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arrêté le système d'opérations à suivre. Pour parer néanmoins à tout événement, trois corps d'armée avaient été réunis derrière le Lech, dans le Tyrol et sur l'Adige. Le premier, sous les ordres du prince Charles, fort de 54,000 fantassins et 24,000 chevaux, cantonnait en Bavière; le général Hotze, qui lui était subordonné, gardait outre cela le Vorarlberg et les frontières des Grisons avec 26,000 hommes, dont 1,400 de cavalerie.

L'armée du Tyrol, composée de 44,000 hommes d'infanterie et 2,600 chevaux, sous le comte de Bellegarde, occupait la vallée de l'Inn et le Tyrol méridional, et avait détaché le général Auffemberg dans les Grisons avec une division de 7,000 fantassins. Cette réunion de 72,000 hommes dans les montagnes du Tyrol et du Vorarlberg, était une faute grave dans les dispositions du cabinet de Vienne; il aurait dû, dès le principe, renforcer l'armée de l'archiduc de la moitié de ces troupes, puisque le succès de la campagne dépendait de la première victoire entre le Danube et le Rhin.

L'armée d'Italie comptait 85,000 hommes, dont 11,000 de cavalerie, y compris les deux divisions qui étaient encore entre la Muhr et l'Isonzo en sorte que le total des trois armées formait près de 240,000 combattants, indépendamment des 60,000 Russes attendus en trois colonnes différentes.

Le cabinet autrichien n'ayant pas répondu à la note par laquelle le Directoire exigeait impérieusement le renvoi des Russes, les généraux français reçurent l'ordre de passer le Rhin, et de se conformer à leurs instructions. Jourdan fit son mouvement le 1er mars, et son armée, après avoir traversé les ponts de Kehl et de Bâle, entra en Souabe sur quatre colonnes. (Voyez le tableau ci-joint.) Celle de droite, aux ordres de Férino, marcha par les villes forestières sur Blumberg, en même temps que trois bataillons de l'armée d'Helvétie venaient s'établir à Schaffhausen, pour lier les opérations de Jourdan et de Masséna. La réserve, sous d'Haupoult, franchit le val d'Enfer, se dirigeant sur Loffingen et Breunlingen. La troisième colonne, commandée par le général en chef, composée de l'avant-garde, de la division Souham et du grand parc, remonta la vallée de la Kintzig, et vint déboucher sur Villingen. La division Saint-Cyr, for

mant l'extrême gauche, prit la vallée de la Renchen, et s'avança par Freudenstadt à Rothweil (1). Ces divers mouvements furent terminés le 6, et l'armée, portée au delà des montagnes Noires, prit des cantonnements entre Rothweil, Blumberg et Tuttlingen qu'occupait l'avant-garde : le total de ses forces n'excédait pes 38,000 hommes, dont 8,000 de cavalerie, au lieu de 46,000 qu'elle devait avoir d'après les dispositions du plan général.

De son côté, Bernadotte passa le Rhin le même jour que Jourdan. Son armée, s'il est permis de donner ce nom à une division forte à peine de 8,000 hommes, marcha sur Manheim dont elle s'empara sans résistance, et se porta aussitôt devant Philipsbourg. Le rheingrave de Salm qui y commandait une garnison de 2,000 Palatins, fut sommé inutilement, et se couvrit par des inondatious; ce qui força de laisser un petit corps devant cette place avant d'aller prendre position à Heilbronn.

Jusque-là, il n'y avait pas de déclaration de guerre; et, quoiqu'aux termes du traité de CampoFormio le passage du Rhin fût une véritable hostilité, les proclamations du Directoire ne présentaient la marche de l'armée que comme une mesure de précaution.

Cette circonstance contribua, dit-on, à augmenter l'incertitude de Jourdan, et le détermina à séjourner jusqu'au 18 mars au revers oriental de la forêt Noire, au lieu de marcher vivement sur Waldsée et Saulgau pour accélérer sa jonction avec l'armée d'Helvétie.

