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à la constitution de Venise les réformes nécessaires pour la mettre en harmonie avec celle de France. Une telle annonce jointe au triste rapport de Pesaro, était un coup de mort à l'oligarchie; aussi cet avis, mis en délibération, fut-il rejeté par le grand conseil à la majorité de 195 voix sur 200.

On se décide donc à prendre des mesures énergiques contre les villes insurgées de nombreux émissaires prodiguent l'or et les promesses pour opérer dans les campagnes une prise d'armes générale en faveur du gouvernement. Si les espérances du régime démocratique exaltaient quelques têtes des habitants des villes et des nobles lésés, ceux des campagnes, les prêtres, et tout ce qui tenait à l'administration publique, lui étaient opposés. Le choc de pareils intérêts pouvait être long et terrible. A des passions exaltées il faut opposer des passions contraires. Un clergé nombreux mettant son influence aux ordres del'inquisition d'État enflamme par des prédications furibondes le zèle de l'ignorant et crédule montagnard. A Vérone, le provéditeur Battaja, excite par une proclamation les sujets restés fidèles, à s'armer contre les Français ou leurs adhérents. Un plein succès couronne ces manœuvres; bientôt toute la population de la rive occidentale du lac de Garda et des vallées de la Sabbia et de la Trompia, réunie à quelques troupes de ligne, sous le général Fioravanti, s'apprête à déboucher dans les plaines du Brescian. Les démocrates, instigués par les agents français, et informés des mouvements médités contre eux, se décident à prendre l'initiative et à s'emparer de Salo, place vénitienne sur la rive occidentale du lac de Garda, d'où le provéditeur Zicogna faisait passer les armes et les munitions aux montagnards. Il sort de Brescia pour cette expédition, environ 1,200 hommes commandés par un Lecchi, et 4 pièces de canon servies par des canonniers français travestis. Le poste de Tormini qui domine Salo est enlevé, et l'on arrive, le 29 mars, aux portes de la ville. Les habitants viennent faire leur soumission et livrent des otages. Mais pendant ce temps, les montagnards, dociles à la voix de leur syndic, culbutent le détachement laissé à Tormini, et tombent, le 31 mars, sur la troupe de Lecchi, qui, prise à l'improviste, est bientôt refoulée dans Salo. Tous les Français se font jour; mais 200 Po

lonais de la légion Dombrowski qui cherchent un refuge dans les maisons avec quelques insurgés, y sont faits prisonniers.

Ce premier succès enhardit les montagnards; bientôt ils débouchèrent de toutes les vallées, et vinrent asseoir un camp de 10 à 12,000 hommes à Sainte-Euphémie, à une lieue de Brescia. L'apparition de l'ennemi n'intimida point ses habitants, qui, dès le premier jour de l'insurrection, avaient armé leurs remparts, et le 4 avril, ils soutinrent une vive canonnade de la part des assaillants.

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Ces rassemblements nombreux auxquels le cri de mort aux Français servait de ralliement, les Polonais faits prisonniers, une garnison française bloquée dans le château de Brescia, plus encore que les demandes de secours des insurgés brescians devaient éveiller la sollicitude des généraux sur la sûreté de leurs troupes évidemment compromises. Lorsqu'on se rappelle d'ailleurs que 8,000 hommes seulement, disséminés entre l'Isonzo et l'Adda, entretenaient la communication de l'armée avec le Milanais, l'on conçoit que leur position commandait de la part de Kilmaine la plus sérieuse attention. D'abord il tira des divers dépôts français, polonais et cisalpins stationnés en Lombardie, environ 1,500 hommes dont il confia le commandement au général Lahoz, patriote milanais, qu'il chargea du désarmement des campagnes. Celui-ci ayant prévenu les Brescians du jour de son arrivée, ils combinèrent un effort vigoureux, et à l'apparition de la colonne, ils se jetèrent sur le camp des montagnards. La résistance, quoique vive, ne fut pas de longue durée; ils furent poursuivis jusqu'aux environs de Lonato. Leur défaite eût été complète, si le bruit du passage du Mincio par 3 ou 4,000 paysans véronais n'eût commandé de la circonspection aux vainqueurs.

