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Quant aux établissements du Sénégal, beaucoup | Repnin, pour entraîner la Prusse dans une guerre plus coûteux qu'utiles depuis l'abolition de la traite des nègres, ils avaient été à peu près abandonnés. Ainsi, toutes ces colonies qui, avant la révolution, étaient la source d'immenses richesses, se trouvaient en quelque sorte perdues, et ne pouvaient être comptés que dans un avenir éloigné, au nombre des possessions productives de l'État.

Telle était la situation coloniale de la France au moment où se trama une nouvelle coalition. Pour compléter le tableau de cette campagne, nous devrions rapporter à nos lecteurs les exactions de Rapinat en Suisse; la lutte qui s'éleva entre lui et le directoire helvétique ; les événements du mois de septembre, où Schaumbourg brûla Stanz et massacra 5 à 600 républicains d'Unterwald pour leur arracher un serment de fidélité à une constitution qu'ils abhorraient.

Il serait indispensable de parler aussi de l'intérêt que la Russie, garante du traité de Teschen, avait à s'opposer au démembrement de l'empire germanique préparé à Rastadt; des efforts du prince

contre la France; de la sage modération et de la fermeté que Frédéric-Guillaume lui opposa. Enfin, après avoir soulevé le voile qui couvre le voyage du comte de Cobentzel à Berlin et Pétersbourg, en vue de régler la part que l'Autriche pourrait prendre à de nouvelles hostilités contre la république, au cas qu'elle ne rétablît pas les choses sur le pied du traité de Campo-Formio, nous aurions à décrire la bizarre agression du roi de Naples, et la conquête de sa capitale. Mais ces aperçus des causes de la seconde coalition appartiennent aux chapitres consacrés à retracer cette nouvelle guerre; on nous permettra donc d'interrompre le fil chronologique des événements, et de suspendre un instant le récit de tant de scènes decarnage, glorieuses, à la vérité, pour les armées françaises, mais dans lesquelles on n'entrevoit pas le moindre résultat avantageux, ni pour une liberté raisonnable, ni pour la stabilité de l'Europe, bien moins encore pour le libre parcours des mers.

PIÈCES JUSTIFICATIVES

DES LIVRES XII ET XIII.

SECONDE PÉRIODE DE 1797.

No 1.

sieurs tiennent beaucoup à l'étiquette; ils voulaient toujours mettre l'Empereur avant la république, et

Pièces relatives aux préliminaires de Leoben. je l'ai refusé net.

Au quartier général de Léoben, le 27 germinal an v. ( 16 avril 1797).

Le général Bonaparte au Directoire exécutif.

Le général Meerfeld est venu me trouver à Léoben, le 24, à 9 heures du matin après avoir pris connaissance de son plein-pouvoir pour traiter de la paix, nous sommes convenus d'une prolongation de suspension d'armes jusqu'au 20 avril au soir (8 floréal prochain). Ces pleins-pouvoirs étaient pour lui et pour M. le marquis de Gallo, ministre de Naples à Vienne : j'ai refusé d'abord de l'admettre comme plénipotentiaire de l'Empereur, étant, à mes yeux, revêtu de la qualité d'ambassadeur d'une puissance amie, qui se trouve incompatible avec l'autre. M. Gallo est arrivé lui-même le 25. Je n'ai pas cru devoir insister dans cette opposition, parce que cela aurait apporté beaucoup de lenteurs, et parce qu'il paraît revêtu d'une grande confiance de l'Empereur : enfin, parce que les Autrichiens et les Hongrois sont très-irrités de voir les étrangers jouer le principal rôle dans une affaire aussi importante; et que, si nous rompons, ce sera un moyen très-considérable d'exciter le mécontentement contre le gouvernement de Vienne. La première opération dont il a été question, a été une promesse réciproque de ne rien divulguer de ce qui serait dit on l'avait rédigée; mais ces mes

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Nous sommes à l'article de la reconnaissance. Je leur ait dit que la république française ne voulait point être reconnue; elle est en Europe ce qu'est le soleil sur l'horizon : tant pis pour qui ne veut pas la voir et ne veut pas en profiter.

Ils m'ont dit que, quand même les négociations se rompraient, l'Empereur, dès aujourd'hui, reconnaissait la république française, à condition que celle-ci conserverait à S. M. l'Empereur la même étiquette que ci-devant le roi de France. Je leur ai répondu que, comme nous étions fort indifférents sur tout ce qui est étiquette, nous ne serions pas éloignés d'adopter cet article. Nous avons après cela beaucoup parlé dans tous les sens et de toutes les manières.

