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profiter de ses conditions, et qui nous serait funeste en Italie, si Mantoue n'était pas en notre pou

voir.

A l'égard du pape, il ne peut être compris dans l'armistice, qu'autant qu'il exécutera sur-le-champ les conditions de celui qui a été conclu particulièrement avec lui, avec des dédommagements convenables; mais son obstination, si elle se prolonge encore, nous offrira l'occasion de nous dédommager nous-mêmes par la force des armes dans l'État de l'Église, des effets de sa mauvaise foi.

Les secours puissants que nous faisons passer en Italie, doivent être aussi pris en considération dans la balance de nos droits et de nos intérêts avec ceux de l'Empereur.

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mis un mémoire basé sur ce fait, ferait beaucoup mieux de payer les 5 millions que lui et ses associés doivent à la république, et ont volé à l'armée, que de parler d'un pays où sa compagnie s'est fait universellement mépriser, par les coquineries de toutes espèces qu'elle a commises.

Les républiques cispadanes sont divisées en trois partis : 1° les amis de leur ancien gouvernement ; 2o les partisans d'une constitution indépendante, mais un peu aristocratique ; 3° les partisans de la constitution française, ou de la pure démocratie. Je comprime le premier, je soutiens le second, et je modère le troisième.

Je soutiens le second et je modère le troisième, parce que le parti des seconds est celui des riches Nous comptons apprendre incessamment le ré-propriétaires et des prêtres, qu'il est essentiel de sultat des ouvertures respectives qui doivent avoir rallier autour du parti français. lieu le 13 à Vicence.

N° 6.

BARRAS, président.

Au quartier général à Milan, le 8 nivôse an v (22 décembre 1796.)

Lettre du général en chef au Directoire exécutif, sur les différents partis qui existaient en Italie.

Il y a dans ce moment-ci en Lombardie trois partis: 1° celui qui se laisse conduire par les Français; 2° celui qui voudrait la liberté, et montre même son désir avec impatience; 3° le parti ami des Autrichiens, et ennemi des Français. Je soutiens et j'encourage le premier, je contiens le second, et je réprime le troisième.

Il est faux que j'aie augmenté la contribution de la Lombardie de 8 millions; et celui qui vous a re

Le dernier parti est composé de jeunes gens, d'écrivains, et d'hommes qui, comme en France et dans tous les pays, ne changent de gouvernement, n'aiment la liberté, que pour faire une révolution.

Les Allemands et le pape réunissent leur crédit pour insurger les Apennins; leurs efforts sont inutiles une partie de la Grafignana s'était cependant révoltée, ainsi que la ville de Carrara. J'ai envoyé une petite colonne mobile pour mettre ces gens-là à la raison, et faire des exemples terribles, qui apprennent à ces montagnards à ne pas jouer avec nous. La révolte des Apennins, si elle éclatait au moment où nous aurions affaire à l'ennemi, nous donnerait beaucoup d'embarras. Ces montagnes s'étendant jusqu'à Tortone, les habitants pourraient gêner les communications aussi, j'y ai perpétuellement les yeux.

Dans ce moment-ci, les républiques cispadanes. sont réunies dans un congrès qu'elles tiennent à Reggio.

BONAPARTE.

CRITIQUE ET MILITAIRE

DES

GUERRES DE LA RÉVOLUTION.

LIVRE XII.

de l'Autriche.

CAMPAGNE DE 1797.

Aperçu de la situation des affaires.-État intérieur de la France.-Conspiration royaliste de Brottier. -Armements Efforts de l'Angleterre pour porter ses forces de terre au niveau des dangers qui la menacent, et des besoins de ses colonies. - Embarras de la Banque; suspension de ses payements en argent. Paul Ier, à son avénement au trône de Russie, renonce à faire la guerre en Allemagne.-Gustave IV, devenu majeur, monte en même temps sur celui de Suède. Alliance tardive du roi de Sardaigne avec la France. Nouvelle politique de la Porte.

