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possédait un matériel parfaitement conforme à celai de la république, et laissait peu à désirer pour l'instruction du personnel. La cavalerie, montée sur une race de chevaux excellente, avait donné assez bonne idée d'elle sur le Pô en 1796; mais l'infanterie, après celle du pape, était la plus mauvaise de l'Europe. Exercée tour à tour à l'allemande, à l'espagnole, suivant les caprices de la reine ou de son favori, commandée par des officiers qui ne devaient leurs emplois qu'à l'intrigue ou à la vénalité, cette arme, qui fait la force des armées, manquait absolument de tenue, de confiance et d'esprit militaire, malgré les efforts des généraux suisses Salis et Bourcard, secondés de quelques autres chefs. Au lieu de penser à retremper son moral, on ne visa qu'à enfler ses rangs: 40,000 hommes furent appelés pour la porter au complet de guerre, en même temps qu'une ordonnance quadrupla le nombre des milices. Si toutes ces mesures avaient été exécutées, les forces napolitaines auraient dépassé 100,000 hommes; mais les levées rencontrèrent des obstacles insurmontables: et, malgré les ressources extraordinaires que la cour se créa en dépouillant les églises, ou en exigeant des dons patriotiques des particuliers et des corporations, sa force n'excéda pas 60,000 hommes, dont 40,000 environ composèrent l'armée d'expédition. Le surplus forma les garnisons des places frontières et des côtes.

Il n'existait à Naples aucun général capable de diriger cette masse : Salandra et Micheroux ne savaient que les minuties de leur métier; le tacticien Bourcard n'avait pas fait la guerre; le comte de Damas avait de la bravoure et de l'expérience; mais cet émigré français, à peine arrivé dans le royaume, ne s'était signalé par aucun exploit assez éclatant pour lui faire décerner le commandement en chef : le ministère eut donc recours au cabinet de Vienne, qui lui envoya le général Mack, alors parvenu à l'apogée de sa gloire dans l'armée autrichienne. Le mérite de cet officier était pourtant moins réel que brillant. Imbu de théories dont l'expérience autant que le bon sens prouvaient la fausseté, il était moins propre que tout autre à suppléer au vice des éléments de l'armée napolitaine: il fit cependant un tel étalage de son savoir, qu'il acheva de fasciner les yeux d'une cour pré

TOME III.

venue en sa faveur, et fut accueilli comme le sauveur de l'Italie.

L'intention du cabinet était de laisser l'initiative à l'Autriche, pour agir avec plus de sûreté et d'ef ficacité lorsque la lutte serait déjà engagée sur l'Adige; mais l'arrivée de Nelson, victorieux à Aboukir, en précipitant les événements, changea aussi les projets du roi de Naples. Les partisans de la guerre insistèrent pour commencer immédiatement les hostilités, afin de prévenir le Directoire. La reine, les ministres Acton et Castel-Cicala, étaient l'âme de ce parti, auquel Nelson et Mack donnaient l'impulsion. Ce général, ne rêvant que triomphes, sans connaître l'armée qu'il allait commander, s'indignait de chaque jour de retard, et ne cessait de représenter les avantages d'une attaque inopinée. De son côté, la reine, regardant déjà la conquête de l'État romain comme assurée, appuyait avec complaisance sur le rôle que jouerait alors. Naples dans la coalition : elle insistait pour qu'on n'attendit ni les Piémontais ni les Toscans, trop gênés pour oser se déclarer avant que les Français eussent éprouvé une défaite; ni les Russes, ni les Autrichiens, qui paraissaient ne vouloir ouvrir la campagne qu'au mois d'avril. S'il faut en croire un auteur contemporain, elle employa une ruse coupable pour déterminer le roi à accéder à ses désirs, en lui faisant écrire de Vienne, ou peutêtre en supposant une lettre de la cour impériale, qui donnait le signal des hostilités (1). Toujours est-il certain que le conseil aulique n'eut connaissance de cette pièce qu'après la déroute des Napolitains, et que Ferdinand fut dupe de ce stratagème.

