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maine, et sur lequel il fonde l'espoir d'un prochain établissement; l'ouvrier marié s'y ménage un moyen de faire face aux charges probables que lui ap portera l'augmentation de sa famille; tous enfin s'y créent une ressource pour les temps difficiles, et s'y assurent le pain de leurs vieux jours.

CAJACS (les), corps de deux cents gentilshommes, créé en 1668 pour le service de la marine, et ainsi nommé d'un M. de Cajac, seigneur de Ham, qui en fut le fondateur. On leur donna aussi le nom de Vermandois, le duc de Vermandois étant alors amiral. Ce corps fut du reste licencié peu de temps après sa formation.

CAJARC, petite ville de l'ancien Quercy, à vingt-deux kil. de Figeac, département du Lot. C'était autrefois une ville forte; et, dans les guerres contre les Anglais, elle opposa aux ennemis une vigoureuse résistance. Louis XIII en fit démolir les fortifications en 1622. La population de cette ville est aujourd'hui de dix-neuf cents habitants.

CAJETAN (Henri), de la maison de Sermoneto, fut fait cardinal en 1585, et envoyé en France par Sixte-Quint, avec le titre de légat à latere, à la fin de l'année 1589. Il arriva à Paris, le 5 janvier 1590. Alors l'exaltation des ligueurs était à son comble, et Cajetan, au lieu de rester neutre, suivant les instructions qu'il avait reçues du pape, se réunit à Mendoze, ambassadeur de Philippe II, et aux Seize, partisans dévoués des Espagnols. Le parlement de Tours, qui tenait pour Henri de Navarre, rendit un arrêt portant défense de communiquer avec le légat, sous peine de se rendre coupable du crime de lèse-majesté. Le parlement de Paris, dévoué à Cajetan, cassa cet arrêt, et enjoignit de montrer au prélat respect et révérence. Ce fut Cajetan qui, revêtu de ses habits pontificaux, reçut dans ses mains le serment que prêtèrent le parlement, les cours Souveraines, les ambassadeurs d'Espagne et d'Écosse, le prévôt des marchands, les échevins, etc., de mourir pour la religion catholique, et de res

ter soumis à Charles X et au duc de Mayenne, lieutenant du royaume, serment qui fut répété ensuite par tous les bourgeois de Paris. Mais les victoires de Henri dérangèrent les plans des ligueurs : Paris fut assiégé, et le malheureux peuple réduit à la plus horrible famine. Cajetan, cependant, redoublait d'ardeur, mettait en jeu tous les moyens. Il fit distribuer cinquante mille écus de son argent aux pauvres; mais ceux-ci refusèrent un secours inutile, et demandèrent du pain. Ce fut, dit-on, Cajetan qui conçut l'absurde et sacrilége idée de faire du pain avec les ossements des cimetières. Il fut probablement aussi un des inventeurs de cette fameuse pro-, cession des moines de la ligue, commandée par Rose, évêque de Senlis. On sait que Henri leva le siége à la nouvelle de l'approche du duc de Parme, qui arrivait des Pays-Bas avec une armée, et qui s'était réuni au duc de Mayenne. C'est vers cette époque que Cajetan fut rappelé par Sixte-Quint, Jequel était loin d'approuver la politique de son légat. Il trouva le pape mort à son arrivée à Rome, et bien à point pour lui, dit l'Étoile avec raison; car il n'est pas douteux que SixtcQuint ne lui eût demandé un compte sévère de la manière dont il avait rempli sa mission. Cajetan néanmoins resta en faveur auprès du successeur de Sixte, et mourut paisiblement en 1599, à l'âge de quarante-neuf ans.

CAJOT (dom Jean-Joseph), bénédictin de la congrégation de Vannes, naquit à Verdun en 1726, et mourut en 1779. On de lui: les Antiquités de Metz, ou Recherches sur l'origine des Médiomatriciens, Metz, 1760, in-8°; Histoire critique des coqueluchons, Cologne (Metz), 1762, in-12; Plagiats de J. J. Rousseau sur l'éducation, Paris, 1776, in-12, ouvrage où l'auteur s'efforce de prouver que les idées qui ont fait la fortune de l'Emile sont empruntécs à Plutarque et à Montaigne.

