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ractère ferme et droit, bien qu'il ne fût pas insen- | la prestation d'un serment de fidélité solennel, ce

sible aux douceurs de l'autorité suprême, voyant qu'il ne recueillerait que les fruits amers d'une révolution, provoquée dans l'espoir de rendre le bonheur à sa patrie, hésita à prendre le timon des affaires. Il n'entrait pas dans ses principes de se soumettre à d'insolents proconsuls, de consentir à l'humiliation de la Suisse, et de sanctionner sa ruine par une lâche complaisance. Il craignait d'ailleurs, qu'on imputât à l'ambition ce qu'il prétendait n'avoir fait que pour le bonheur du peuple, ou qu'on lui reprochât d'avoir cherché la domination sans égard aux maux qui fondraient sur la patrie? De telles considérations étaient de nature à l'effrayer mais réfléchissant ensuite que c'était une faiblesse d'abandonner la Suisse dans une circonstance aussi critique, et présumant peutêtre que ses relations avec Talleyrand et les chefs du gouvernement lui feraient obtenir de meilleurs traitements de la France, il accepta la charge difficile de directeur. Ochs n'eut pas besoin de tant de réflexions pour s'y décider.

qui remettait de nouveau à la décision tumultueuse des assemblées populaires, un acte de pure formalité. Ce serment, prêté dans la majeure partie de l'Helvétie, trouva dans les petits cantons la plus vive opposition. Underwald, surtout, jura de mourir plutôt que de s'y soumettre.

Schauembourg se rendit à Lucerne avec des troupes, pour en imposer; mais ses négociations ayant été vaines, il résolut d'étouffer ce germe de résistance dans les Alpes, et dirigea deux colonnes sur le canton réfractaire. On sait qu'il se compose d'une petite vallée, à laquelle on aboutit par le mont Brunig du côté de l'Oberland, et par le lac de Lucerne du côté du nord. Une colonne partie de Thoun, débarqua à Brienz, gravit le sentier du Brunig et descendit sur Saxelen : une autre, embarquée à Lucerne, se présenta devant Stanzstadt. Deux ou trois mille paysans exaspérés, avec une artillerie peu nombreuse et mal servie, ne pouvaient rien contre une division de 7 à 8,000 hommes victorieux en cent combats; mais, dans l'imPeu de temps après, un traité entre la Suisse et possibilité de vaincre, la plupart vendirent chèla France fut signé à Paris, le 19 août. Pour l'hon-rement leur vie, et succombèrent en héros, après neur des négociateurs Jenner et Zeltner, aussi bien deux jours d'une lutte sanglante. Les femmes mêmes, que pour celui du gouvernement helvétique, il saisissant les armes de ceux qui tombent, reçoivent faut croire que ses stipulations furent dictées par à leur tour une mort qu'elles ne savent pas donla force, et justifiées par le refus de toutes les ner, et augmentent le nombre des victimes sans puissances européennes d'intervenir en faveur des changer les chances du combat. Les Français exas¬ opprimés; car cette alliance offensive et défensive pérés par le nombre de braves qu'ils perdent, et imposait à l'Helvétie la fourniture d'un contin- furieux de recevoir des coups de fusil de toutes les gent, et l'établissement de deux routes militaires, maisons, mettent le feu au bourg entièrement pour descendre en Italie d'un côté, ou en Souabe construit en bois; il devient en un clin d'œil la de l'autre. C'était pire qu'une conquête et une proie des flammes, et le combat après s'être proréunion formelle à la France; car, en cas de guerre, longé dans les décombres, s'étend de proche en on supportait tout le fardeau des levées, des im- proche jusqu'à la vallée d'Engelberg. Tirons un pôts et du théâtre des hostilités, sans avoir aucune voile sur ces scènes d'horreur, aussi déplorables compensation à espérer, Le faible prix de ce sacri- dans l'intérêt de la France que dans celui de l'Helfice était l'acquisition du Frickthal, et la promesse vétie, et dont il ne faut pourtant accuser que le de l'évacuation de la Suisse sous trois mois : clause machiavélisme de quelques hommes. Schwitz et illusoire, dont l'exécution semblait impossible. Uri, pour éviter le même désastre que Stanz, prêtèrent le serment exigé, et n'en éprouvèrent pas moins mille vexations.