En vain, les ministres Ariola et Gallo, les conseillers d'État de Marco et Pignatelli, représentèrent le danger d'attaquer des vétérans, forts de leur discipline et de leurs triomphes, commandés par des généraux éprouvés, avec une armée manquant de confiance, d'instruction et d'habitude de la guerre; la présomption du parti dominant était si grande, que leurs avis furent rejetés avec dédain, et l'ordre donné d'entrer en campagne, sans qu'on eût pris les moindres précautions pour assurer les subsistances des troupes et garantir le

royaume

des suites d'un revers.

(1) Saggio Istorico, sulla rivoluzione di Napoli. 35

Cependant le Directoire, prévenu de l'orage qui | plus nombreuse, qui avait encore le choix des se formait à Naples, paraissait persuadé que Fer-points d'attaque. Cette chance n'était pas la seule dinand n'entrerait point en lice sans le secours de à l'avantage des Napolitains. Les Français avaient l'Autriche, et se bornait à faire, par son ambassa- peu d'artillerie, presque point de munitions, une deur, des admonitions menaçantes qui aigrissaient cavalerie ruinée : d'ailleurs, loin de s'attendre que davantage le cabinet des Deux-Siciles. En appre- la guerre éclatât avec Naples avant la déclaration nant les dernières levées opérées dans tout le de l'Autriche, ils cantonnaient sans défiance et sans royaume, et le rassemblement des troupes sur la précautions. Les habitants des campagnes, travailfrontière de l'État romain, il comprit enfin l'im- lés sourdement par les agents de Ferdinand IV, minence du danger, et se hâta d'envoyer le géné- n'attendaient que les premiers revers pour se ral Championnet prendre le commandement du joindre à leurs ennemis. corps stationné dans les environs de Rome. Il lui fut recommandé de ne rien compromettre, et de se retirer sur l'armée que commandait Joubert dans la république cisalpine. Cette disposition, quoique prudente, n'est point exempte de blâme; parce qu'en partageant l'armée d'Italie entre deux chefs indépendants, on s'exposait à voir les intérêts de la république sacrifiés à des considérations particulières. Si les inquiétudes que l'on avait sur le Piémont ne permettaient pas à Joubert de s'éloigner du Milanais, il fallait lui donner le commandement en chef, et concentrer toutes les trou-minement des Français, pour percer leur centre

pes sur le Pô, jusqu'à ce que les circonstances sc présentassent de se venger du roi de Naples. En agir autrement, c'était exposer le corps d'occupation de Rome à être accablé : mais la faute du Directoire fut heureusement réparée par la vigueur de Championnet, et plus encore par les mauvaises dispositions des Napolitains.

Dans un pareil état de choses, il semblait que Mack, sûr des avantages de l'initiative et même de la surprise, n'eût qu'à vouloir la ruine de son adversaire pour l'obtenir car la ligne d'opérations était telle, que la droite des Napolitains et même le centre débordaient de beaucoup le gros des Français à Rome et Terracine.

Cependant Mack, dans le plan de campagne qu'il fit adopter, sembla n'avoir d'autre but que de faire évacuer Rome; encore s'y prit-il d'une manière maladroite. Au lieu de profiter du dissé

et accabler successivement leurs ailes, dont l'éloignement et les montagnes rendaient les communications très-difficiles, il partagea son armée en cinq colonnes, pour entrer dans l'État romain par autant de débouchés. Douze bataillons et 8 escadrons, commandés par le lieutenant général Micheroux, devaient marcher sur Ancône en longeant l'Adria

