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Cette trêve n'était pas une grâce, puisque l'ar

terre ferme méconnaissait l'autorité du sénat, qui | conseil, fut portée à Bonaparte par les plénipon'était plus obéi que dans les lagunes. La nou- tentiaires qui le rencontrèrent sur le pont de Marvelle conférence réclamée à Palma-Nova par les ghera, et en obtinrent avec peine une suspension députés Dona et Justiniani, n'avait abouti qu'à d'armes de six jours. fournir l'occasion à Bonaparte d'exhaler son courroux contre la république; car, d'après leurs rap-mée française n'était pas encore réunie; néanmoins ports, il ne semblait respirer que vengeance; et demandait la tête des inquisiteurs d'État et de l'amiral du Lido. La terreur s'accrut encore, lorsqu'on eut connaissance du manifeste par lequel il déclarait la guerre.

Avec un reste d'énergie le gouvernement eût songé, sinon à faire face à l'orage, du moins à succomber avec honneur; car il lui restait 14,000 hommes de troupes de terre, et 200 galères ou barques canonnières, portant au moins 800 pièces de canon, pour la défense mobile des lagunes, hérissées de nombreuses batteries. De plus, Venise renfermait en outre des armes de rechange, des approvisionnements de toute espèce, de l'eau douce pour deux mois, et des vivres pour huit. C'était sans doute plus qu'il n'en fallait pour arrêter une armée qui n'avait pas une seule frégate dans ces

parages.

Dans des circonstances plus critiques, alors que l'Alviane venait d'être vaincu et pris à Aignadel par Louis XII; que l'empereur Maximilien, allié à la France et au pape, menaçait la république d'une ruine prochaine, le sénat dégagea ses peuples de terre ferme de tout serment, s'enferma dans les lagunes, décidé à vaincre ou à mourir, réussit par d'habiles négociations à dissoudre une coalition formidable, et brava ensuite les efforts de Maximilien. Mais les hommes étaient bien changés: il ne fallait rien attendre de pareil d'un gouvernement habitué, depuis un siècle, à triompher de ses ennemis par la ruse, et d'ailleurs peu sûr de l'affection de ses derniers sujets.

Le 1 mai, un comité extraordinaire composé de quarante patriciens fut convoqué par le doge pour aviser aux moyens de sauver la république. Divers projets y furent agités; mais on arrêta enfin en principe que des changements seraient faits à la constitution de l'État, et que deux patriciens, investis de pouvoirs illimités, seraient envoyés auprès du général français pour entrer en négociation. Cette décision, sanctionnée par le grand

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le sénat la considéra comme telle : elle lui eût laissé le temps de réfléchir sur le parti à prendre, si des rapports qui lui firent suspecter la fidélité des soldats esclavons et des matelots de l'escadre, n'eussent porté le découragement dans son sein.

Dans une première séance, le grand conseil décréta, le 4 mai, l'arrestation des inquisiteurs et du commandant du Lido; il autorisa en outre les deux plénipotentiaires à stipuler les conditions relatives à une réforme dans la constitution, et tout ce qui serait nécessaire pour opérer une réconciliation entre les deux républiques. Ces deux points accor dés, le renvoi des Esclavons semblait ne devoir souffrir aucune opposition; cependant, par cet esprit de politique qui domina le gouvernement jusqu'à la dernière heure, il fut mis jusqu'à trois fois en délibération, et ce n'est que le 8 mai qu'ils furent payés de leur solde arriérée et embarqués pour la Dalmatie.

can

Pendant la suspension d'armes, l'armée française revenant sur ses pas à grandes journées, s'établit en face de Venise, de la manière suivante : Victor céda Padoue à la division Masséna, Vicence et Bassano au corps de Joubert, pour aller s'établir dans la Polesine à Rovigo; Baraguay-d'Hilliers, au centre occupa Mestre et Conegliano; Dotte tonna à Motta-Sacile et Pordenone; la cavalerie du général Dumas à Trévise; tandis que sur les derrières, Augereau, revenu de Paris, remplaça Kilmaine dans le commandement des troupes à Vérone. Ainsi, plus de 45,000 hommes se trouvaient concentrés et prêts à agir en cas que le gouvernement, réduit au désespoir, voulût user de ses dernières ressources.

