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sait des armements clandestins, et travaillait à soulever le peuple de ses provinces de terre ferme. Déjà, le provéditeur de Vérone, par une proclamation incendiaire, avait ouvertement excité la population de cette grande ville à une insurrection contre les Français : et le sénat, sous prétexte de comprimer l'esprit de révolte qui s'était manifesté à Bergame et à Brescia, avait fait prendre position sur les bords occidentaux du lac de Garda, à un corps d'esclavons aux ordres du général Fioravanti. Quoique les divisions Victor et Kilmaine, laissées en Lombardie et dans la Marche d'Ancône, fussent plus que suffisantes, avec les légions polonaise et

étant réunies le 5 avril, il se mit en marche de bonne heure pour Pruneken, après avoir brûlé les ponts de l'Eisach, entre Ober-Aue et Aischa. Son arrière-garde défendit encore Clausen et Seeben contre Laudon, atteignit Brixen avant la chute du jour, et se rendit, dans la nuit, à Pruneken. La destruction des ponts de l'Eisach paralysa les forces de Kerpen pendant cette journée. Ainsi, Joubert échappa aux deux corps autrichiens, remonta la Rient jusqu'au col de Tolbach, atteignit les sources de la Drave, et descendit à Lienz, d'où il eontinua sa route en côtoyant cette rivière jusqu'à Villach. Sa colonne n'eut, dans cette longue traversée, qu'un combat à livrer à des insurgés qui lui bar-lombarde, pour déjouer la politique de ce gouverraient le passage à Muhlbach près de Spital, et nement, la situation brillante de Bonaparte n'était dans lequel il fit encore quelques prisonniers.

Vingt jours s'étaient à peine écoulés depuis l'ouverture de la campagne, et déjà l'archiduc avait perdu, en dix combats, le quart de son armée; le reste, découragé, en proie à toutes les privations, maintenant retiré derrière la Muhr, ne paraissait pas en état de poser des bornes à la marche victorieuse des Français. La chaîne méridionale des Alpes était franchie; il ne restait plus que la septentrionale à percer. Cette opération présentait des difficultés réelles, mais non pas insurmontables pour des troupes enflammées d'ardeur, et pleines de confiance dans l'habileté de celui qui les commandait.

Cependant l'armée était notablement diminuée plus encore par les fatigues excessives de marches forcées durant une saison rigoureuse, que par les garnisons laissées sur les derrières : elle comptait à peine 45,000 combattants. D'un autre côté, la jonction du corps de Joubert à l'armée principale, ayant dégarni le Tyrol, les habitants, réunis au corps de Laudon et à quelques bataillons tirés de l'armée du Rhin, menaçaient de rejeter les garnisons françaises en Italie, par les vallées de l'Adige. Des agents envoyés par le gouvernement autrichien dans la Hongrie, y préparaient une levée en masse, que la noblesse se montrait disposée à seconder de tous ses moyens. L'Illyrie, docile à la voix de ses maîtres, se levait; et l'insurrection se propageait jusqu'à Trieste. Enfin, le sénat de Venise, voyant l'armée enfoncée dans les Alpes Noriques depuis Laybach jusqu'à Klagenfurth, fai

que précaire; le moindre revers pouvait la chan ger. Il fallait se hâter de revenir sur ses pas ou de marcher sur Vienne; il ne balança pas à prendre ce dernier parti.

Dès le 29 mars, son armée avança sur la route de Klagenfurth qu'occupait la division Mercantin, dont les avant-postes furent surpris; on leur enleva 200 hommes et 2 pièces de canon. En se repliant en ville ils y semèrent l'alarme, ce qui détermina l'archiduc à l'évacuer. Bonaparte y établit son quartier général. Le 30, il le transféra à SaintVeit où l'armée prit position. De Klagenfurth, un corps léger fut poussé dans la direction de Marburg, en longeant la rive gauche de la Drave.