CALABRE (soulèvement de la). L'arrestation du général Championnet avait altéré la confiance des Napolitains

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dans le gouvernement des vainqueurs; de plus les exactions de quelques agents français avaient irrité la population, qu'excitaient encore les Anglais, placés à douze milles de Naples, dans la petite île de Procida. Bientôt les criminels sortis des prisons et des galeres se réunissent; le cardinal Ruffo vient dans la Calabre prêcher contre les Français une nouvelle croisade.

Au nom sacré de la religion, toutes les campagnes se soulèvent; et en mai 1799 le cardinal Ruffo, à la tête d'une bande de brigands indisciplinables, pille Crotone, qui lui avait ouvert ses portes, et s'empare de Contazarro, capitale de la CaJabre. En un instant, l'Apulie et les Abruzzes embrassent son parti, et la république parthénopéenne se trouve circonscrite dans les murs de Naples. Ruffo ne tarda pas à en commencer le siége; il l'attaqua de trois côtés. Les assiégés, craignant la famine, se déciderent, après plusieurs engagements acharnés, à faire une sortie générale, qu'ils exécutèrent le 25 juin après midi. Écrasés par le nombre, ils furent contraints de se retirer dans les forts. Dès le lendemain, le cardinal Ruffo entra dans Naples, et les rues de cette ville furent teintes de sang. Cependant le château SaintElme, le château Neuf, le château de l'OEuf, la forteresse de Castellamare, tenaient encore les royalistes en échec. Ruffo fit proposer un armistice, et consentit à une capitulation honorable. Ces conditions furent d'abord exécutées de bonne foi; mais Nelson, arrivant dans la baie, ordonna à tous ceux qui avaient occupé des places dans le gouvernement républicain, de se rendre au château Neuf pour donner leurs noms et leurs demeures, promettant qu'ils seraient désormais à l'abri de toute poursuite il voulait dresser une liste de mort. Presque tous ceux qui firent cette déclaration furent emprisonnés; beaucoup périrent sur l'échafaud; cinq cents furent banuis, et virent leurs biens confisqués. On parvint enfin à cet excès de délire, de faire le procès à saint Janvier, protec

teur du royaume, pour avoir paru approuver la révolution napolitaine, en laissant couler son sang au moment de l'entrée des Français. Les biens qui lui étaient consacrés furent confisqués au profit du roi, et saint Antoine de Padoue lui fut donné pour successeur, attendu qu'on célébrait sa fête au jour de la rentrée des troupes royales dans Naples.

CALAGES (mademoiselle Marie de Pech de vivait à Toulouse dans les premières années du dix-septième siècle. Elle est l'auteur d'un poëme de Judith, ou la Délivrance de Béthulie, en huit livres, qu'elle composa pendant sa jeunesse, et qui ne fut publié qu'après sa mort, en 1660. Ce poëme, terminé avant que le Cid eût paru, renferme des vers heureux. Racine s'en est approprié quelques-uns. Ainsi, mademoiselle de Calages avait dit, en parlant de Judith,

« Qu'un soin bien différent l'agite et la dévore, »> avant que Racine eût fait dire à Phèdre, acte II, scène 5,

« Qu'un soin bien différent me trouble et me dévore,»>

Ce vers, mis par notre grand tragique dans la bouche d'Hippolyte :

"Maintenant je me cherche et ne me trouve plus, » est également imité de celui où mademoiselle de Calages dit, pour exprimer la passion naissante d'Holopherne :

« Il se cherche lui-même et ne se trouve plus. »

Mademoiselle de Calages avait remporté plusieurs fois le prix à l'académie des jeux floraux.

CALAIS, Calesium, ancienne capitale du pays reconquis. Les premiers titres où il en soit fait mention ne remontent pas plus haut que le neuvième siècle. Ce n'était alors qu'une petite bourgade peuplée de pêcheurs, et des marins qui fréquentaient le port. Ce port, creusé par la nature, et amélioré en 997, par ordre de Baudouin IV, comte de Flandre, était défendu par deux grosses tours, dont l'une, attribuée à Caligula, était située au milieu des sables, au nord de la ville; l'autre protégeait l'embouchure de la rivière

de Guignes. Philippe de France, comte de Boulogne, fit construire en 1224, autour de cette bourgade, un mur flanqué de petites tours de distance en distance, avec des fossés extérieurs. Le même prince y fit élever, trois ans après, un vaste donjon, qui dès lors fut appelé le château, et qui, démoli en 1560, fut remplacé par la citadelle actuelle.