Toutes ces précautions ne servaient qu'à augmenter l'angoisse des sénateurs qui, voyant la trêve expirée, craignirent de n'en pas obtenir la prolongation, et autorisèrent le général Condulmero, commandant des Lagunes, à traiter de leur soumission à des conditions qu'ils désespéraient eux-mêmes d'obtenir.

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Il n'était pas facile, en effet, de concilier les | Milan le renversement de la constitution aristocraintérêts de l'armée francaise avec l'existence d'un tique, elle s'écroulait à Venise aux acclamations du gouvernement qui avait donné si récemment des peuple. Il y avait dans cette métropole, comme preuves de duplicité. Les hostilités avec l'Autriche dans les provinces, un parti nombreux, décidé à pouvaient recommencer; et, dans cette supposi- profiter de la présence des Français pour changer tion, que devait-on attendre du sénat vénitien, si- le gouvernement et secouer le joug d'une odicuse non une guerre à mort? D'un autre côté, comment oligarchie. L'autorité précaire du doge et des manégocier avec un gouvernement dont on demande-gistrats devint impuissante pour contenir des pasrait l'entier anéantissement comme première condition du traité? Bonaparte était plus capable que tout autre de trancher de pareilles difficultés : en employant tour à tour la ruse et la terreur, il parvint à faire décider que l'autorité serait confiée désormais à des hommes nouveaux, personnellement dévoués à la république française. Jamais la propagande n'avait eu de résultats si heureux, ni mieux sanctionnés par l'opinion générale. Il n'en pas de même des trames qui mirent fin à l'existence de Venise.

fut

Mais revenons à cette première négociation. Immédiatement, après la conférence de Marghera, le général en chef était parti pour Milan où les commissaires vénitiens le suivirent ainsi que le ministre de France; et là il fut conclu un traité de paix, dont voici les principales dispositions :

:

en

sions si longtemps comprimées, et que les agents français avaient tant d'intérêt à faire éclater. Des démocrates ardents se groupèrent autour du secrétaire de la légation française, Villetard, qui, l'absence du ministre, crut pouvoir prendre sur lui de se mettre à leur tête, et d'imprimer la direction au mouvement. Le décret du sénat qui annonçait des modifications dans le système constitutionnel, sans en fixer l'époque ni l'étendue, était loin de satisfaire les révolutionnaires : leurs prétentions s'en étaient accrues avec leur audace. Le 9, deux de ces hommes se rendent au comité extraordinaire, et y déposent une note rédigée, disent-ils, sous la dictée du secrétaire de légation. C'était un plan complet de révolution, où l'on indiquait comme moyens propres à prévenir de grands malheurs 1° la formation d'une municipalité provisoire, qu'on substituerait sur-le-champ aux autorités existantes; 2° le rétablissement de la démocratie; 3° l'occupation de Venise par les troupes françaises. Un pareil acte, qui n'était revêtu d'aucun caractère d'authenticité, ne méritait sans doute nulle confiance; telle était cependant la détresse du gouvernement et la terreur qu'inspirait le parti populaire, que ce projet, présenté sous les auspices d'un agent subalterne et dans les formes les plus insolites, fut regardé comme une volonté de Bonaparte, et accueilli par le comité comme ordre auquel il ne pouvait se dispenser de déférer. Les dispositions contenues dans la note de Villetard furent donc adoptées sans modifications, et transformées en projet de loi qui devait être sonmis, après un délai de quatre jours, à l'assemblée générale des patriciens.

un

« Le grand conseil abdique la souveraineté qui » doit résider dans la réunion des citoyens. Une » division française sera introduite dans Venise, » pour y maintenir l'ordre jusqu'à l'établissement >> du nouveau gouvernement. Les inquisiteurs d'É»tat, le commandant du fort Saint-André et l'a» miral du Lido, scront jugés sans délai comme » auteurs des Pâques Véronaises et de l'assassinat >> commis dans le port de Venise, sur le capitaine » Laugier et son équipage. Tous les autres Véni» tiens sont amnistiés par le Directoire exécutif. » Des articles secrets stipulaient, en outre, une contribution de six millions, la cession de trois vaisseaux de guerre et de deux frégates, indépendamment de la remise de 20 tableaux et de 500 manuscrits. Ce traité imposé par la force à la faiblesse, sans la participation du Directoire qui, ce jour-là senlement, ordonnait à l'ambassadeur vénitien de quit ter Paris par suite des rapports du massacre de Vé-sur la proposition du doge, au milieu de l'efferrone, n'obtint pas même son entière exécution. Les événements se précipitaient alors avec une telle rapidité, qu'au moment où l'on stipulait à