Voyant que ces levées se bornaient à garnir la rive gauche du Mincio, Lahoz, après avoir chassé les montagnards de Larezzo à la suite d'un vigoureux engagement où il leur prit trois pièces de canon et quantité de fusils, résolut de marcher sur Salo; mais, craignant d'y essuyer un nouvel échec, il demanda des secours au commandant de Peschiera et au chef de la marine, qui se décidèrent à envoyer, le 10 avril, devant Salo la flottille francaise, montée par quelques troupes de terre. A son

approche, le commandant de cette flottille somina le provéditeur Zicogna de lui rendre la place, sous prétexte qu'elle était devenue nécessaire aux Français pour s'opposer aux progrès des Autrichiens sur son refus, la flottille commença à canonner la ville dont les habitants s'enfuirent dans les montagnes.

L'intervention des Français n'était plus un mystère, mais on chercha néanmoins à la colorer d'apparences pacifiques. Le lendemain, le commandant de la flottille se rendit à Salo, et déclara que les Brescians étaient prêts à se retirer, si les habitants voulaient déposer les armes. Bien qu'il offrit de rester comme otage, les esprits étaient trop animés, pour ne pas rendre cette proposition infructueuse. Le jour suivant, Lahoz s'avança sur Salo en deux colonnes ; quoique la ville fût presque déserte, des tirailleurs en disputèrent les approches: la trahison d'un de leurs pelotons qui se voyant coupé fit feu après s'être rendu, fut la cause ou le prétexte du sac de cette ville.

de Brescia, à la prise de Salo, était connue à Venise, et y causait un vif ressentiment. Dès lors, les préparatifs du sénat redoublèrent, et il n'eût pas manqué d'éclater ouvertement, si l'approche de la division Victor, qui venait d'Ancône et traversait les États de terre ferme pour rejoindre l'armée, ne lui eût imposé. Mais, instruit enfin que les Tyroliens se levaient en masse pour se défendre, et que dans cette province, la chaîne de postes laissée pour entretenir les communications du corps de Joubert avec l'Italie, venait d'être détruite et dispersée par le général Laudon qui s'avançait sur la frontière avec un corps de 12,000 hommes, il reprit courage. D'un autre côté, le sénat, de plus en plus excité par les insinuations du cabinet autrichien, qui ne manquait pas d'augmenter les terreurs en accusant les intentions du Directoire, crut n'avoir d'autre parti à prendre qu'à presser la levée en masse. Un comité fut établi à Vérone pour assurer par des mesures de police le succès de ces dispositions militaires. L'inquisition d'État redoubla de vigilance, et tout ce qui fut soupçonné de quelque partialité pour les Français expia ce crime dans les cachots ou sous les plombs.

Les affaires prenaient ainsi une tournure sérieuse dans les états de terre ferme, à l'instant même où Joubert laissait le Tyrol à découvert pour faire sa jonction avec l'armée dans la vallée de Klagenfurth, et où Kerpen, suivant ses traces, laissait au général Laudon le soin de balayer le Tyrol méridional du peu de Français qui s'y trouvaient. Conformément à ses instructions, ce dernier revint aussitôt sur Botzen, puis se porta, le 10 avril, sur Trente avec la majeure partie de son corps, tandis qu'une faible colonne se dirigeait par la rive droite de l'Adige sur Arco, Riva et Torbole, postes qui tiennent la tête du lac de Garda. Le général Serviez, qui n'avait à lui opposer que 12 à 1,300 hommes sur les deux rives, fut battu et dispersé; une partie de ses détachements s'enfuit sur Brescia, une autre se rejeta sur les postes du général Balland dans la vallée de l'Adige. Bientôt assaillis par un ennemi supérieur, ceux établis le long de la rive orientale du lac de Garda, n'ayant pu gagner Pes-France et de considérations personnelles. chiera par Lacize, se réfugièrent à Castelnuovo, où ils furent en partie cernés et faits prisonniers. D'autres gagnèrent Vérone, le 16, parla chaussée de Trente sur la rive gauche de l'Adige, en laissant un poste au fort de Chiusa.

