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les hauteurs derrière la ville. La garnison s'aperçut | il comptait encore être à même de reprendre l'oftrop tard qu'il n'y avait plus possibilité de se dé- fensive dès qu'il aurait réuni le gros de ses forces; fendre, ni espoir de s'échapper sommée de se et menacer à son tour les communications de rendre, elle capitula. Pour prix de leurs mancu- l'armée française, en s'avançant par la droite sur vres, les républicains recueillirent dans cette jour- le Tagliamento, Udine et Palma-Nova. née, 2,000 prisonniers, 10 bouches à feu et 8 dra

peaux.

Contrarié dans ses plans par l'arrivée tardive de ses renforts, l'archiduc ne pouvait mettre en pratique, devant Bonaparte, ce système de retraite lente et méthodique, dont il s'était servi avec tant de succès dans la campagne précédente contre Moreau. Son adversaire maniait ses masses avec trop de vivacité, pour ne pas le mettre dans la nécessité de combattre souvent, ou de faire une retraite dé sastreuse. Ce prince, voyant donc l'armée française franchir les dernières barrières des États héréditaires, aurait bien voulu concentrer toutes ses forces à Villach, en avant de la Drave, où venait d'arriver la première colonne des troupes de l'armée du Rhin. Pour parvenir à ce but, il s'agissait d'assurer la jonction de la droite du corps du Frioul commandée par le général Bayalitsch, avec les 4 bataillons de grenadiers déjà arrivés à Villach, et avec les divisions Mercantin et Keim, en marche vers Klagenfurth; le reste du corps du Frioul, sous le prince de Reuss et Hohenzollern, rassuré par cette jonction, eût opéré la sienne en faisant le grand tour de Laybach, et venant se rallier ensuite au corps de bataille par la route de Krainbourg.

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Bien que le mouvement de Bayalitsch offrit quelques dangers, l'archiduc se flattait avec d'autant plus de fondement de le voir réussir, que la position de Villach, entourée de montagnes couvertes de glaces et de neiges, semblait inabordable on ne pouvait y arriver qu'en forçant la vallée de la Fella, ou en traversant les gorges de Caporetto, dans celle de l'Isonzo. La défense de la première était confiée au général Ocskay, qui tenait avec une brigade les postes de Ponteba, du pont retranché de Casasola et de la Chiusa-Veneta. Le général Koblos gardait à l'entrée des autres, la Chiusa-di-Pletz, avec 4 bataillons de Croates.

De Villach, le prince Charles espérait, non-seulement couvrir la communication directe de Vienne, et communiquer par Lienz avec le corps du Tyrol,

Le passage rapide de l'Isonzo déconcerta tous ses calculs, et la faible résistance de Gradisca ne lui donna pas le temps de se reconnaître. Sa position, devenait, en effet, de jour en jour plus critique; et, pour s'en convaincre, il suffit de jeter un coup d'œil sur la configuration du champ d'opérations des deux armées. La rive gauche de l'Isonzo se trouvant bordée, comme nous l'avons dit plus haut, depuis ses sources vers Chiusa-di-Pletz jusqu'à Gorizia, par la chaîne escarpée des Alpes Carniques, l'intervalle entre ces deux points forme, dans l'étendue de vingt-cinq lieues, une barrière à peu près insurmontable pour un grand corps de troupes.

