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ci, accablés par une grêle de mitraille et de mousqueterie, se retirèrent en désordre avec une perte considérable. Le prince de Lorraine ne fut pas plus heureux le général Humbert le repoussa vigoureusement, et le rejeta sur Wittikon. La nuit vint enfin terminer le combat: l'armée impériale resta sur la rive gauche de la Glatt, et prit position au pied des montagnes, laissant ses avant-postes sur les hauteurs dont elle avait conservé la possession.

Cette journée fut surtout meurtrière pour les Autrichiens, qui eurent continuellement à lutter sur un terrain désavantageux, et sous le feu plongeant des batteries françaises. Ils perdirent près de 3,000 hommes; Hotze, Wallis et Hiller, y furent grièvement blessés.

Les deux partis étaient tellement harassés de fatigue, qu'ils donnèrent au repos la journée du 5. Mais l'archiduc n'en persistait pas moins dans ses projets offensifs; et, attirant à lui le corps de Nauendorf, qu'il remplaça sur la basse Glatt par quelques bataillons tirés de la rive droite du Rhin, il se disposa à tenter une seconde attaque, dans la nuit du 3 au 6, avec des forces mieux réunies. Ses dispositions, plus sages que celles du 4, consistaient à faire assaillir avant le jour, par deux colonnes de 8,000 hommes chacune, les montagnes de Zurich et de Wipchingen, dont l'accès lui paraissait moins difficile que celui de la droite du camp retranché. Dans le cas où ce coup de vigueur réussirait, toute la gauche, la réserve, et même partie de la droite, eussent été à portée de soutenir un premier succès.

trèrent enfin dans la place, où on leur abandonna, sans raison, un arsenal considérable et 150 pièces de canon; leur avant-garde traversa le petit Zurich, et alla camper à Wittikon par la plaine de la Sihl.

Quelques écrivains ont reproché à Masséna d'avoir abandonné prématurément son camp de Zarich. L'épreuve qu'il venait de faire de sa force devait, selon eux, l'engager à s'y maintenir. Cette assertion est hasardée, du moins dans l'état informe où le camp se trouvait ; il n'eût été tenable que s'il avait été entièrement fermé et prolongé jusqu'à la Limmat, en abandonnant le reste de la ligne entre l'Aar et le Rhin. Mais dans la situation des affaires, le général français ne pouvant le considérer que comme une tête de pont favorable pour un retour offensif, ne devait pas mettre le salut de son armée en question, pour un poste dont l'utilité était encore problématique : tout ce qu'on aurait pu exiger de lui eût été qu'il coupât les ponts, et cherchât à se maintenir dans la petite ville, afin de ne pas laisser à l'ennemi un débouché important au centre de la nouvelle position qu'il allait prendre : cette résolution lui eût d'ailleurs permis de sauver l'arsenal, situé dans cette partie de la ville, et d'en augmenter la défense de l'Albis. La retraite derrière la Limmat, ainsi modifiée, n'eût pas été une faute; car un des points du camp pouvait être forcé avec quelques sacrifices; et alors les Autrichiens, arrivant sur les ponts en même temps que les Français, eussent placé ceux-ci dans une position critique. Masséna, d'ailleurs, attendait de l'intérieur des renforts considérables, qui devaient rétablir la proportion des forces, et le mettre à même de reprendre l'offensive. Il agit donc sagement en abandonnant une ligne où le moindre échec compromettait le salut de l'armée, et qu'il pouvait reprendre dès qu'il serait en mesure. Au reste, ses opérations ultérieures, dont

Masséna, soupçonnant l'intention de l'archiduc, et ne voulant pas courir les chances d'une nouvelle bataille, évacua ses retranchements pendant la nuit. Son armée, qui avait eu soin de se débarrasser de son matériel de campagne, et de ne laisser dans les retranchements que l'artillerie helvétique, défila par les ponts de Zurich, de Fahr ou de Wet-nous aurons à rendre compte, prouveront assez que tingen, et fut prendre position sur la chaîne de ce fut un plan réfléchi, et non la crainte, qui lui l'Albis prolongée par le Uetli. Peu s'en fallut que fit adopter ce parti.

⚫ cette évacuation n'entraînât un plus grand désastre, et que le quartier général de Masséna ne fût enlevé par suite d'un malentendu, qui fit abandonner au général Humbert la porte du lac avant le temps prescrit. La retraite achevée, les Autrichiens en

TOME III.