Bonaparte, instruit à son tour des événements de Salo, envoya à Venise son aide de camp Junot, avec une lettre pour le sénat, auquel il réclamait, dans les termes les plus énergiques, une satisfaction éclatante des assassinats commis sur les Français, et le désarmement des campagnes. Cet officier était chargé, en cas de refus, de déclarer la guerre, et d'en faire afficher le manifeste à Venise. Le sénat répondit avec adresse, éluda le désarmement demandé, n'en continua pas moins ses préparatifs hostiles, et se flatta de faire prendre le change au général français sur ses véritables intentions en lui députant le censeur Dona et l'ancien ministre de la guerre Justiniani, pour lui réitérer de vive voix les protestations d'attachement à la

Dans ces circonstances critiques les progrès des Tyroliens vinrent précipiter l'explosion, et montrèrent bientôt à découvert la trame préparée de longue main pour envelopper les Français dans une insurrection générale, et ce fut à Vérone que

La part que les Français avaient prise au blocus le gros de l'orage éclata.

L'infériorité de leurs forces consistant seulement en 2,000 hommes de troupes pour la garde des trois forts et des portes de la ville, le voisinage du Tyrol d'où le général Laudon pouvait secourir les insurgés favorisait sur ce point les vues du sénat. Tandis que des proclamations appelaient aux armes le peuple des campagnes, les prêtres remplissaient de leur fiel des esprits habitués à leur empire, et ulcérés d'ailleurs par les calamités de la guerre, qui, depuis dix mois, désolait ces contrées. Dès le milieu d'avril, la levée en inasse du Véronais fut effectuée, et ne produisit pas moins de 30,000 paysans armés, dont une partie entra dans le chef-lieu, et l'autre cantonna dans les environs. Déjà, sous divers prétextes, 3,000 hommes de troupes italiennes et esclavonnes y avaient été envoyés par le sénat, tandis qu'au dehors un autre corps de troupes réglées se tenait à portée d'appuyer le mouvement qui se préparait. Le 16, un courrier fut expédié à Laudon pour l'instruire de l'état des choses et lui demander des

secours.

Témoin de ces préparatifs, le général Balland qui commandait la garnison française, se renferma dans les châteaux, ne laissant aux portes de la ville que le nombre d'hommes strictement nécessaire à leur garde; mais en louant cette mesure de prudence, l'événement fait regretter qu'elle n'ait point été étendue aux hommes isolés, aux agents de l'administration militaire, et aux 400 malades qui se trouvaient dans les hôpitaux.

frénétique, le provéditeur Emili à sa tête, se porte vers les forts dont elle demande l'assaut à grands cris.

