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Dans la nuit du 19 au 20 avril, tout se mit en mouvement sur la rive gauche du Rhin. Les ba

de ce point, ne permettaient plus de débarquer L'attaque principale était fixée à trois heures du dans les îles, où l'ennemi exerçait une grande sur-matin, et devait précéder les autres de quinze à veillance; ensuite la baisse des eaux, qui avait mis vingt minutes. à sec le bras Mabile, rendait l'embarquement impossible sur ce canal qui, dans d'autres circonstances, eût offert de si grands avantages par sa proxi-teaux de commerce de la rivière d'Ill, depuis Colmité de Strasbourg. D'un autre côté, la nécessité d'effectuer cette opération sans délai, avec le peu de moyens qui se trouvaient à la disposition du général en chef, laissant à peine le loisir de reconnaître l'endroit le plus favorable, il fut arrêté que le passage aurait lieu en avant de Kilstett. Quarante bateaux de la rivière d'Ill, portant chacun 70 hommes, un bateau plat pour du canon et des munitions, et 12 grands bateaux de Strasbourg furent destinés pour cette entreprise. Ces embarcations, après avoir déposé l'avant-garde sur la rive droite du Rhin, devaient revenir chercher d'autres troupes sur la gauche, et continuer cette manœuvre pendant qu'on travaillerait à jeter un pont volant à la hauteur de Gambsheim, jusqu'à l'établissement d'un pont de bateaux. (Pl. XX.)

Les troupes du centre, cantonnées aux environs de Strasbourg, et destinées à la première attaque, recurent ordre de se rendre sous divers prétextes près de Kilstett, où un emplacement masqué par une digue,parut propre à couvrir l'embarquement, On régla la marche des divisions de droite et de gauche, de manière à les faire arriver successivement dans la nuit et le jour suivant.

L'attaque principale, d'après les premières dispositions, devait être divisée en trois colonnes; la première à gauche avait l'ordre d'aborder à la lisière du bois de Freystett ; la seconde au-dessus de la batterie dans l'ile boisée, à l'embouchure du ruisseau de Holchenbach ; et la troisième sur une grande île de gravier, séparée du bois de Diersheim par des petits bras quéables, sur l'un desquels on avait reconnu un pont praticable à l'infanterie. Un pareil nombre de fausses attaques devait protéger le débarquement de ces colonnes, savoir, deux supérieures non loin de Kehl, et une troisième au-dessous contre les îles de Dalhanden, vis-à-vis de Grefferen. On avait en outre l'intention de donner le change à l'ennemi par une vive canonnade sur toute la ligne, depuis Brisach jusqu'au fort Vauban.

:

mar jusqu'à Strasbourg, furent dirigés vers Kilstett. La difficulté de trouver dans l'obscurité d'une nuit orageuse, une passe pour franchir un banc de sable que l'on rencontra près de Wantzenau retarda considérablement la marche de la flottille. Il n'y avait, à cinq heures du matin, que vingtcinq bateaux rendus à Kilstett, et pour comble de contrariétés, un accident fâcheux ne permit pas de s'en servir aussitôt. Toutes ces embarcations qu'on dirige sans rames sur l'Ill, qui n'est pas profond, en avaient besoin pour naviguer sur le Rhin le bateau qui les portait s'étant engravé de manière à ne pouvoir être mis à flot, l'on fut obligé d'envoyer des détachements d'infanterie les chercher sur leurs épaules. Ce ne fut qu'à six heures que l'expédition principale se mit en mouvement. Dès lors plus d'espoir de causer de surprise; depuis une heure et demie, le canon des fausses attaques avait donné l'éveil aux Autrichiens celle dirigée audessus de la batterie de Béclair, par l'aide de camp d'Hénin, était parvenue à prendre terre, et leur causait déjà beaucoup d'inquiétude,

:

La division destinée au principal coup de main était commandée par Duhesme; les généraux Vandamme et Davoust devaient passer avec les deux premières sections; enfin, au second transport, six bataillons, sous le général Jordy, leur serviraient de réserve.