Au moment où ce général vint prendre le comtique, après avoir passé le Tronto près d'Ascoli. mandement, les Français tenaient une ligne immense. Macdonald, à l'aile droite, avec environ 6,000 hommes, s'appuyait d'un côté à Terracina, et de l'autre aux montagnes de la vallée de Roveto (1). Le général Casa-Bianca, à la gauche, gardait, avec environ 5,000 hommes, depuis le revers de la chaîne de Leonessa jusqu'à l'Adriatique. Au centre, le général Lemoine, qui avait son quartier général à Terni, couvrait avec environ 3,000 hommes, toute l'étendue comprise entre les débouchés de Rieti et de Carsoli : une petite réserve gardait Rome. Ainsi, 18,000 hommes disséminés sur une ligne de plus de 60 lieues, sans véritables points d'ap pui, allaient être assaillis par une armée deux fois

(1) Consultez la carte de Bacler d'Albe.

Une seconde colonne, forte de 3 bataillons et d'une centaine de chevaux, eut ordre de déboucher, sous la conduite du colonel San-Filippo, par Introdoco, sur Terni et Foligno. Le colonel Giustini, avec une colonne de pareille force, reçut l'instruction de se porter de Tagliacozzo rapidement sur Magliano, et de s'y lier avec la précédente. Le corps de bataille, à la tête duquel se trouvait le roi avec Mack, composé de 32 bataillons et de 24 escadrons, devait se diriger par Valtamontone sur Frascati. Enfin, le che valier de Saxe, avec 12 bataillons et 4 escadrons, avait l'ordre de marcher de Fondi par Terracine et les marais Pontins sur Albano; d'où, après avoir effectué sa jonction avec le corps de bataille, les deux colonnes eussent marché sur Rome par la voie Appienne. C'était peu, pour Mack, de disséminer ainsi ses

troupes sur la frontière de l'État romain: il voulut | sur Ancône, et le mouvement du gros de l'armée sur Terni eût probablement placé Macdonald dans l'obligation de se faire jour l'épée à la main. Sans doute, le chemin de Rieti à Terni est moins beau que la chaussée de Rome; mais il était praticable, et une fois à Terni on gagnait la grande route, ce qui rendait le succès certain; car dès lors aucun moyen ne restait aux Français de réunir leur armée. Cette combinaison, si simple, ne frappa pas le général autrichien ; il trouvait bien plus d'art à multiplier ses colonnes. A la vérité, avec une armée mal disposée, le plus beau plan ne réussit pas toujours; mais le général du moins, dont les combinaisons tendent aux plus grands résultats en restant fidèle aux principes, n'a rien à se reprocher alors même que la fortune tromperait sa sagesse. Il serait difficile de préciser l'époque à laquelle les troupes napolitaines partirent de leurs cantonnements dans l'intérieur du royaume. On sait seulement que leurs têtes de colonnes pénétrèrent toutes, le 23 novembre, sur le territoire romain, à l'exception de celle du chevalier Micheroux qui ne passa le Tronto que le lendemain. Le roi fit précéder cette irruption d'une espèce de manifeste, où il déclarait ne vouloir point faire la guerre à la république française, mais restituer seulement les États de l'Église au pape. Cette pièce singulière était accompagnée de sommations aux généraux français de se retirer sans commettre d'hostilités.