Il est plus probable néanmoins que cette stagnation fut le résultat d'un vice dans les combinaisons du plan de campagne, et que l'armée du Danube ne pouvait prendre la direction ou nord-est du lac de Constance, qu'autant qu'elle eût été sûre d'y rencontrer celle de Masséna.

Bien loin de compter sur cette jonction, Jourdan, incertain de ce qui se passait dans les Gri

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beaucoup de circonspection dans sa marche. | ginaire de ce pays, et connaissant les lieux, tour

D'ailleurs, quelque activité qu'il y eût apportée, il n'aurait point pris l'archiduc en défaut. Aussitôt que ce prince eut connaissance du passage du Rhin, il se hâta de réunir son armée : dès le 4 mars, son avant-garde, commandée par le général Nauendorf, forte de 9,500 fantassins et 7,800 chevaux, ayant passé le Lech, marcha en trois colonnes sur Biberach, Waldsée, Ravensburg, où elle arriva le 9, et d'où elle lança ses coureurs dans la direction de Pfullendorf: 6,000 hommes furent jetés dans Ulm sous les ordres de Kerpen, et 1,500 dans Ingolstadt: le général Starray qui se trouvait à Neumarkt, avec 13,000 hommes, eut ordre de se porter sur la Rednitz. Le reste de l'armée impériale, consistant en 37,800 fantassins et 16,000 cavaliers, défila par les ponts d'Augsburg, Landsberg et Schongau, puis vint s'établir le même jour entre la Mindel, la Gunz et l'Iller. Instruit alors de la faiblesse du corps de Bernadotte, l'archiduc prescrivit à Starray de renoncer à sa marche vers la Franconie pour se rabattre sur Ulm, et de se borner à éclairer la vallée du Necker par des partis.

nerait les hauteurs de Coire en s'emparant des ponts de Reichenau. Enfin, la division Lecourbe pénétrerait à la droite dans l'Engadine, en même temps que Loison, avec sa brigade, devait descendre du Saint-Gothard sur Dissentis et se lier à Demont. Ces dispositions, excellentes pour accabler la faible division des Grisons, paraissaient excentriques, dès qu'il importait avant tout de forcer Feldkirch, et d'opérer de concert avec Jourdan. Le général Auffemberg ayant répondu d'une manière évasive à la sommation de Masséna, fut bientôt attaqué de tous côtés. Demont partit de Veltis, força le pas de Künkel, et se rendit maître des deux ponts au-dessous de Reichenau, où il se maintint malgré les efforts des Autrichiens; il fit filer ensuite par la vallée du Rhin une partie de ses troupes pour prendre à dos le poste de Dissentis qui, à l'aide de 2,000 paysans, avait repoussé le général Loison : ce mouvement dispersa les insurgés, et força le détachement autrichien à poser les

armes.

La division Menard dut franchir le fleuve sur différents points. Ce général chercha à passer visà-vis de Ragaz, et Chabran près de Meyenfeld, afin de contenir le gros des troupes d'Auffemberg.

On voit ainsi que tout ce que Jourdan aurait pu tenter, était de s'avancer jusqu'à Stockach dans l'espoir d'y être joint par Masséna qui eût passé à Schaffhausen et Constance; opération formelle-Lorges devait passer au gué de Flaesch pour as

ment contraire au plan général de campagne, et sur laquelle on ne devait dès lors baser aucune combinaison, bien que le général en chef fût autorisé d'appeler cette armée à lui.