Le 26, M. Gallo est venu chez moi à 8 heures du matin : il m'a dit qu'il désirait neutraliser un endroit où nous pussions continuer nos conférences en règle. On a choisi un jardin, au milieu duquel est un pavillon ; nous l'avons déclaré neutre, farce à laquelle j'ai bien voulu me prêter, pour ménager la puérile vanité de ces gens-ci. Ce prétendu point neutre est environné de tous côtés par l'armée française, et au milieu des bivouacs de nos divisions : cela eût été fort juste et fort bon, s'il se fût trouvé au milieu des deux armées. Arrivés dans la campagne neutre, l'on a entamé les négociations. Voici ce qui en est résulté:

1° La cession de la Belgique, et la reconnais

sance des limites de la république française, con- | que le Milanais, formeraient une république : Moformément au décret de la convention; mais ils dène, Bologne, Ferrare, la Romagne, formeraient demandent des compensations qu'ils veulent néces- une république.

sairement en Italie;

ARTICLE VI.

2° Ils demandent la restitution du Milanais; de sorte qu'ils auraient voulu, en conséquence de ce premier article, le Milanais et une portion quelconque des États de Venise ou des légations: si pendante, ainsi que l'Archipel. j'eusse voulu consentir à cette proposition, ils avaient le pouvoir de signer sur-le-champ. Cet arrangement ne m'a pas paru possible.

La ville de Venise continuerait à rester indé

S. M. l'Empereur a déclaré ne vouloir aucune compensation en Allemagne. Je leur ai offert, pour le premier article, la restitution du Milanais et de la Lombardie, ils n'ont pas voulu de sorte que nous avons fini par trois projets qu'ils ont expédiés, par un courrier extraordinaire, à Vienne, et dont ils auront la réponse dans deux jours.

PREMIER PROJET.

ARTICLE PREMIER.

La cession de la Belgique, les limites constitutionnelles de France.

DEUXIÈME PROJET.

Les articles 1 et 2 sont les mêmes que les cédents.

ARTICLE 111.

pré

L'évacuation du Milanais et de la Lombardie.
TROISIÈME PROJET.

Les deux premiers articles comme dans les précédents.

ARTICLE 111.

La renonciation par S. M. l'Empereur de tous ses droits au Milanais et à la Lombardie.

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A la paix avec l'Empire, l'on fixera tout ce qui est relatif au pays qu'occupe la France jusqu'au

Rhin.

ARTICLE UI.

Les deux puissances s'arrangeront ensemble pour donner à l'Empereur tous les pays du territoire vénitien compris entre le Mincio, le Pô et les États

d'Autriche.

ARTICLE IV.

La France s'engagerait à donner à S. M. l'Empereur des compensations proportionnées au Milanais et au duché de Modène, qui seront l'objet d'une négociation, et dont il devrait être en possession au plus tard dans trois mois.

Si l'un de ces trois projets est accepté à Vienne, les préliminaires de la paix se trouveraient signés le 20 avril (8 floréal); sans quoi, vu que les armées du Rhin n'ont fait encore aucun mouvement, je leur proposerais un armistice pur et simple pour les trois armées, et pour trois mois, pendant lesquels on ouvrira des négociations de paix. Pendant ce temps, on fortifierait Clagenfurth et Gratz; on

On donnera au duc de Modène le pays de Bres- ferait venir toutes les munitions de guerre de ce cia, compris entre l'Oglio et le Mincio.

ARTICLE V.

Le Borgamasc et tous les pays des États de Venise, compris entre l'Oglio et le Milanais, ainsi

côté-ci; l'armée s'organiserait parfaitement, et vous auriez le temps d'y faire passer 40,000 hommes de l'armée du Rhin: moyennant quoi vous auriez une armée extrêmement considérable, dont la seule vue obligerait l'Empereur à faire de plus grands sacrifices.