Mais, en marchant à grands pas vers son but, le général français ne dédaigna pas les moyens qu'offrait la politique pour se tirer d'embarras. C'est sans doute après avoir délibéré sur les circonstances graves où il se trouvait engagé, qu'il se détermina à écrire au prince Charles pour lui faire des ouvertures de paix, et qu'il adressa une proclamation aux habitants de la Carinthie en vue de calmer leurs esprits excités à la fois par tant de motifs puissants à secouer le joug des vainqueurs. Ces propositions pacifiques ne réussirent pas : l'archiduc, sans les rejeter ouvertement, laissa entrevoir par sa réponse, que, malgré ses revers, il tenterait encore le sort des armes, et que, dans tous les cas, il devait en référer à l'Empereur. En conséquence, l'armée française se mit en mouvement, le 1er avril, pour se porter sur Freisach. A peine était-elle en marche, qu'un aide de

camp du prince sollicita une suspension d'armes | deck, ce qui oblige Mercantin à abandonner Guldendorf et Pichlern pour n'être pas coupé. Neudeck est alors attaqué par les grenadiers républicains en même temps que par la 2o légère; on l'emporte au pas de charge, et on refoule les bataillons du

de quatre heures. Le court espace demandé prou-
vait que ce n'était qu'une ruse dont Bonaparte ne
serait point dupe. En effet, l'archiduc, qui occu-
pait le sommet des Alpes Carniques, prévenu
qu'une division venant du Tyrol (1), sous les or-prince d'Orange sur Neumarck.
dres du général Sporck, s'était dirigée à grandes
journées par Rattenberg et les vallées de la Salza
et de l'Ens dans celle de la Muhr, où son avant-
garde était déjà arrivée à la hauteur de Muhrau,
aurait voulu gagner quelques heures pour faciliter
sa jonction; mais Bonaparte, persuadé qu'une telle
demande cachait quelque embarras, pressa le mou-
vement ordonné sur Freisach.

La division Masséna, formant tête de colonne,
fut le 2 avril en présence de l'armée autrichienne.
Celle-ci occupait les gorges de Dirnstein, formées
par les montagnes qui s'élèvent en avant de Neu-à
marck, et ferment le vallon où passe la route de
Klagenfurth à Vienne. La brigade Lindenau était
établie à Guldendorf et Pichlern; le prince d'O-
range occupait Aneten et Bad-Aneten, ainsi que
le village de Neudeck, qu'on avait retranché au
centre de la position : celle de Kaim bivouaquait
avec les réserves de grenadiers en avant de Neu-
marck, où le prince Charles avait son quartier gé-
néral; la division Mercantin marchait sur Muhl-
bach.

L'archiduc, pour assurer leur retraite, fit avancer une brigade de grenadiers, dont la ferme contenance soutint jusqu'à la chute du jour les attaques successives de Masséna. L'armée française bivouaqua sur le champ de bataille, et l'archiduc profita de la nuit pour opérer sa retraite sur Hundsmarck. Dans ce combat, où la division Masséna seule fut engagée, les Impériaux perdirent 7 à 800 hommes, tués ou prisonniers. On trouva à Neumarck et à Freisach des magasins considérables de subsistances, quoique les Impériaux eussent cherché les incendier dans leur retraite.

Il était de la plus haute importance pour le gé néral français d'atteindre promptement Scheiffling, village situé à l'embranchement des routes d'Allemagne et d'Italie : les divisions Masséna et Serrurier s'y portèrent le 3 avril ; et le quartier général y fut transféré le même jour. L'avant-garde de Masséna poussa jusqu'à Hundsmarck, où elle donna de nouveau sur une division d'infanterie autrichienne chargée de couvrir la retraite. Après un combat des plus rudes, celle-ci fut rejetée, partie dans la montagne à droite de ce bourg, partie sur la route de Saint-George.

