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Dieu vengeant par tes mains la plus juste des causes!
Venez, jeunes beautés; venez, braves soldats,
Semer sur son tombeau les lauriers et les roses!
Qu'un jour le voyageur, en parcourant ces bois,
Cueille un rameau sacré, l'y dépose et s'écrie:
« A celle qui sauva le trône et la patrie,

Et n'obtint qu'un tombeau pour prix de ses exploits! » (Ve MESSENIENNE.)

Hymne des Brames au Soleil.

PREMIER BRAME.

Du soleil qui renaît bénissez la puissance;
Chantez, peuples heureux, chantez :
Couronné de splendeur, il s'élève, il s'avance.
Chantez, peuples heureux, chantez
Du soleil qui renaît les dons et les clartés.

LE PEUPLE.

Il se lève, il s'avance;
Publions sa puissance,

Adorons ses clartés.

SECOND BRAME.

Sept coursiers, qu'en partant le dieu contient à peine, Enflamment l'horizon de leur brûlante haleine:

O soleil fécond, tu parais!

Avec ses champs en fleur, ses mouts, ses bois épais, Sa vaste mer de tes feux embrasée,

L'univers plus jeune et plus frais

Des vapeurs du matin sort brillant de rosée !

PREMIER BRAME.

Chaque saison lui doit les attraits qu'elle étale :
Le printemps, les parfums que son haleine exhale;
L'été, ses fruits et ses moissons;

Il gonfle de ses feux les trésors dont l'automne
En riant se couronne;

Chantons en lui le père des saisons.

LE PEUPLE.

Chantons, chantons en lui le père des saisons,
Qui doivent à ses dons
L'éclat changeant de leur couronne.
UNE VOIX, parmi le peuple.

Ce doux pays, agréable à ses yeux,
Est un jardin paré de ses largesses;
Ce doux pays reçoit du haut des cieux
De ses rayons les premières caresses.

UNE AUTRE.

Sous une forme humaine il habita nos monts,
Des fureurs du serpent délivra nos campagnes;
Il apprit aux bergers de divines chansons,
Que répétaient en chœur neuf vierges, ses compagnes.

CHOEUR.

Ce doux pays, agréable à ses yeux,
Répète encor ses vers mélodieux.

SECOND BRAME.

Eh! comment garder le silence?

Le réveil de la terre est un hymne d'amour :
Dans les forêts que leur souffle balance

Les brises du matin célèbrent son retour;

La mer, qui se soulève, en grondant le salue;
Tourné vers l'orient, où brille un nouveau jour,
Le lion se prosterne et rugit à sa vue;

Pour lui porter ses vœux au céleste séjour,
L'aigle, en poussant des cris, s'élance...
Eh! comment garder le silence?

Le réveil de la terre est un hymne d'amour.

'CHOEUR DU PARIA, acte [or, scène V.)

Louis XI tyrannisé par son médecin.

COICTIER, MÉDECIN, A COMMINES.

Il serait mon tyran, si je n'étais le sien.
Vraiment, ne l'est-il pas ? sait-on ce qu'on m'envie?
Du médecin d'un roi sait-on quelle est la vie?
Cet esclave absolu, qui parle en souverain,

Ment, lorsqu'il se dit libre, et porte un joug d'airain.
Je ne m'appartiens pas; un autre me possède :
Absent, il me maudit, et présent, il m'obsède;
Il me laisse à regret la santé qu'il n'a pas ;
S'il reste, il faut rester; s'il part, suivre ses pas,
Sous un plus dur fardeau baissant ma tête altière
Que les obscurs varlets courbés sous sa litière.
Confiné près de lui dans ce triste séjour,
Quand je vois sa raison décroître avec le jour,
Quand de ce triple pont, qui le rassure à peine,
J'entends crier la herse et retomber la chaîne,
C'est moi qu'il fait asseoir au pied du lit royal
Où l'insomnie ardente irrite encor son mal;
Moi, que d'un faux aveu sa voix flatteuse abuse,

S'il craint qu'en sommeillant un rêve ne l'accuse;
Moi, que dans ses fureurs il chasse avec dédain;
Moi, que dans ses tourments il rappelle soudain ;
Toujours moi, dont le nom s'échappe de sa bouche,
Lorsqu'un remords vengeur vient secouer sa couche.
Mais s'il charge mes jours du poids de ses ennuis,
Du cri de ses douleurs s'il fatigue mes nuits,
Quand ce spectre imposteur, maître de sa souffrance,
De la vie en mourant affecte l'apparence,

Je raille sans pitié ses efforts superflus
Pour jouer à mes yeux la force qu'il n'a plus.
Misérable par lui, je le fais misérable :

Je lui rends en terreur l'ennui dont il m'accable;
Et pour souffrir tous deux nous vivrons réunis,
L'un de l'autre tyrans, l'un par l'autre punis,
Toujours prêts à briser le nœud qui nous rassemble,
Et toujours condamnés au malheur d'être ensemble,
Jusqu'à ce que la mort qui rompra nos liens,

Lui reprenant mes jours dont il a fait les siens,
Se lève entre nous deux, nous désunisse et vienne
S'emparer de sa vie et me rendre la mienne.

(LOUIS XI, acte ler, scène IV.)

Les Limbes 1.

Comme un vain rêve du matin,

1 Lieu où, selon les théologiens catholiques, sont reléguées pour jamais les âmes des enfants morts sans baptême. Le poëte décrit admirablement cette région indécise, cet état sans nom.

Un parfum vague, un bruit lointain,
C'est ce je ne sais quoi d'incertain
Que cet empire;

Lieux qu'à peine vient éclairer
Un jour qui, sans rien colorer,
A chaque instant près d'expirer,
Jamais n'expire.

Partout cette demi-clarté
Dont la morne tranquillité
Suit un crépuscule d'été,
Ou de l'aurore

Fait pressentir que le retour,
Va poindre au céleste séjour,

Quand la nuit n'est plus, quand le jour N'est pas encore !

Ce ciel terne, où manque un soleil,
N'est jamais bleu, jamais vermeil ;
Jamais brise, dans ce sommeil
De la nature,

N'agite d'un frémissement

La torpeur de ce lac dormant,

Dont l'eau n'a point de mouvement,
Point de murmure.

L'air n'entr'ouvre sous sa tiédeur
Que fleurs qui, presque sans odeur,
Comme les lis, ont la candeur

De l'innocence;

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