Plans de campagne des différents partis. L'archiduc Charles marche en Italie, avec une partie de son armée. Bonaparte, renforcé à temps par les divisions Bernadotte et Delmas, prévient ce prince, et le repousse des bords du Tagliamento, jusque sur les Alpes-Noriques. Combats de Tarvis. Armement des milices du Tyrol. Joubert traverse ce pays pour joindre Bonaparte vers Clagenfurth, par la vallée de la Drave.-Combats de Neumarck et de Hundsmarck. La terreur se répand jusqu'à Vienne, et l'Empereur propose un armistice pour sauver sa capitale. - Préliminaires de paix de Léoben. - Révolte du Véronais.

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Passage du Rhin à Neuwied, par l'armée de Hoche; et à Kehl, par l'armée de Moreau.

Tandis que les victoires des armées françaises imposent la paix à l'Autriche, la grande flotte espagnole, sortie de Cadix, est battue par l'amiral Jervis au cap Saint-Vincent. Une insurrection sérieuse éclate sur les escadres anglaises.

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L'Angleterre

Journée du

Bonaparte se dirige sur Venise, pour tirer vengeance de la conduite du sénat. Villetard fomente une révolution dans cette ville, où le parti démocratique appelle les Français; ils s'emparent également de Corfou et des îles Ioniennes. Conférences d'Udine. Révolution de Gênes. Négociations de Passeriano. envoie de nouveau lord Malmesbury en France. - Traité avec le Portugal; la reine refuse de le ratifier. Affaires de l'intérieur; nouvelles élections. Lutte du Directoire avec les conseils législatifs. 18 fructidor.-Rupture des négociations avec l'Angleterre. - Troubles excités par les Français en Piémont et en Valteline. Démêlés avec le Portugal, les États-Unis, la Suisse. Traité de paix définitive avec l'Autriche à Campo-Formio. La France acquiert la Belgique et la rive gauche du Rhin; la Lombardie lui est cédée pour former une république séparée. Partage de la république de Venise; le Directoire garde Corfou et les îles de l'Adriatique. L'Autriche s'approprie les États de terre ferme et la capitale. Articles secrets de ce traité qui exerce une grande influence sur la politique ultérieure du gouvernement français. Suites des affaires maritimes: Jervis bombarde inutilement Cadix.

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Abercrombie prend la Trinité, mais échoue à Porto-Ricco; Nelson est repoussé à Ténériffe où il perd un bras. Sortie de la flotte hollandaise sous Dewinter: elle est battue à Camperdnyn par celle de Duncan. — Affaires de Saint-Domingue.

Formation d'une armée d'Angleterre, dont le vainqueur d'Italie est nommé général en chef.-Ouverture du congrès de Rastadt. Bonaparte y signe une convention militaire pour la remise de Mayence aux Français, et de Venise aux Autrichiens; puis il se rend à Paris où il est reçu avec le plus grand enthousiasme.

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Situation politique de l'Europe. Plans de campagne les décrets de la convention, le parti royaliste,

des puissances belligérantes.

La France, à qui la victoire semblait donner une assiette non moins solide au dedans que brillante au dehors, portait néanmoins en son sein les

loin de faire à la paix le sacrifice momentané de ses droits, consentait à peine à renoncer à ses vieux priviléges. S'il est pénible pour le plébéien de courber la tête sous un régime qui l'écarte des

tives auprès d'un officier, pour les accuser d'embauchage; et la commission, docile, les condamna, en usant toutefois de la latitude que lui laissait la

tention de quelques années.

principales fonctions. publiques; il n'était pas naturel que la classe habituée à dominer par son rang, sa fortune et sa naissance, se résignât de bonne grâce à la nullité, et à devenir passible d'exclu- | loi, pour commuer la peine de mort en une désions humiliantes. Aussi, l'aristocratie, terrassée dans la lutte où elle avait combattu à découvert, travaillait sourdement à ressaisir l'autorité, en réclamant d'abord la portion de souveraineté dévolue d'après la constitution de l'an m, à toutes les classes de citoyens faisant partie intégrale de la nation.