Après le passage du Tagliamento, le gros de l'armée impériale n'avait pas suivi la route directe qui mène d'Udine par San-Daniel et Tarvis à Villach soit que le mouvement de Masséna, par Spilimbergo sur Osopo, l'en eût empêché, soit qu'il existât encore des rassemblements de troupes vers Gradisca, ou qu'il eût adopté cette dernière ligne pour base de ses opérations, le prince Charles s'était vu dans l'obligation de marcher sur l'Isonzo, laissant à son aile droite le soin de couvrir les passages importants qui donnaient accès aux Français sur ses communications. Mais, après avoir traversé ce torrent, il se trouva bien plus embarrassé encore : Masséna, continuant sa marche victorieuse contre le flanc droit de l'armée impériale, menaçait de la prévenir à Tarvis. Il importait que la colonne de droite, aux ordres des généraux Gontreuil et Bayalitsch, convoyant le matériel de l'armée, pût remonter à temps les vallées du Natisone et de l'Isonzo, pour gagner les passages de Caporetto, d'Ober-Preet et de Tarvis, avant les républicains. La division Guyeux, qui marchait en même temps de Cormons sur Cividale, paraissait destinée à la devancer. Menacé par Masséna et par Guyeux, suivi sur Gorizia par Serrurier et Bernadotte, l'archiduc n'avait d'autre parti à prendre que de prescrire à Gontreuil et Bayalitsch de hâter leur marche autant que les difficultés locales et

l'embarras des parcs le permettraient, puis de se❘ retirer de sa personne, avec la gauche et les troupes du prince de Reuss, sur Laybach et Krainbourg: mouvements qui séparèrent ses colonnes par toute la chaîne des Alpes Carniques, et les exposèrent à être accablées successivement par l'activité infatigable de son adversaire.

Bonaparte, en effet, fut à peine maître de Gradisca, qu'il se dirigea sur Gorizia avec les divisions Serrurier et Bernadotte, et qu'il porta, le 21 mars, celle de Guyeux sur Cividale. Instruit de la double direction que prenait l'armée autrichienne, et sentant la nécessité de se rallier à Masséna vers Tarvis avec le gros de ses forces, il laissa à Bernadotte le soin de poursuivre la colonne qui se retirait sur Laybach, et remonta l'Isonzo avec la division Serrurier par Canale sur Caporetto, où Guyeux se rendit en même temps par Pufero, et la vallée du Natisone. On va voir quel fut l'heureux

résultat de ces mouvements combinés.

attaqué, le 22, au matin, par toutes les troupes de Masséna, qui le culbutèrent à son tour au delà de Tarvis, avec une perte considérable. La division victorieuse se borna alors à faire observer la route de Villach, et se rabattit dans les gorges de Raibl, où de nouveaux succès devaient couronner une manœuvre aussi sage.

Le prince Charles a rejeté la mauvaise issue de cette affaire sur l'inexécution de ses ordres par le général Ocskay; d'autres ont pensé que les généraux Gontreuil et Bayalisch ne furent pas exempts de blâme; enfin, des critiques ont attribué avec plus de vraisemblance cet événement, à la direction divergente des forces de l'archiduc après le passage du Tagliamento, autant qu'à la précipitation et à la rapidité des mouvements de son adversaire.

Pendant que Masséna repoussait successivement les brigades Ocskay et Gontreuil, Guyeux, soutenu en seconde ligne par la division Serrurier, poussait la colonne qu'il avait battue la veille, jusqu'à la Chiusa-di-Pletz.Le général Bayalitsch croyait continuer paisiblement sa marche sous la protection de ce fort et du petit corps de Koblos; mais l'infanterie française ayant gravi, non sans les plus grandes difficultés, les montagnes de Pletz, et parais

Sur ces entrefaites, Masséna avait atteint le but de son expédition. Après s'être emparé de la ChiusaVeneta, et avoir forcé le passage du pont de Casasola, le 20 mars, il était entré le lendemain sans coup férir à Ponteba, d'où il avait poursuivi la brigade Ocskay jusqu'au delà de Tarvis, lui faisant sur les rochers qui dominent la Chiusa, en sant 600 prisonniers, et enlevant tous les magasins établis dans la contrée pour les cantonnements autrichiens. On sent par là dans quelle position critique se trouvait, sans le savoir, le corps de Bayalitsch, que Guyeux avait refoulé le même jour dans les gorges de Caporetto, après un léger engagement à Pufero.

même temps que les généraux Bon et Verdier, à la tête des 4 et 43° de ligne, forçaient la route, les défenseurs, au nombre desquels se trouvait Koblos lui-même, mirent bas les armes.