Pendant que l'archiduc et Jourdan se rapprochaient l'un de l'autre, les hostilités avaient déjà commencé dans les Grisons. Masséna, chargé d'en expulser les Autrichiens, rassembla ses troupes, le 5 mars, sur la rive gauche du Rhin, et le lendemain matin, en même temps qu'on envoyait sommer le général Auffemberg d'évacuer le pays, les colonnes françaises se mirent en mouvement. La gauche, formée de la division Xaintrailles, fut chargée d'entretenir les communications avec l'armée du Danube. La brigade Oudinot passa le Rhinprès de Werdenberg, et se porta sur Feldkirch pour empêcher Hotze de renforcer le corps des Grisons. Menard, au centre, devait forcer le passage du fleuve devant Flaesch, enlever les retranchements de Luciensteig, pendant que le général Demont, ori

saillir à revers les retranchements de Luciensteig, qu'une petite colonne, passée à Azmoos, attaquerait de front.

Les bataillons de Lorges se jetèrent bravement dans le Rhin sous un feu meurtrier; vainement ils cherchèrent à le passer à l'aide de quelques charrettes jetées dans le fleuve, ils ne purent réussir à cause de la crue des eaux. Masséna étant parvenu à construire un pont de chevalet auprès d'Azmoos, rappela cette brigade et la porta sur la rive droite, pendant que le général Menard occupait l'ennemi du côté de Meyenfeld par une canonnade. Lorges attaqua sans succès les retranchements jusqu'à quatre reprises; ils ne tombèrent que sous les coups redoublés de la réserve, secondée par un bataillon de grenadiers qui gagna les montagnes dominantes; 800 hommes des 1,200 qui les défendaient, furent pris avec 5 pièces de canon.

Auffemberg aurait dû mesurer d'un coup d'œil

tagea en deux colonnes. La première, sous la conduite du général Mainoni, se dirigea sur les sources de l'Inn à travers les monts Septimer et Julien; l'autre, commandée par Lecourbe, remonta l'Albula. La marche de ces deux colonnes, pour atteindre son objet, devait coïncider avec celle du général Dessoles, qui avait l'instruction de déboucher de la Valteline dans la vallée du haut Adige; mais diverses circonstances ayant retardé son mouvement, Lecourbe eut à lutter contre toutes les forces autrichiennes.

tout le péril qui le menaçait, et se replier en toute | dans l'Engadine. Cette division, après avoir franhâte sur l'Albula pour joindre Laudon dans l'En- chi le mont Bernardin, descendit dans la vallée du gadine il crut de son devoir de défendre le ter-Rhin postérieur, et arriva à Tusis où elle se parrain pied à pied; et ayant réuni pendant la nuit ses troupes derrière la Lanquart, à l'exception d'un bataillon laissé à Embs pour observer le général Demont, il se retira à la vue des colonnes françaises sur Zizers et Masans. Chassé successivement de ces deux positions, il se replia sur les hauteurs de Coire, où Masséna le suivit avec la brigade Chabran, après avoir eu soin de jeter sur la route de Davos et dans les montagnes, des partis pour lui couper la retraite vers le Tyrol. Auffemberg expia alors la faute qu'il avait commise: attaquée par des forces supérieures, sa troupe fut mise en déroute quelques compagnies seulement parvinrent à s'échapper à travers les montagnes ; luimême fut obligé de se rendre avec 2,000 hommes et 10 pièces de canon; le bataillon laissé à Embs subit le même sort.

Dans l'instant où ceci se passait, Oudinot s'étant avancé, le 6, vers Feldkirch, avait failli surprendre le corps de Hotze dispersé dans ses cantonnements, où il ne semblait pas s'attendre à une irruption si soudaine, car il ignorait encore, le 7 au matin, le sort de Luciensteig. Instruit que les Français gravissaient déjà le Schellenberg, Hotze ordonna aussitôt le rassemblement de ses troupes, et se mit à la tête des 4 premiers bataillons et de 2 escadrons, résolu de tout faire pour rétablir ses communications avec le général Auffemberg. Il rencontra bientôt la colonne d'Oudinot qui le tint d'abord en échec; mais celle-ci ayant été soutenue par une partie des troupes de Lorges qui s'avançait par le chemin de Balzers, le culbuta ensuite, et le poursuivit jusqu'à Feldkirch en lui enlevant un millier de prisonniers et partie de son artillerie.