Tandis que le directoire helvétique associait ainsi ses destinées à celles de la république française sous de si funestes présages, l'intérieur le menaçait d'une guerre civile. La mise en activité d'une constitution acceptée avec tant de répugnance, n'avait pas paru suffisant; on demandait

Après cette triste expédition, il restait à décider sur le sort des Grisons: celui des autres cantons n'était pas fait pour engager les Lignes à le partager. Les démarches de Florent Guyot, ministre

sentaient que des cadres appauvris, et les meilleurs régiments se morfondaient sur les rives du Nil et dans les sables de la Syrie, aussi inutilement que jadis les troupes de Gui de Lusignan devant Ptolémaïs.

de France, l'exemple des Planta et des Salis- | cessité de se mettre en mesure. Ses armées ne préSeevis, ne purent décider les patriciens à se soumettre en même temps au régime populaire, et au joug politique le plus onéreux. Vainement ils sollicitèrent à Paris la conservation de leurs antiques institutions et leur indépendance: la réponse de Talleyrand ne leur laissant pas d'espoir, ils s'abandonnèrent aux conseils des Salis, qui, dévoués à l'Autriche, réclamèrent le secours du cabinet de Vienne. Celui-ci s'empressa d'y porter un corps de 6 à 7,000 hommes, stipulé par d'anciens traités avec l'empereur Maximilien; et, le 19 octobre, une division impériale entra à Coire. Dans le fait, tant que l'Autriche n'était pas en guerre avec la France, il suffisait d'une chaîne de vedettes pour mettre ce pays à l'abri d'invasion.

La réquisition ne fournissait plus d'hommes, et d'ailleurs, cette loi révolutionnaire ne pouvait plus être exécutée dans les circonstances présentes. Le départ pour l'Égypte de Bonaparte, Desaix, Kléber et Reynier, ne laissait pas la France moins dénuée de généraux que de soldats; car la mort de Hoche, la proscription de Pichegru, la disgrâce de Moreau et de Pérignon, remettaient la conduite de la guerre à Jourdan et à Schérer. Les autres généraux, distingués comme de bons lieutenants, n'avaient jamais commandé d'armée. Joubert, Masséna, Saint-Cyr, étaient les seuls qui fussent à la hauteur de leur réputation; et encore, n'allait-elle pas alors jusqu'au commandement suprême.

C'était dans de telles conjonctures que le gouvernement helvétique, transféré à Lucerne, devait requérir l'évacuation de son territoire. Il était trop évident que la constitution de Rewbell et de Ochs eût été renversée en un clin d'œil, et que la jeune Le Directoire, après avoir conféré avec les mirépublique, livrée à toutes les horreurs d'une réac-litaires qui siégeaient au corps législatif, les pénétion, n'eût pas tardé à voir ses vallées teintes de sang. Toutefois, si une évacuation formelle n'était pas même désirable, on se flatta du moins de réduire bientôt l'armée d'occupation à une simple division de 7 à 8,000 hommes, surtout si l'Autriche et la France se rapprochaient de bonne foi: une telle force, maintenue pendant un an, eût suffi pour consolider des institutions qui, à part l'amalgame des trois petits cantons en un seul et quel-lement la population militaire en cinq classes, elle ques défauts susceptibles d'être modifiés, eussent obtenu peu à peu l'assentiment général. Espoir trompeur, dont se berça vainement le gouvernement suisse, mais qui s'évanouit bientôt de la manière la plus cruelle.

tra de la nécessité d'assurer à l'armée un mode de recrutement, aussi prompt dans son exécution que sûr dans ses résultats. Le général Jourdan présenta, dès la fin d'août, le projet de loi qui assujettissait sans distinction au service militaire, tous les jeunes gens de 20 à 25 ans. Cette levée, moins rude que la réquisition, ne frappait pas indistinctement toute une génération; en rangeant naturel

permettait de n'appeler que le nombre d'hommes indispensable, laissait la chance du tirage au sort, et, en dernière analyse, la faculté de se faire remplacer.

Le désastre d'Aboukir et la déclaration de guerre Cependant un rayon consolateur se répandit en- de la Porte vinrent signaler au Directoire l'imposcore un moment sur la Suisse au milieu de novem-sibilité de se maintenir en Égypte contre les forces bre. Perrochel vint remplacer en qualité d'ambas- de l'Angleterre et de la Turquie réunies, et lui sadeur les proconsuls qui l'avaient humiliée, et cette démarche promettant du moins quelques égards pour l'avenir, contribua à adoucir les maux présents.

