On ne peut exiger d'eux ce qu'on prendrait sans scrupule chez un peuple conquis; et souvent la conservation de leur territoire entrave les dispositions militaires. En retraite surtout, cette considération occupe trop le général en chef: ses mouvements ne sont jamais libres ; ce qu'il doit protéger derrière lui l'inquiète plus que l'ennemi qu'il a en face: ajoutez que, si les chances de la guerre forcent à abandonner le pays, l'armée traîne à sa suite des familles entières de malheureux réfugiés et de colons imprudents, qui embarrassent les colonnes et gênent les opérations. C'est ce qui arriva dans l'évacuation de la république cisalpine, et particulièrement dans celle de Milan. Quoique les Français et les Italiens, attachés au nouveau gouvernement, y eussent laissé tous leurs établissements et propriétés, le convoi d'équipages qui en sortit en 24 heures, était encore si considérable, qu'il gêna beaucoup les mouvements de l'armée.

En se retirant derrière le Tésin, Moreau croyait y rallier la division Serrurier, et attendre ensuite l'effet de la diversion ordonnée en Suisse à Mas

Pour déjouer les plans de Suwarow, que l'ascendant de la victoire et la supériorité de ses forces devait rendre plus audacieux, il était donc urgent de se placer à portée de recueillir l'armée de Naples; cependant il ne l'était pas moins de couvrir Turin et le convoi des gros équipages. En conséquence, l'armée se mit en marche sur deux colonnes; l'une sous Grenier, prit la route de Turin; l'autre, formée des divisions Victor et Laboissière, se dirigea vers Alexandrie. Comme il importait d'exécuter ce mouvement avec célérité, et de faciliter le passage du Pô à la dernière colonne, son artillerie et sa cavalerie filèrent avec la première. Mais la précipitation avec laquelle un officier détruisit les bateaux réunis à Valence pour l'établissement d'un pont, enleva à l'armée la faculté de manœuvrer à volonté sur l'une ou l'autre rive du fleuve.

Moreau suivit la colonne dirigée sur Turin, dont il avait à cœur de connaître les dispositions. Les habitants lui demandèrent des armes pour repousser l'ennemi. Il y en avait dans l'arsenal que l'armée ne pouvait emmener, on les leur distribua; mais bientôt elles furent tournées contre elle. La garde nationale, sous prétexte de maintenir la police, insulta et assasina les soldats isolés. On s'aperçut trop tard qu'on avait eu tort de compter sur les promesses de dévouement d'une population foulée depuis un an par toutes sortes de vexations, et il fallut prendre des mesures vigoureuses pour contenir les malintentionnés.

C'est une chose digne de remarque qu'au moséna, et le retour de l'armée de Naples. Mais, ment où tous les Italiens abandonnaient la cause comme il ne se sauva à travers les montagnes que des Français, le général piémontais Colli, qui avait la moitié des troupes de Serrurier, il n'y eut plus si bien fait la guerre contre eux, vint offrir ses sermoyen de tenir cette ligne. Pour comble de mal-vices à Moreau. Celui-ci les accepta avec confiance, heur, on apprit bientôt que le général Belair avait retenu à Rome la première colonne de l'armée de Naples, afin de l'opposer aux insurgés d'Arezzo. Il était à craindre que l'ennemi ne vînt se placer entre les deux armées, et n'empêchât la jonction dont dépendait désormais leur salut.

présumant que son dévouement et sa loyauté contribueraient à ramener les soldats piémontais sous les drapeaux républicains. On verra bientôt l'utile acquisition que l'armée française fit dans cet habile officier.

Peu de jours suffirent pour transporter les

(1) On dut apprécier dans ce moment critique tout la république cisalpine; le Piémont eût fait franchement l'avantage qu'on aurait eu à conserver le royaume de Sar. cause commune avec la France, et les revers de l'armée daigne, en se l'attachant dès 1796 par un agrandissement | eussent été bornés au Tésin, ou à la Sésia. en Lombardie. Il aurait présenté plus de consistance que

TOME III.

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bouches à feu et les munitions de guerre de Turin | droite commande la rive opposée; de sorte qu'il

dans la citadelle, et mettre celle-ci en état de défense. On y laissa 3,400 hommes sous les ordres du général Fiorella, déjà connu pour ses bons services dans la campagne précédente.