D'un autre côté, le comité de Brottier, Dunan et Lavilleheurnois, comptait opérer la contre-révolution en s'assurant, par les nouvelles élections, de la majorité des conseils législatifs. Le décret du 13 fructidor y mettait, selon lui, peu d'entraves : il se flattait de trouver assez de députés royalistes, sans recourir à l'intervention des familles exclues des assemblées électoralės. Le comité royal ne s'en tenait pas là: il aurait voulu frapper un coup d'état, en arrêtant les membres du Directoire et des conseils, les plus capables de déjouer ses projets.

que

Cette trame déjouée ne laissait pas moins la république en proie à une funeste division. L'orage s'amoncelait peu à peu : la liberté de la presse fournissait à la faction royaliste les moyens d'encourager les espérances des siens, et de gagner successivement une classe nombreuse d'hommes qui, sans intérêt direct à soutenir la révolution, ne voyaient dans les doctrines démocratiques qu'un leurre trompeur. Les doux bienfaits qu'on s'en était promis, se bornaient effectivement jusque-là, à des substitutions de noms : le pouvoir presqu’absolu de Rewbell succédait à l'influence modérée du comte de Vergennes; et les Necker et les Turgot avaient fait place à un Ramel et à un Benezech, sans que le peuple en fût moins chargé d'impôts ni plus libre.

L'égalité en droits politiques, le seul bien réel de la révolution, n'était pas assez appréciée par la classe moyenne, pour que chacun fût disposé à l'acheter au prix de son repos et de la prospérité de ses intérêts particuliers. Les journaux royalistes, en attaquant indirectement les hommes de la ré

midi, à Lyon, à Marseille, à Bordeaux, l'opinion publique se prononçait contre eux; parce que le commerce, en souffrance, leur attribuait tous ses

maux.

Soit le Directoire surveillât ses menées, soit qu'elles lui fussent encore inconnues, une démarche indiscrète éventa le complot. Le comité royal, persuadé que la réussite de son plan dépendait de la possibilité de gagner un des corps de troupes préposés à la garde de Paris, fit quelques ouver-volution, sapaient peu à peu leur crédit. Dans le tures au chef de brigade Malo, commandant du 21 régiment de dragons. Feignant d'entrer dans les vues des agents de Brottier, cet officier en rendit compte au gouvernement, qui lui prescrivit de suivre l'intrigue et d'en découvrir la ramification, en promettant tout aux conjurés. Après quelques pourparlers, il attira chez lui les trois chefs du comité royal, sous prétexte de convenir avec eux des mesures à prendre pour assurer le succès de leur entreprise. Des agents de police apostés, ayant tout entendu, se saisirent des conspirateurs, qui furent bientôt traduits à une commission militaire. Leur délit, certes, n'était pas de la compétence de ce tribunal; mais le Directoire ne s'arrêta pas à des formalités, vu qu'il s'agissait du salut de l'Etat. Cependant, comment juger militairement des conjurés qui prétendaient opérer la contre-révolution sans effusion de sang, et par l'influence même des autorités constituées ? On prétexta leurs tenta

En un mot, à l'époque des élections du second tiers, tout annonçait que la nation ne fixerait pas son choix sur ces hommes qui dominaient la tribune depuis cinq ans, et que la majorité des conseils passerait du côté de leurs ennemis. Le Directoire, inquiet de ces dispositions, ne négligeait rien pour influencer les choix. Mais les institutions républicaines ne lui laissant pas de puissants moyens, il chercha du moins à obtenir dans les départements récemment réunis, des hommes qui avaient donné des gages de leur zèle pour les nouvelles doctrines et de leur attachement pour la république.

Les finances étaient dans un état déplorable. Bien que les armées eussent vécu en majeure partie sur le sol ennemi, et que l'expédition de Brest

eût été payée par les rescriptions bataves, le tré- | tombées en entier au pouvoir des Français. La Bosor était à sec. Un arriéré de 600 millions entravait hême, l'Illyrie, la Gallicie, furent soumises à une le service courant des ministères; le gaspillage se presse d'hommes, assez semblable à la réquisition glissait dans toutes les administrations, que Barras de France; le contingent du Tyrol fut quadruplé ; dirigeait avec aussi peu de délicatesse que d'habi- la noblesse hongroise, assemblée à la diète de Presleté; la voie même des emprunts était fermée par bourg, cédant à l'ascendant du gouvernement iml'horrible abus qu'on avait fait de la dette perpé- périal, et éveillée par les dangers dont les maximes tuelle (1), non moins que par la suspension du républicaines menaçaient tous les corps privilégiés payement des intérêts qui consommait la perte du de l'Europe, vota, le 22 novembre, le don consicrédit public. dérable de 30,000 recrues, de 10,000 chevaux de remonte, de 20,000 bœufs, des grains suffisants pour alimenter 300,000 hommes pendant un mois, enfin, des fourrages pour 80,000 chevaux. Bien qu'on soit autorisé à beaucoup rabattre de ces sortes de déclarations, il n'en est pas moins vrai que celle-ci témoigne, à combien de sacrifices la nation hongroise était disposée pour assurer le triomphe de la maison d'Autriche.