Au même instant où Masséna se décidait à une retraite si délicate, les Autrichiens préparaient une expédition contre la division du Valais. Haddick avait détaché les brigades du prince de Rohan et du général Nobili sur le Simplon, en même temps

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qu'il descendait, le 9 juin, avec deux autres, par | dissolution des bataillons, qui se fussent pourtant reformés, si l'impossibilité de pourvoir à leur solde et aux immenses frais de la guerre n'y avait mis un obstacle invincible. On licencia donc, faute de moyens, les restes de ceux sur lesquels on pouvait le moins compter.

le Furca sur Oberwald et Munster, en vue de combiner pour le 15 juin une attaque générale contre la division Xaintrailles, hors d'état de résister à 18,000 Autrichiens ou insurgés. Mais des ordres de Suwarow vinrent troubler ces préparatifs et appeler Haddick en Piémont, où l'approche de l'armée de Macdonald, jointe à l'apparition de l'escadre de Bruix, avait jeté l'alarme. Cette heureuse circonstance ne contribua pas moins au salut de l'Helvétie, que le défaut d'activité des Autrichiens durant les deux mois dont nous venons de retracer les événements.

Les bataillons vaudois, quelques compagnies d'Argovie, et 5 à 600 braves patriotes zuricois, la plupart officiers ou sous-officiers de ces milices, restèrent seuls sous les drapeaux; les derniers formèrent un bataillon de carabiniers volontaires, dont l'ex-préfet Tobler prit le commandement : deux bataillons vaudois furent mis en activité dans le Nord, deux autres avaient été envoyés en Valais: quelques compagnies bâloises demeurèrent également sur pied, et contribuèrent à la garde d'un camp retranché, tracé, en avant du Petit-Bâle, dont les travaux étaient déjà assez avancés pour mettre ce poste à l'abri d'insulte.

Nous laisserons reposer un instant l'attention de nos lecteurs, plus fatigués sans doute que nous du récit de tant de mouvements compliqués. De mémoire d'homme on n'avait vu un parail enchaînement de combats, depuis les montagnes de la Calabre jusqu'aux plages du Texel, où bientôt aussi se passèrent des événements de la plus haute im

La prise de Zurich et la retraite des Français ne permettant plus au gouvernement helvétique de siéger à Lucerne, il partit pour s'établir à Berne; le directoire, les membres des deux conseils, le tribunal suprême, les ministres et leurs bureaux, formaient une colonne d'équipages aussi considérable que celle d'une grande armée: sa marche processionnelle excitait sur la route une joie ironique ou la terreur, selon l'esprit de parti qui animait les contrées qu'elle traversait. Ce trajet ne s'était pas fait sans crainte; car une faible escorte semblait peu rassurante contre les entreprises des paysans de Lucerne, de l'Argovie et de Berne, généralement mal disposés pour le nouvel ordre de choses.portance. Cent vallées, parcourues en sens difféUn résultat plus malheureux de la prise de Zurich fut la dissolution des milices helvétiques. La mort de l'adjudant général Weber les ayant laissées sans commandant en chef, les bataillons bernois, argoviens et soleurois, mal disposés et employés aux travaux du camp, furent réduits à rien par la désertion. Celui de Lucerne, très-maltraité dans le combat, s'était dispersé; dix bataillons de Zurich et de Thurgovie, qui avaient marché sous les ordres du préfet Tobler, à la veille de voir leurs foyers livrés à la merci des troupes autrichiennes, se hâtèrent de les regagner, de crainte d'exposer leurs familles à la vengeance dont les proclamations de l'archiduc menaçaient tous les habitants pris les armes à la main. Le mystère dont Masséna avait cru devoir envelopper cette évacuation, l'avait porté à laisser l'état-major helvétique dans la persuasion qu'on sacrifierait tout pour défendre le camp retranché; le désordre qui résulta d'une sortie aussi brusque qu'inattendue, ne contribua pas peu à la

rents, venaient d'être le théâtre d'une multitude d'exploits stériles; car la violation des principes dans la première direction des masses, rendit la mort de tant de braves aussi déplorable qu'infructueuse. La postérité recueillera avec avidité les détails de ces luttes presque incroyables, au centre de la masse la plus aride des Alpes ; mais ce qui étonnera le plus, c'est qu'on ait trouvé moyen d'alimenter en vivres et munitions, des forces si considérables, campées durant plusieurs mois dans des contrées inhospitalières, où le voyageur isolé semble à peine pouvoir trouver un gîte.