Bonaparte, instruit à Scheiffling que la colonne de Sporck rôdait encore dans la vallée de la Muhr, lança à sa poursuite la division Guyeux; mais,

La 2a légère, qui formait l'avant-garde de Masséna, attaque au même instant tous les postes avancés des Autrichiens, les culbute, et se jette en tirailleurs sur les flancs de la position. Ces premiers succès sont bientôt soutenus par le gros de la division Masséna et par celle de Guyeux, qui accéfavorisée par les gens du pays, elle parvint à opérer sa jonction avec l'archiduc par la route de Radstadt.

lère le pas pour prendre part au combat. A la vue des progrès des républicains, le général Kaim se Dès le lendemain, l'armée républicaine prit la porte, avec sa division, en arrière des villages de route de Léoben, dernier point stratégique où l'arGuldendorf et de Pichlern ; ce renfort rétablit une chiduc pût recevoir des renforts de l'armée du sorte d'équilibre. Masséna, qui s'en indigne, réu-Rhin avant de descendre dans les plaines de Vienne. nit les grenadiers des 18° et 32 de ligne, en forme Ce prince céda sans coup férir Knittenfeld et Juune colonne serrée à la tête de laquelle il pénétre denbourg, résolu de ne plus disputer le terrain, et au centre de la gorge dans Aneten et Bad-Aneten. d'accélérer sa marche vers la capitale, où, après Les Autrichiens, qui essayent de les défendre, sont avoir réuni tous ses moyens, son intention était de renversés et rejetés sous les barricades de Neu- livrer une bataille décisive.

(1) Il parait que le détachement de Sporck se trouvait sur la haute Piave vers Cortina, et que, pressé entre TOME III.

Joubert et Masséna, au moment où celui-ci défit Lusignan, il eut beaucoup de peine à rejoindre l'archidne.

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Cependant, la terreur produite par une série si rapide d'événements malheureux, affectait tous les esprits. En vain le comte de Saurau, gouverneur civil de l'Autriche, s'efforçait par des proclamations de relever le courage des habitants et de les engager à prendre les armes pour la défense commune; la consternation glaçait tous les cœurs. Le tonseil aulique, de son côté, faisait tout ce qui dépendait de lui pour opposer une digue à l'invasion de Bonaparte. Mack, éloigné des affaires depuis deux ans, fut rappelé au comité de défense. Le général du génie Laner fut chargé de diriger | les travaux nécessaires pour remettre en état les fortifications de Vienne, un peu négligées depuis que cette capitale avait cessé d'être menacée par les Turcs. Des camps formés de milices et de dépôts, furent établis dans les lignes de Mariahülf. Enfin, la cour et toutes les administrations reçurent ordre de se tenir prêtes à partir pour Prague au premier signal.

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ne l'accorder que par générosité et comme un gage du désir sincère qu'il avait de conclure la paix; on pense bien toutefois que les conditions furent à son avantage. Les avant-postes de l'aile droite républicaine restèrent où ils se trouvaient le 7, entre Fiume et Trieste. La ligne se prolongeait par Marburg où elle coupait la Drave et suivait par Gratz, Bruck et le Liedelberg, jusqu'à Admont dans la vallée de l'Enns. L'armistice s'étendit également aux troupes agissant dans le Tyrol; et il fut convenu que les généraux des deux partis régleraient les postes qu'ils occuperaient dans cette province. On remarquera que la ligne de démarcation accordait à l'armée française Gratz, Bruck et Rottenmann, où elle n'avait pas encore pénétré.

Bonaparte, après avoir annoncé cet heureux événement au Directoire, et mandé le général Clarke de Turin, transféra son quartier général à Léoben. Il ne tarda pas à apprendre l'arrivée du corps de Joubert dans la vallée de la Drave, en même temps que les circonstances impérieuses qui l'avaient déterminé à quitter le Tyrol.