Moreau arrêta à Turin les dispositions pour se lier à l'armée de Naples. Afin d'assurer cette jonction, il donna au général Pérignon, arrivé depuis peu à Gênes, le commandement des troupes stationnées en Ligurie, pour occuper les débouchés communiquant avec l'armée active. En même temps il fut prescrit à Gauthier, commandant en Toscane, de s'entendre avec Montrichard, qui gardait les débouchés de l'Apennin dans le Ferrarais et le Modénois. On les prévint l'un et l'autre que leurs divisions passeraient sous les ordres de Macdonald aussitôt qu'il paraîtrait en Toscane. Enfin, ce dernier fat engagé de nouveau à hâter sa marche, et à la diriger vers Bologne, afin de conserver les parcs qui courraient de grands risques à changer, si la jonction s'opérait par la rivière de Gênes, où il n'existait alors qu'un méchant chemin de Sarzane à Rapalo.

Le reste de l'armée d'Italie s'établit aux environs d'Alexandrie, entre le Pô et le Tanaro, à l'extrémité du chainon de l'Apennin qui a ses versants dans l'un et l'autre fleuve, et s'avance jusqu'à leur confluent au milieu des plaines du Piémont. Cette position couvrant à la fois les routes d'Asti à Turin et Coni, ou celles d'Acqui sur Nizza et Savone, aucune n'était plus heureuse pour tenir la campagne au delà des monts, avec des forces aussi disproportionnées. En appuyant sa droite à Alexandrie, et sa gauche vers Valence, Moreau réduisait sa ligne de défense à une étendue de 3 à 4 lieues. La place d'Alexandrie sur la rive droite du Tanaro, et sa formidable citadelle sur la rive gauche, formaient un excellent point d'appui, un pivot solide, autour duquel on pouvait manœuvrer avec sécurité, selon qu'il serait nécessaire de se porter sur la Bormida ou sur le Pô. Valence, située sur ce fleuve, à 9 milles d'Alexandrie, dans un rentrant qu'il forme pour se rapprocher du Tanaro, était, par sa position naturelle plus encore que par ses fortifications, d'une bonne défense. Depuis là, en remontant le Pô vers Casale, et plus loin jusqu'à Turin, la rive

était impossible à Suwarow de se porter en forces sur cette ville, tant que l'on conserverait cette position. Indépendamment de ces avantages, on avait comme place d'armes au centre des différents fronts d'attaque, les hauteurs de San-Salvator, d'où l'on se porte en une marche sur le Pô, le Tanaro ou la Bormida, par des routes superbes.

Telle était la position où Moreau arriva, le 7 mai, avec les 20,000 hommes qui lui restaient. On voit qu'il avait sagement calculé toutes les chances des prochains événements. Si le maréchal Suwarow se présentait à lui avec toute son armée, il refusait la bataille, et se retirait sur Gênes, en prenant des positions où il eût été impossible de le forcer. Dans le cas où celui-ci, marchant avec le gros de son armée à la rencontre de celle de Naples, se serait contenté de détacher un corps contre l'armée d'Italie, Moreau se proposait de l'attaquer et de l'écraser.

L'éclat de son entrée à Milan n'en imposa pas à Suwarow trop actif pour respirer longtemps un vain encens, il n'ignorait pas qu'il lui restait encore beaucoup à faire. Dans l'impossibilité où il se trouvait de se rabattre sur-le-champ vers Valence avec le gros de l'armée, il poussa Wukassowich sur la grande route de Novarre avec ordre de s'emparer de cette place, ainsi que d'Ivrée, Crescentino et Trino. Ce général devait, en suivant la rive gauche du Pô, remonter jusqu'auprès de Turin, pour inquiéter Grenier, qui se retirait par cette route. La division Ott descendit à Pavie, où elle trouva un train considérable d'artillerie, des magasins de toute espèce et un hôpital abandonnés par les Français. Quatre bataillons furent détachés sous les ordres du prince de Rohan, pour balayer les environs du lac de Como, et se lier avec le corps du colonel Strauch, qui reçut ordre de descendre dans la Valteline et de nettoyer les bords du lac Majeur.

Quelques jours après, le maréchal, laissant à Lattermann le soin de bloquer le château de Milan avec 4,500 hommes, dirigea le gros de l'arméc qui était resté dans les environs de Milan, en deux colonnes sur Pavie et Plaisance, où elles prirent position en attendant qu'on eût construit un pont.

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