La flottille française, en débouchant dans le grand Rhin, se trouva en vue des batteries autrichiennes, qui commencèrent un feu très-vif. Les pontonniers manœuvrèrent avec autant d'audace que de sang-froid; mais, ne pouvant suivre la direction tracée, sans trop s'exposer à la mitraille, ils se dirigèrent vers le gravier indiqué pour le débarquement de la troisième section, où toutes les troudescendirent,

pes

Trois cents Croates qui l'occupaient en furent chassés par Heudelet; et, en même temps que les bateaux retournaient chercher de nouvelles troupes, le général Duhesme, avec les bataillons de

Davoust, attaqua le village de Diersheim où il de- | avait alors sous la main environ 11,000 hommes, dont 1,500 de cavalerie et 20 bouches à feu. Les républicains, au contraire, comptaient à peine 8,000 hommes d'infanterie, peu ou point d'artille

avec vigueur, il était probable qu'il les jetterait dans le Rhin. Le combat s'engagea par une canonnade, qui démonta le peu de pièces françaises et réduisit en cendres une partie du village de Diersheim. Protégée par l'incendie et par le feu de son artillerie, l'infanterie autrichienne pénétra alors dans le village, où il s'engagea une fusillade aussi vive que meurtrière. Les troupes qui le défendaient, furent repoussées jusqu'à l'église; mais un bataillon de la 76° étant arrivé à leur secours, et les adjudants généraux Drouet et Heudelet ayant assailli la colonne autrichienne par ses flancs, celle-ci hors d'état de résister au choc d'une double charge, ne tarda pas à être enfoncée et culbu

venait urgent de se loger. Cette entreprise échoua: Duhesme y eut la main percé d'une balle en battant la charge avec son sabre, et Vandamme arriva fort à propos pour rétablir le combat. Les deux partis serie, et pas encore 50 chevaux. En les abordant disputèrent le village et le réoccupèrent deux fois, à mesure qu'ils recevaient quelque renfort de troupes fraîches. A la 3 charge, il resta aux Français, dont la ligne s'étendit alors par sa droite dans la direction de Honau; sa gauche s'appuyait aux digues du Rhin; Diersheim se trouvait à peu près au centre. Vers onze heures, un renfort de 4,000 Autrichiens étant accouru du camp de Boderswihr, Starray se crut en état de culbuter les assaillants dans le Rhin. Cette nouvelle tentative n'eut pas une issue plus heureuse que les deux premières, bien qu'elle fût combinée avec le mouvement d'une colonne qui se dirigea par Honau sur un retour de digue, d'où elle espérait prendre de revers la ligue française. Jordy, avec la 17o légère, repoussa l'at-tée hors du village, après une mêlée assez rude, où taque de front, tandis que Desaix et Davoust, qui s'étaient aperçus du projet de la colonne de flanc, marchèrent à sa rencontre avec deux bataillons de Ja 109°, dans un terrain couvert et marécageux, la chargèrent avec impétuosité et la rejetèrent dans Honau, où ils lui firent 200 prisonniers. Desaix reçut à cette occasion une blessure à la cuisse.

Après cet engagement, les Autrichiens, profitant des avantages de leur position, s'y tinrent sur la défensive. Ils n'en pouvaient choisir une plus favorable; elle s'étendait le long d'un ridean dont la droite, couverte par le ruisseau de Holchenbach, s'appuyait vers Freystett, et la gauche à Honau. Ce rideau était défendu par quatre batteries, dont le feu concentrique mettait les plus braves hors d'état de franchir le ruisseau.

