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de concentrer les pouvoirs, et de mettre à la tête de la ligue helvétique un chef capable de donner une impulsion vigoureuse à la défense commune, ils se contentèrent de renouveler le pacte fédéral, et de régler les contingents à fournir par chacun. Encore l'influence du parti novateur était si grande que chaque député, en signant le traité, cherchait déjà les moyens d'en éluder les conditions.

premiers sujets; et les mécontents se plaignirent. que les réformes devinssent illusoires, par le retard qu'on apportait à leur exécution. Ainsi, au lieu de rien concilier, les opérations des députés occasionnèrent de nouveaux désordres, symptômes manifestes d'une guerre civile. Dans quelques districts, les paysans réclamèrent à main armée le maintien de leurs institutions. En Argovie, à ZuLa présence de la diète n'avait pas imposé rich, à Bâle, à Schaffhouse, ils méprisèrent les aux mécontents de l'Argovie. Arau était devenu le concessions et refusèrent leurs contingents. A Bâle, centre d'activité de leurs manœuvres. A peine l'as- surtout, la bourgeoisie ne garda plus de mesure : semblée fut-elle dissoute, que cette ville se déclara la régence fut cassée, l'égalité proclamée; et cette en insurrection, et que Zoffingen, Bruck, Lenz-ville menaça de se séparer de la confédération bourg imitèrent son exemple.

helvétique.

Le sénat de Berne avait communiqué au Directoire le plan de réforme résolu par le décret du 3 février; mais, loin d'être désarmé par tant de soumission, celui-ci lui signifia par Mengaud que la république française se lassait d'éprouver tant de résistance à l'exécution de la volonté générale. Il exigea, outre la suppression immédiate de toute espèce d'autorité, l'établissement d'une commission provisoire de gouvernement, dont les anciens membres des conseils seraient exclus. Ces propo

Ces mouvements furent d'abord réprimés par l'arrivée de quelques bataillons : mais les mêmes dispositions éclatant à la fois à Fribourg, à Soleure, à Schaffausen, dans le bas Valais, le sénat de Berne se flatta de calmer l'agitation et de satisfaire le gouvernement français, en accordant quelques concessions au parti démocratique. Il statua, en conséquence, que les villes et les campagnes nommeraient des députés pour aviser de concert aux changements commandés par les circonstances. Les nouveaux élus, au nombre de 52, furent réu-sitions, jointes à l'entrée des Français à Bienne, dénis, le 2 février, au grand conseil. D'accord avec le gouvernement bernois, bien qu'il annonçât la ferme résolution de repousser toute influence étrangère dans ses arrangements intérieurs, s'empressa de proclamer l'égalité politique des citoyens, et de promettre des changements aux institutions existantes. Une commission fut nommée pour rédiger le nouvel acte constitutionnel; mais les fauteurs de l'oligarchie, qui ne se soumettaient qu'à regret à ces innovations, dans l'espoir que de nouveaux incidents viendraient les annuler, firent fixer à un an le terme où le travail de la commission serait présenté.

eux,

Prises de bonne foi, ces mesures auraient pu tout calmer; mais les deux partis se méfiaient trop l'un de l'autre pour que cela se passât paisiblement; d'ailleurs, la France visait à un résultat bien différent. Dans le fait, celui-ci ne satisfit personne; c'était trop pour les uns, et trop peu pour les autres les partisans du régime aboli prétendirent que les magistrats n'avaient aucun droit de détruire un gouvernement dont ils n'étaient que les

concertèrent la politique des Bernois : ils sentirent qu'il fallait se préparer à la guerre, ou rentrer dans la classe de simples citoyens. Leur choix ne pouvait être douteux : bien différents des patriciens de Venise et de Gênes, ils n'étaient point dégénérés jusqu'à oublier la gloire de leurs ancêtres; et tout en défendant d'injustes priviléges, ils sentirent qu'ils avaient à soutenir l'honneur du nom suisse, rejetèrent d'une voix unanime cette transaction, et votèrent, au contraire, les mesures nécessaires pour résister. L'établissement d'une commission de haute police, chargée de rechercher et punir les fauteurs du système de réforme, d'étouffer les réclamations des corporations, de dissiper les rassemblements, d'imposer silence à tous les mécontents, fut suivie de préparatifs plus sérieux. Bientôt après, le sénat décréta une levée en masse; et il espéra, à la faveur des souvenirs de Laupen, de Morat et de Granson, réussir à faire prendre les armes contre les Français.