Devenus maîtres de Calais après la bataille de Crécy (voyez l'article suivant), les Anglais embellirent cette ville, et en augmentèrent les fortifications. Ils la conservèrent jusqu'en 1558, où le duc de Guise la leur reprit après un siége de sept jours. Les ligueurs s'en emparèrent en 1595; mais au traité de Vervins, elle rentra sous la domination du roi. Les Espagnols l'assiégèrent sans succès en 1657. Deux fois, sous le règne de Louis XIV, elle fut bombardée par les Anglais, qui, en 1804, essayèrent encore, mais inutilement, de forcer l'entrée de son port, pour venir y attaquer une flottille qui s'y était réfugiée.

Calais est une place de guerre de première classe; elle possède d'ailleurs peu de monuments remarquables. La cathédrale, où l'on voit un tableau de Van Dyck représentant l'Assomption; l'hôtel de ville, construit en 1231, et rebâti en 1740; la cour de Guise, ancien bâtiment, environné de plusieurs gros piliers en forme de tours, qui, sous la domination anglaise, servait de Bourse ou de lieu de réunion aux marchands, et que Henri II donna en 1558 au duc de Guise, vainqueur des Anglais tels sont les seuls édifices de cette ville qui méritent d'être cités.

Calais était, avant la révolution, le chef-lieu d'un gouvernement et le siége d'un bailliage; c'est aujourd'hui le chef-lieu de l'un des cantons du département du Pas-de-Calais. Sa population est de dix mille quatre cent cinquante-sept habitants. Elle possède un tribunal de commerce, une école d'hydrographie, une école de dessin, et une bibliothèque publique. Elle a produit plusieurs hommes remarqua

bles. Sans parler d'Eustache de SaintPierre, dont le dévouenient a été mis en doute dans ces derniers temps, on cite parmi les plus célèbres: Delaplace, Pigault-Lebrun, Réal, le peintre Francia, et le voyageur Mollien.

CALAIS (siéges de). Après la bataille de Crécy, Édouard III, roi d'Angleterre, entreprit d'assiéger Calais, l'une des clefs du royaume, et bâtit autour de cette ville une seconde cité, environnée de redoutes, de fossés et de tours. Il voulait l'affamer; et, en effet, la famine s'y fit bientôt sentir. Cinq cents habitants, que le gouverneur avait mis hors de la ville, moururent de froid et de misère entre la ville et le camp. Le blocus durait déjà depuis dix mois, lorsque Philippe de Valois vint avec une armée redoutable au secours de la ville. Il négocia, defia l'ennemi, mais sans succès. Édouard ne bougea pas, et le roi fut forcé de se retirer. Le gouverneur, Jean de Vienne, demanda alors à capituler. Mais Édouard, après tant de temps et d'argent perdu, voulait se donner la satisfaction de passer les habitants de Calais au fil de l'épée. Cependant il se laissa fléchir, pourvu que quelquesuns des principaux bourgeois vinssent tête nue, la corde au cou, lui présenter les clefs de la ville. Eustache de Saint-Pierre (voyez ce mot) se dévoua avec quelques généreux citoyens, et se rendit au camp d'Édouard. Ce prince inflexible voulait les sacrifier à sa vengeance; mais les prières de la reine et des chevaliers parvinrent enfin à le fléchir. Le lendemain, il entra dans la ville, en chassa les habitants, et y établit une colonie anglaise.

Peu de temps après, Geoffroi de Charni fit pour reprendre Calais une tentative inutile; quelques-uns de ses chevaliers furent faits prisonniers. Edouard, après l'action, les fit souper avec lui, et le lendemain leur rendit la liberté.