L'issue de la négociation de Malmesbury, et le peu de succès de la mission du général Clarke auprès du cabinet de Vienne, prouvèrent que l'Autriche ne sut pas mieux que la France conclure la paix en temps opportun. Si le Directoire, en négligeant l'occasion de faire valoir ses succès sur le continent comme une juste compensation de ses revers maritimes, se condamna à une guerre dont il était difficile de prévoir le terme, d'un autre côté, les succès de l'archiduc, donnant à Thugut des espérances trompeuses, lui firent regarder la délivrance de l'Italie comme aussi certaine que celle de l'Allemagne; et, pour n'avoir pas renoncé à la Belgique, il s'exposa à perdre la Lombardie. | Décidé à recourir à la voie des armes, le cabinet de Vienne usa de toutes ses ressources pour soutenir avec plus de succès ce dernier assaut. Apprenant, d'une part, la chute de Mantoue, et de l'autre, la prise de la tête de pont d'Huningue, il affecta de regarder celle-ci comme une compensation de la perte de ce boulevard. Les Français, privés d'une tête de pont, ne pouvaient plus, disait-il, déboucher si facilement sur le haut Rhin; et l'invasion de l'Allemagne par Dusseldorf lui parut si peu à craindre pour Vienne, que, dès lors, il se décida à faire passer l'archiduc Charles en Italie avec une trentaine de mille hommes. On laissa derrière le Rhin, deux corps sous les ordres du comte de Latour : celui du haut Rhin, commandé par Starray; celui de la Lahn, par Werneck.

L'hiver fut utilement employé à lever et dresser des recrues pour compléter les régiments, et former de nouveau ceux dont les cadres étaient

(1) Il fut un temps où la république liquidait à volonté ses créanciers, en assignats ou en inscriptions sur le grand livre. On demanda la révision de ces inscriptions, en

TOME III.

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Cependant, des recrues ne sont pas des soldats; elles ne peuvent le devenir qu'au bout d'un certain temps et à l'aide de bons cadres, qui forment le fonds d'une armée : or, ceux-ci se trouvaient considérablement réduits; les plus braves officiers et sous-officiers avaient succombé; d'autres étaient prisonniers. A la vérité, l'impétuosité avec laquelle on faisait la guerre, dispensait d'une instruction aussi minutieuse que celle exigée par l'ancien système des campements, ou le service régulier de campagne. Il suffisait, pour arrêter les progrès des armées républicaines, de leur opposer des masses exercées à la marche et aux feux, et c'est à quoi visait le gouvernement.

Loin que les projets de Truguet et de Hoche eussent ébranlé la puissance britannique, comme on s'en était flatté, l'expédition d'Irlande avait tourné, par l'événement, à l'avantage de l'Angleterre. Le cabinet de Londres, profitant des alarmes que les armements de la république avaient semées dans les trois royaumes, demanda et obtint sans difficulté la levée de 15,000 hommes pour compléter les régiments de ligne. Trouvant en outre dans l'institution des gardes nationales de France, un exemple de ce que peut une milice

citant pour exemple un créancier qui en avait obtenu une de douze millions, pour payement de 300,000 francs

en numéraire.

