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règne, convient si peu au ton grave qu'exige l'histoire, que, pour accomoder le langage au sujet, il faudrait plutôt emp runter le burlesque pinceau qui traça les extravagantes fanfaronnades des Quichottes et des Rolands, pour raconter les expéditions folles de Caligula.

Les règnes qui suivent celui de Vespasien, laissent dans cette histoire un vide immense, qu'il est malheureusement impossible de remplir. Les Belges, confondus dans la masse des nations asservies au joug des empereurs, ont, pour ainsi dire, perdu leur existence politique. Les événemens généraux nous sont étrangers, et les faits particuliers à l'histoire belgique, nous sont inconnus. J'ai donc été forcé de me borner à présenter une suite presque chronologique des empereurs, parce que si, d'un côté, je m'attachais à faire l'histoire de leurs règnes, je surchargerais inutilement la narration, et si, d'un autre, je négligeais de les rappeler, je romprais le fil des événemens. J'ai tàché cependant de recueillir les faits relatifs à mon sujet, et de les tirer, autant qu'il m'a été possible, des ténèbres effroyables qui enveloppent cette partie de notre histoire, et j'ai donné à ces faits un développement proportionné à l'intérêt qu'ils présentent. Des traits répandus, comme au hasard, dans Xiphilin, Spartien, Capitolin, Trebellius, Vopiscus, sont, pour ainsi dire, les

seuls matériaux de l'histoire belgique, depuis Titus jusqu'à Aurélien, et même jusqu'à Cons

tance.

L'histoire devient à cette époque plus intéressante, parce que les sources deviennent plus fécondes. Les exploits de Julien, racontés avec tant d'intérêt par Ammien Marcelin, ne forment pas la partie la moins importante de l'ancienne histoire belgique, et les incursions des Allemands, des Huns, des Vandales, des Alains, présentent un spectacle dont les détails qu'en traçent les histoires de Procope, d'Agathias, d'Orose et de Zosime, soutiennent et augmentent l'intérêt. Mais l'historien qui prend ces écrivains pour guides, doit marcher avec précaution, avec circonspection et même avec crainte, parce que souvent, en s'attachant aveuglément à suivre leurs pas, on risquerait de s'égarer. Procope cependant est un guide sûr, qui rapporte les circonstances des faits avec autant d'exactitude, qu'il peint les mœurs, les usages et les caractères des peuples avec vérité. Mais Orose, trop crédule et quelquefois puéril, a trop écouté les bruits, les traditions et les fables de son temps et de son pays; mais Zosime, partial et souvent exagérateur, a trop écouté les mouvemens de ses passions et les préjugés de son parti. Eusèbe, Socrate, Sozomène, dans leurs histoires ecclé

siastiques, fournissent quelquefois des éclaircissemens importans sur des faits qui sont omis, ou altérés, ou exagérés dans les histoires profanes. C'est donc en les comparant et en les combinant les uns avec les autres, que souvent on parvient à démêler et à découvrir la vérité.

La seconde époque, qui commence à l'association des Belges aux Francs, présente des faits d'autant plus intéressans, qu'ils sont attestés et vérifiés par des témoins plus authentiques. La grossière histoire de Grégoire, de Tours, est une ressource très - précieuse pour les événemens de ce temps. Un style âpre et rude, une crédulité ridicule et puérile, caractérisent ou plutôt défigurent cette histoire, qui cependant, malgré le défaut de méthode, de goût, de style et de critique, est d'autant plus nécessaire que les faits relatifs à l'histoire Belgique sous le règne des premiers rois, comme la fuite et le retour de Childéric, les conquêtes et les crimes de Clovis, les querelles et l'assassinat de Sigebert et de Chilpéric, les fureurs de Brunehaut et de Frédégonde, se sont, pour la plupart, passés sous ses yeux : elle finit en 595.

La plate compilation d'Aimoin peut comme servir de suite à l'histoire de Grégoire elle manque toujours, comme cette dernière, de goût et quelquefois de bon sens : elle est surchargée de contes populaires, de faux mira

cles. Cependant, en usant sobrement (c'est l'expression et le conseil du président Hénaut) du témoignage de cet auteur, on y trouve, comme dans Grégoire, une grande ressource pour ces temps obscurs. Cette histoire finit en 882, en y comprenant les continuations; car Aimoin l'a terminée au chapitre 41 du 4. livre.

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La troisième, la quatrième et la cinquième époque renferment des faits circonscrits dans un cercle plus étroit. La Belgique y est restreinte à l'Austrasie et à la Lorraine, successivement gouvernée par des rois et par des ducs. C'est dans de maussades chroniques, dans d'insipides annales, arides monumens de ces temps grossiers, qu'il faut chercher, et, pour ainsi dire, déterrer les faits, qui n'y sont qu'indiqués, sans détails et sans développement. Sigebert, de Gembloux; Adon, de Vienne; les Annales de Metz, de Fulde, de Saxe, d'Afflighem, d'Anchin; Réginon, Flodoard, Herman, ont du moins le mérite de l'exactitude. Mais, ce n'est qu'en les rapprochant que j'ai pu saisir, pour ainsi dire, comme au hasard, une circonstance dans l'un, un détail dans l'autre, pour former de ces membres épars un corps suivi et complet, plus nourri, plus animé, auquel, s'il m'est permis de parler ainsi, j'ai tâché de donner par la forme dont je les ai revêtus, plus d'embonpoint, de régularité et de vie.

Les règnes de Charlemagne et de Louis-leDébonnaire fournissent des matériaux plus amples, mais moins bons peut-être. Ces deux princes ont eu leur historien, Eginhart et Thégan, l'un flatteur, et l'autre infidèle. Les sanglantes querelles des fils de Louis-le-Débonnaire sont décrites avec exactitude par Nitard, dont l'histoire est très - utile pour tous les événemens du siècle dans lequel il a écrit.

La sixième époque est, si je puis employer cette expression, la plus pauvre en événemens. La Belgique, renfermée maintenant dans le territoire de la Basse - Lorraine, n'occupe plus qu'un petit espace, comparé à la vaste étendue qu'elle comprenait dans l'origine. Cependant, si l'histoire de ce pays réduit à des bornes plus étroites, offre pour les étrangers moins d'attraits, elle présente peut-être plus d'intérêt pour les habitans de ces provinces, qui ne voient pas sans un plaisir secret la province, la ville, le bourg qui leur a donné le jour, figurer avec un certain éclat dans l'histoire. Le nom d'un village, d'un bois, d'un ruisseau, que nous pouvons reconnaître sur le terrain, nous inspire naturellement un intérêt plus vif et plus touchant, que le nom imposant d'une ville ou d'un boulevard célèbre que nous ne pouvons voir que sur la carte. Le Belge suivra avec plus d'attachement une petite expédition qui a signalé

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