Si rien de tout cela n'est accepté, nous nous battrons; et si l'armée de Sambre-et-Meuse s'est mise en marche le 29, elle pourrait, dans les premiers jours du mois prochain, avoir frappé de grands coups et se trouver sur la Reidnitz. Les meilleurs généraux et les meilleures troupes sont devant moi. Quand on a bonne volonté d'entrer en campagne, il n'y a rien qui arrête; et jamais, depuis que l'histoire nous retrace des opérations militaires, une rivière n'a pu être un obstacle réel. Moreau veut passer le Rhin, il le passera : et, s'il l'avait passé, nous serions dans un état à pouvoir dicter les conditions de la paix d'une manière impéricuse et sans courir aucun risque; mais, qui craint de perdre sa gloire, est sûr de la perdre. J'ai passé les Alpes Juliennes et les Alpes Noriques sur trois pieds de glace : j'ai fait passer mon artillerie des chemins où jamais chariot n'avait passé, et tout le monde croyait la chose impossible. Si je n'eusse vu que la tranquillité de l'armée et mon intérêt particulier, je me serais arrêté au delà de l'Isonzo. Je me suis précipité dans l'Allemagne pour dégager les armées du Rhin, et empêcher l'ennemi d'y prendre l'offensive. Je suis aux portes de Vienne; et cette cour insolente et orgueilleuse a ses plénipotentiaires à mon quartier générat. Il faut que les armées du Rhin n'aient point de sang dans les veines si elles me laissent seul, alors je m'en retournerai en Italie. L'Europe entière jugera la différence de conduite des deux armées. Elles auront ensuite sur le corps toutes les forces de l'Empereur; elles en seront accablées, et ce sera leur faute.

par

BONAPARTE.

Au quartier général à Léoben, le 30 germinal an v (19 avril 1797).

Au Directoire exécutif.

Je vous ai expédié par l'adjudant général Leclerc, plusieurs projets d'arrangements qui avaient été envoyés à Vienne, et sur lesquels les plénipotentiaires attendaient des instructions. M. de Vincent, aide de camp de S. M. l'Empereur, est arrivé sur ces entrefaites; les plénipotentiaires sont venus chez moi pour reprendre le cours des négociations. Après deux jours, nous sommes convenus,

TOME HI.

et nous avons signé les préliminaires de la paix, dont vous trouverez ci-joint les articles.

Tout ce qui a été déclaré département par la loi de la convention, restera à la république.

La république lombarde se trouve non-sculement confirmée, mais encore accrue de tout le Bergamasc et de tout le Crémasc, qui lui sont déjà réunis dans ce moment par l'insurrection de ces deux pays. La partie du Mantouan qui est sur la rive droite de l'Oglio et du Pô, s'y trouve également incorporée : le duché de Modène et de Reggio, qui par la principauté de Massa et de Carrara, touche à la Méditerranée, et par la partie du Mantouan touche au Pô et au Milanais, s'y trouve également compris. Nous aurons donc, dans le cœur de l'Italie, une république avec laquelle nous communiquerons par les États de Gênes et par la mer : ce qui nous donnera, dans toutes les guerres futures en Italie, une correspondance assurée. Le roi de Sardaigne se trouve désormais être entièrement à notre disposition.

La place de Pizzighitone, qui est aujourd'hui véritablement plus forte que Mantoue; la place de Bergame et celle de Crema que l'on rétablira, garantiront la nouvelle république contre les incursions de l'Empereur, et nous donneront toujours le temps d'y arriver. Du côté de Modène, il y a également plusieurs positions faciles à fortifier, et pour lesquelles on emploiera une partie de l'immense artillerie que nous avons dans ce moment en Italie. Quant à la renonciation de nos droits sur les provinces de Bologne, Ferrare et sur la Romagne, en échange des États de Venise, elles restent toujours. en notre pouvoir. Lorsque l'Empereur et nous, de concert, nous aurons réussi à faire consentir le sénat à cet échange, il est évident que la républi de Venise se trouvera influencée par la république lombarde, et à notre disposition. Si cet échange ne s'effectue pas, et que l'Empereur entre en possession d'une partie des États de Venise, sans que le sénat veuille reprendre une compensation qui est inconvenante et insuffisante, les trois légations restent toujours en notre pouvoir, et nous réunirons Bologne et Ferrare à la république lombarde. Le gouvernement de Venise est le plus absurde et le plus tyrannique des gouvernements : il est, d'ailleurs, hors de doute qu'il voulait profiter du

que

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moment où nous étions dans le cœur de l'Allema- | au général Clarke, qui, chargé plus spécialement de vos instructions dans un objet aussi essentiel, s'en serait mieux acquitté que moi; mais, lorsque, après dix jours, j'ai vu qu'il n'était pas arrivé, et que le moment commençait à passer, j'ai dû laisser tout scrupule, et j'ai signé. Vous m'avez donné plein pouvoir sur toutes les opérations diplomatiques; et, dans la position des choses, les préliminaires de la paix, même avec l'Empereur, sont devenus une opération militaire. Cela sera un monument de la gloire de la république Française, et un présage infaillible qu'elle peut, en deux campagnes, soumettre le continent de l'Europe, si elle organise ses armées avec force, et surtout l'arme de la cavalerie.

