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militaire, sous le rapport des troupes et des forte- | jours de l'influence, feront tout pour la soumettre resses. Quant aux premières, elles sont peu de à l'Empereur au lieu qu'ils seront efficacement choses, même y compris les légions polonaises. bridés et surveillés, s'ils appartiennent à un gouVous ne les faites guère monter qu'à environ 6 à vernement central placé à Milan ou ailleurs, et 8,000 hommes en tout, dans une de vos dépêches. qui n'ait contre l'Empereur que des motifs de haine L'unique moyen de parer à cet inconvénient, est ou de crainte. La république italique, gagnant d'enseigner la guerre à des peuples qui passent outre cela à cette réunion une étendue considérable pour belliqueux; c'est d'entretenir chez eux des de côtes sur l'Adriatique, pourra concourir avec troupes françaises, à l'imitation de ce que le co- nous à balancer l'influence commerciale que l'Emmité de salut public a fait avec la Hollande. Il faut pereur acquerrait dans la Méditerranée et l'Ardonc porter le plus haut possible le nombre des chipel. Dans ce cas, et surtout dans celui où l'Emtroupes que vous pouvez laisser à la république pereur aurait la Dalmatie et l'Istrie, les îles du italique. golfe de Venise, celles de la Grèce qui lui appartiennent, et les villes vénitiennes en Albanie demeurcraient à la république cisalpine, ou seraient cédées à la France. Dans tous les cas, Corfou, Céphalonie, Zante et Cérigo, doivent rester à la république française.

Quant aux forteresses, cette république est dans un dénûment presque total, en vertu des préliminaires; tandis que l'Empereur a Palma-Nova, Peschiera, Mantoue, Porto-Legnago, et les châteaux de Vérone, d'Osopo et de Brescia. Ce danger est tel, qu'il devient indispensable d'aviser aux moyens de ne pas remettre à l'Empereur toutes ces places, et de faire passer l'une des trois propositions indiquées plus haut.

I importe également de s'opposer à ce que l'Empereur conserve Raguse, dont il s'est emparé contre toute espèce de droit. Il faudra, pour cet effet, qu'un article du traité définitif assure l'indéEn attendant, l'évacuation de toutes ces forte-pendance de cette petite république, et que l'Emresses ainsi que de toute la gauche de l'Oglio et du pereur s'en dessaisisse tout de suite. Pô, qui est promise à l'Empereur, doit être retardée le plus possible. Il est dit dans les instructions du 17 floréal, que cette évacuation sera subordonnée à celle que fera l'Empereur, du territoire jusqu'au Lech et la Rednitz, et des places de Manheim, Mayence et Ehrenbreitstein. Le Directoire confirme cette condition capitale, et désire en outre que les troupes de la république n'évacuent l'Italie qu'après la paix continentale. C'est d'après cette détermination, que vous demanderez le plus longtemps possible pour cette évacuation.

Si, comme il est à désirer, Venise ne sert pas d'échange contre Mantoue, ainsi qu'il est dit dans les instructions du 15 prairial, et que nous obtenions la droite de l'Adige ou toute la terre ferme contre des dédommagements en Allemagne, cette ville peut subsister par elle-même sous la forme de république démocratique en conservant sa terre ferme et ses îles, ou être réunie à la république cisalpine. Ce dernier parti paraît le plus avantageux. Si Venise demeure indépendante, les anciens oligarques, qui n'aiment ni la France ni les principes de liberté, et qui conserveront tou

Après avoir parcouru les articles relatifs à l'Italie, je passe à ceux qui concernent l'Allemagne. L'Empereur traite avec la république comme roi de Hongrie et de Bohême, et en sa qualité d'empereur d'Allemagne. Sous le premier de ces rapports, il doit céder tout ce qui lui appartient sur la rive gauche du Rhin. Cette cession emporte le comté de Falckenstein, le Frickthal, et les terres et droits que la maison d'Autriche possède sur la rive gauche du Rhin au-dessus de Bâle. Le Directoire s'en réfère à cet égard aux diverses instructions données au général Clarke : notamment celles des 3 et 30 floréal, par lesquelles il demande en outre les îles du Rhin dépendantes du Brisgaw, et le Vieux-Brisach.