-Le duc de Bourgogne fit aussi, en 1436, le siége de Calais; mais ses milices flamandes s'étant débandées, il fut forcé d'abandonner cette entreprise.

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-Le duc de Guise fut plus heureux en 1558. « Le grand point pour réussir dans l'attaque de Calais, c'était de ne donner aucune alarme aux Anglais, et de ne point les faire penser à en augmenter la garnison; le grand nombre de troupes que, depuis la bataille de Saint-Quentin (*), les Français avaient rassemblées sur leurs frontières du nord ne paraissait destiné qu'à arrêter la marche d'une armée victorieuse. Elles étaient cantonnées de manière que le duc de Savoie croyait devoir veiller en même temps sur le Luxembourg et sur les places qu'il avait conquises en Picardie. Tout à coup le duc de Nevers, qui les commandait, fit marcher simultanément vers le Boulonais tous ces corps divers. Le duc de Guise partit de la cour pour se mettre à leur tête, et, le 1er janvier 1558, il se présenta inopinément devant le pont de Nieullay, à mille pas de Calais. Un petit fort le défendait; trois mille arquebusiers français s'en emparèrent d'emblée. D'Andelot, qui, après avoir été fait prisonnier à SaintQuentin, était parvenu à s'échapper, vint attaquer le fort de Risbank, gauche de la petite rivière qui forme le port, et s'en rendit maître dès le 2 janvier. Ainsi l'entrée du port, ou l'abord à Calais par mer, et le pont de Nieullay, seule entrée de Calais par terre, se trouvaient entre les mains des Français dès les premières vingtquatre heures. Tout le reste de la ville est entouré par des marais impraticables; des batteries furent cependant montées aussitôt, soit du côté de Risbank, soit de celui de la vieille citadelle. Le 4, une large brèche fut ouverte près de la porte de la rivière. Le 5, la vieille citadelle fut enlevée d'assaut. Lord Wentworth, qui commandait à Calais, n'avait que huit ou neuf cents hommes de garnison; il perdit courage et proposa de capituler. Guise, qui craignait sans cesse de voir arriver une flotte anglaise, n'hésita point à lui accorder les conditions les plus avantageuses. Tous les Anglais

(*) Voyez SAINT-QUENTIN (bataille de).

habitant Calais eurent la faculté de se retirer en emportant leurs propriétés mobilières; Wentworth consigna aux Français toute son artillerie et ses munitions, en s'engageant à ne commettre aucun dommage dans les propriétés publiques, tandis qu'il les occupait encore. La capitulation fut signée le 8 janvier 1558; la ville fut livrée aux Français le lendemain. Il y avait un peu plus de deux cent dix ans qu'Ëdouard III l'avait enlevée à Philippe de Valois. Lord Grey, qui commandait dans Guines, se rendit le 20 janvier. La garnison anglaise, qui occupait le petit fort de Ham, s'enfuit de nuit, et les Anglais ne conservèrent plus un seul pied de terrain sur le continent de la France (*). »

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La ville de Calais fut encore une fois prise, en 1596, par les Espagnols, sous la conduite du baron de Rosne; mais la paix de Vervins la rendit à la France en 1598.

CALAIS (monnaie de). - La ville de Calais ne frappa jamais monnaie tant qu'elle fut soumise à l'autorité du roi de France; aucune charte du moins ne prouve qu'elle ait alors joui de ce privilége, et nous ne connaissons aucune piece française que l'on puisse lui attribuer. Il en fut autrement lorsqu'elle fut soumise aux Anglais; Édouard III, Henri IV, Henri V et Henri VI, y firent fabriquer des groats, des half groats et des sterling, qui ne différaient de ceux qui avaient cours dans la GrandeBretagne que parce que le mot VILLA CALESIE y était substitué à ceux de LONDON CIVITAS, CANTEUR CIVTAS,

etc.

Le nom de Calais se lit sur la première médaille peut-être qui ait été frappée en France. Cette médaille, dont le cabinet des antiques de la bibliothèque du roi possède un exemplaire, est une large pièce d'or fin, et pesant trois carats, ainsi que le prouve sa légende du revers:

(*) Sismondi, Histoire des Français t.XVIII, p. 57, d'après de Thou, Belearics, Jac. Henric. Petr., Ribier, Tavannes et Rabutin.

