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comédies, des conles, des fables, des épîtres, des chansons, des stances, des épigrammes, un poëme sur la déclamation, etc Les épîtres sont ce qu'il y a de meilleur. En général, le style de Dorat est brillant et gracieux; mais il est trop souvent affecté, maniéré, monotone,

Épître à Chamfort sur son Éloge de La Fontaine, couronné par l'Académie.

Le voilà ce cher paresseux,
Si négligé pendant sa vie,
Elevant son front radieux
Que couronne une Académie!
On sait enfin l'apprécier!

Dans son portrait sa grâce éclate,
Et ta louange délicate

Rafraîchit encor son laurier.

Tu nous mets dans la confidence
De ses pacifiques humeurs,
Et nous découvre l'alliance

De ses talents avec ses mœurs.
Très-finement tu nous exposes
Le mystère de ses écrits,
Et les fleurs que tu décomposes
Ne perdent point leur coloris.

Tu nous peins sa philosophie
Qui fut un instinct précieux,
Sa nonchalante bonhomie

Un sens droit caché sous les jeux,

Une foule de mots heureux

Qui font rire jusqu'à l'envie,
Sa piquante naïveté,

Et sa simplesse et sa gaîté,
Et la bêtise du génie.

Du fond des immortels réduits,

A cette heure il te dit peut-être :
«Ma foi, je ne croyais pas être
«Si grand homme que je le suis. >>

Épître à un ami qui lui conseillait de répondre à une critique.

Vous voulez, pour un faible outrage,
Que j'aille sonner le tocsin,

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Un ressentiment enfantin,

Et me venger en écrivain,

Quand je puis m'amuser en sage?
Ma foi, je n'ai point ce courage.
A mon drame un peu brusquement
J'ai voulu donner la naissance :
Le public eut la complaisance.
De m'en dire son sentiment,
Et de m'avertir, en bâillant,
De mon défaut d'expérience.
J'ai cédé, par reconnaissance,
Aux vœux de ce juge indulgent,
Et nous voilà quittes, je pense.

Après cet accommodement,

Dans l'arène irais-je descendre,

Remuer une triste cendre

Qui repose paisiblement?

C'est trop exiger, trop prétendre;
Laissons mon drame, s'il vous plaît.
C'est bien assez de l'avoir fait,
Sans qu'il faille encor le défendre.

LÉONARD.

(1744-1793.)

Nicolas-Germain Léonard, né à la Guadeloupe, vint jeune en France, où il fit de bonnes études. Il entra dans la diplomatie, et fut nommé chargé d'affaires à Liége. Il cultiva les muses, et réussit quelquefois dans la poésie pastorale. Outre ses idylles, on a de lui le Temple de Gnide, des romances, etc.

La piéte filiale.

Au déclin d'un beau jour, Lycoris et Sélime,
Ayant rassemblé leur troupeau,

Se reposaient sur un coteau

Dont le soleil dorait la cime :

Ils s'occupaient de Philémon;

Car ces jeunes enfants, modèles de tendresse, N'avaient d'autres plaisirs que d'en parler sans cesse. << Si nous sommes heureux, j'en sais bien la raison, »

Disait Lycoris à son frère,

« Les cieux protégent notre père :

<<< Il le mérite, il est si bon ! »

SELIME.

« N'en doute point, ma sœur, sa vertu leur est chère : « Un soir, sous le berceau voisin de la chaumière, « Il dormait d'un sommeil aussi doux que son cœur. « Sur son front j'imprimai ma bouche,

« Et soudain (soit amour, ou soit que son bonheur «Se fasse ressentir à tout ce qui le touche),

« Des larmes de plaisir coulèrent de mes yeux. « Ce bon père! disais-je, à quel point il nous aime! « Il a veillé pour nous, et dans son sommeil même, << Il sait encor nous rendre heureux!

LYCORIS.

<< Hier, dans quel état il revint de la plaine!
« Ah! si tu l'avais vu se traîner avec peine,
<< Accablé du travail et du poids de ses ans!...
<< Tu pleures, Sélime!

:

SÉLIME.

« Quel père!..

« Nous lui devons aussi des soins reconnaissants.
<< Écoute mais surtout que ce soit un mystère !
« Du prix de ces paniers que tu me voyais faire
« Je viens d'acheter un mouton;

« Je le destine à Philémon...

LYCORIS.

«Et moi, pour l'amuser quand il est solitaire,
« De mon oiseau chéri je veux lui faire un don. »

Leur père entendit ce langage;

Il sortait d'un buisson voisin :

Il court à ses enfants, les tient contre son sein;
Et des larmes de joie inondent son visage :

«< O Dieu ! dit-il, ô Dieu, témoin de mon bonheur, « Dans mes bras paternels tu vois tout ce que j'aime! << Laisse-moi mes enfants : c'est la seule faveur « Que je demande encore à ta bonté suprême. »

FLORIAN.

(1755-1794.)

Jean-Pierre Claris, chevalier de Florian, naquit au château de Florian, dans les Cévennes. Il fut d'abord page du duc de Penthièvre, puis capitaine de dragons dans son régiment, et enfin son gentilhomme et son ami. Le vertueux duc de Penthièvre le chargeait de distribuer aux pauvres ses nombreuses aumônes. Pendant la révolution, Florian fut arrêté comme suspect, à cause de son nom. Devenu libre, après la chute de Robespierre, il ne fit que languir dans de continuelles alarmes, et mourut bientôt, à l'âge de 38 ans.

Les meilleurs titres littéraires de Florian sont ses fables; elles le Il placent après La Fontaine, quoique à une grande distance. manque d'invention et de force; mais il a un naturel, une simplicité, une grâce, une morale pure, une élégance facile, qui le font lire avec plaisir.

Florian a encore laissé quelques petits poëmes: Ruth et Noémi, jolie églogue, Tobie, etc., des pièces de théâtre, aujourd'hui peu lues; des nouvelles pastorales et des romans: Estelle, Galatée, Numa Pompilius, Guillaume Tell, Gonzalve de Cordoue, etc. Ces ouvrages, si populaires et si aimés de l'enfance, sont peu estimés de l'âge mûr.

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