Cependant les Français qui les occupaient entendaient avec indignation les cris de leurs compatriotes égorgés sans défense; l'artillerie des trois forts, dirigée contre la ville, lui fit essuyer une si vive canonnade, que le provéditeur extraordinaire et le podestat effrayés, se décidèrent à parlementer. Ces ouvertures déterminèrent le chef de brigade Beaupoil, commandant du château vieux à entrer en conférence pour le rétablissement de la paix; mais à peine se présentait-il à l'entrée du palais, escorté par la garde bourgeoise, qu'il fut assailli par derrière, saisi par les cheveux, désarmé, et ne s'arracha que difficilement des mains des furieux qui menaçaient sa vie. Échappé à ce danger, il conclut avec le provéditeur un arrangement d'après lequel les hostilités devaient cesser de part et d'autre, et la bonne harmonie être rétablie comme auparavant. Le provéditeur s'engageait à licencier les paysans, à remettre les portes de la ville aux troupes françaises et à maintenir la tranquillité. Cette convention n'eut aucun effet, parce que Balland qui n'y avait point participé, refusa de la ratifier. Pour toute réponse il fit signifier au provéditeur qu'il exigeait dans le délai de trois heures, le désarmement général des paysans et des habitants, le rétablissement des communications, la remise de six otages à son choix, enfin satisfaction éclatante pour tous les meurtres commis sur les Français. Ces conditions présentées dans les formes impérieuses d'un ultimatun, étant restées sans effet, les hostilités continuèrent. Le lendemain, les Véronais demandèrent une trêve pour parlementer; mais le général Balland persistant dans les conditions qu'il avait exigées la veille, let feu recommença de nouveau. Le peuple voulait à toute force livrer l'assaut, et ayant repoussé les sorties tentées par les assiégés, l'artillerie des fort lança des bombes, et tira à boulets rouges sur la ville où le feu ne tarda pas à prendre en plusieurs endroits.

Telle était la situation de Vérone, lorsque, le 17 avril, jour de la seconde fête de Pâques, après vêpres, le tocsin sonne de toutes parts on court aux armes : une population furieuse inonde les rues et les places publiques; on se précipite sur les Français épars dans la ville; tout est égorgé sans distinction. Avec le droit des gens, l'humanité est foulée aux pieds. Des monstres envahissent les hôpitaux et massacrent les malades et les blessés. Plusieurs Véronais sont victimes de ces fureurs, et des bandes forcenées parcourent la ville, menaçant de mort les habitants suspects d'inclination pour la France. L'on s'empare des trois Le sénat de Venise, jetant alors le masque, portes après avoir fait main basse sur les senti- ordonna au provéditeur G. Foscarini d'envoyer de nelles, on force à capituler les postes qui les gar-Vicence 2,000 Esclavons au secours des Véronais. daient, et toujours altérée de sang, une troupe L'arrivée de ce renfort coïncidant avec l'appari

tion du comte de Neuperg sur le revers des montagnes, presqu'en face de Vérone, redoubla la fureur des assiégeants, qui se vengèrent des ravages causés par l'artillerie française dans leurs habitations, en égorgeant la petite garnison de la Chiusa, qui avait capitulé faute de vivres.

de ses habitants firent place au découragement et à la terreur. Plus d'espoir d'être secourus par l'Autriche dont les troupes allaient se replier. Toute l'armée française, refluant sur les États de Venise, avait de terribles représailles à y exercer. Dans cette position désespérée, les insurgés posèrent les armes, et attendirent en tremblant ce que les vainqueurs ordonneraient d'eux. Balland leur accorda une capitulation, dont les principales dispositions étaient le désarmement général, avant la fin du jour, de toutes troupes de quelque espèce qu'elles fussent; la remise de tous les Français, détenus ou non, qui se trouvaient dans Vérone, l'envoi à la citadelle de 16 otages nommément désignés, parmi lesquels se trouvaient l'évêque et les provéditeurs, enfin le payement de 40,000 ducats de contributions. Ces conditions acceptées sans examen, la division Kilmaine prit possession de Vérone. Le pillage de quelques maisons fut abandonné aux soldats, et trois des principaux habitants, jugés militairement, subirent la peine de mort. Ces rigueurs ne violaient point la capitulation, par laquelle les Véronais s'étaient livrés corps et biens à la discrétion des vainqueurs.