Le pont volant, qui fut achevé vers trois heures, ne pouvant passer au delà de vingt-cinq chevaux, ou une pièce avec son caisson, il était présumable que les Français s'estimeraient heureux de se maintenir jusqu'à la construction du pont de bateaux. Plus leur position devenait précaire, plus il importait aux Autrichiens d'empêcher leur établissement sur la rive droite du fleuve; aussi dès que ceux-ci eurent reçu les renforts qu'ils attendaient des cantonnements voisins, le comte de Starray crut devoir faire une quatrième tentative. Il

les deux adjudants généraux furent grièvement blessés, Starray, appréciant l'avantage que son artillerie lui donnait, ne se laissait rebuter par aucun obstacle; irrité de ce que son attaque sur le centre avait complétement échoué, il fit, peu d'instants après, un nouvel effort sur sa gauche, et fut repoussé par Jordy avec la 100° et une partie de la 17°.

Tandis qu'on se disputait avec tant d'acharnement la possession de Diersheim, Vandamme et Davoust, voulant profiter du moment où les Autrichiens venaient d'affaiblir leurs ailes afin de renforcer l'attaque du centre, se dirigèrent sur Honau, en traversant la plaine sous la protection de trois pièces d'artillerie légère, et des cent premiers cavaliers débarqués ; la 100° se logea dans ce village que l'ennemi défendit mollement.

Cependant, le canon autrichien ayant démonté le pont volant, il n'y eut plus de communication à espérer que par le pont de bateaux, dont la construction n'était pas encore commencée. On mit la main à l'œuvre à six heures; et malgré les obstacles des localités et le feu de l'artillerie combiné avec une attaque sur la gauche de la position française, on travailla avec tant de diligence, qu'il fut achevé avant minuit. A deux heures du matin, deux batteries légères, et une brigade de cavalerie y défi

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lèrent, ainsi que l'infanterie de la division Du- | Moreau en état de prendre l'offensive. Il était près de deux heures, lorsqu'il fit à son tour des dispositions pour attaquer sérieusement l'ennemi,

four.

La colonne principale, commandée par Vandamme, eut ordre de marcher au centre entre Lings et Hobine, pendant que Lecourbe se porterait à droite sur Lintzenheim, et Dufour à gauche

Le 21 avril, vers sept heures du matin, une lutte non moins opiniâtre s'engagea. Le comte de Starray, ignorant sans doute que le pont fût terminé, et ayant reçu dans la nuit des renforts qui portèrent sa troupe à 14,000 fantassins, 3,000 chevaux et une quarantaine de bouches à feu, résolut d'em-sur Freystett. Quatre bataillons furent laissés dans porter en même temps Diersheim et Honau.

L'attaque dirigée sur ce dernier village, après avoir obtenu un succès passager, se vit arrêtée par des troupes récemment débarquées; celle contre Diersheim fut beaucoup plus sanglante, sans être plus heureuse. Elle commença par un feu d'artillerie qui, battant à mitraille de front et d'écharpe le principal débouché de ce village, démonta le peu de pièces des Français. L'infanterie autrichienne n'en ayant plus rien à craindre, se porta impétueusement sur la gauche du village, où se renouvela une scène de carnage plus terrible que la veille; la 3o légère, soutenue par quelques bataillons de Jordy, arrêta l'ennemi de front, tandis que Davoust, avec les 17 légère et 109° de ligne, débouchait par la plaine sur le flanc de sa colonne. La cavalerie impériale saisit cet instant, et se lança à son tour en pleine carrière sur les bataillons francais; mais la brigade de cavalerie républicaine, qui venait de se former près de là, vole, sans calculer son infériorité, au soutien de son infanterie; une véritable mêlée s'engage, les troupes combattent corps à corps; les escadrons de Moreau, ramenés à plusieurs reprises jusque dans les jardins de Diersheim, renforcés à propos par une partie du 9 de hussards, finissent par triompher. Les généraux Starray et Immeus ayant été blessés, et les Impériaux voyant l'inutilité de leurs efforts par l'arrivée successive des forces républicaines, se décidèrent à la retraite. La réserve de cavalerie sous les ordres de Bourcier, n'ayant pas encore passé le Rhin, on ne put tirer tout le parti désirable de ce premier avantage.