Dans le temps que ces événements se passaient, le Directoire, à qui le retour de François de Neufchâteau prouva qu'il ne fallait compter sur la paix qu'en faisant de grandes concessions, sentit la né

donner d'amers regrets sur la légèreté avec laquelle il avait combiné cette expédition, cause première de l'incendie qui allait de nouveau embraser le monde.

Un seul parti s'offrait dans une situation pareille : c'était de presser la levée qui devait compléter les armées; de négocier néanmoins avec modération, autant pour gagner du temps que pour éviter

réellement une rupture, si cela était encore possible. | récemment appelés n'étaient point compris au

Dans ces entrefaites, on procéda à la levée de 200,000 conscrits, qu'une loi du 28 septembre mit à la disposition du Directoire. Un traité signé à Lucerne, le 30 novembre, fixa le contingent de la république helvétique, à 18,000 hommes, que la France s'engagea à équiper et entretenir (1). L'appel des conscrits s'exécuta généralement assez bien, si l'on en excepte la Belgique, où les réfractaires, aidés des paysans, arborèrent ouvertement l'étendard de la révolte. Heureusement les corps stationnés en deçà du Rhin et en Hollande purent y envoyer à temps des colonnes suffisantes pour tout faire rentrer dans le devoir : mais le feu qui n'en couvait pas moins sous la cendre, pouvait se rallumer à la moindre étincelle.

Il était encore plus difficile d'obtenir de l'argent que des hommes. Les signes factices de circulation étaient détruits, le numéraire disparu, les impôts réguliers presque nuls, et les dépenses, au contraire, se trouvaient triplées par les bénéfices im- | menses qu'il fallait accorder à des fournisseurs immoraux et méfiants, pour les décider à se charger des différents services.

Les contributions n'avaient point été payées dans le courant de 1798; et il était d'autant plus difficile d'établir le budget de l'an vi, que les conseils, sur la demande du Directoire, venaient de réduire les contributions directes. On ne se tira de cet embarras qu'en faisant figurer au chapitre des recettes la plupart des ressources, sur le même pied que l'année précédente. Attendu cependant, que plusieurs ressources extraordinaires étaient diminuées ou épuisées, on se flatta de les remplacer par les 25 millions du droit de passe qui commençait à se percevoir sur les routes; par des impôts sur les tabacs, sur les portes et fenêtres, sur l'expédition des actes de justice; par une réserve de 22 millions et demi sur l'arriéré des contributions; enfin, par une réduction de 16 millions sur la totalité des dépenses.

Mais, bientôt, le Directoire fit apercevoir que l'habillement et l'armement des 200,000 conscrits

(1) Ontre cela, l'Helvétie devait lever une armée de milices, lorsque son territoire serait menacée. Une loi très-sage en fixa l'organisation : l'élite qui était seule mo

budget; et pour se procurer les 125 millions auxquels devait s'élever cette dépense, on l'autorisa à reprendre aux créanciers de l'État les biens nationaux qui leur avaient été abandonnés en payement.

Cependant, avant l'expiration du premier trimestre de l'an vii, l'on s'aperçut qu'on avait estimé les recettes trop haut, et, dès le 3 novembre 1798, Bergasse annonça que le déficit s'élèverait à 200 millions. Sa prédiction engagea une controverse entre le conseil des Cinq-Cents et le ministre des finances, qui fut le prélude de la lutte du corps législatif avec le Directoire. Plusieurs membres niaient qu'il existât, d'autres soutenaient qu'il ne serait pas aussi considérable que le faisait pressentir le Directoire. Enfin, il appartint à Chasset de porter cette fatale conviction dans l'âme de ses collègues. Il fallut donc aviser aux moyens de couvrir le déficit par de nouveaux impôts.

Celui proposé sur le sel ayant été repoussé comme trop odieux, Ramel indiqua un moyen tout à fait neuf d'y suppléer: c'était de mettre en vente tous les chemins vicinaux, jugés inutiles au commerce et à l'exploitation des terres. On doubla, quintupla même en certains cas, l'impôt sur les portes et fenêtres on ordonna le partage anticipé des successions qui devaient échoir aux émigrés; enfin, on s'empara des propriétés du clergé protestant, qui avaient échappé comme par miracle au système de confiscation; bien qu'elles eussent été achetées par les communes, et fussent consacrées moins à l'entretien du culte qu'à l'éducation de la jeunesse.