En voyant ces colonnes intrépides escalader les rochers effrayants du Crispalt, les glaces du Wormserjoch, les flancs escarpés du Kunkel, du SaintGothard, du Todi, enfin les revers abruptes de l'Engadine, chacun se croirait transporté aux siècles fabuleux, et imaginerait voir des combats de géants. Tant de gloire acquise par les bataillons français s'est éclipsée dans les plaines de Stockach

et de Magnano, où le choc des armées sur les points décisifs vint trancher en un clin d'œil la question de possession de la chaîne des Alpes, et détruire des préjugés consacrés par vingt siècles d'erreur.

CHAPITRE LXXXVI.

-

Opérations en Italie depuis le milieu d'avril. Suwarow arrivé avec les Russes prend le commandement en chef. Passage de l'Adda par les alliés à Brivio et Trezzo. Bataille de Cassano. Retraite des Français entre la Bormida et le Pô. Prise d'Orci-Novi, de Peschiera et de Pizzighetone par les Autrichiens. Combat de Bassignano. Insurrection du PiéLes Austro-Russes se dirigent sur Turin. Wukassowich pénètre dans la ville, où il fait de riches prises. Moreau se réfugie dans l'Apennin; embarras qu'il éprouve par la prise de Ceva. Retraite des parcs par Pignerol.

mont.

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· Hohenzollern assiége le château de Milan et se porte dans les bailliages italiens. Combat de Taverne. Klénau s'empare de la citadelle de Ferrare. Défection de Lahoz. Coup d'œil sur les derrières, jusqu'à la fin de mai.

Nous avons laissé après la bataille de Magnano l'armée d'Italie en retraite sur l'Oglio, et celle des Autrichiens campée derrière le Mincio, où elle fut jointe le 24 avril par 18 à 20,000 Russes. Le même jour l'avant-garde impériale établie à Montechiaro, se lia avec le corps de Wukassowich; le feld-maréchal Suwarow prit le commandement en chef des forces alliées.

d'hommes était forte, l'esprit militaire parfait si leur instruction aux manœuvres laissait beaucoup à désirer, rien ne surpassait l'aplomb qu'elles montraient dans la défense, ou l'audace impétueuse de leurs colonnes d'attaque.

La baïonnette était l'arme favorite du soldat et du général, qui méprisaient également les feux; aussi l'artillerie était-elle loin de valoir celle d'au

jourd'hui, pour le personnel, comme pour le matériel: la cavalerie qui, sous les Wasiltchikoff, les Emmanuel, les Pahlen, a, sinon surpassé, du moins rivalisé dans les derniers temps avec les meilleures de l'Europe, était alors des plus médiocres.

L'état-major, formé de jeunes gens élevés à l'école des Cadets possédait des connaissances suffisantes pour développer les talents d'un homme né pour la guerre; mais il n'en avait pas assez pour constituer un corps savant, propre à diriger toute opération militaire (1).

Le premier soin du maréchal fut de recommander l'usage de la baïonnette: attribuant les revers des campagnes précédentes au peu de vigueur des officiers autrichiens, il envoya des officiers russes dans les régiments de l'armée impériale, enseigner le maniement de cette arme : leçon sévère, et qui, malgré le caractère d'énergie dont elle portait l'empreinte, fut envisagée par ses alliés sous un tout autre point de vue.

Le général Chasteler, chef d'état-major de l'arNous ne retracerons point ici le portrait de cet mée, lui ayant proposé à son arrivée de faire une homme extraordinaire dont assez d'historiens ont reconnaissance, le maréchal lui répondit viveentrepris le panégyrique. Une bizarrerie poussée ment: «Des reconnaissances!! je n'en veux pas; au plus haut degré d'affectation, a diminué sa >> elles ne servent qu'aux gens timides, et pour gloire aux yeux des étrangers; mais un coup d'œil » avertir l'ennemi qu'on arrive; on trouve toujours prompt et sûr, un grand caractère, beaucoup d'ac-» l'ennemi quand on veut. Des colonnes, la baïontivité et d'impétuosité, lui assignent incontesta- » nette, l'arme blanche, attaquer, enfoncer, voilà blement une place distinguée parmi les généraux » mes reconnaissances! » Réponse où bien des de ce siècle. Les troupes qu'il amenait étaient bien différentes de l'armée russe actuelle, sous le rapport de la tenue et de l'instruction; mais la race