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bien organisée et animée de patriotisme, il créa un corps de fencibles de 60,000 fantassins et de 20,000 hommes de cavalerie, prêt à être mobilisé au premier signal. Le personnel et le matériel de l'artillerie furent considérablement augmentés. Les forces maritimes reçurent un accroissement proportionné ; l'on renforça les stations de la Manche, et l'on établit des croisières sur tous les points présumables de descente. Enfin, le ministère, attentif à retirer des arts tous les secours que leur perfectionnement semblait lui offrir, par une heureuse application des procédés mécaniques aux manufactures d'armes, en accéléra la fabrication avec une rapidité prodigieuse, et imprima ainsi à ses arsenaux l'activité qui leur permit, quinze ans après, d'armer la moitié de l'Europe contre l'autre. Toutefois, au milieu de ces apprêts, la situation des finances était loin de réaliser les espérances données au commerce par le chancelier de l'échiquier. La Banque, épuisée par un prêt de 300 millions fait au gouvernement, non-seulement se trouvait dans l'impossibilité absolue de fournir de nouvelles ressources, mais encore ne savait plus comment remplir ses obligations. Le déficit toujours croissant commençait à inquiéter d'autant plus vivement, que la guerre avec l'Espagne redoublait la pénurie des métaux nécessaires à la fabrication des monnaies; et pourtant il fallait 700 millions pour couvrir les dépenses. A tous ces maux, le ministère ne vit de remèdes qu'en ouvrant un emprunt de la moitié de cette somme; en autorisant la Banque à différer jusqu'à la paix l'échange de ses billets, qui avait eu lieu jusque-là à bureau ouvert; et en lui permettant d'en augmenter le nombre, par une émission de petits billets nécessaires aux besoins journaliers.

Cette mesure, qui pouvait causer une révolution dans la fortune publique, à peu près pareille à celle qui eut lieu en France, au commencement du siècle dernier, par suite du trop fameux système de Law, n'eut pourtant aucun résultat fâcheux le prix des objets de consommation s'éleva, à la vérité, graduellement; mais la confiance des Anglais dans leurs institutions, et les capitaux immenses, amoncelés chez eux depuis un siècle, soutinrent le crédit public dans cette crise, et facilitèrent les opérations des ministres.

De plus cruels soucis vinrent bientôt les assaillir, et ajouter à ceux que l'émission du papiermonnaie leur occasionnait. La flotte, le soutien et l'espoir constant de l'orgueil national, couverte récemment encore de lauriers, s'insurgea sur des prétextes assez légers, et faillit mettre l'Angleterre à deux doigts de sa perte. Nous parlerons, dans le chapitre consacré aux affaires maritimes, de cet acte d'insubordination qui ternit les exploits de tant de braves; le tableau que nous offrons ici n'admettant pas de semblables détails.

L'empereur Paul, en montant sur le trône, changea un instant la face des affaires du Nord. Pea de jours avant sa mort, son illustre mère venait d'arrêter la signature d'un double traité d'alliance avec l'Autriche, et de subside avec l'Angleterre. Déjà, il était convenu qu'elle fournirait aux Autrichiens une armée de 40,000 hommes d'infanterie, 8,000 de cavalerie régulière, outre 12,000 de troupes légères : un ukase avait ordonné à cet effet la levéc de 180,000 recrues. Soit que l'impératrice voulût employer tous ces moyens au midi de l'Europe, soit qu'elle eût résolu de se venger en même temps de l'affront reçu de Gustave IV, roi de Suède, ces préparatifs annonçaient de grands événements. Mais, le premier soin du nouvel empereur fut de révoquer cette levée. Plus jaloux de s'écarter des traces de Catherine, que d'adopter avec confiance sa politique, il affecta de se lier plus étroitement avec la Prusse, et de s'adonner tout entier à l'administration intérieure de son vaste empire.

Ces démonstrations pacifiques ne tardèrent pas à agir sur la confiance, en élevant le cours du papier-monnaie au-dessus même de sa valeur nòminale: preuve palpable des ressources que la Russie possédait alors pour l'exécution d'une grande entreprise. Toutefois, ces résolutions n'eûrent qu'une courte durée : le caractère bizarre de Paul était un garant certain pour le cabinet de Londres, qu'en le prenant par son faible, on l'entraînerait tôt où tard à la guerre contre la France'; et aucun moyen ne fut négligé pour atteindre ce résultat. Les pärtisans de cette guerre ne perdaient aucune occasion de lui représenter le danger de laisser accabler l'Autriche, par une puissance qui avait constamment soutenu l'empire ottoman, ni de lui rappeler l'alliance de Catherine et de Joseph II, comme

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