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Sa perte eût été certaine, si le général Bellegarde avait su profiter de ses avantages. Dans l'état des choses, il n'y avait pour les Autrichiens qu'un parti à prendre; c'était de laisser à 5 ou 6,000 hommes, renforcés des milices tyroliennes, le soin de couvrir les défilés les plus importants de ce pays; puis de jeter tout le reste du corps de Bellegarde sur l'Ill et Bludenz, afin de s'y réunir à Hotze, de tomber avec 40,000 hommes sur Masséna et Oudinot, et d'enfermer ensuite dans les vallées étroites de l'Engadine les troupes que les Français y avaient imprudemment compromises. A la vérité, le manque total de magasins gênait les opérations de Bellegarde et le retint dans une malheureuse incertitude; le conseil aulique qui voulait tout faire, croyant avoir pourvu à tout en donnant des ordres, ne laissait aucune latitude aux généraux; et ceux-ci ne savaient pas prendre sur eux de céder à la loi impérieuse du besoin. Douze à quinze mille hommes n'eussent pas péri de faim en exécutant deux ou trois marches dans la vallée de l'Ill, une des plus riches de cette contrée; et il n'en fallait pas davantage pour accabler Masséna. Bellegarde manqua du coup d'œil nécessaire pour prendre vivement une telle résolution, ou peu jaloux d'aller se joindre à une armée qui n'était pas sous ses ordres, il crut avoir rempli sa tâche en ordonnant au général Laudon de pourvoir à la défense des diverses entrées du Tyrol. Celui-ci fit sur-le-champ occuper tous les sentiers qui conduisent des vallées de Munster, de Bormio, de Davos et de la Lanquart, dans celle de l'Adige et de l'Inn; ordonna à 2 bataillons cantonnés dans les vals de

qu'un fort détachement devant Martinsbruck, fit volte-face, reprit le village et culbuta les Autrichiens sur la route de Sainte-Marie. Moins heureux, le 17, dans une seconde attaque contre Martinsbruck, il fut repoussé à son tour par le général Alcaini, qui fit mettre bas les armes à un bataillon de la 38°, jeté dans les montagnes, pour tourner les retranchements par le pas de Novella.

Puschiavo et de Bregaglia de se replier sur lui; puis réunit en toute hâte 4 bataillons à Zernetz, 5 entre Taufers et Sainte-Marie, et 3 à Nauders. Les débris du corps d'Auffemberg furent placés dans les montagnes de Scaletta et de Fluela, pour couvrir la droite, un bataillon prit poste au Colde-Tchirfs, et un autre alla s'établir sur les sommités des montagnes de Bormio, pour assurer sa gauche. Le este des troupes disséminées dans l'intérieur du Tyrol se mit en mouvement sur trois colonnes : 6 bataillons se dirigèrent sur la vallée de l'Ill, 6 autres sur Botzen; la réserve se concen-garde française vint prendre position à Munster. tra dans les environs d'Imst et de Landeck.