(1) Le général Toll, depuis quartier-maître général de l'empereur Alexandre, officier du plus grand mérite, s'y trouvait comme lieutenant; mais il n'y en avait pas beaucoup de cette trempe. Il était réservé à l'empereur Alexandre, secondé du prince Wolkonsky, d'insti

gens n'ont entrevu que de la jactance, et qui dé cèle plus qu'on ne pense le vrai génie de la guerre (2).

tuer un état-major digne de la Russie, après que les campagnes de 1805 et 1807 en eussent fait sentir tout le besoin.

(2) En appliquant, par exemple, cette réponse à la position de l'Oglio, n'était-ce pas dire en d'autres termes :

Pendant que le général russe prenait connaissance de l'emplacement de ses forces et se préparait à profiter de sa grande supériorité pour tomber sur son adversaire, Moreau, voyant à son arrivée sur l'Oglio que l'ennemi ne l'avait point suivi, jaloux de réparer aux yeux des troupes ce que la retraite ordonnée par le général en chef avait de ridicule, conçut l'espoir de se maintenir derrière cette rivière, et la remonta jusqu'à Calcio. Mais Schérer ayant déjà ramené la droite à Crémone, et abandonné le pont de Marcaria, le corps du comte de Hohenzollern s'en était déjà saisi; en sorte que la ligne, au lieu de suivre le cours de l'Oglio, passa de Ponte-Vico sur Pieve, ce qui mettait hors d'état de tenir longtemps, si l'ennemi supérieur en nombre faisait un mouvement sérieux par sa gauche.

Crémone renfermait depuis deux ans tous les établissements d'artillerie de l'armée; on y avait enlassé un matériel considérable et de grands approvisionnements, qu'il importait d'évacuer. Malgré les avantages que le Pô procurait pour embarquer et faire remonter les munitions, on n'en sauva que la plus petite partie; le reste, dans la précipitation, fut jeté à la rivière ou abandonné. L'équipage de pont qu'on n'avait pu emmener de Mantoue, faute de chevaux, voulant descendre le Mincio, puis remonter le Pô, fut pris en route par les coureurs autrichiens.

Dans ces entrefaites l'armée française, affaiblie par ses pertes et par environ 8,000 hommes laissés dans Peschiera, Mantoue et Ferrare, se trouvant réduite à 28,000 combattants, fut réorganisée: on en forma trois divisions de 10 bataillons et 10 escadrons chacune, avec une avant-garde de 5 bataillons et 7 escadrons. Montrichard fut détaché sur la rive droite du Pô à la tête d'un régiment

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<< Les Français sont derrière l'Oglio, ils sont dispersés sur » toute la ligne ou massés sur le point important, ch » bien ! qu'importe, faisons un effort sur un point indiqué par les règles de la stratégie, et contentons-nous » d'une forte démonstration sur le reste de la ligne. Si » nous trouvons l'ennemi dispersé, la démonstration le » maintiendra dans cet état défavorable, et la masse l'accablera. Si, au contraire, il s'est réuni en face de notre attaque principale, la démoustration agira de son côté » et deviendra uue colonne de manœuvre pour prendre

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de hussards et de plusieurs bataillons tirés du Piémont; il devait se concerter avec le général cisalpin Lahoz, qui commandait à Pesaro un millier d'hommes et toutes les gardes nationales des départements transpadans. afin de comprimer les mouvements insurrectionnels qui se manifestaient dans ces contrées, et de couvrir le flanc droit de l'armée.

Le 17 avril, l'avant-garde alliée, aux ordres du général Ott, passa la Chiese, et vint à Castenedolo ; le corps de bataille s'approcha de cette rivière, le surlendemain, en trois colonnes. La première, conduite par le général Zoph, se dirigea sur Lonato; la seconde, commandée par Lusignan (1), sur Castellara et Madona-di-Scoperta; enfin la troisième, composée de la division Kaim, et suivie du corps auxiliaire russe, marcha sur Monte-Chiaro. D'un autre côté, Hohenzollern prit poste sur la rive droite de l'Oglio.