gne pour nous assassiner. Notre république n'a pas
d'ennemis plus acharnés. Son influence se trouve
considérablement diminuée, et cela est tout à notre
avantage: cela d'ailleurs lie l'Empereur à la France,
et obligera ce prince, pendant les premiers temps
de notre paix, à faire tout ce qui pourra nous être
agréable. Cet intérêt commun que nous avons avec
l'Empereur, nous remet la balance en main: nous
nous trouvons par là placés entre la Prusse et la
maison d'Autriche, ayant des intérêts majeurs à ar-
ranger avec l'une et l'autre. D'ailleurs, nous ne
devons pas nous dissimuler que, quoique notre
position militaire soit brillante, nous n'avons point
dicté les conditions. La cour avait évacué Vienne:
le prince Charles et son armée se repliaient sur
celle du Rhin; le peuple de la Hongrie et de toutes
les parties des États héréditaires, se levait en masse ;
et même, dans ce moment-ci, leur tête est déjà
sur nos flancs. Le Rhin n'est pas passé : l'Empereur
n'attendait que ce moment pour quitter Vienne,
et se porter à la tête de son armée. S'ils eussent
fait la bêtise de m'attendre, je les aurais battus;
mais ils se seraient toujours repliés devant nous
se seraient réunis à une partie de leurs forces du
Rhin, et m'auraient accablé. Alors la retraite de-
venait difficile, et la perte de l'armée d'Italie pou-
vait entraîner celle de la république : aussi, étais-
je bien résolu à essayer de lever une contribution
dans les faubourgs de Vienne, et à ne plus faire un
pas. Je me trouve ne pas avoir 4,000 hommes de
cavalerie; et, au lieu de 40,000 d'infanterie que
je vous avais demandés, il n'en est pas arrivé 20,000.

Si je me fusse, au commencement de la campagne, obstiné à aller à Turin, je n'aurais jamais passé le Pò; si je m'étais obstiné à aller à Rome, j'aurais perdu Milan; si je m'étais obstiné à aller à Vienne, peut-être aurais-je perdu la république. Le vrai plan de campagne pour détruire l'Empereur, était celui que j'ai fait; mais avec 6,000 hommes de cavalerie et 20,000 hommes de plus d'infanterie; ou bien si, avec les forces que j'avais, on eût passé le Rhin dans le temps que je passais le Tagliamento, comme je l'avais pensé, puisque deux courriers de suite m'ont ordonné d'ouvrir la campagne. Dès l'instant que j'ai prévu que les négociations s'ouvraient sérieusement, j'ai expédié un courrier

Je n'ai pas, en Allemagne, levé une seule contribution, il n'y a pas eu une seule plainte contre nous. J'agirai de même en évacuant; et, sans être prophète, je sens que le temps viendra où nous tirerons parti de cette sage conduite: elle germera dans toute la Hongrie, et sera plus fatale au trône de Vienne, que les victoires qui ont illustré la guerre de la liberté.

passer vos

D'ici à trois jours je vous enverrai la ratification de l'Empereur : je placerai alors mon armée dans tout le pays vénitien, où je la nourrirai et entretiendrai jusqu'à ce que vous m'ayez fait ordres. Quant à moi, je vous demande du repos. J'ai justifié la confiance dont vous m'avez investi : je me suis toujours considéré pour rien dans toutes mes opérations; et je me suis lancé aujourd'hui sur Vienne, ayant acquis plus de gloire qu'il n'en faut pour être heureux, et ayant derrière moi les superbes plaines de l'Italie, comme j'avais fait au commencement de la campagne dernière, en cherchant du pain pour l'armée que la république ne pouvait plus nourrir.

La calomnie s'efforcera en vain de me prêter des intentions perfides : ma carrière civile sera, comme ma carrière militaire, une et simple. Cependant, vous devez sentir que je dois sortir de l'Italie; et je vous demande avec instance de renvoyer, avec la ratification des préliminaires de paix, des ordres sur la première direction à donner aux affaires d'Italie, et un congé pour me rendre en France.

BONAPARTE.

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