La prise de la Chiusa découvrit la colonne autrichienne, dont la marche pesante l'eût probablement empêchée de gagner Tarvis saine et sauve, si déjà Masséna n'avait poussé des troupes jusqu'auprès de Raibl: prise alors en tête et en queue, cette division, après un court engagement, capitula. Quatre généraux, 3 à 4,000 hommes, 25 pièces de canon et 400 chariots de bagages, tombèrent par cet événement au pouvoir des Français.

L'archiduc apprit à Krainbourg l'occupation de Tarvis par Masséna. Prévoyant alors que la colonne de Bayalitsch allait être coupée, il donna l'ordre à Ocskay de reprendre ce bourg, où les Français n'avaient encore que des avant-postes; mais il était à craindre que cet ordre arrivât trop tard; et, en effet, il ne fut pas exécuté. Ocskay, La perte de ce double combat réduisit encore fort maltraité, s'était retiré jusqu'à Wurzen dans une fois l'archiduc à la défensive. Les divisions la vallée de la Save. Gontreuil, qui couvrait la Mercantin et Kaim remplacèrent à peine les permarche par le col d'Ober-Preet, se présenta seul tes essuyées par l'armée depuis l'ouverture de vers Tarvis et parvint à en expulser les avant-la campagne; c'était loin de la mettre en état de postes français il les rejeta même jusque sur reprendre l'initiative. Toutefois, après avoir recueilli Safnitz, espérant protéger par cette position la la brigade Ocskay et ses grenadiers à Villach, il marche de Bayalitsch et des parcs; mais il fut laissa la division Mercantin à Clagenfurth; et se

porta, avec celles de Kaim et de Reuss, à Saint-Veit. | ment, il chargea Joubert de soumettre le Tyrol, Maîtres des débouchés qui conduisent de l'État regardé avec juste raison, comme un des plus de Venise en Allemagne, les Français s'empressè- fermes boulevards de l'empire autrichien, et dont rent, après l'affaire de Tarvis, d'aller prendre po- la population, prompte à courir aux armes, desition à Villach sur les bords de la Drave. Les di- vait si puissamment seconder les opérations des visions Masséna, Serrurier et Guyeux s'y rendirent, généraux Kerpen et Laudon. Cette entreprise était le 28 mars, et le général Zayonscheck fut poussé de délicate, car Joubert avait à lutter contre la rilà sur Lienz, en remontant la vallée de la Drave, gueur de la saison et des forces considérables. pour ouvrir une communication avec le corps de Nous allons voir comment il s'en acquitta. Joubert. Trouvant tout le pays en insurrection, il fut forcé de revenir sans remplir sa mission, mais non sans essuyer quelques pertes. De son côté, Bernadotte, après avoir battu à Camigna l'arrièregarde du prince de Reuss, se dirigea sur Laybach, par Vipacco, Prewald et Adelsberg. Chemin faisant, il poussa un détachement sur Idria, célèbre par ses mines de vif-argent, et où l'on trouva des matières préparées pour deux millions. Trieste, seul port considérable que l'Empereur possédât sur l'Adriatique, fut occupé, le 23 mars, par la réserve de cavalerie Dugua, dont la présence à l'armée n'était pas indispensable dans les montagnes de la Carniole; puis par une garnison d'infanterie tirée de la division Bernadotte.

Aussitôt que le centre et la droite de l'armée d'Italie eurent franchi le Tagliamento, Joubert ordonna une attaque contre toute la ligne, mais en la combinant de manière que l'effort principal tombât sur la gauche des Impériaux, qui offrait le point le plus vulnérable. En effet, l'Adige séparant les deux ailes de l'armée autrichienne, on les isolait pour toujours, si l'on prévenait celle de droite à Botzen. La division qu'il conduisait lui-même se chargea donc de forcer le passage du Lavis, visà-vis des hauteurs de Cembra, pour attaquer le corps de Kerpen, et se diriger ensuite par Cavriana sur son flanc gauche, tandis que Delmas et Baraguay-d'Hilliers remonteraient l'Adige par la route de Botzen. Le 20 mars, la brigade Belliard passant le Lavis à Sevignano sous le feu des avantpostes autrichiens, s'avança contre le corps de Kerpen qui couronnait le plateau de Cembra. Celui-ci, débordé par sa gauche presqu'au commencement de l'action, fut culbuté après un combat très-vif sur Saint-Michel, d'où il se retira précipitamment par les hauteurs dans la direction de Botzen, abandonnant Laudon à ses propres forces sur la rive droite de l'Adige. Le résultat de ce combat décisif fut environ 2,000 prisonniers, et quel