Certes, quand Bellegarde eût voulu livrer passage aux Français, il n'aurait pu prendre des mesures plus propres à remplir son but. Déjà Lecourbe, profitant de la dissémination de ses troupes, avait forcé, le 10 mars, l'entrée de la vallée de l'Inn, et s'était emparé de Pont, tandis que Mainoni entrait à Sylva-Plana. Les 2 bataillons autrichiens qui revenaient des vals Bregaglia et Puschiavo, se trouvant ainsi coupés, voulurent se rejeter dans Ja vallée de l'Adda, et furent pris par les troupes cisalpines du général Lecchi, qui remontèrent le 12 à Tiranno. Laudon partit de Zernetz avec les 4 bataillons qui s'y trouvaient, marcha sur les Français et leur enleva le village de Pont, sans pouvoir cependant les déloger des hauteurs de l'Albula. Son succès fut de courte durée; bientôt, attaqué à dos par un détachement que Lecourbe avait dirigé sur Scaletta, il abandonna Zernetz, et se retira sur Martinsbruck, laissant un assez grand nombre de prisonniers. Lecourbe le suivit avec chaleur dans l'espoir de s'emparer de Nauders, point important où se réunit la communication de la vallée de l'Adige avec celle de l'Inn. Mais, pour y parvenir, il fallait forcer le poste de Martinsbruck qui fut attaqué, le 14, sans succès. Laudon voulant profiter de l'avantage que lui donnait la possession de tous les débouchés du Munster-Thal sur Schuls et Zernetz, avait rassemblé quelques bataillons soutenus de milices tyroliennes; et, le 15, il assaillit le flanc droit des Français, pendant que la garnison de Martinsbruck faisait une sortie. Mainoni y fut enlevé dans son quartier général à Schuls avec quelques grenadiers; mais l'infatigable et audacieux Lecourbe ne laissant

Enfin, Dessoles étant arrivé à Bormio le 17, replia tous les postes autrichiens. Laudon se retira de Sainte-Marie à Taufers; et le 18, l'avant

Tel fut le résultat immédiat de l'invasion des

Ligues-Grises : la surprise de l'ennemi qui ne s'attendait pas à des hostilités si prochaines, la dispersion de ses forces, et surtout la vigueur de Masséna

en assurèrent le succès. Mais autant l'exécution de cette entreprise fait honneur au général français, autant l'opération en elle-même était contraire aux vrais principes de la guerre, et on ne tarda pas à en acquérir la funeste certitude.

La nouvelle des premiers succès de Masséna dans les Grisons parvint au général Jourdan, et l'engagea, le 12 mars, à se porter en avant. Le lendemain, son armée passa le Danube, et vint en quatre marches camper entre le fleuve et le lac de Constance, la gauche à Mengen, le centre à Pfullendorf et la droite à Salmansweiler. L'archiduc, dont les troupes légères couvraient tous ces villages, les fit replier sur Biberach, Buchau, Alschausen et Waldsée ce prince; prévoyant que l'effort de Jourdan serait dirigé contre son centre, aggloméra ses troupes entre Ochsenhausen et Wurzach, attira à lui 4 bataillons de la garnison d'Ulm, et ne laissa sur sa gauche que le général Piaczek avec un corps léger pour observer la division Férino et maintenir ses communications avec Bregentz.

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Jourdan, trop faible pour rien tenter contre l'archiduc, avant que l'armée d'observation ne fût en mesure de lui faire passer des renforts, et que la position de Feldkirch n'eût été enlevée, engagea Masséna à renouveler ses efforts pour s'en rendre maître, en lui promettant de le faire appuyer par sa droite. On a pensé généralement qu'il eût mieux manœuvré en attirant à lui l'armée d'Helvétie par Constance. Cette résolution, trèssage avant d'entrer en campagne, pouvait procurer