aussi qu'un corps de 8 bataillons fût débarqué à Livourne, pour effectuer, conjointement avec les troupes du grand-duc de Toscane, une diversion sur les derrières des Français. Cette petite division fut transportée sur des bâtiments de l'escadre de lord Nelson. Le général Naselli, qui la commandait, reçut l'instruction de chercher à rejoindre l'armée napolitaine, lorsqu'elle serait à hauteur de Bologne. Un coup d'œil sur la carte convaincra tout militaire que ce plan d'invasion ne valait guère mieux que celui d'inonder la West-Flandre en 1794, pour sauver l'armée alliée. En dirigeant ses plus fortes colonnes le long de la Méditerranée, Mack était sûr, à la vérité, de forcer les Français à évacuer Rome; mais alors rien n'empêchait ceux-ci de réunir, par un mouvement concentrique de retraite, leurs troupes éparses en arrière de cette ville; de culbuter les faibles colonnes qui prétendaient intercepter leurs communications, et de se maintenir dans une position défensive, jusqu'à l'arrivée des renforts. La marche du corps principal par Valmontone avait une apparence d'habileté, en paraissant destinée à tourner les troupes de Macdonald à Terracine; mais alors il eût fallu ne point faire avancer le chevalier de Saxe par les marais Pontins, puisque en poussant les Français de front sur Rome, on les mettait soi-même sur leur voie de retraite. D'ailleurs, il était probable que Championnet n'engagerait dans ce coupegorge des marais Pontins, qu'une faible avantgarde, et qu'il réunirait toutes ses troupes vers Frascati. Dans la position respective des deux armées, il eût fallu rassembler le gros des Napolitains aux environs de Civita-Ducale, s'emparer des points de Rieti et de Terni, et marcher ensuite sur la rive droite du Tibre vers Rome ou Viterbe, pendant qu'un corps de 4 à 5,000 hommes eût tenu en échec la division Macdonald à Terracine. En adoptant ce parti, il devenait inutile d'aventurer 4,000 hommes en Toscane, et même de porter l'aile droite à Ancône : il eût suffi de se tenir sur la défensive le long du Tronto. Dès que les républicains auraient eu connaissance que 30,000 Napolitains étaient maîtres du cours du Tibre, leur gauche, loin de songer à attaquer Civitella ni Pescara, se serait estimée fort heureuse de se retirer

La lenteur des mouvements de l'armée napolitaine permit à Championnet de recueillir tous les postes. Au premier bruit de l'invasion, le général Kellermann fut dirigé sur Tivoli, avec un fort détachement d'infanterie et de cavalerie, pour observer l'ennemi et protéger le ralliement des cantonnements. Le général Mathieu vint s'établir à Albano pour le même objet. Les Napolitains, embarrassés par des équipages immenses et les effets de campement qu'ils traînaient à leur suite, marchaient mal, formaient une longue queue, saient de petites journées. L'incohérence des ordres de leur général qui n'avait nullement songé à faire reconnaître les chemins, le manque de vivres, l'indiscipline, et surtout les pluies affreuses qui achevèrent de défoncer les routes; toutes ces causes réunies entravèrent tellement l'invasion,

et fai

que, le 27 seulement, la colonne du chevalier de | Français. Le 29, ce général fut rejoint par le coSaxe atteignit Albano, et le corps de bataille Val- lonel Giustini, et par quelques fuyards du corps montone. Leurs avant-gardes communiquèrent le de San-Filippo. Se trouvant alors à la tête d'envimême jour à Frascati. ron 4,000 hommes, il marcha sur Magliano avec le dessein de s'emparer du pont de Borghetto. Macdonald, averti de ce mouvement, replia surle-champ ses postes de Nepi et de Rignano sur Civita-Castellana, et porta le gros de sa division sur le point menacé. Il était temps: Metsch s'était déjà rendu maître de Magliano; mais en apercevant les Français en bataille en avant du Tibre; il n'osa engager l'action, et se retira. Son arrièregarde, atteinte dans la ville par le chef de brigade Kniazewitz, fut taillée en pièces, et le reste gagna, non sans peine, les montagnes de Calvi.

Dès le 25, Mack, sans attendre l'arrivée de toutes ses troupes, avait forcé Championnet d'évacuer Rome. Celui-ci, jugeant qu'il était impossible de s'y maintenir, rappela les détachements des généraux Kellermann et Mathieu, jeta 800 hommes dans le château Saint-Ange, puis se replia, conformément à ses instructions, sur Civita-Castellana. Le 29, le roi de Naples fit son entrée triomphante à Rome. Son premier soin fut de créer une commission de gouvernement, en attendant le retour du pape, qu'il invita à rentrer dans sa capitale. Malgré les mesures de prudence prises pour empêcher une réaction, la populace commit de grands excès: tous les partisans des Français furent maltraités, emprisonnés, et la dépouille mortelle du général Daphot, tirée de son dernier asile, reçut un nouvel outrage.