Pendant que ce combat avait lieu, Lecourbe débouchait du pont avec sa brigade. Il fut suivi à peu de distance par la réserve, composée de sept régiments de grosse cavalerie, qui vinrent se ranger en bataille derrière les villages de Diersheim et de Honau. L'arrivée de ces troupes mit enfin

le bois de Diersheim, tant pour couvrir le pont que pour servir de réserve.

Les Impériaux n'ayant commencé leur retraite qu'à la dernière extrémité, n'eurent pas le temps de la couvrir avec soin. Le régiment d'Alton, atteint par le 8o de hussards et le 13 de dragons, fut taillé en pièces ou fait prisonnier. Sa défaite subite imprima à leur mouvement rétrograde le caractère d'une déroute; en un clin d'œil tous les chemins se trouvèrent couverts de fuyards.

Vandamme, à la tête de la division Duhesme, soutenu de la réserve de cavalerie, dépassa Offenbourg et Gegenbach : les efforts du général O'Reilly pour l'arrêter, devinrent infructueux; cet officier fut pris entre Buhl et Offenbourg, en cherchant à rallier ses escadrons.

Dufour marcha droit sur Korck et Kehl. Des dragons du 17 régiment qui éclairaient sa colonne, tournèrent le pont de la Kintzig défendu par de l'infanterie, passèrent cette rivière à gué, un peu au-dessus, et allèrent sommer Kehl, dont la petite garnison se rendit prisonnière. La prise de ce poste assura l'établissement des Français sur la rive droite du Rhin, en leur procurant la facilité de rétablir le pont de bateaux de Strasbourg. Dès que Moreau en fut informé, il donna l'ordre aux généraux du génie Marescot et Boisgérard, d'en presser la construction.

L'armée de Rhin-et-Moselle, à la suite du vigoureux combat qu'elle avait soutenu dans la matinée, et d'une poursuite de huit licues, passa la nuit un peu disséminée, la droite entre Kehl et Neumuhl, la gauche entre Bischoffsheim et Ferystett, l'avant-garde sur la Renchen. Elle avait fait dans cette journée 3,000 prisonniers, pris plusieurs drapeaux et 20 pièces de canon; tous les équipages et une grande partie des chevaux étaient tombés en son pouvoir. La perte des Autrichiens en tués et blessés fut évaluée à 3,000 hommes ; les

Français n'en eurent guère moins hors de combat | gen, les débris du corps battu, et livrer bataille dans les journées du 20 et du 21 avril.

Moreau, instruit par l'expérience de la campagne précédente, résolut de pousser avec vigueur le corps de Starray, en même temps qu'une division remonterait la vallée de la Kintzig jusqu'auprès des sources du Danube, pour forcer à la retraite les corps qui étaient sur le haut Rhin; une troisième colonne devait s'emparer du passage du Kniebis, pour donner au gros de l'armée, la fa- | culté de se porter sur Rastadt, à la rencontre du corps que Latour rassemblait aux environs de Man

heim.

Le 22 avril, l'armée s'ébranla au point du jour. Le centre marcha sur deux colonnes : l'une, conduite Vandamme et suivie de la réserve, s'apar vança sur Freudenstadt par Nieder-Achern et le Kniebis; l'autre, dirigée par Davoust, remonta la vallée de la Kintzig. L'avant-garde de la première rencontra, entre Zimmern et Renchen, une arrièregarde autrichienne, qui, ne voulant point s'engager, précipita sa marche par Oberkich, sur le Kniebis. De son côté, Davoust s'avança sans obstacles jusqu'à Biberach.