Jusqu'ici nous n'avons rendu compte que des opérations du centre et de l'aile droite de l'armée française. Avant d'aller plus loin, il est à propos de jeter un coup d'œil en arrière pour suivre les mouvements de l'aile gauche, sous le commandement de Joubert, que nous avons laissée, le 19 mars, en position vers Trente, s'éclairant par les gorges de la Brenta jusqu'à Primolano et Cismone. Les trois divisions qui la formaient avaient devant elles, comme nous l'avons déjà dit plus haut, les corps de Kerpen et de Laudon séparés par l'A-ques pièces de canon. Les Tyroliens y éprouvèrent, dige le premier, cantonné en arrière du Lavis dans les vallées de Fiemme et de Cavalese se liait avec l'armée principale à Bellune par les gorges du Cordevole et de la Piave; l'autre, réparti le long de la rive gauche de la Noss, depuis son confluent jusqu'à l'Adige, prolongeait son extrême droite à Ponte-di-Legno dans le val di Sole.

en outre, une perte considérable.

Joubert profitant de ses avantages, marcha le lendemain de sa personne avec les brigades Monnier et Vaux, sur Salurn, par les montagnes ; et poussa celle de Belliard par Cavriana et Pinzone sur Neumarck, dans la vue de couper la route de Cavalese, et de s'emparer du pont de cette première ville. Belliard, chemin faisant, délogea l'ennemi des hauteurs de Peza, et le poussa en désordre sur Neumarck, qui fut évacué pendant la nuit. Les deux autres divisions, n'ayant devant elles que des Lorsque Bonaparte mit son armée en mouve- levées tyroliennes soutenues d'un faible détache

Le vice de ce cordon est facile à saisir; il n'est pas nécessaire d'en faire la remarque: ainsi, de ce côté, les Français avaient l'avantage de la po

sition.

Clausen.

ment de troupes de ligne, continuèrent à s'avan- | l'Adige, puis dirigea le reste de son corps, droit sur cer sans grands obstacles sur la chaussée de Trente à Botzen. Le 22 mars, Joubert, après avoir réuni ses forces près de Neumarek, se porta avec l'avantgarde en reconnaissance aux environs de SantaBarbara sur la route de Botzen.

Le général Kerpen l'attendait de pied ferme, en avant de ce bourg. La route qui y conduit de Botzen est resserrée entre l'Eisach et des montagnes inaccessibles les Autrichiens étaient en bataille derrière ce défilé, protégés par de l'artillerie. Les Français se présentèrent, le 22 mars, pour le franchir. Le combat fut des plus opiniâtres, et la victoire était encore indécise à la chute du jour, lorsque l'infanterie légère républicaine, tournant les Impériaux par leur droite, parvint avec des peines infinies sur les rochers qui les dominaient, et fit rouler sur eux des blocs de pierre énormes. Joubert, profitant de ce nouveau genre d'attaque, s'avança alors contre le centre à la tête des 12 et 38 de ligne, formées en colonnes serrées. Les Autrichiens n'étant pas de force à résister à cet effort combiné, exécutèrent alors leur retraite, qui fat d'autant plus pénible que la nuit était très-obscure et pluvieuse. Brixen fut occupé le lendemain ; on y trouva, comme à Botzen, des magasins assez considérables.