Pendant que le roi de Naples jouissait d'une gloire si facilement obtenue, et que Mack se donnait mille peines pour réorganiser des colonnes qui n'avaient encore été battues que par la pluie, SanFilippo, après avoir enlevé le pont de Rieti, avait été tenu en échec devant Terni par le général Lemoine celui-ci, ayant heureusement reçu de Spolette un renfort de 3 bataillons, enleva, le 27, le colonel napolitain, sa troupe et son artillerie, puis rentra dans Rieti. De son côté, le colonel Giustini, rencontrant le général Kellermann en avant de Vicovero, revint sur ses pas pour se joindre à la colonne de San-Filippo; mais obligé de suivre des sentiers presque impraticables, il employa trois jours pour arriver à Rieti, où il fut arrêté tout court par les Français. Une simple reconnaissance lui ayant prouvé l'impossibilité de forcer le passage, il prit le parti de se jeter à gauche à travers les montagnes, pour gagner les bords du Tibre et se mettre en communication avec le gros de l'armée.

A la première nouvelle de l'échec essuyé par ses deux petites colonnes du centre, Mack détacha le maréchal de camp Metsch avec 3 bataillons et 4 escadrons pour les rallier, nettoyer la rive gauche du Tibre, et inquiéter les communications des

La colonne de l'extrême droite, dirigée sur Ancône, ne fut pas plus heureuse que les précédentes. Elle s'empara d'abord d'Ascoli, mal défenda par un bataillon cisalpin; mais, elle fut bientôt arrêtée, puis battue et ramenée sur la frontière avec perte d'une partie de son artillerie, par les généraux Rusca et Casa-Bianca, accourus de Macerata et d'Ancône avec quelques troupes. Si elle n'éprouva pas de plus grands revers, elle dut en rendre grâce à la circonspection de Casa-Bianca qui, privé de renseignements sur la situation du reste du corps d'occupation, crut devoir attendre les ordres de Championnet, avant de pénétrer sur le territoire ennemi.

Cependant Mack faisait une guerre de plume très-active à Championnet, pour obtenir le château Saint-Ange, que les Français, disait-il, n'avaient pas plus de raison de garder que la ville. Ses étranges réclamations étant restées sans réponse, il prit un ton menaçant, que Macdonald tempéra, en lui déclarant que le moindre attentat commis sur les malades laissés à Rome, serait l'arrêt de mort de l'armée napolitaine.

Championnet utilisait mieux son temps. Témoin de l'hésitation de son adversaire, instruit aussi que Lemoine avait poussé l'ennemi au delà de Rieti, et que Casa-Bianca venait de le rejeter sur la rive droite du Tronto, il conçut l'idée de s'établir sur le revers méridional de l'Apennin, la droite à Civita-Castellana, la gauche à Civita-Ducale, le centre à Cantalupo. Mais, comme cette position exigeait presque le double des troupes

Le 4 décembre, les avant-postes français furent assaillis de toutes parts. La division du chevalier de Saxe, poursuivant deux objets, marchait sur deux colonnes; l'une se porta directement sur Nepi, l'autre fila à gauche par le chemin qui conduit de Santa-Maria-di-Fallari à Borghetto, en vue de tourner Civita-Castellana. La première attaque fut conduite avec vigueur; mais Kellermann, après avoir laissé amortir le premier feu des Napolitains, les chargea à son tour et les culbuta sur le chemin de Monterosi, où bientôt les dragons français les poursuivirent le sabre dans les reins : 2,500 prisonniers, 15 pièces de canon et tous les bagages tombèrent au pouvoir des républicains.