Le 12 mai, le grand conseil fut convoqué, et,

vescence des passions contraires, d'une agitation toujours croissante dans la ville et de la terreur qu'elle inspirait aux patriciens pour leur sûreté,

ce corps décréta à la presqu'unanimité des voix | ville venait d'être exposée, ne sut s'il devait recequ'il se démettait de la souveraineté.

voir les Français en libérateurs ou en ennemis : le calme de la stupeur succéda à l'effroi de l'anarchie, et les espérances d'un meilleur avenir, aveuglant la multitude, lui dissimulèrent le malheur d'avoir perdu l'indépendance.

La municipalité de Venise, affectant de se substituer à l'autorité du grand conseil, voulut se pré

Cette latte orageuse où l'esprit démocratique portait les derniers coups à une oligarchie expirante, ce passage subit d'un gouvernement renversé à un autre non encore établi, devait produire de graves excès chez un peuple que tout La tranquillité ainsi rétablie par la présence des portait à la licence. L'absence d'une autorité ré-baïonnettes étrangères, permit de procéder avec un pressive ouvrit la carrière à mille désordres; les certain ordre à l'établissement du nouveau système. oligarques ne s'étaient vus qu'en frémissant arra- Les prisons de l'inquisition d'État furent démolies, cher leurs droits usurpés; l'anarchie pouvait leur et le livre d'or brûlé en cérémonie au pied de l'aroffrir quelques chances favorables; de grandes ri- bre de la liberté. chesses, un antique patronage exercé sur les basses classes, leur parurent des moyens suffisants de contre-révolution. Tout à coup une foule de gon-valoir de l'ancienne suprématie de la métropole, doliers soudoyés, qu'anime l'appât du pillage, arbore l'étendard de Saint-Marc, se répand dans la ville, proférant des imprécations forcenées. Les promoteurs de la révolution sont assaillis et leurs maisons pillées. D'un autre côté les démocrates, en apprenant la délibération du grand conseil, se livrent à la joie de leur triomphe, et arborent les couleurs républicaines; des groupes nombreux des deux partis inondent les rues, se heurtent, se mêlent, en viennent aux mains; le désordre est au comble, et Venise est en proie aux horreurs de la guerre civile. C'est au milieu de cette anarchie qu'on élit la municipalité provisoire de 60 membres, et le premier acte de son administration est d'appeler dans Venise les troupes françaises, dont l'intervention pouvait seule offrir une sauvegarde aux personnes et aux propriétés.

pour rallier à son administration les provinces de terre ferme; mais ces prétentions, fondées sur la nécessité d'empêcher le démembrement de l'État, furent rejetées par toutes les villes qui, agissant chacune sur un plan séparé, ne reconnaissaient plus de gouvernement central, et n'obéissaient qu'à leurs magistrats. Bien qu'un conseil général de députés de toutes les provinces fût ensuite convoqué sous le nom de département, il ne fût jamais assemblé la dissolution du lien social, jointe aux charges de la guerre, tarit les sources de la fortune publique, et il devint impossible de faire face aux dépenses les plus urgentes. On eut en vain recours à la spoliation des trésors du duc de Modène; on ne trouva chez le dépositaire que 1,800,000 francs, dont le vainqueur s'empara.

En attendant, les Français ne perdaient pas un Dans la nuit du 16 mai, le général Baraguay-instant pour s'approprier les faibles ressources de d'Hilliers, préparé depuis plusieurs jours pour cette ce célèbre arsenal de Saint-Marc, sur la dépouille opération, s'embarqua avec 3,000 hommes, des- duquel ils avaient fondé de si grandes espérances, cendit sans obstacle, et prit possession sur-le-champ et qu'ils trouvèrent dans le délabrement. On eut de l'arsenal, de la place de Saint-Marc, du pont mille peines à mettre en mer deux vaisseaux de de Rialto, de l'entrée du Lido et autres postes. Par 64, trois bricks et quelques bâtiments de transport une bizarrerie toute particulière à la diplomatie qui devaient porter à Corfou un corps de 600 Véde ce temps-là, un général républicain se hâta de nitiens et 1,500 Français sous les ordres de Genmettre le séquestre sur toutes les propriétés russes, tily, chargé de prendre possession de cette place, au moment où l'empereur Paul semblait renoncer sous prétexte de faire reconnaître la constitution aux alliances formées contre la France; démarche dans les Sept-Iles. On ne fut pas moins étonné de d'autant plus imprudente, qu'on avait mille n'y trouver que cinq vaisseaux de 74, deux de 64, motifs de ménager le caractère irascible de ce un de 58, six frégates et onze galères, et encore prince. la plupart étaient, par leur vétusté, hors d'état de

Le peuple, encore frappé du danger auquel la tenir la mer.

