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malheureux pour toutes les troupes, pas le cas à Wagram pour les Saxons.

mais ce ne fut

Vous trouverez sûrement moyen, mon général, de faire part à vos compatriotes de ma juste réclamation, de même que je chercherai l'occasion de le faire en Allemagne. Vous êtes trop homme d'honneur, pour ne pas prendre soùs votre protection tout ce qui le touche. Vous justifierez, par là, la haute opinion que j'ai de votre caractère et de votre mérite.

Recevez, monsieur le général, l'assurance de ma considération la plus distinguée.

Le lieutenant-général, ancien chef de l'étatmajor de l'armée saxonne, etc.

Signé, de GERSDorff.

Réponse de M. le général Gourgaud,

A monsieur le lieutenant-général de Gersdorff, ancien chef de l'état-major de l'armée saxonne, etc. etc.

Paris, mars 1823.

Général,

Je reçois la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, en date du 25 février dernier, au sujet d'une note dictée par l'empereur Napoléon, sur la bataille de Wagram, et insérée dans un volume des

Mémoires que je publie avec monsieur le comte de Montholon. Je m'empresse de vous informer que, conformément à vos desirs, je publierai votre réclamation dans la prochaine livraison du même ouvrage. Il ne m'appartient pas de prononcer sur ce que l'empereur dit des troupes saxonnes; je me bornerai seulement à vous prier de remarquer que vous-même reconnaissez, dans votre relation, que ces troupes furent plusieurs fois repoussées et mises en désordre dans la journée du 5, et que dans celle du 6, elles furent également obligées de céder le terrain à l'ennemi.

J'ignore, général, ce qui a pu vous porter à croire que l'empereur avait, en 1809, des sentiments d'inimitié contre le prince de Ponte-Corvo; des faits bien connus attestent le contraire. Après avoir intrigué contre Napoléon, à l'époque du 18 brumaire; après avoir conspiré contre lui sous le consulat, le général Bernadotte ne fut cependant l'objet d'aucune poursuite. Plus tard il fut même nommé maréchal d'empire, prince, etc.; et cependant son seul titre à de si hautes faveurs, était son mariage avec la bellesœur d'un frère de l'empereur. Il n'avait jamais eu de commandements importants, il n'avait jamais gagné de bataille; et l'on peut dire que la réputation qu'il s'était faite tenait plus à ce genre d'esprit, attribué anciennement à des gens de sa province, qu'à son mérite réel.

Comment témoigna-t-il sa reconnaissance?

A la bataille de Iéna, il refuse, sous les plus fri

voles prétextes, de soutenir le corps du maréchal Davoust, attaqué par les trois-quarts de l'armée prussienne; il cause ainsi la mort de 5 à 6,000 Français, et compromet le succès de la journée. Vous avouerez, général, qu'une action aussi coupable méritait un châtiment exemplaire; les lois le condamnaient... Il n'éprouva qu'une courte disgrace! Convient-il bien après cela à ce général de dire aux troupes saxonnes, lors de la bataille de Wagram, « Qu'on ne leur rendrait pas justice parce qu'elles étaient sous son commandement ?

A la guerre, vous le savez, général, là valeur des troupes dépend souvent de l'habileté de celui qui les commande: bientôt ces mêmes Saxons sous les ordres du prince Eugène, méritèrent les éloges de l'empereur. Preuve certaine que si, à Wagram, ils ne firent pas ce qu'il attendait d'eux, ce ne fut pas leur faute, mais bien celle de leur ancien chef.

Le prince de Ponte-Corvo, dites-vous, n'a pas besoin de panégyriste: cela est possible, général, parmi les étrangers; mais en France, il lui serait bien difficile d'en trouver. Les Français n'ont pas oublié le mal qu'il leur a causé en Russie; ils n'ont pas oublié les batailles de Gross-Beeren, de Juterboch, de Leipsick, où, à la tête de soldats étrangers, il fit couler le sang de ses compatriotes, de ses anciens compagnons d'armes, en combattant celui qui, au lieu de l'abandonner à la rigueur des lois, l'avait comblé de bienfaits; conduite aussi contraire à la politique qu'à la reconnaissance, aussi opposée à ses intérêts personnels qu'à

l'honneur; conduite, vraiment criminelle, et que ne peuvent excuser ni les fureurs d'une jalousie sans bornes, ni l'aveuglement d'un amour-propre excessif.

L'empereur Napoléon aimait le roi de Saxe; le souvenir de sa constance et de sa loyauté est souvent venu, dans l'exil, soulager l'ame du héros qu'avaient froissée tant d'ingratitudes! Si, dans une note dictée rapidement, il s'est servi, à l'égard des Saxons, d'une expression qui vous a blessé, rappelez-vous Leipsick.... et vous ne la trouverez pas trop dure dans sa bouche.

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Je ne puis terminer cette lettre, général, sans me féliciter de ce que vous avez bien voulu ne pas oublier les relations que nous avons eues en 1813; elles m'avaient déja mis à même d'apprécier les qualités et les talents qui vous distinguent; en répondant aujourd'hui aux observations que vous ont inspirées l'honneur et le patriotisme, je me trouve heureux d'avoir une nouvelle occasion de vous offrir les assurances de ma considération la plus distinguée.

Signé, le baron GOURGAUD,

ancien général et aide-camp de l'empereur Napoléon,

FIN DU DEUXIÈME volume des mÉMOIRES.

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