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qu'il avait sous la main, il donna l'ordre à CasaBianca qui se trouvait hors de danger, de faire filer en toute hâte la 17° de ligne à Terni, prescrivit à Macdonald de camper le gros de sa division à Civita-Castellana, petite ville avantageusement située entre deux ravins; lui recommanda d'occuper Nepi, Rignano et Magliano, de retrancher le pont de Borghetto; enfin, poussa un officier intelligent, avec quelques escadrons, à Péruggia, pour observer les Toscans et Naselli. Ces premières dispositions arrêtées, il partit pour Ancône, où sa présence était nécessaire, tant pour accélérer l'arrivée de l'artillerie et des munitions dont on manquait, que pour former l'établissement du grand parc, de la manutention et des ambuL'attaque du pont de Borghetto, par le chevalances, à Foligno et à Spoletto. Son absence, dans lier de Saxe, ne fut pas plus heureuse à peine ce moment, lui parut avoir d'autant moins d'in- eut-il débouché de Santa-Maria, que Macdonald convénient, qu'en supposant à Mack le projet poussa à sa rencontre le chef de brigade Kniazed'attaquer la droite de cette nouvelle ligne, Mac-witz avec 2,500 fantassins, 200 chevaux et 3 donald, à l'aide des remparts naturels de Civita-Cas- pièces de canon. Le combat s'engagea aussitôt; tellana et de quelques retranchements, résisterait mais le chevalier de Saxe ayant été blessé grièveassez pour donner le temps au centre de le secourir.ment au commencement de l'action, et l'infanterie Cette détermination fait honneur à Championnet: de Kellermann venant à paraître sur les derrières il avait bien jugé de sa position et de celle de l'en- de cette colonne, les Napolitains, saisis de terreur, nemi. Voyons maintenant les dispositions que Mack s'enfuirent sur la route de Viterbe, laissant toute prit pour le déloger. D'abord, après avoir laissé leur artillerie aux vainqueurs. Le petit détache5 bataillons et 6 escadrons à Rome, il porta le ment qui devait remonter la rive gauche du Tibre corps du maréchal de camp Bourcard sur Castel- pour se porter sur Magliano, prévenu à temps des Novo, et la division du chevalier de Saxe à Mon- désastres de la gauche, repassa le fleuve à Ponterosi, dans l'intention d'attaquer Civita-Castellana, zano, et rejoignit le corps de bataille. avec le gros de son armée, pendant qu'un petit détachement, passant le Tibre à la hauteur de Ponzano, favoriserait l'attaque principale, et qu'un autre se dirigerait de Nepi sur la route de Viterbe pour entrer en communication avec la division de Livourne. De pareilles dispositions ne sont pas à l'abri de la critique, et je n'aurais ici aucun mérite à répéter, après tous les militaires, qu'une attaque en force sur Terni, par la route qui passe à Cantalupo, était plus convenable. En effet, Terni enlevé, la position de Civita-Castellana n'était pas tenable, et le mouvement pour joindre Naselli se fût exécuté tout naturellement. Mais Mack, fidèle à son système, préféra faire battre son armée en détail, et livrer aux coups des Français des colonnes isolées, que la nature du terrain empêchait de se soutenir mutuellement.

Le maréchal de camp Bourcard qui avait la plus forte tâche, força d'abord le poste de Rignano. Mais il n'était point aussi facile de réussir à Civita-Castellana : cette ville et un petit fort contigu, sont situés entre deux ravins d'une profondeur effrayante, que les eaux ont creusés à pic dans une sorte de tuf sablonneux et noirâtre, et que l'on traverse sur deux beaux ponts de pierre. C'était l'ancienne Veïes, si redoutable aux Romains: défendue par les Français, pouvait-elle être réduite par des Napolitains sans expérience ni discipline? Bourcard avait vainement tenté de forcer le pont de la route de Rome, lorsque Mack, instruit de la défaite du chevalier de Saxe, prescrivit au premier de se tenir en observation hors de portée de canon de Civita-Castellana; il détacha ensuite le maréchal de camp Damas avec 5 ba

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