Cependant, pour tenter encore la voie d'un accommodement, le jour même où le sénat érigeait

cette commission de haute police, il fit adresser au | d'armes éclatant, on lui reconnaissait un noble caractère et des talents; dans son état-major figurait le major Gross, qui s'était signalé en Hollande par la belle défense de Grave.

Directoire, par les membres dont l'attachement à la France était connu, une note où, après avoir protesté de leur dévouement à la république, ils se plaignaient de l'irruption des Français dans le pays de Vaud, et le suppliaient de les retirer, afin qu'ils pussent licencier les Suisses accourus sur la frontière pour défendre l'intégrité de leur territoire.

Le Directoire, pour toute réponse, développa alors le véritable but de son invasion. C'eût été trop peu pour lui d'obtenir l'émancipation du pays de Vaud, de renverser l'oligarchie bernoise et de s'emparer de ses trésors: il voulait encore constituer la confédération helvétique, d'une manière plus analogue au système politique qu'il avait adopté. L'envoyé Mengaud 'distribua à pleines mains un projet de constitution en trois langues, qui formait de la Suisse, de ses alliés et de ses sujets, une république de 22 cantons, une, indivisible et démocratique, calquée en tous points sur celle de France.

Cette constitution, offerte aux différents partis comme l'ancre de salut, fut accueillie avec joie par quelques cantons; mais Berne, qui en craignait peut-être trop les conséquences, pressa tous les autres de joindre leurs efforts aux siens pour faire tête à l'orage. Soleure et Fribourg, qui n'y voyaient pas moins de risques, armèrent avec activité. Zurich les imita quoiqu'avec difficulté. Les petits cantons ne restèrent pas en arrière, parce qu'ils se virent menacés de perdre leurs sujets italiens, leurs institutions populaires et leur individualité. Si les Bernois avaient autant ressemblé aux Romains que Montesquieu le pense, ils eussent sans doute accepté le gouvernement central, sûrs de jouer le principal rôle dans la nouvelle république; car Berne eût récupéré en dignité, en force et en richesses, ce qu'elle eût perdu dans ses bailliages, ses priviléges et les prérogatives de quelques familles patriciennes.

Quoi qu'il en soit, le sénat de Berne parvint à mettre 25,000 hommes sur pied. Il confia le commandement de cette armée au général d'Erlach, ancien colonel au service de France, patricien connu par la haine qu'il vouait aux nouvelles doctrines; bien que sa carrière n'offrit aucun fait

D'Erlach partagea son armée en trois divisions de 6 à 7,000 hommes chacune. La première et la plus nombreuse, sous les ordres du général Andermatt, occupait l'espace compris entre Fribourg et le lac de Morat; quelques centaines de Vaudois réfugiés formaient ses avant-postes. La seconde, avait pour chef le quartier-maître général Graffenried, et campait entre la ville de Buren et le pont de la rivière de Thiele. La troisième, commandée par le colonel Watteville, tenait à la précédente, et couvrait Soleure. L'aile gauche était garantie par un corps de 2,000 flanqueurs qui se prolongeait jusqu'aux montagnes de Sanen, situées à l'extrémité orientale du lac de Genève; un second corps de 4 à 5,000 hommes, formé des autres contingents, devait servir de réserve. Enfin des garnisons occupaient Soleure et Fribourg.

Si l'armée bernoise eût attaqué sur-le-champ les Français séparés en deux divisions qui communiquaient difficilement entre elles, il est probable qu'elle les eût accablées l'une après l'autre : une première victoire eût rallié au gouvernement tous les esprits flottants, et entraîné la majorité des cantons, qui, dans l'impossibilité de reculer, eussent fait de plus grands efforts pour conserver leur indépendance; mais un tel parti n'entrait pas dans son système exclusivement défensif.

Cependant le général Brune ayant remplacé Menard, appelé en Corse, se hâta de réunir ses troupes sur la frontière de Fribourg et du pays de Vaud, qui joignit à sa division un corps auxiliaire de 4,000 hommes. Cette petite armée cantonna entre le château d'Aigle et Avenches; le quartier général fut établi à Payerne. Brune avait obtenu du Directoire, que le général Schawembourg viendrait le renforcer avec 12,000 hommes de l'armée du Rhin; mais ces troupes étaient encore loin, et ne pouvaient entrer en ligne que du 15 au 20 février. Sentant donc le danger de sa position, il envoya un agent à Berne, faire des ouvertures de paix. Le sénat ne vit pas le piége, et prit cette démarche pour une marque de modération ou de faiblesse. Il accepta les propositions avec joie ; et,

bercé par le fol espoir d'éviter la guerre, il dé- | ni sur les oligarques de Berne, pour préserver la puta deux de ses membre au quartier général de Suisse d'une crise où elle devait perdre son indéPayerne, pour conclure un arrangement dont les pendance. bases devaient être la restitution de Bienne et de l'Erguel, l'évacuation du pays de Vaud, et la retraite de l'armée française à 12 lieues des frontières suisses.