Le maréchal Suwarow avait formé le projet de faire enlever Brescia de vive force par son aile droite dont Kray prit le commandement. Wukassowich devait descendre du val Trompia sur le flanc gauche des Français, et concourir à cette attaque fixée au 20. Le reste de l'armée, conduit par Mélas et Rosenberg, devait passer la Mella, et pousser jusqu'à Chiari.

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l'assaut, se rendit avec un peu de précipitation. | protége les derrières, où couve le feu de l'insurrection.

Quoique le reste de l'armée ne rencontrât pas le moindre poste français, il ne put pousser jusqu'à Chiari; le mauvais temps, les chemins défoncés et les ruisseaux débordés s'y opposèrent, et les colonnes s'égarèrent dans l'obscurité. Le corps russe qui formait l'extrême gauche se rabattit sur le centre, de sorte que l'ordre de bataille fut interverti, et Mélas dut faire halte sur la Mella. Le peu de succès de cette première entreprise lui attira de Suwarow une réprimande aussi sévère qu'originale (1).

La prise de Brescia détermina Schérer à retirer son avant-garde sur la rive droite de l'Oglio. A peine l'armée française était-elle établie vers Soncino et Calcio, que le colonel Strauch força le poste d'Edolo, et pénétra dans le val Cammonica; d'un autre côté le gros de l'armée austro-russe campé sur la Mella, fit attaquer par son avantgarde le pont de Palazzuolo, tandis que la brigade Wukassowich se portait à Lovère, et qu'à l'extrémité opposée le corps de Hohenzollern saisissait dans Crémone 11 bateaux chargés d'objets d'artillerie et d'approvisionnement de toute espèce. Il ne restait à Schérer d'autre parti à prendre, qu'à se retirer sur l'Adda. Ce mouvement s'opéra le 21 avril : la division Grenier se porta sur Cassano; et Serrurier talonné par les Russes gagna Lecco. Le général Moreau replia la division Victor et l'avant-garde sur Lodi, par Crema. Victor fut obligé d'abandonner une partie de l'artillerie dans cette dernière ville, faute de moyens de transport.

Voici donc l'armée française établie sur l'Adda: à sa droite, les corps légers de Montrichard et de Lemoine couvrent en partisans le Modénois et le Ferrarais, pour s'opposer aux courses de Klénau; vers la gauche l'adjudant général Freyssinet tient avec 4 bataillons, le val d'Aprica, débouché du val Cammonica; un très-petit nombre de troupes

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L'Adda, depuis sa sortie du lac de Lecco jusqu'à son confluent dans le Pô, parcourt une étendue d'environ 24 lieues. C'est une rivière torrentueuse et profonde, dont la rive droite, bordée depuis Lecco jusqu'à Cassano par le contre-fort qui se détache de la chaîne principale des Alpes, commande presque partout les hauteurs de la rive gauche. Elle n'est guéable qu'en certains endroits entre Cassano et Lodi, dans la saison des basses eaux ; alors le canal de la Muzza, large et profond, qui en sort près de Castiglione, peut servir de ligne supplémentaire en avant du front.

Il y a plusieurs ponts sur l'Adda, mais les principaux sont ceux de Lecco et de Cassano, défendus naturellement par les positions de la rive droite, ou par de bons retranchements; celui de Lodi est couvert par une tête de pont, celui de Pizzighetone est protégé par le corps de cette place et l'ouvrage à couronne de Gera.

Puisque l'armée française ne se retirait sur l'Adda que pour y tenir en échec l'armée austro-russe, et attendre les renforts qu'on lui promettait, la prudence conseillait de la concentrer entre Cassano et Lodi. Cependant il n'en fut rien : la division Serrurier s'étendit de Lecco jusqu'à Vaprio, laissant 4 bataillons et 100 chevaux sur la rive gauche pour la garde du pont de Lecco. Le général Grenier occupait le pont de Cassano et les hauteurs en arrière; son centre était placé à Conegliano en avant du canal de la Muzza; sa ligne s'étendait jusqu'auprès de Bisnate. Victor tenait Pompéana, le pont de Lodi, et s'appuyait vers le bas Adda à la gauche de l'avant-garde. Celle-ci, aux ordres de Laboissière, avait un poste sur le rideau en arrière de Pizzighetone; deux demi-brigades occupaient Rovereduro, Castiglione et Bertonico; un bataillon de grenadiers et un régiment

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