Comme chef de l'empire germanique, l'Empereur doit d'abord consentir à ce que tout le territoire cédé ou à céder à la république française sur la gauche du Rhin, soit à perpétuité soustrait à la suprématie de l'Empire. Il est absurde que, sous le prétexte du maintien de l'intégrité de l'Empire, on veuille attaquer les droits de la république sur Liége, Stavelot et Malmédy; comme si

cette intégrité n'était pas une chimère, après les atteintes qui lui ont été portées par tous les traités déjà conclus avec des princes allemands, et par la reconnaissance que l'Empereur lui-même a solennellement faite des limites de la république française, fixées par la constitution et les lois de la république. Vous penserez donc qu'il faut hautement exiger ce point, et ne permettre aucune tergiversation ni réserve. L'Empereur doit renoncer également à tous droits de suzeraineté, prétendus et souvent exercés par l'Empereur et l'Empire sur différents États d'Italie; et consentir à ce que les fiefs dits impériaux, dans l'État de Gênes, soient remis à la république pour en disposer.

en Souabe. L'Empereur doit être plus flatté d'établir sa maison en Allemagne qu'en Italie: il ne peut se dissimuler que cet établissement sera plus solide; et que, s'il consent de bonne grâce à se dessaisir du Brisgaw, le dédommagement du duc de Modène pourrait en être plus considérable.

Au reste, le Directoire désire que, dans ce que je vous écris ici, vous ne voyiez que diverses combinaisons plus ou moins favorables à la république, dans lesquelles vous chercherez des directions et non des ordres : il a une entière confiance en vous, et se repose sur votre sagesse,

comme

sur votre gloire. Votre énergique réponse du 10 thermidor aux cinq notes des ministres de l'Em

Le Directoire ignore le montant des dettes hy-pereur, lui prouverait seule, s'il en était besoin, pothéquées sur la Belgique: il faut faire tous vos combien est fondée cette confiance. efforts pour le connaître, et rejeter, si le contraire n'est pas solennellement convenu, toutes celles contractées pendant la guerre.

Restent les dédommagements à fixer au stathouder et au duc de Modène. L'un et l'autre doivent le trouver sur la droite du Rhin, et aux dépens de biens ecclésiastiques. C'est le principe auquel vous travaillerez à faire consentir l'Empe

reur.

Le duc de Modène ne peut plus prétendre à la Romagne qui lui avait d'abord été adjugée, depuis que celle-ci est actuellement réunie à la république italique. Comme il est presque convenu que l'Empereur cédera le Brisgaw, cet objet ne paraît pas devoir souffrir de contestation.

Quant au stathouder, vous êtes instruit par une lettre de mon prédécesseur, du 15 prairial passé,

que

le Directoire verrait avec plaisir le roi d'Angleterre expulsé de l'Allemagne; et le Hanovre servirait d'indemnité à ce prince. Mais, outre que cette mesure souffrirait de grandes difficultés de la part de l'Empereur, elle aurait l'inconvénient d'approcher trop le stathouder de la république batave.

Il serait très à souhaiter que l'Empereur consentit à transporter au stathouder le Brisgaw autrichien. Le moyen le plus efficace pour lui faire goûter ce projet, est de séculariser, en faveur du duc de Modène, quelque principauté ecclésiastique, reversible à l'archiduc Ferdinand, oncle de l'Empereur. Cette principauté pourrait se trouver

Il consent donc que vous négociez sur la base des préliminaires de Léoben, mais avec précaution; et seulement autant que, sur chaque point bien médité, il vous sera prouvé qu'il ne sera pas possible d'obtenir mieux.

Dans le cas où il serait accordé à l'Empereur tout ce que les préliminaires lui donnent en Italie, vous sentez sûrement l'utilité de ne lui donner aucun dédommagement en Allemagne, et de le faire renoncer aux prétentions qu'il pourrait avoir sur la Bavière et sur quelques-unes des nouvelles sécularisations.

Enfin, le Directoire vous demande d'avoir sans cesse présente à l'esprit la nécessité d'affermir la république italique; l'avantage de repousser le plus possible l'Empereur en Allemagne, de vous assurer son influence pour la négociation avec l'Empire; de ne pas laisser Mantoue à sa disposition; d'écarter aussi, dans les circonstances, toute idée de congrès. Les motifs de tels vœux doivent être vivement sentis par vous: mais, encore une fois, ils sont des avertissements, et rien autre chose.

La Dalmatie et l'Istrie vénitiennes devant, suivant toute apparence, rester à l'Empereur et amener de nouvelles relations commerciales, vous arrêterez, dans un article, qu'il sera fait un traité de commerce, par lequel la France jouira des avantages des nations les plus favorisées. Les détails en seront renvoyés à l'époque même de ce traité.