Ces succès étaient bien propres à entretenir le courage des assiégés; mais quelle douce satisfaction n'éprouvèrent-ils pas d'avoir soutenu l'honneur des armes françaises, lorsqu'ils recurent, le 23, l'avis de la signature des préliminaires de paix.. Aussitôt la nouvelle s'en répandit dans Vérone, et La joie de ces forcenés fut troublée par la nou- y causa une sensation d'autant plus vive, qu'on velle de l'armistice et la retraite des Tyroliens qui apprit au même moment que le général Victor en fut le résultat ; ils se replièrent, le 18, sur Ri- | dirigeait en toute hâte sa division, de Trévise, convalta par ordre de Laudon. Cependant, l'investis-tre la ville insurgée. Alors la jactance et la fureur sement des forts n'en continua pas moins. Ce que les assiégés avaient désormais le plus à craindre, était la famine, dont ils ressentaient déjà les premières atteintes, lorsque du haut des forts ils découvrirent, le 21 avril, une colonne française. C'était l'avant-garde du général Kilmaine, commandée par Chabran, qui, après s'être frayé un passage à travers les insurgés, sans calculer le danger d'une pareille sommation, exigeait que Vérone lui ouvrit ses portes. Cet incident donna lieu à quelques pourparlers; mais le détachement français n'étant pas assez fort pour imposer aux insurgés, les hostilités continuèrent, et il alla prendre position à Somma-Campagna, en attendant le gros des troupes que Kilmaine amena dans la nuit même. Le général vénitien Montenari, informé par les avant-postes qu'il avait entre la porte neuve et la route de Peschiera, ne voulut pas lui donner le temps de tenter le passage de l'Adige au-dessus de Vérone, et résolut de prendre l'initiative. Le 22, au point du jour, il le fit attaquer à la Croce-Blanca par le corps d'Esclavons campé en avant des murs de Vérone, et sontenu de 3 à 4,000 insurgés. Le choc fut rude, mais bientôt repoussés du village, mis en désordre par l'explosion de leurs propres caissons auxquels un obus français mit le feu, les Esclavons, poursuivis par le général Chevalier, furent coupés de la ville par la cavalerie de Lan drieux, et perdirent leur artillerie. Pendant ce temps, Lahoz, détaché par Chabran, surprenait à Pescantina le passage de l'Adige, malgré la vive résistance des insurgés, et couronnait les hauteurs de Saint-Félix, d'où il entra en communication avec le général Balland, en sorte qu'avant la fin du jour, Vérone fut investie sur la droite de l'Adige et sur la partie de la rive gauche qui regarde le Tyrol.

Telle fut l'issue de cette insurrection à laquelle on donna le nom de Pâques Véronaises. Dans cet intervalle, un événement qui s'était passé à Venise même, servit à manifester les véritables dispositions du gouvernement, et à justifier la politique qui préparait déjà la destruction de la république. Un corsaire français de 4 canons, chassé par des vaisseaux autrichiens, se réfugia, le 20 avril, dans les eaux de Venise et y mouilla. Sommé par les Vénitiens de lever l'ancre, il se disposait à obéir, lorsqu'il se vit canonné à la fois par le fort SaintAndré et par les galères de la station du Lido; le capitaine Laugier qui le commandait fut tué, et

» les villes insurgées. Il a refusé, parce qu'il lui >> fallait un prétexte pour tenir la population sous » les armes, afin de me couper la retraite si j'y » étais réduit: maintenant, si vous réclamez ce » que je vous ai offert, je le refuse à mon tour. Je »> ne veux plus d'alliance avec vous; je ne veux » plus de vos projets, je veux vous donner la loi. » Il ne s'agit plus de me tromper pour gagner du

au même instant des soldats et des matelots de la station ayant abordé son bâtiment, le pillèrent et firent main basse sur l'équipage. Les Vénitiens affirmèrent pour justifier cet attentat, que Laugier avait tiré sur les batteries pour forcer le Lido : l'ambassadeur français soutint qu'il n'avait tiré que pour saluer le fort. Deux jours après parut un décret par lequel le sénat félicitait de leur conduite ceux qui avaient pris part à cet événement,» temps comme vous l'essayez par votre mission.

et leur accordait des gratifications.