Témoin du peu de fixité que présentaient les délibérations des conseils, l'armée commençait à crier à la trahison. Le général d'Erlach, usant de l'ascendant que lui donnait son rang, se rendit à Berne avec 80 officiers qui siégeaient parmi les sénateurs, et dont l'ardeur militaire devait rassurer les membres pusillanimes. A l'aide d'une telle majorité, il obtint aisément l'autorisation d'attaquer les Français à l'expiration de la trêve mais à peine avait-il quitté la capitale pour donner ses derniers ordres, que le parti temporiseur, grossi des mécontents, révoqua ses pouvoirs, suspendit les conseils, et ordonna la formation d'une régence provisoire.

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Une députation fut envoyée à Brune, pour l'instruire de la révolution qui venait de s'opérer. On espérait qu'en accordant tout ce qu'avait exigé le Directoire, le général n'aurait plus de prétexte pour agir hostilement. Sa réponse désabusa les crédules bernois, car il exigea le licenciement immédiat de l'armée, pour preuve qu'on s'en remettait à la loyauté française, et ne promettait sûreté et protection qu'à ces conditions. Une telle pro

Brune reçut fort bien les sénateurs; mais les articles proposés étaient trop en opposition avec les vues du Directoire, pour qu'il pût les admettre. Il allégua la nécessité d'en référer à son gouvernement; et offrit, en attendant sa réponse, un armistice de 15 jours, auquel les députés consentirent. Si les régences de Berne et de Fribourg eussent profité de ce répit pour concentrer leurs troupes, presser l'arrivée des renforts, et régulariser leur plan de défense, le retard des hostilités eût encore tourné à leur avantage. Elles se bornèrent à fortifier les passages de Neueneck, de Laupen et de Guminen. Cette position qui se compose d'une colline rocailleuse et très-escarpée dont le pied est baigné par la Sarine, leur parut de nouvelles Thermopyles; flanquée par la ligne de l'Aar, elle semblait, en effet, inexpugnable tant que les Français n'auraient pas forcé le passage de cette rivière, qui ne le cède au Rhin ni pour le volume de ses eaux, ni pour sa vélocité. Dès que Schawem-position révolta des patriciens, en qui l'honneur bourg fut arrivé dans les environs de Bienne, il national était loin d'être éteint. Le général d'Erconcerta avec son collègue une attaque générale lach fut autorisé de nouveau à combattre ; il parpour le 1a mars, terme de l'expiration de l'armis- courut tous les postes, harangua les troupes, et tice. La division de l'armée du Rhin fut chargée arrêta son plan d'attaque. Ses trois divisions, subde forcer le pont de Buren avec sa droite, pendant divisées en douze petites colonnes, devaient assailque sa gauche, s'emparant de Soleure, porterait lir en même temps l'armée française sur tous les quelques troupes sur la route de Berne. La brigade points. Le colonel de Buren reçut l'instruction de Rampon devait occuper Morat, puis emporter ou se prolonger par sa droite, pour tourner la gauche tourner le passage de Guminen. Enfin, l'attaque de Schawembourg. La direction de Graffenried fut de Fribourg fut confiée au général Pigeon, avec marquée sur Bienne, et le colonel Watteville dedeux bataillons d'infanterie légère, la brigade meura chargé de forcer les positions d'Avenches vaudoise et les paysans fribourgeois insurgés. et de Payerne. Le colonel Tscharner, avec environ 2,500 hommes, partant d'Ormont et d'Aigle, devait pousser jusqu'à Vevay, pour inquiéter les derrières des Français. Toutes ces colonnes avaient ordre de se mettre en marche dans la nuit da 1er au 2 mars. En même temps, 1,500 Zuricois, 1,200 Lucernois, et environ 1,200 montagnards des petits cantons, arrivés dans les environs de Berne ou en route pour s'y rendre, auraient

Pendant que les généraux français arrêtaient leurs dernières dispositions, le sénat de Berne, flottant entre la crainte et l'espoir, inquiet du peu de succès que promettait sa députation à Rastadt, prenait chaque jour les résolutions les plus contraires. En vain les gouvernements de Bâle, Zurich et Lucerne voulurent se rendre médiateurs, ils n'avaient point assez d'ascendant sur le Directoire

soutenu le centre et la droite. Mais le sénat envoya | centre s'insurgea contre ses chefs. La division Watteville opéra seule sa retraite en bon ordre sur les points qui lui avaient été assignés. Le gouvernement provisoire de Berne mit le comble au désordre, en ordonnant, le 3 mars, le landsturm (insur

contre-ordre, dans l'intention sans doute de faire de nouvelles propositions à Brune, ou à Schawembourg.