Vous demanderez avec force, et vous saurez

l'obtenir, la liberté de toutes personnes détenues | le-champ au Directoire : il en a reçu la même impression, et il désire que je vous la transmette. Je ne doute pas que les dispositions plus rapprochées qu'annonce le baron Thugut dans la lettre que je vous ai déjà envoyée, ne soient à beaucoup d'égards le résultat de votre réponse. Votre fermeté en a sans doute imposé à ses prétentions: vous saurez, au reste, apprécier son nouveau lan

J'adresse aujourd'hui, à vous et au général Clarke, une lettre dont le Directoire désire que le contenu soit présent à votre esprit pendant la négociation. Je vous le répète : ce ne sont que des vues dont vous tirerez le meilleur parti possible, et nullement des entraves.

pour cause d'opinions politiques, et victimes de
leur amour pour les Français et pour la liberté.
Enfin, vous exigerez, comme réparation et in-
demnité pour les citoyens Maret et Sémonville,
ambassadeurs de la république française, enlevés à
main armée sur un territoire neutre, en 1793, par
ordre de l'archiduc Ferdinand; pillés, chargés de
liens, conduits à travers l'Allemagne de cachots engage.
cachots; et, par la violation la plus révoltante du
droit des gens, détenus en prison pendant 30 mois,
eux et leur suite; vous exigerez, dis-je, la somme
de 354,440 livres, à laquelle furent fixées, par or-
dre du Directoire, le 23 floréal an iv, non les répa-
rations, mais les indemnités seules qu'ils avaient
le droit de réclamer. De plus, pour la citoyenne
Mongeroult, veuve du citoyen Mongeroult, ci-de-
vant maréchal de camp, lequel, chargé d'une mis-
sion extraordinaire à la cour de Naples, fut arrêté
par ordre du même archiduc, et a péri dans les
cachots de Mantoue, après avoir été indignement
pillé, la somme de 50,000 livres. Et enfin, pour
la famille de Lamarre, secrétaire de légation à
Constantinople, et de Tacistro, ingénieur-inter-
prète attaché à cette résidence, l'un et l'autre ar-
rêtés par
la même autorité et morts en prison, une
indemnité que vous déterminerez.

Cette lettre n'annule en rien les instructions passées, en ce qui n'y serait pas directement contraire. Du reste, elle ne gêne aucune de vos combinaisons, et vous laisse parfaitement les maîtres d'agir suivant votre prudence.

Signé: CH.-MAUR. TALLEYRAND.

SUITE.

Paris, le 2 fructidor an v.(19 août).
Au Général en chef.

J'ai reçu avant-hier, 30 fructidor, citoyen général, avec la lettre que vous m'avez adressée, votre réponse aux cinq notes des ministres de l'Empereur. Je l'ai trouvée, comme tout ce qui vient de vous, énergique, noble, précise et lumineuse. C'est ainsi qu'il convient à Bonaparte de parler; c'est ainsi que vous savez, même par vos écrits, faire respecter la république. Je l'ai communiquée sur

En résultat, le Directoire vous laisse un champ libre pour la paix : elle est d'ailleurs, dans les vœux de tous les Français; et, faite par vous, elle excitera leur enthousiasme.

Je ne saurais trop vous dire, citoyen général, à quel point mon amour du bien public se confond avec ma confiance dans vos lumières, mon respect pour votre gloire, et mon attachement pour votre personne.

Signé: CH.-MAUR. TALLEYRAND.

N° 3.

Traité de paix définitif, conclu entre la république française et l'Empereur, roi de Hongrie et de Bohême.

Sa Majesté, l'empereur des Romains, roi de Hongrie et de Bohême et la république française, voulant consolider la paix, dont les bases ont été posées par les préliminaires, signés au château d'Eckenwald près de Léoben en Styrie, le 18 avril 1797 (29 germinal, an v de la république française une et indivisible), ont nommé pour leurs plénipotentiaires; savoir: S. M. l'Empereur et roi, le sieur D. Martius Mastrilly, noble patricien napolitain, marquis de Gallo, chevalier de l'ordre royal de Saint-Janvier, gentilhomme de la chambre de S. M. le roi des Deux-Siciles, et son ambassadeur extraordinaire à la cour de Vienne; le sieur Louis, comte du saint-empire romain, de Cobentzel, grand'croix de l'ordre royal de Saint-Étienne,

chambellan, conseiller d'État intime actuel de Sadite Majesté Impériale et Royale Apostolique, et son ambassadeur extraordinaire près de S. M. Imp. de toutes les Russies; le sieur Maximilien comte de Meerfeld, chevalier de l'ordre Teutonique et de l'ordre militaire de Marie-Thérèse, chambellan et général-major de cavalerie dans les armées de Sadite Majesté l'Empereur et roi; et le sieur Ignace, baron de Degelmann, ministre plénipotentiaire de Sadite Majesté près la république helvétique : et la république française, Bonaparte, général en chef de l'armée française en Italie; lesquels, après l'échange de leurs pleins pouvoirs respectifs, ont arrêté les articles suivants :

ARTICLE PREMIER.