Malgré ces actes hostiles, le sénat, par un aveu

» Je sais fort bien que votre gouvernement, qui n'a

>> pu armer pour interdire l'entrée de son territoire

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aujourd'hui les moyens de désarmer sa population. Je m'en charge; je la désarmerai malgré vous. Les nobles des provinces, qui n'étaient que >> vos esclaves, doivent, comme les autres, avoir

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glement qui caractérise sa politique, se reposait» aux troupes des puissances belligérantes, n'a pas encore sur le succès de la mission des deux patriciens envoyés auprès de Bonaparte. Cet espoir était» chimérique; en effet, ces députés, avant d'arriver à Klagenfurth, avaient appris la conclusion de la paix avec l'Empereur, et l'accueil qu'ils reçurent» part au gouvernement; mais déjà ce gouvernedu général en chef à Gratz et à Leoben, les convainquit que le temps des négociations était passé; le partage des États de Venise convenu avec l'Autriche leur prouva que, n'ayant su ni faire la guerre ni conclure la paix à temps, il fallait s'attendre à recevoir la loi du vainqueur.

Toutefois ces habiles commissaires, feignant une grande confiance dans la générosité française, discutaient encore sur le désarmement et la reddition des prisonniers. Mais, en admettant même qu'il y eût moyen d'arrangement pour des griefs dont on s'accusait réciproquement, Bonaparte ayant stipulé le partage des États de terre ferme, ne cherchait son tour que des prétextes plausibles pour leur déclarer la guerre, et au défaut des prisonniers et de désarmement, il en eût trouvé bien d'autres. « Au fait, s'écria-t-il dans la chaleur de cette discus»sion, si tous ceux qui ont outragé la France ne » sont pas punis, tous les prisonniers mis en li»berté, le ministre anglais chassé, le peuple dés» armé, et si Venise ne se décide pas entre l'Angleterre et la France, je vous déclare la guerre. » Je viens de conclure la paix avec l'Empereur; » je pouvais aller à Vienne ; j'y ai renoncé pour >> cela. J'ai 80, 000 hommes, vingt barques canon»> nières. Je ne veux plus d'inquisition, plus de sé» nat; je serai un Attila pour Venise. Quand j'avais en tête le prince Charles, j'ai offert à >> M. Pesaro l'alliance de la France; je lui ai offert >> notre médiation pour faire rentrer dans l'ordre

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>>ment est vieux, il faut qu'il s'écroule. »

Cependant, à force d'adresse, les négociateurs parvinrent du moins à différer un éclat, lorsque la nouvelle du massacre de Vérone et de l'enlèvement du navire de Laugier vint rompre une négociation déjà trop prolongée. Tremblant alors qu'on leur demandât compte du sang français, ils prirent le parti de se retirer, après avoir dissimulé dans une note, le mieux qu'ils purent, l'affront fait au pavillon français.

Tandis que ceci se passait au quartier général de Bonaparte, Victor ayant opéré sa jonction avec Kilmaine, leurs forces réunies s'élevèrent alors à plus de 10,000 hommes. Quelques engagements suffirent pour dissiper les rassemblements d'insurgés dans le Véronais, et, dès le 28, Vicence et Padoue furent occupés par les Français qui bordèrent une parties des lagunes.

Les habitants de quelques vallées bergamasques s'étant soulevés de nouveau à l'instigation des podestats cachés, le général Chevalier fut chargé de les dissiper avec une colonne mobile de 1,800 hommes, qui n'éprouva aucune résistance.

Les nouvelles que le gouvernement reçut bientôt après, étaient de nature à lui inspirer de vifs. regrets sur sa conduite. L'esprit révolutionnaire ne rencontrant plus d'obstacles, avait franchi l'Adige avec les colonnes françaises. Vicence, Padoue appelés à la liberté par les proclamations de Lahoz, établissaient des municipalités; presque toute la

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