Tandis qu'il était occupé de ce côté, Laudon, qui cherchait à rétablir ses communications avec Kerpen, arriva à Serviten, et fit attaquer Neumarck par ses troupes légères; soit qu'il eût dessein de gagner la chaussée de Botzen, soit que, ne supposant pas cette ville occupée par un corps aussi considérable, il crût pouvoir l'enlever d'un coup de main. Mais Belliard, devinant son projet, fit débarrasser le pont que Kerpen avait barricadé dans sa retraite, et marcha à la rencontre de l'ennemi avec la 85 qui se trouva sous sa main. Une fusillade très-vive s'engagea à l'instant les Français repoussèrent successivement les Impériaux de Serviten et de Rungg sur Saint-Valentin, où la résistance fut plus opiniâtre. Le combat était encore incertain, lorsque le général Dumas, commandant la cavalerie, débouchant tout à coup du pont de Neumarck, chargea en flanc la colonne autrichienne et la culbuta. Les grenadiers de la 85 se jetèrent dans une redoute qui flanquait la droite de ce village, et prirent les deux pièces qui s'y trouvaient en batterie. Cet échec rendit Laudon plus circon-surrection de la province, réussit par des proclaspect, et le décida à se retirer dans la vallée de mations où le faux se mêlait adroitement à la véMéran. Les Français rentrèrent le soir à Neumarck rité, à allumer chez ces montagnards, simples et avec plusieurs pièces de canon et 8 à 900 prison-grossiers, la haine du nom français avec la soif

niers.

Botzen leur ouvrit ses portes le même jour, et ils y trouvèrent heureusement des magasins dont ils avaient le plus pressant besoin. Cependant, la situation de Joubert se compliquait à chaque pas; car Botzen se trouvant à l'embranchement des vallées principales de l'Adige et de l'Eisach, et la première recélant le foyer le plus actif de l'insurrection, il fallait les occuper toutes deux. Y jeter un simple détachement, c'eût été l'envoyer à sa perte y envoyer une division entière, c'était s'affaiblir en pure perte, puisque Botzen restait en prise d'un autre côté. Joubert, dans cette position délicate, laissa Delmas avec environ 5,000 hommes dans cette ville, en lui recommandant d'occuper fortement Terlan pour observer la vallée de

L'invasion qui menaçait le Tyrol, loin d'abattre ses habitants, réveilla en eux les sentiments les plus patriotiques, et les fit courir en foule aux armes. Le comte de Lehrbach, chargé de régularirer l'in

de la vengeance. Des troupes innombrables de paysans armés d'excellentes carabines, de fusils de chasse, ou d'instruments aratoires, s'emparèrent de toutes les issues des principales vallées. Les levées de Hall, de Schwatz et de l'Innthal se rassemblèrent à Mittenwald-am-Sack pour couvrir les environs de Sterzing; les miliccs de Kitzbuhl et de Kufstein se chargèrent du poste de Gossensas; celles du Pusterthal et de l'évêché de Brixen couronnèrent les hauteurs qui couvrent leurs vallées ; enfin, celles du haut Inn, assignées à Laudon, défendaient les avenues de Méran conjointement avec les troupes de ce dernier.

Ainsi, malgré l'échec qu'il venait d'essuyer, Kerpen pouvait encore couvrir le Pusterthal et les gorges d'Insbruck, en prenant position sur les

hauteurs de Muhlbach à l'embranchement des routes de Sterzing et de Prunecken, à deux lieues au nord de Brixen ; mais il commit la faute de s'établir à Mittenwald, de laisser la vallée de la Rient à découvert, et de ne garder que les ponts de l'Eisach sur la route d'Insbruck.

Toutefois, Joubert ne le laissa pas longtemps dans cette position : il l'attaqua le 28 mars. Quelques bataillons, fraîchement arrivés de l'armée du Rhin firent bonne contenance; mais, à la suite d'une courte canonnade, l'affaire fut décidée par une charge de la 85°, que Belliard dirigea contre la droite en colonnes serrées par bataillon. La retraite des Impériaux, harcelée par les charges continuelles de la cavalerie de Dumas, leur coûta quelques centaines de prisonniers.