Toutefois, malgré l'activité avec laquelle on se disposait de part et d'autre à la guerre, soit qu'on espérât encore s'entendre, soit qu'on ne voulût que le temps d'achever les préparatifs, on négociait toujours par l'entremise de l'Espagne, dont les ambassades à Vienne et à Paris échangeaient les propositions respectives. Prête à renoncer à l'Innviertel par déférence pour la Russie et la Prusse, l'Autriche demandait qu'on lui rendit en échange

bile se composait des hommes de 18 à 45 ans, autant que possible non mariés. Elle comptait 64 bataillons de 1,000 hommes chacun : le premier contingent fut fixé à 25,000.

Mantoue et la ligne du Mincio, que les troupes françaises évacuassent la Suisse et Rome, enfin qu'elles rendissent le Piémont et la Cisalpine à leur indépendance.

Si ces demandes eussent été faites de bonne foi, dans l'intention de vivre en parfaite intelligence, on ne pourrait se refuser d'en reconnaître la justice. Mais n'était-il pas à craindre que Mantoue une fois rendu, l'Italie et l'Helvétie évacuées, le cabinet de Vienne ne provoquât une nouvelle guerre? Quand une méfiance réciproque s'établit entre de grandes puissances, il en résulte une politique ombrageuse et tracassière le Directoire | voulait tout accaparer pour se fortifier contre ses ennemis ; et l'Autriche voyait dans ces empiétements un esprit d'usurpation intolérable. Aussi, malgré la marche pacifique des affaires au congrès de Rastadt, le recrutement était pressé avec activité dans États héréditaires, les régiments complétés les Russes s'avançaient vers l'Inn, sans précipiter une marche que les circonstances pouvaient encore rendre inutile.

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Le congrès de Rastadt cheminait dans cet intervalle vers l'accomplissement de sa tâche, sans faire attention que ses travaux étaient subordonnés à la tournure que prendraient les négociations particulières entre les grandes puissances. Les Français avaient obtenu presque tout ce qu'ils désiraient. La démolition d'Ehrenbreitstein souffrit bien quelques difficultés; mais la députation de l'Empire était trop portée à la paix pour ne pas y consentir moyennant la restitution et la démolition de Kehl. Le système de sécularisation présenté par Roberjeot (1) venait d'être adopté; enfin l'ultimatum des plénipotentiaires français pour la première base était admis, et tout semblait prendre une tournure satisfaisante, quand la nouvelle de la marche des Russes vers la Moravie, provoqua une note du gouvernement français, dans laquelle il déclara qu'il considérerait cette marche comme une déclaration de guerre si ces troupes franchissaient le territoire de l'Empire, et que les négociations seraient suspendues jusqu'à ce qu'on lui eût donné toute satisfaction à ce sujet. Cette note

(1) Depuis le départ de Bonaparte pour l'Égypte, et la nomination de Treilhard au Directoire, la députation

termina les opérations du congrès de Rastadt, qui dès lors n'exista plus que pour la forme, car la guerre de la seconde coalition venait déjà de s'allumer, par les hostilités de la Turquie et de Naples.

L'Angleterre triomphait de nouveau en voyant de toutes parts la foudre s'amonceler sur la France privée de ses plus habiles et de ses plus braves défenseurs. Cette fois, du moins, son cabinet n'avait pas eu besoin de profondes combinaisons pour lier une nouvelle coalition, et la folie du Directoire avait fait plus que tous les agents d'Albion, pour réunir des intérêts aussi opposés que ceux de la Russie, de la Porte et de l'Autriche. Toutefois, le ministère ne perdait aucune occasion de les animer contre la France; car il fit offrir au mois de novembre des subsides au cabinet de Vienne, qui les refusa, dit-on, pour ne pas nuire aux négociations entamées relativement à la cession d'une partie de l'Italie.

Les escadres anglaises, maîtresses de la Méditerranée depuis la victoire d'Aboukir, et résolues d'y former un établissement solide, venaient de s'emparer de l'ile de Minorque. L'ile de Gozzo était reprise par Nelson au nom du roi de Naples, et Malte, bloquée par mer, allait bientôt être investie par terre.