L'armée prit alors des cantonnements. Le général Serrurier occupa Gratz, l'une des plus florissantes villes des États de l'Empereur; Guyeux s'établit à Léoben; Masséna à Bruck; la division. Bernadotte resta campée en avant de Saint-Michel : Joubert, échelonné de Villach à Klagenfurth, poussa la division Baraguey-d'Hilliers jusqu'à Gemona, autant pour assurer ses subsistances que pour surveiller les Vénitiens. Victor, en marche pour rejoindre l'armée, arrivait à Trévise. L'armée ainsi disposée, se trouvait à même, en cas de rupture, de reprendre aussitôt l'offensive, et de déboucher en quelques marches dans les plaines de Vienne. Sa ligne, qui, peu de jours auparavant, présentait

De son côté, Bonaparte après avoir transporté son quartier général à Judenbourg, le 5, s'était vu dans la nécessité de s'y arrêter pour attendre la réunion de ses forces, qu'il avait trop disséminées en poursuivant l'ennemi sur toutes les directions. A la vérité, Bernadotte, qui s'était jeté sur la droite vers Laybach, avait laissé au général Friant le soin de veiller sur Trieste, et se rapprochait du centre en toute diligence par Klagenfurth: mais on concevait de vives inquiétudes sur le sort de Joubert, surtout depuis le retour de Zayonschek; on ignorait encore qu'il fût sur le point d'opérer sa jonction. Tout portait à croire que les armées du Rhin n'avaient point encore franchi le fleuve; et néanmoins, la poignée de braves, que ses succès avait, pour ainsi dire, entraînée aux portes de Vienne, allait se trouver forcée de livrer | la bataille qui devait décider de sa ruine, ou don-un front immense depuis Brixen jusqu'à Trieste, ner la paix à l'Europe. fut resserrée dans un espace plus étroit, sans cesser L'heureuse étoile de Bonaparte vint le tirer de de couvrir les grandes communications avec l'Italie. cette perplexité. L'Empereur, craignant pour sa Des événements moins prospères s'étaient pascapitale, chargea les généraux Bellegarde et Mer-sés dans le Tyrol et dans les États de Venise, à l'instant même où les bases de la paix se traitaient. Mais, afin que nos lecteurs soient à même de juger du véritable état des affaires dans ces contrées, nous reprendrons tout à l'heure les choses d'un peu plus haut.

feld de négocier. Ils arrivèrent, le 7 avril, à Judenbourg, et proposèrent une armistice de six jours. Quoique dans la position actuelle des deux partis, une suspension d'armes fût aussi nécessaire aux Français qu'aux Autrichiens, Bonaparte feignit de

Heureusement, cette levée de boucliers des Vénitiens, et les succès des Impériaux dans la vallée de l'Adige, n'apportèrent aucun obstacle à la signature des préliminaires de paix, qui eut lieu, le 17 avril, au château d'Ekwald, près de Léoben, entre le marquis de Gallo et le général Merfeldt, stipulant pour l'Autriche; et Bonaparte au nom de la république.

Ce traité, qui n'a jamais été officiellement publié, portait en substance: 1o La cession de la Belgique à la France, et la reconnaissance de ses limites constitutionnelles, c'est-à-dire, la réunion de la Savoie et du comté de Nice; car les provinces

des troupes autrichiennes, eussent compromis les communications de l'armée, pendant qu'elle aurait eu sur les bras les principales forces de la monarchie autrichienne commandées par l'archiduc. Mais, avant de rendre compte du résultat de ces événements sur les derrières, il est convenable de jeter d'abord un regard sur les opérations des armécs en Allemagne.