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De Sterzing à Insbruck, on compte 16 lieues la route qui y conduit, passe sur un contre-fort du Mont-Brenner, l'un des plus élevés du Tyrol. Cette montagne était désormais la seule barrière qui couvrit le chef-lieu de cette province, et déjà l'on s'attendait que l'armée française allait la franchir; néanmoins Joubert ne se laissa pas éblouir par les attraits d'une conquête inutile autant que dangereuse: gêné par des instructions qui lui indiquaient de baser sa retraite sur Mantoue; alarmé par tous les rapports qui lui parvenaient de Botzen, et voyant les forces tyroliennes se multiplier devant lui, il fallait se résoudre à tout compromettre en restant ainsi divisé, ou à réunir ses forces, soit pour aller joindre l'armée en Carinthie, soit pour revenir sur ses pas. Si du moins il avait eu la certitude que l'armée du Rhin s'avançât de nouveau en Souabe, il aurait pu se flatter que les succès de Moreau attireraient de ce côté une partie des forces qu'il rencontrait sur son passage. Mais, dans l'ignorance où il se trouvait également, et des opérations de Moreau et de Hoche, et des victoires remportées à Tarvis par Bonaparte, le parti le plus sûr était de temporiser. Sa position, sans être désespérée, devenait embarrassante: toute la contrée qui l'environnait était en pleine insurrection : il n'avait aucune communication avec les deux armées, dont il devait lier les opérations; une marche en avant

(1) Quatre compagnies, formant partie du détachement de Zayonschek, qui avaient remonté la vallée de la

comme une marche en arrière, aurait eu de funestes conséquences pour lui, si elle n'eût été faite avec connaissance de cause; et dans ce pays de montagnes, il ne pouvait pousser de reconnaissances, sans s'exposer à les voir enlever (1). Ce manque de renseignements le détermina à prendre une position d'attente à Brixen, dont les magasins suffisaient pour alimenter ses troupes pendant quelques semaines.

A la vue de la marche rétrograde des Français, Kerpen rentra dans Sterzing, et plaça le lendemain son camp à Mauls, puis à Mittenwald. Le 31, il y eut un engagement très-vif entre les avant-postes à Unter-Aue, où les Autrichieus furent maltraités, et perdirent beaucoup de prisonniers. Le 2 avril, ils renouvelèrent leur tentative avec plus d'ensemble; Kerpen assaillit Unter-Aue, où il fut repoussé avec perte; mais Laudon déboucha sur Terlan dont il s'empara : le lendemain, il combattit vivement l'avant-garde républicaine postée en avant de Botzen. Sa droite, conduite par Neuperg, officier plein de valeur et d'intelligence, descendit par les montagnes sur Tramin pour s'emparer des communications des Français avec Vérone.

Sur ces entrefaites, Joubert reçut des nouvelles certaines de la marche de Bonaparte. Le colonel Eberlé, de la 85o, à l'aide d'un déguisement, ayant pénétré dans la vallée de la Drave, et acquis la certitude de ses progrès en Carinthie, il n'en fallut pas davantage pour décider Joubert à opérer sa jonction avec lui par Lienz. Cette opération devenait de plus en plus urgente; car pendant que Kerpen le tenait en échec sur son front, Laudon, dont les forces s'élevaient déjà à 12,000 hommes, y compris les troupes réglées de son corps, ne devait pas manquer de s'emparer de Botzen. Ce cas arrivant, il eût été très-difficile de passer sur le ventre à une troupe aussi considérable, électrisée par ses succès, combattant avec le courage du désespoir, dans des défilés où la tactique devient souvent inutile.

Le général français ordonna donc d'évacuer Botzen le 4, au matin, et prescrivit à la division Delmas de venir le joindre à Brixen. Ses troupes

Drave jusqu'à Lienz pour avoir de ses nouvelles, avaient été égorgées par les insurgés.

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