L'aile droite, aux ordres de Dufour, marcha sur Ettenheim, en remontant la vallée du Rhin; SaintCyr, arrivé dans la nuit avec deux demi-brigades, quatre régiments de cavalerie, et deux batteries d'artillerie légère, devait suivre la route du Rhin, s'y rallier à la brigade Lecourbe, et se préparer à agir de concert avec le centre et la réserve.

Lecourbe formant son avant-garde, força vers trois heures le passage de la Renchen, défendu par 2 bataillons, 3 escadrons et 6 pièces de canon. Après un léger engagement, les Autrichiens furent défaits et poursuivis jusqu'à Lichtenau, avec perte d'une centaine d'hommes (1).

aux Français dans la plaine. Moreau, informé de son dessein, avait tout disposé pour le prévenir; mais l'arrivée du courrier, porteur des préliminaires de paix, mit fin aux hostilités : l'on expédia contre-ordre aux divisions, et l'armée républicaine garda les positions qu'elle avait le matin.

Ainsi se termina, pour l'armée de Rhin-et-Moselle, cette campagne de trois jours, qui fit honneur à l'activité et à la bravoure des troupes des deux nations, mais qui, par sa courte durée, laisse à peine entrevoir les résultats qu'elle devait ame

ner.

OPÉRATIONS DE L'ARMÉE DE SAMBRE-ET-MEUse.

Le général Hoche, en arrivant à Cologne, donna tous ses soins à la réorganisation de l'armée de Sambre-et-Meuse. Depuis quelques années, la cavalerie avait été éparpillée dans les divisions d'infanterie; le nouveau général en chef la réunit en divisions séparées par armes. Mais, pour éviter un inconvénient, il tomba dans un autre non moins dangereux, en détruisant l'émulation des différen tes armes, et les privant de l'appui mutuel qui résulte de leur constitution particulière : il eût tiré de sa cavalerie un plus grand avantage, en admettant des hussards, des chasseurs et des dragons dans chacune de ses divisions, et en donnant à sa réserve de grosse cavalerie quelques escadrons de troupes légères pour l'éclairer.

Quoi qu'il en soit, Ney commanda les hussards. Richepanse les chasseurs, Klein les dragons; la réserve fut mise sous les ordres du géneral d'Haupoult. On répartit l'infanterie de l'armée active en 6 divisions; chaque aile se trouva composée de deux divisions d'infanterie et d'une de cavale

Pendant que le corps de Starray était ainsi pour-rie. Les hussards et la réserve de suivi, Latour avait rassemblé en toute diligence les troupes cantonnées aux environs de Manheim, et s'était mis en marche sur Rastadt avec 15,000 hommes d'infanterie et 3,000 chevaux. Il espérait recueillir à la hauteur de cette ville ou d'Eittlin

grosse cavalerie furent attachés au centre dont Grenier prit le commandement. L'aile droite fut confiée à Lefebvre, et Championnet obtint le commandement de l'aile gauche.

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Cette répartition, préférable à celle des cam

il pouvait en 1796 réunir autant de forces contre un corps autrichien beaucoup moins nombreux: preuve de la justesse de nos observations.

pagnes précédentes, donnait à l'ordre de bataille | Neuwied et empêcher le centre et l'aile droite des d'autant plus d'ensemble et de force, que la divi- | Français d'en déboucher. (Voy. pl. V.)

sion Watrin devait servir de réserve d'infanterie jusqu'après les premiers succès, et achever ensuite l'investissement de Mayence, de concert avec une autre laissée à cet effet dans le Hundsruck: la brigade Goulu cut la mission d'investir Ehrenbreitstein: tous ces corps détachés furent mis sous les ordres de Collaud.

L'armée de Sambre-et-Meuse, ainsi organisée, se trouvait dans le plus bel état; sa cavalerie était nombreuse, son artillerie bien attelée et parfaitement servie. Elle n'attendait que le signal pour entrer en campagne; et malgré quelques retranchements élevés pour la contenir, rien ne s'opposait à ce qu'elle débouchât en Allemagne, à la faveur du camp retranché de Dusseldorf ou de la tête de pont de Neuwied.