Il y aura, à l'avenir et pour toujours, une paix solide et inviolable entre S. M. l'Empereur, roi des Romains, roi de Hongrie et de Bohème, ses héritiers et successeurs, et la république française. Les parties contractantes apporteront la plus grande attention à maintenir entre elles et leurs États une parfaite intelligence, sans permettre dorénavant que de part et d'autre on commette aucune sorte d'hostilité par terre ou par mer, pour quelque cause ou sous quelque prétexte que ce puisse être : et on évitera soigneusement tout ce qui pourra altérer à l'avenir l'union heureusement établie. Il ne sera donné aucun secours ou protection, soit directement, soit indirectement, à ceux qui voudraient porter quelque préjudice à l'une ou à l'autres des parties contractantes.

ARTICLE 11.

Aussitôt après l'échange des ratifications du présent traité, les parties contractantes feront lever tous séquestres mis sur les biens, droits et revenus des particuliers, résidant sur les territoires respectifs et les pays qui y sont réunis, ainsi que des établisements publics qui y sont situés. Elles s'obligent à acquitter tout ce qu'elles peuvent devoir pour fonds à elles prêtés par lesdits particuliers et établissements publics; et à payer ou rembourser toutes rentes constituées à leur profit sur chacune d'elles.

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La république française consent à ce que S. M. l'Empereur et roi possède en toute souveraineté et propriété, les Pays-Bas ci-dessous désignés; savoir l'Istrie, la Dalmatie, les îles ci-devant vénitiennes de l'Adriatique, les Bouches du Cattaro, la ville de Venise, les Lagunes et les pays compris entre les États héréditaires de Sa Majesté Le présent article est déclaré commun à la ré- l'Empereur et roi, la mer Adriatique ; et une ligne publique cisalpine. qui partira du Tyrol, suivra le torrent en avant de

à cause de la guerre qui a eu lieu entre S. M. I. et R. et la république française, sans qu'à cet égard ils puissent être inquiétés dans leurs biens ou personnes. Ceux qui à l'avenir voudront cesser d'habiter lesdits pays, seront tenus d'en faire la déclaration, trois mois après la publication du traité de paix définitif. Ils auront le terme de trois ans pour vendre leurs biens, meubles et immeubles, ou en disposer à leur volonté.

Gardola, traversera le lac de Garda jusqu'à Lacise; | habitants et propriétaires quelconques mainlevée de là, une ligne militaire jusqu'à San-Giacomo, du séquestre mis sur les biens, effets ou revenus, offrant un avantage égal aux deux parties; laquelle sera désignée par des officiers du génie, nommés de part et d'autre, avant l'échange des ratifications du présent traité. La ligne de limite passera ensuite l'Adige à San-Giacomo, suivra la rive gauche de cette rivière jusqu'à l'embouchure du CanalBlanc, y compris la partie de Porto-Legnago qui se trouve sur la rive droite de l'Adige, avec l'arrondissement d'un rayon de trois mille toises. La ligne se continuera par la rive gauche du CanalBlanc, la rive gauche du Tartaro, la rive gauche du canal dit la Polisella, jusqu'à son embouchure dans le Pô, et la rive gauche du grand Pô jusqu'à la mer.

ARTICLE X.

Les pays cédés, acquis ou échangés par le présent traité, porteront à ceux auxquels ils demeureront, les dettes hypothéquées sur leur sol.

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S. M. l'Empereur, roi de Hongrie et de Bohême, reconnaît la république cisalpine comme puissance indépendante. Cette république comprend la cidevant Lombardie autrichienne, le Bergamase, le Bressan, le Crémasc, la ville et forteresse de Mantoue, le Mantouan, Peschiera, la partie des États ci-devant vénitiens, à l'ouest et au sud de la ligne désignée dans l'article 6, pour la frontière des États de S. M. l'Empereur en Italie; le Modénois, la principauté de Massa et de Carrara, et les trois légations de Bologne, Ferrare et la Romagne.

ARTICLE IX.

Dans tous les pays cédés, acquis ou échangés par le présent traité, il sera accordé à tous les

TOME III.

Toutes ventes ou aliénations faites, tous engagements contractés, soit par les villes ou par le gouvernement, ou autorités civiles et administratives des pays ci-devant vénitiens, pour l'entretien des armées allemandes et françaises, jusqu'à la date de la signature du présent traité, seront confirmés et regardés comme valides.

ARTICLE XIII.

Les titres domaniaux et archives des différents pays cédés ou échangés par le présent traité, seront remis, dans l'espace de trois mois à dater de l'échange des ratifications, aux puissances qui en auront acquis la propriété. Les plans et cartes des forteresses, villes et pays que les puissances con

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