CHAPITRE LXXII.

de l'Empire situées sur la rive gauche du Rhin, Opérations des armées de Rhin-et-Moselle et de Sambre

n'étaient point encore incorporées à la république par des décrets; 2° la réunion d'un congrès à Berne, pour y traiter de la paix générale; 3° la cessation des hostilités avec l'Empire; 4o un article secret portait cession de la Lombardie autrichienne, depuis l'Oglio jusqu'au Pô, moyennant une indemnité prise sur les États de la terre ferme vénitienne, situés entre l'Oglio et la Dalmatie turque; la ville de Venise aurait reçu en échange la Romagne avec les légations de Ferrare et Bologne; 5° la remise des forteresses de Palma-Nova, Mantoue, Peschiera, Porto-Legnago, ainsi que des châteaux de Vérone, ne devait se faire à l'Empereur qu'après l'échange des ratifications de la paix définitive; 6° enfin, l'Empereur consentait à ce que la république disposât du duché de Modène, pourvu qu'on assurât une indemnité au duc à la paix générale.

et-Meuse, jusqu'à la notification des préliminaires de paix. Passages du Rhin à Diersheim et à Neuwied.

Après le départ des vieilles bandes emmenées par l'archiduc en Italie, les forces des Impériaux sur le Rhin, quoique notablement diminuées, se trouvaient néanmoins encore suffisantes pour soutenir la défensive, s'il y avait eu plus de sagesse dans leur répartition.

Le prince Charles avait regardé comme le complément de son devoir, de tracer à son successeur des instructions lumineuses, sur la conduite à tenir pour conserver ses positions, en concentrant ses forces sur le haut Rhin, entre la Suisse et le Nccker; mais, soit que le conseil de guerre de Vienne eût adressé au comte de Latour des ordres dans un sens tout opposé, ou qu'il l'eût affaibli par de | nouveaux détachements; soit que le nouveau général en chef crût préférable d'opérer d'après ses propres vues, rien de tout ce que le prince avait prévu pour la gloire des armées impériales ne fut exécuté; et, pour la troisième fois, les troupes autrichiennes furent disséminées en cordon sur la rive droite du Rhin, depuis Bâle jusqu'à Dusseldorf.

Le général français eut d'autant plus lieu de s'applaudir d'une transaction aussi avantageuse (1), qu'à l'instant même l'insurrection du Véronais prenait un caractère alarmant, les Tyroliens du corps de Laudon descendaient dans la vallée de l'Adige jusqu'à Bussolengo et dans celle de la Brenta jusque vers Bassano, enfin les Croates avaient enlevé Trieste et poursuivi les détachements du général Friant jusqu'aux portes de Gorizia. Si la guerre eût continué, ces différents corps, réunis aux Esclavons ou aux mécontents dont le sénat de Venise diri-néral Starray en commandait le centre aux envigeait l'armement, et incessamment soutenus par rons de Kehl. Le corps du Bas-Rhin, aux ordres

(1) Nous ne pouvons nous dispenser de donner à nos lecteurs les deux lettres par lesquelles Bonaparte instrui

Le comte de Latour se réserva le commandement de l'armée du Haut-Rhin, qui s'étendait jusqu'à Manheim; son effectif approchait de 40,000 hommes, dont 6,000 de cavalerie; le gé

sit le Directoire des motifs qui le déterminèrent à traiter. (Voyez pièces justificatives des livres XII et XIII, nos I et 2.)

du baron de Werneck, opposé sur la Lahn à l'armée de Sambre-et-Meuse, ne comptait pas moins de 30,000 combattants. Outre ces deux corps d'armée, une réserve d'environ 6,000 hommes d'infanterie et de 3,000 chevaux, cantonnait sur les bords du Mein, entre Aschaffenbourg et Mayence cette dernière, commandée par le général Simbschen, paraissait destinée à renforcer les points menacés de la droite ou de la gauche. Les garnisons d'Ehrenbreitstein, Mayence, Manheim et Philipsbourg n'étaient point fournies par l'armée active; et comme ces places renfermaient à peu près 20,000 hommes, on peut évaluer la totalité des forces impériales, sur le Rhin, à 100,000 combattants, dont 80,000 prêts à entrer en campagne.