Les Autrichiens, cantonnés sur les deux rives de la Lahn, poussaient leurs avant-gardes sur la Sieg. Les environs de Neuwied étaient hérissés de batteries et de retranchements, et Kray, l'un des meilleurs et des plus actifs divisionnaires, commandait un corps assez considérable sur ce point important.

Hoche, jugeant convenable d'attirer l'attention de l'ennemi du côté de Dusseldorf pour faciliter au gros de son armée de déboucher de Neuwied, prescrivit au général Championnet de s'avancer sur la Sieg, et de lancer même son avant-garde au delà de cette rivière, dès le 17 avril. Werneck n'avait qu'une chance favorable; c'était de tomber sur une des ailes de son adversaire au moment où elle s'avancerait; mais s'il ne pouvait sans danger s'aventurer jusque sur la Sieg en laissant Neuwied derrière lui; et, d'un autre côté, s'il se repliait, la jonction de toutes les forces de Hoche devenait inévitable. Werneck crut trouver un expédient pour se tirer de cette position fâcheuse, en laissant avan cer Championnet pour le combattre vers Altenkirchen, et il rassembla, à cet effet, sa droite à Neukirch, le centre à Dierdorf, où il prescrivit à Kray de venir le joindre avec le gros de son corps, se contentant de masquer Neuwied par quelques bataillons. En cas de succès dans cette première tentative, Werneck imaginait avoir assez de temps pour revenir par une marche de flanc, devant

TOME HII.

D'après ces étranges dispositions, l'armée autrichienne se mit en mouvement, et, le 17 avril, son centre et sa droite arrivèrent dans les positions indiquées. Le jour suivant, l'aile droite s'avança jusqu'à Cropach, afin d'être probablement plus près du point d'attaque. Kray, avec l'aile gauche, devait se mettre en marche pour Dierdorf, dans la nuit du 17 au 18 avril, après avoir laissé 5 bataillons et 6 escadrons devant Neuwied, pour dérober son mouvement.

L'intention de Werneck était de faire prendre en même temps la position de Limbourg à la réserve de Simbschen, qui lui avait été promise par Latour; mais outre l'inutilité d'une réserve aussi éloignée du théâtre où les coups allaient se porter, le général en chef, informé des projets de Moreau pour passer à Kehl, craignit de renforcer le corps qui allait opérer sur la Sieg, aux dépens de celui qui défendait le haut Danube, de sorte que le point de Limbourg resta à découvert, et la réserve inutile aux deux armées. Dans la répartition des forces autrichiennes sur la ligne de défense, c'était une faute très-grave; car il fallait se décider promptement à retirer le corps de Werneck derrière la Lahn et même derrière le Mein, ou bien à le faire soutenir. Le premier de ces partis eût été sans con tredit le plus sage: dès qu'on ne l'adoptait pas, Latour aurait dû non-seulement diriger la réserve sur la Lahn, mais encore y détacher une partie des troupes disponibles à Mayence ou à Manheim. De cette manière, réunissant au delà de 45.000 hommes sur cette rivière, il est probable qu'on en eût défendu le passage avec quelque succès, sans exposer pour cela ces deux places à être investies et dénuées de garnison, puisqu'on avait toujours une retraite assurée, par Hofheim ou Usingen, sur Mayence et Francfort.

A cette faute, qui n'était pas la sienne, Werneck ajouta celle d'étendre son aile droite jusqu'à Siegen, au lieu de la rabattre sur Hachenbourg. On voit par là qu'avec la volonté de rassembler tous ses moyens pour écraser Championnet, lorsqu'il dépasserait Ukerath, le général autrichien avait disséminé ses 30,000 hommes sur une ligne de 18 lieues d'étendue, menacée au centre par le

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