L'amiral Brueys reçut l'ordre du ministre Truguet d'appareiller de Toulon avec six vaisseaux, pour aller recueillir cet héritage, qu'il fut plus difficile d'emmener que de s'approprier. Cette escadre française mit à la voile avec toute la célérité possible, et ne pouvant s'approvisionner faute de temps et de moyens, elle vint, au milieu de juillet, porter à Corfou, puis à Venise, un surcroît de consommation pour la solde et les vivres, dont ces deux ports, aussi bien que l'armée, manquaient également. Cette surcharge, qui retomba sur la municipalité, redoubla son embarras.

Au milieu des anxiétés qui résultaient de cette situation et de l'incertitude du sort réservé à Venise, les sociétés populaires s'avisèrent de voter la réunion à la république cisalpine, et de forcer la municipalité à suivre leur exemple; mais il n'était plus au pouvoir de ce peuple de fixer les bases de son existence politique.

Enfin, le traité de paix, signé à Campo-Formio, le 17 octobre, vint lui révéler le partage de son territoire entre la France, l'Empereur et la république cisalpine.

Le Directoire, apprenant coup sur coup la signature des préliminaires, l'insurrection du Tyrol et celle des pays vénitiens, ne put méconnaître le service signalé que Bonaparte venait de rendre à la république ; mais le danger une fois disparu, la politique tracassière de Rewbell prévalut de nouveau dans ses délibérations.

Le cabinet autrichien, encore frappé de la terrear que l'apparition des armées républicaines au revers du dernier chainon des Alpes avait répandue dans Vienne, devait souhaiter la conclusion d'un paix définitive, pour s'assurer la mise en possession des indemnités qui lui étaient dévolues.

En vain le cabinet de Londres promettait de ne poser les armes qu'après avoir obtenu la restitution de la Belgique : il fallait, pour la reprendre, passer sur le corps à 200,000 hommes victorieux; et le cabinet de Vienne ne s'en sentait pas les forces. Et qu'importait, après tout, à la maison d'Autriche de se consumer en vains efforts pour qu'Anvers ne restât pas à la France, quand on pouvait échanger les Pays-Bas, si éloignés des États héréditaires, contre de riches pays limitrophes, avec d'excellents ports sur l'Adriatique?

Pour ne pas trop anticiper sur les événements, nous reviendrons sur cette transaction, après avoir On doit croire que ces puissantes considérations rendu compte de la révolution de Gênes, des négo- entraînèrent en effet le cabinet de Vienne, puisque ciations entamées à Udine et à Lille, puis des nou-ses plénipotentiaires, réunis à Montebello avec le velles commotions intérieures qui menaçaient la général Bonaparte, convinrent de traiter d'abord république victorieuse.

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de la paix définitive, sans attendre le résultat da congrès de Berne (1). Cette stipulation entrait trop dans les vues manifestées en toute occasion par le Directoire, pour qu'il ne s'empressât pas d'y adhérer. Malheureusement, dans l'intervalle, le cabinet de Londres, auquel l'Empereur avait notifié les préliminaires, lui fit sentir l'imprudence d'entrer seul en discussion avec un général victorieux, et le détourna de sa première résolution. La paix définitive ainsi reculée, l'ambition assiégea bientôt les deux parties contractantes, en laissant entrevoir à chacune, dans les négociations ultérieures, la possibilité d'obtenir des conditions plus avantageuses. L'Autriche se flatta, sinon de recouvrer la totalité de ses possessions en Italie, du moins d'en obtenir de plus amples indemnités; et, de son côté, le Di

qu'elle ne fut pas arrêtée contre la teneur des instructions données à ce négociateur.

rectoire espéra acquérir Mantoue pour la républi- | employer le temps des négociations à bouleverser, que cisalpine.

par des machinations révolutionnaires, tous les pays qui, comme le Piémont, Gênes, la Toscane et l'État ecclésiastique, avaient échappé à la loi du vainqueur.