Celles que les Français avaient rassemblées sur la rive gauche, s'élevaient à plus de 180,000 hommes, non compris les garnisons qui étaient, à la vérité très-faibles.

L'armée de Rhin-et-Moselle, dont Moreau conserva toujours le commandement, avait occupé des cantonnements après la prise de Kehl et de la tête de pont d'Huningue, le long de la rive gauche du Rhin, et par delà les Vosges jusqu'aux environs de Deux-Ponts; elle comptait dans ses rangs 60,000 combattants.

L'armée de Sambre-et-Meuse, cantonnée depuis Dusseldorf jusqu'à Coblentz, gardait la première de ces places et la tête de pont de Neuwied. Im médiatement après la dispersion de l'armée navale destinée à l'expédition d'Irlande, une partie de F'infanterie qui la composait prit la route du Rhin et vint renforcer l'armée de Sambre-et-Meuse; en sorte qu'avec les troupes qui la rejoignirent de la Hollande, elle fut portée à 70,000 hommes. Le Directoire en avait confié le commandement à Hoche, dont l'énergie, l'activité, le génie étaient de plus sûrs garants de la victoire, que les observations verbeuses, les promesses dilatoires de Beurnonville.

L'avantage des Français de ce côté ne se bornait pas à la supériorité dú nombre; ils possédaient, en outre, deux débouchés importants sur la rive droite du Rhin; car, quoique les têtes de ponts de Neuwied et de Dusseldorf fussent à l'extrême gauche de la ligne, et fort éloignées de l'armée se

condaire d'Italie, elles offraient cependant un moyen de passer tranquillement le Rhin, lorsqu'on le jugerait à propos.

La marche rapide et hardie de Bonaparte an delà des Alpes Noriques, donnant l'impulsion aux deux armées d'Allemagne, rien ne semblait plus urgent que de la seconder par une diversion: pourtant le passage du Rhin ne fut entrepris que vers le milieu d'avril, tandis qu'il eût fallu diriger les deux armées sur le Mein dès les premiers jours de mars, Ce mouvement, quoiqu'un peu étendu, eût beaucoup mieux valu que de rester un mois dans l'inaction; il offrait d'ailleurs l'avantage de concentrer les deux armées sur une seule ligne d'opérations, et d'assurer leur marche victorieuse sur Ratisbonne, sans courir le risque d'être battues séparément comme l'année précédente. Ces revers, dus au plan défectueux du Directoire, ne l'éclairèrent point, et il suivit les mêmes errements, en sorte que la supériorité de ses forces put seule réparer cette faute.

Les armées françaises durent enfin passer le Rhin le même jour à Kehl et à Neuwied, pour di viser l'attention de l'ennemi, et lui causer de l'incertitude dans la direction et l'emploi de ses masses. Néanmoins Hoche effectua son passage le 18 avril, 48 heures avant Moreau, ce qui au reste fut plutôt un bien qu'un mal, puisque le premier avait des débouchés assurés, et qu'il valait mieux attirer le gros des forces ennemies sur l'armée de Sambre-et-Meuse, pour faciliter à celle de Rhinet-Moselle son passage à force ouverte.

Comme les opérations militaires qui suivirent cette entreprise n'ont pas été fort étendues, nous allons en rendre compte dans un même chapitre, en rapportant d'abord le passage de l'armée de Rhin-et-Moselle.

Le général Moreau, qui était allé à Paris, presser l'envoi de tous les moyens nécessaires pour entrer en campagne, revint à Strasbourg, le 17 avril; les préparatifs de passage avaient été faits en son absence avec une telle activité, par les chefs de l'artillerie et du génie, que tout fut prêt pour l'effectuer le 19.

Plusieurs motifs s'opposaient à ce qu'on le tentât en face de Kehl, comme l'année précédente; d'abord, les fortifications accumulées pour la défense

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