D'or fin suis extrait de ducas Et fu fait pesant trois caras En l'an que verras moi tournant Les lettres de nombre prenant. Si l'on tourne en effet la médaille, on trouve sur le droit le quatrain suivant, dont les lettres majuscules, ad

ditionnées suivant leur valeur numérique, donnent le millésime de 1451, qVant le fVs falt sans diferance av prVdent rol aMI de dIeV on obelssolt partoVt en france fors à CaLals qVI est fort LleV. Cette médaille présente d'ailleurs d'un côté l'écu de France entouré de branches de rosier et orné d'une couronne royale, et de l'autre une croix fleuronnée et cantonnée de fleurs de lis et de couronnes; une riche rosace entoure le champ du droit et celui du

revers.

CALAISIS, ou pays reconquis, Tractus calesius, nom que l'on donnait, avant la révolution, à la partie de la basse Picardie dont Calais était la capitale. A l'époque où la domination romaine s'établit dans les Gaules, ce pays était habité par les Aromanci, qui faisaient partie de la confédération des Morini. İl suivit, en général, les destinées du territoire de cette confédération, jusqu'à l'établissement de l'empire carlovingien. Il reçut alors la dénomination de comté de Guines (voyez ce mot), sous laquelle il fut désigné jusqu'en 1558, époque où Calais ayant été reconquis sur les Anglais, le comté de Guines, agrandi du territoire de cette ville, prit le nom de Calaisis, ou de pays reconquis.

CALAMAY, nom que l'on donnait au moyen âge à la fête de la Chandeleur. ČALANSON (Giraut de), jongleur gascon, mort à la fin du treizième siècle, a composé des chants d'amour et des sirventes. Il nous reste de lui une quinzaine de pièces.

CALAS (Jean).- Si ce n'était la mort injuste et cruelle qu'il a subie, Jean Calas serait un de ces hommes de bien que l'on estime de leur vivant, que l'on regrette quand ils ne sont plus, et dont l'histoire ne parle point. Mais sa mort est un exemple trop effrayant des atrocités auxquelles peut entraîner

le fanatisme, pour que nous en omettions le récit dans cet ouvrage.

Depuis plus de quarante ans, Jean Calas exerçait à Toulouse la profession de négociant, et jouissait de la plus honorable considération. Uni à une femme anglaise, tenant par son aïeule à la première noblesse du Languedoc, il était père de six enfants, quatre garçons et deux filles.

Marc-Antoine, l'aîné de ses fils, peu propre au commerce, aimait les lettres et avait fait des études dans l'intention de suivre la carrière du barreau. N'ayant pu se faire recevoir licencié en droit, parce qu'ainsi que toute sa famille, l'exception d'un ses frères dont nous parlerons plus bas, il professait la religion protestante, il était devenu taciturne, mélancolique, emporté, et lisait de prédilection les livres qui traitaient du suicide. Réduit au désœuvrement, il cherchait dans les jeux de paume ou de billard et les salles d'armes des distractions coûteuses, peu dignes de lui, que son père n'approuvait pas, et qui lui attiraient souvent, de la part du vieillard, des réprimandes et des menaces.

Un autre des fils de Jean Calas, nommé Louis, celui dont nous avons promis de parler, avait abjuré le culte protestant pour la religion catholique. Telle avait été, en cette circonstance, la tolérance de son père, que se bornant à souhaiter que la conversion fût sincère, il l'avait toujours traité avec la même affection, lui avait assuré une pension de quatre cents livres, et avait gardé à son service une servante catholique dont les exhortations avaient amené l'abjuration de Louis Calas. Tel était l'homme que l'on accusa d'avoir, à l'âge de soixante-huit ans, pendu son fils aîné dans toute la force et la vigueur de la jeunesse, qui mourut sur la roue, et dont les restes furent livrés aux flammes, en expiation d'un crime que non-seulement il n'avait pas commis, mais qu'il lui était même impossible de commettre.

Le 13 octobre 1761, un fils de M. Lavaisse, avocat de Toulouse, arrivant de Bordeaux, et ne trouvan?

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