la détresse publique; les troupes se révoltèrent, abandonnèrent leurs positions, et massacrèrent plusieurs officiers. Les contingents des cantons, qui étaient restés en observation, regagnèrent leurs foyers. L'avoyer Steiger et le général d'Erlach parvinrent cependant à calmer cette multitude furieuse. L'armée reprit les postes qu'elle devait garder, mais se trouva diminuée de moitié.

Les Français en profitèrent; et, suivant les dispositions arrêtées de longue main entre eux, So-rection générale). Ce décret donna la mesure de leure et Fribourg furent attaquées en même temps. Le 2, avant le jour, Schawembourg s'étant emparé du château de Dornach, fit surprendre le village de Lengnau sur la route de Bienne à Soleure. Les deux tiers du bataillon qui le gardait, étant tués ou pris, le reste se retira en désordre. Après avoir disposé le gros de ses troupes de manière à tenir en échec la division qui gardait Buren, Schawembourg se porta à la tête de 3 à 4,000 hommes sur Soleure. Cette ville, quoiqu'environnée d'une enceinte bastionnée en maçonnerie de granit, n'étant pas encore armée, se rendit à la première sommation : cette funeste circonstance, livrant au vainqueur un superbe pont sur l'Aar, fit tomber la défense de cette imposante rivière.

Morat avait été évacué par les Suisses, dans la soirée du 2 mars. Le général Rampon y entra avec sa brigade, et fit détruire l'ossuaire, élevé en mémoire de la défaite des Bourguignons sous Charles le Téméraire. Le même jour, Schawembourg poussa ses troupes légères sur Aarberg.

Le 4, Brune fit vivement canonner Laupen et Guminen, par la brigade Rampon, en vue de donner le change à l'ennemi, sur l'attaque sérieuse qu'il projetait contre Neueneck. En effet, la prise de ce poste ouvrait la route de Berne, et permettait de tourner les autres passages : aussi, les principaux

Au même instant, Fribourg ceinte d'un simple mur crénelé, tombait aussi au pouvoir de Brune. Le général Pigeon, chargé de l'enlever, envoya un parlementaire aux magistrats pour les exhorter à ne pas tenter une défense inutile, et leur accorda quelques heures, pour faire sortir la garnison ber-efforts furent-ils dirigés contre ce point. noise. Mais s'apercevant qu'on profitait de ce délai pour la renforcer des habitants des campagnes voisines, il ordonna de mettre en batterie quelques pièces qui enfoncèrent une des portes, et firent brèche à la muraille. Les troupes bernoises se voyant sur le point d'être forcées, et voulant épargner à la ville les horreurs d'un assaut, se retirèrent, après avoir enlevé toute l'artillerie de l'arsenal, et distribué aux paysans de la levée en masse les fusils qui s'y trouvaient.

La prise de Fribourg et de Soleure, en découvrant les flancs de l'armée suisse, détermina la retraite de sa droite. Le général d'Erlach concentra ses forces dans les postes de Fraubrunnen, Guminen, Laupen et Neueneck. Ce mouvement rétrograde acheva d'exaspérer les soldats, qui déjà indignés de l'abandon de deux villes importantes, ne virent plus que des traîtres dans leurs génécorps de Buren, composé des milices de l'Argovie, se débanda entièrement, et celui du

raux. Le

Graffenried venait d'y remplacer le colonel Stettler qui avait été tué; et, malgré la confusion et le découragement qui régnaient dans cette division, il se flattait, non-seulement de défendre ce poste le lendemain, mais aussi de se porter en avant, et de repousser les Français dans le pays de Vaud.

Le 5 mars, à une heure du matin, les troupes de Pigeon passèrent la Sarine, et se précipitèrent sur Neueneck, en même temps qu'elles assaillirent les retranchements ébauchés en arrière du village. L'attaque fut si brusque, que les premiers postes de milice bernoise se dispersèrent dans la forêt, sans qu'on pût parvenir à les rallier. Cependant Graffenried, toujours maître de la grande route de Berne, ayant reçu vers neuf heures un renfort de 1,500 hommes, rétablit le combat. Il débusqua d'abord les Français qui s'étaient logés dans le bois au-dessus de Niederwangen, et les chassa successivement, jusque sur les hauteurs de Neue

neck. Là, favorisée par l'épaisseur du bois et par | tenir tête à des bandes aguerries, furent dispersées, son artillerie, la brigade Pigeon se défendit avec et obligées de chercher un refuge dans la ville. opiniâtreté; néanmoins, après quatre heures d'un combat sanglant, elle fut obligée d'abandonner sa position, de repasser la Sarine pour n'être pas précipitée dans le ravin, et d'effectuer sa retraite sur les hauteurs en arrière, laissant plus de 400 hommes et plusieurs pièces de canon sur le champ de bataille.