une victoire passagère dans les plaines de Stockach: | de l'Ill, dans un étroit vallon formé d'un côté par elle eût été encore fort bien, si, en quittant la les rochers du contre-fort qui sépare la vallée du Suisse, on eût rendu ce pays à sa neutralité. Mais Rhin de celle de Jamina, et de l'autre par un macomment abandonner Lecourbe et Dessoles dans melon à travers lequel l'Ill s'est creusé un passage, la vallée de l'Inn, pour laisser à Hotze et Bellegarde offre une position formidable. Le chemin de Coire la faculté d'envahir les cantons suisses, d'en à Bregentz qui côtoie le pied de ce contre-fort est chasser les autorités et d'y rétablir un ordre de resserré à une petite demi-lieue de Feldkirch, par choses qui armerait la moitié du pays pour les Impé- une plaine marécageuse où se dégagent les torrents riaux. D'ailleurs, il n'était plus temps d'y songer; qui se précipitent des hauteurs. La route de Rheicar Masséna n'avait pas attendu cette invitation pour neck à Bludentz, remontant la rive droite de l'Ill, agir. Comme il ne pouvait abandonner la vallée du est traversée près de Feldkirch, au pont où cette Rhin tant que les Impériaux tenaient Feldkirch, il | rivière s'est creusé son lit, par un défilé de 200 les fit assaillir, le 14, par le général Oudinot, qui toises de profondeur très-aisé à défendre. échoua non-seulement dans l'attaque du camp retranché, mais aussi dans la tentative qu'il fit pour passer l'Ill, et jeter un pont sur le Rhin en face de Meiningen.

L'Artezemberg, partie du mamelon situé sur la rive droite de l'Ill, de même que le contre-fort qui lui est opposé, ne présentant de tous côtés que des flancs rocailleux, impraticables aux piétons les plus intrépides, on s'était borné à en couvrir le pied par des flèches, mais on avait fortement retranché le village d'Altenstadt à l'ouverture du vallon, à l'embranchement des chemins de Bregentz et de Ranckweil (1).

Ce mauvais succès, loin de décourager Masséna, lui impose le devoir de se venger. Les renseignements qu'il reçoit sur les opérations de l'ennemi l'y excitent encore. Il apprend que Hotze, inquiété des progrès de la division Férino sur le lac de Constance, venait de se porter avec 10,000 hommes entre Bregentz et Leuthofen, pour défendre le passage de la Leibach, et que 6,000 hommes seulement de troupes régulières, avec quelques bataillons de la levée en masse, gardaient les retranchements de Feldkirch. Jamais moment ne parut plus favorable pour s'emparer d'un poste dont la possession était en quelque sorte le gage de tous les succès ultérieurs de la campagne, puisqu'elle ouvrait la communication avec l'armée du Danube et rendait maître du principal débouché du Vorarlberg dans le Tyrol avantage inap-sur une étendue de 5 ou 600 toises. Outre cela, préciable et qui justifie du reste tous les efforts qu'on fit pour l'obtenir.

Le 22 mars, le général en chef réunit à cet effet la division Menard aux troupes d'Oudinot: celui-ci fut chargé d'établir une batterie sur le Schellemberg qui dominait la rive gauche de l'Ill, pour voir s'il ne serait pas possible de chasser les Autrichiens des retranchements par une forte canonnade. Cette tentative n'ayant pas réussi, Masséna se décida à les emporter de vive force; entreprise hardie, comme on le verra par la description suivante.

La ville de Feldkirch, située sur la rive droite

Le Blazemberg à gauche de l'Ill, ainsi que la croupe du contre-fort principal, était sillonné par quelques sentiers; un double système de retranchements bien ordonné les liait l'un à l'autre, depuis le village de Diffis jusqu'à la forêt située au pied des montagnes. D'autres ouvrages avaient été construits au-dessus de Saint-Michel (pointe occidentale du Blazemberg la plus accessible), afin de mieux résister à l'ennemi s'il eût tenté de s'établir sur le contre-fort de Schellemberg.qui borne la plaine dans une direction à peu près parallèle

des retranchements détachés avaient été élevés sur le contre-fort principal en avant de Gallmist, et la lisière du bois qui le tapisse, de même qu'un ravin remontant vers sa crête, furent garnis d'abatis.

Telle était la position qu'il s'agissait d'enlever. Tout fut disposé pour l'attaque de vive force, qui eut lieu sur quatre colonnes. La plus considérable, formée par la brigade Oudinot et les grenadiers réunis, s'avança de Nendlen par la grande route sur les retranchements. La seconde colonne,

(1) Voyez la carte de Souabe, de Cotta.

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