L'Angleterre ne chercha pas seulement au dehors les moyens d'étendre sa puissance, la réunion complète de l'Irlande, et la fusion du parlement de ce royaume dans celui de la GrandeBretagne, devaient servir d'acheminement à une réconciliation complète, à un amalgame des deux peuples, dont on se promettait un accroissement de force nationale.

Les moyens nécessaires pour remplacer les 5,000 hommes détachés aux Indes orientales, et préparer en outre une expédition capable d'arracher l'Égypte aux Français, devaient entraîner un surcroît de levées et dépenses. La marine, en multipliant ses stations et les conquêtes coloniales, exigeait également des sacrifices proportionnés. L'intérêt exorbitant de la dette publique augmentait chaque année par de nouveaux emprunts, malgré l'heureuse institution de l'amortissement. L'im

française était composée de Bonnier, de Roberjeot, et de Jean Debry.

pôt du dixième sur les revenus, substitué à quelques voies insuffisantes, ajouta une somme de 240 millions aux recettes de l'année précédente, en sorte que le budget fut aisément couvert.

Les débris de l'ordre de Malte réfugiés en Allemagne, venaient de déférer à l'empereur Paul la dignité de grand maître de cet ordre, en remplacement du baron de Hompesch, et les sentiments de ce prince, connus depuis longtemps, ne laissaient aucun doute sur le prix qu'il attacherait à ce titre. Les flottes russo-turques, arrivées à la fin | d'octobre dans l'Archipel, et précédées d'un appel de l'archevêque grec aux fidèles, soulevèrent les îles loniennes contre les Français, qui, confinés en petit nombre dans les remparts de Corfou, s'y virent bientôt attaqués par terre et par mer. Le cabinet de Madrid, fidèle à son alliance naturelle, mais fatigué des sacrifices qu'il croyait faire, bien plus aux caprices des chefs d'une république turbulente, qu'à l'intérêt réel de la France et de l'Espagne, se voyait de nouveau dans la nécessité de hasarder ses flottes sur l'Océan ou sur la Méditerranée. A la faiblesse de ses efforts, on eût dit qu'il suivait malgré lui l'affinité de ses intérêts politiques, et qu'il cherchait par son apathie à obtenir des droits à quelques ménagements de la part du cabinet de Saint-James. Résolution d'autant plus naturelle à Charles IV, que les traitements dont on accablait les rois de Naples et de Piémont, alliés de sa famille, lui laissaient quelques regrets des obligations qu'il s'était imposées à Saint-Ildefonse. Cependant, la force des événements l'entraînait; les dangers de l'équilibre maritime le décidaient à fournir du moins les contingents auxquels il s'était engagé, et les efforts de ses envoyés à Paris et à Vienne, pour empêcher de nouvelles hostilités, attestent d'ailleurs combien son cabinet apprécia les inconvénients qui en résulteraient pour la guerre maritime.

Le Portugal était enchaîné plus étroitement que jamais à la fortune britannique, et la victoire d'Aboukir était une garantie certaine qu'il resterait longtemps dans cette dépendance.

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La cour de Naples, placée au bord du volcan révolutionnaire depuis l'érection des États de l'Église en république, embrassa avec transport l'idée d'une nouvelle guerre continentale, qui, selon toute apparence, devait amener l'évacuation de l'Italie, et la débarrasser de l'anxiété perpétuelle dans laquelle elle vivait. Les assurances qu'elle recevait de la Russie et de l'Angleterre, la certitude d'être soutenue par l'Autriche, confirmèrent Acton et la reine dans l'idée que la puissance napolitaine ne devait pas seulement figurer comme auxiliaire, mais qu'elle pourrait jouer un rôle principal dans la nouvelle coalition.

En vain l'ambassadeur français, à qui aucune de ces démarches n'échappait, essaya de ramener le cabinet des Deux-Siciles : on lui répondit par des protestations, dont les formes devinrent plus tranchantes à mesure que les préparatifs de guerre approchaient de leur terme.

Ces préparatifs demandaient du temps et de longs efforts: car, bien que depuis 1782, l'armée napolitaine fût censée sur le pied de guerre, elle était loin de pouvoir entrer en campagne. Elle se composait alors d'environ 30,000 hommes de troupes de ligne, et 15,000 de milices (1). L'artillerie de cette armée, organisée par des officiers français,

16 régiments de cavalerie à 3 escadrons, 48 escadrons.

2 régiments d'artillerie, outre la garde noble. Les bataillons devaient être de 500 hommes, les régi ments de cavalerie de 350.

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