Mais, tandis que la fortune souriait à Graffenried, et que sa division s'établissait avec orgueil à Neueneck, le sort de Berne venait d'être décidé par la division Schawembourg. Après la prise de Soleure, elle s'était portée sur la route de Berne: les 3 à 4,000 hommes qui défendaient le village de Fraubrunnen, ayant été délogés et mis en fuite après un combat opiniâtre, elle arriva devant le corps principal, commandé par le général d'Erlach. Sa position, où jadis les Suisses avaient triomphé du sire de Coucy, pouvait passer pour inexpugnable; sa droite s'appuyait à des rochers presqu'inaccessibles; sa gauche, à des marais et à des bois; des abatis couvraient la route qui traverse au centre un long défilé.

Ainsi protégé, le général bernois comptait bien arrêter les Français. Schawembourg fit tourner la position par les ailes. Quelques compagnies parvinrent à gravir les rochers, tandis qu'une demibrigade traversa les marais. Dès lors, assaillis sur leurs flancs et canonnés en front par une nombreuse artillerie, les Suisses se virent forcés de plier pour éviter une destruction totale; mais, en se retirant, ils combattirent encore dans le Grauholz, qu'ils défendirent avec plus de bravoure que d'intelligence. Leur valeur tenait du désespoir: des vieillards, des femmes et des enfants venaient partager les dangers; et tous semblaient refuser de survivre à leur défaite. L'avoyer Steiger donnant l'exemple, combattit aux premiers rangs. D'Erlach tenta encore de ramener la victoire sur le plateau qui se trouve aux portes de Berne. C'était le cinquième combat qu'il soutenait contre les Français depuis le matin. Son dernier effort fut inutile: chargées sur un terrain découvert, par deux régiments de cavalerie, et mitraillées par l'artillerie légère, ses milices inexpertes, qui ne formaient plus qu'une cohue confuse, ne pouvant

Située dans une presqu'île entourée de trois côtés par l'Aar, et fortifiée régulièrement sur le seul front accessible, Berne quoiqu'à l'abri d'un coup de main, était peu susceptible d'une longue défense, et devait surtout craindre un bombardement. Le désordre qui régnait dans les troupes rendait toute résistance aussi impossible qu'inutile. Au moment où les hussards français, passant l'Aar à la nage, allaient tourner la ville, des députés vinrent proposer une capitulation, qui fut accordée; et à deux heures, Schawembourg entra dans cette capitale, après avoir promis de respecter les personnes et les propriétés.

La nouvelle de la reddition de Berne ayant forcé à la retraite les troupes qui gardaient Laupen et Guminen, Brune continua sa marche sans obstacles, opéra sa jonction dans la nuit du 5 au 6, avec la division Schawembourg, et prit alors le commandement en chef.

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Les débris de l'armée suisse se dispersèrent d'eux-mêmes; la plupart rentrèrent dans leurs foyers d'autres gagnèrent les montagnes de l'Oberland, et y restèrent en armes. Des excès déplorables signalèrent cette dissolution; plusieurs plébéiens bernois répandus dans les bataillons de milices, plus disposés à seconder le parti démocratique, qu'à se sacrifier pour les patriciens, persuadèrent aux troupes qu'elles avaient été indignement trahies. La fureur des soldats ne connut plus de bornes: deux adjudants généraux, qui ramenaient la colonne de Guminen, furent enveloppés et mis en pièces. D'Erlach cherchait à gagner le territoire des petits cantons, lorsque reconnu à Munzingen, il fut massacré à coups haches et de baïonnettes. L'avoyer Steiger, âgé alors de 70 ans, avant de se retirer en Bavière, traversa en litière les montagnes de l'Oberland, et descendit à Stanz pour exciter les petits cantons à se montrer dignes de leurs ancêtres.

de

La prise de Berne portait un coup funeste, mais non décisif à l'antique corps helvétique. A la vérité, les Français démeublèrent l'arsenal, s'emparèrent du trésor, firent planter l'arbre de la liberté, et recevoir la constitution de Mengaud : toutefois, dans l'intérieur des Alpes, où le respect pour les

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