Soit que Bonaparte, après un mûr examen de ses ressources, jugeât téméraire d'ouvrir la campagne, soit qu'il fût jaloux de conserver une réputation jusqu'alors intacte, ou qu'enfin il sentît le prix d'ajouter à la gloire des armes le beau rôle de pacificateur, il affecta un grand désir d'accélérer la marche des négociations. Il prit, à la vérité, toutes les mesures pour n'être pas attaqué à l'improviste, concentra ses troupes dans l'État de Venise, fit fortifier Palma-Nova et Osoppo, pivots présumables des opérations ultérieures, approvisionner toutes les places sur ses derrières, et renforcer les garnisons des îles de l'Adriatique, mais crut devoir déployer de la modération dans ses entrevues avec le duc de Gallo. Une pareille conduite, dictée par la prudence, lui réussit ; et il en résulta la convention déjà mentionnée de Montebello.

Ce changement subit de dispositions des deux parties pouvant remettre, après de vaines conférences, la décision des points contestés au sort des armes, l'Empereur, comme le Directoire, songea à prendre une attitude imposante sur le théâtre présumé des prochaines hostilités. Pour le cabinet de Vienne, ce n'était pas chose aisée : car il fallait | à la fois rétablir les finances, et se créer une armée, sans subsides de l'Angleterre. Mais l'affection et le dévouement de ses sujets, et le crédit alors assez soutenu de son papier-monnaie, lui offraient | des ressources, pour ainsi dire inépuisables. L'Empereur ne tarda pas à réorganiser une armée de 70 à 80,000 hommes sur les frontières de la Carinthie. Un camp de 25,000 hommes fut placé à Gorizia; l'on établit plusieurs têtes de pont sur l'Isonzo. En même temps, la côte de l'Adriatique, depuis Duino jusqu'à Trieste, fat hérissée de batteries. Capo-d'Istria, Piramo, Citta-Nova et Rovigod'Istria, furent mis en état de défense. On dirigea une partie des levées hongroises sur les frontières de la Dalmatie, tandis que l'autre forma dans les plaines de la Moravie un corps imposant d'observation. D'un autre côté, les préparatifs ne se faisaient pas avec moins d'activité en Allemagne : la garnison de Vienne, les dépôts restés à Prague, ainsi que les levées générales des pays héréditaires, al-gociations entre l'Empire et la république franlèrent renforcer en toute hâte les armées qui se trouvaient sur le Rhin et le Mein. Partout on voyait se former des magasins; et jamais, depuis le commencement de la guerre, le cabinet n'avait pris de mesures plus justes pour assurer le succès des opérations de ses armées. Quel que fût, au reste, le voile dont il chercha à couvrir ces immenses préparatifs, il ne put en dérober l'entière connaissance aux Français, qui, d'un moment à l'autre, s'attendaient à voir arriver le prince Charles à Gorizia, quoiqu'il eût fait filer ses équipages à l'armée d'Allemagne.

Cet acte stipulait que le traité définitif serait conclu et ratifié par l'Empereur et le Directoire, avant l'ouverture des négociations avec l'Empire; qu'on le tiendrait secret, et ne le soumettrait à la ratification du corps législatif, qu'au moment con venu par les deux parties contractantes. Les né

çaise devaient s'ouvrir, le 1er juillet suivant, à Rastadt, sans l'intervention d'aucune autre puissance; mais cette dernière s'engageait à accepter la médiation de l'Empereur pour les traités à conclure avec ses alliés; et si celui-ci jugeait à propos de les appeler au congrès de Rastadt, la France était également libre d'y amener les siens.

Tandis que Bonaparte se flattait ainsi d'avoir fait un pas vers la paix définitive, les agents clandestins du Directoire sapaient à coups redoublés le trône du roi de Sardaigne, et faisaient écrouler l'antique aristocratie de Gènes.

Le Directoire exécutif, désuni, impuissant pour Cette république, qui joua un si grand rôle dans le bien, entravé d'ailleurs par les conseils législatifs, le moyen âge, fut, à son origine, comme toutes et tout occupé de la lutte qu'il venait d'engager celles d'Italie, gouvernée démocratiquement. Quacontre eux, abandonna au général en chef de l'ar-tre ou cinq consuls de la commune, élus chaque mée d'Italie le soin de tenir tête à l'orage, se bor- année par le peuple, exerçaient le pouvoir exécunant, pour assurer ses derrières et ses flancs, à tif. D'autres magistrats, sous le titre de consuls

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