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monter aux causes qui ont fait éclore les événemens démêler les motifs et les ressorts secrets qui ont fait agir les hommes : ils donnent leurs propres idées comme des vérités : ils se copient, ils se répètent, et l'erreur se soutient, se perpétue et s'accroît par le temps. Mais soit que les Vandales aient profité de la trahison du ministre, ou de la faiblesse du prince, ces barbares, ayant à leur tête leur roi Godisigile, passent le Danube, inondent la Germanie, où, s'étant joints aux Alains, aux Marcomans, aux Hérules, aux Suéves, aux Allemands, aux Saxons aux Bourguignons, ils s'avancèrent aux bords du Rhin, dont Stilicon avait retiré ses légions. Les Francs, abandonnés à leurs propres forces, ne purent qu'opposer une résistance inutile. Cette horde redoutable, ayant passé le Rhin le dernier jour de l'an 406, se précipita comme un torrent dans la première Germanique et dans la seconde Belgique. La ville de Mayence fut détruite, et les territoires de Worms, de Spire, de Strasbourg, de Reims, d'Arras, de Boulogne et de Tournai furent livrés à la dévastation et au pillage. Tous les historiens contemporains, Orose, Salvien, Zozime, ont soigneusement transmis les détails affligeans de ces désastres. S. Jerôme, dans sa onzième lettre, en trace une peinture aussi rapide qu'effrayante. « Un ras»semblement innombrable de peuples féroces, dit-il, Quades, Vandales, Sarmates, Alains, Gépides, Hérules, Saxons, Bourguignons, Allemands, Pan» noniens, ayant subjugué toutes les Gaules, por»tèrent le ravage dans toutes les contrées renfer» mées entre les Alpes et les Pyrénées, le Rhône » et l'Océan. Mayence fut pris et ruiné : les vain

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"queurs y massacrèrent un nombre infini de mal» heureux qui s'étaient réfugiés dans l'église. Worms, » après avoir soutenu un long siége, fut détruit. » Les habitans des cantons de Reims, d'Amiens,

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d'Arras, de Boulogne, de Tournai, de Spire, » de Strasbourg, arrachés à leurs foyers, furent en» traînés dans la Germanie. Les barbares dévasté» rent l'Aquitaine, la Novempopulanie, la Lyon"naise, la Narbonnaise, où il n'échappa qu'un petit » nombre de villes. Les provinces d'Espagne atten»dent en frémissant le coup qui va les anéantir, » et Rome ne peut échapper à sa destruction qu'au " poids de l'or. »

Oros., lib. 7, cap. 40.

Cependant les légions romaines de la Grande-Bretagne, effrayées de ce déluge d'ennemis, prirent un parti extrême. Ces troupes, voyant que l'imbécille Honorius, caché à Ravennes, pensait plus à la sûreté de sa personne, qu'aux soins de sa gloire et à la défense de ses états, déférèrent l'empire à un simple soldat, nommé Constantin, qui, dit Orose, n'avait point d'autre titre à la confiance des Romains que l'espoir que leur donnait le grand nom de Constantin. Le nouveau César passa sur la fin de l'automne de l'an 407, de la Grande-Bretagne dans les Gaules, où il s'empara du port de Boulogne. Les Francs et les Belges se réunirent aux Romains pour combattre les ennemis communs des nations. Les barbares furent complètement défaits dans une grande bataille qui se donna sur les limites du pays des Nerviens, près du Cârau-Cambresis, selon la conjecture de Desroches, qui appuie son opi- Desroches, nion sur la tradition constante des habitans, qui Epit., lib. 3, disent que les retranchemens que l'on apperçoit en

C. I.

Bucherius, Belg. rom.

sect. 4 et 5.

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core dans cet endroit, ont été élevés à l'époque et. à l'occasion de cette bataille.

Constantin, vainqueur, prit la ville de Trèves et fortifia les bords du Rhin, pour empêcher que les barbares qui habitaient l'autre rive, ne pénétrassent dans la Belgique.

Cette grande victoire avait assuré à l'usurpateur lib. 13, c.8, la possession de la Grande-Bretagne. Les Belges, que l'exemple des Bretons avait animés, formèrent comme eux, le projet de se soustraire à la domination des Romains, auxquels ils ne restaient alliés que par une soumission forcée ou apparente: pour parvenir plus sûrement à leur but, ils resserrèrent plus étroitement les noeuds de l'alliance qu'ils avaient contractée avec les Francs, qui, comme les Belges, supportaient impatiemment le joug des Romains.

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Les Francs et les Belges liés par leur origine commune, et plus encore peut-être par leur malheur commun, se liguèrent donc contre les Romains pour envahir la Gaule.

Cette association que Zozime et Saint Jerôme fixent à l'an 409 environ, commença par les Bataves, les Sicambres, les Ménapiens ripuaires, les Pémanes, les Taxandres, les Eburons et les Tongrois. Les Arboriches, qui, selon l'opinion que je regarde comme la mieux appuyée, habitaient dans le Brabant et les pays voisins et dans une partie de la Flandre, de la Hollande et de la Zélande, prirent les armes contre les Francs, qui voyant qu'il était impossible de réduire ces peuples par la force, leur proposèrent d'embrasser leur parti. Les Arboriches, ayant accepté cette proposition, cimen

tèrent cette alliance par des mariages. Les Atuatiques et les Condrusiens, imitant l'exemple des Arboriches, renforcèrent cette union, tellement que tous ces peuples ne formèrent plus qu'une même nation. Les légions Gallo-Belges, qui occupèrent cette frontière de la Gaule du côté de la seconde Belgique, étaient la partie de tout l'empire où l'esprit guerrier, la discipline militaire et la valeur romaine s'étaient le plus constamment et le plus pu

rement conservées.

Constantin, dont les forces s'étaient considérablement augmentées par cette puissance réunie fit incessamment la conquête de l'Espagne. Géronce, le meilleur de ses généraux, ayant levé l'étendart de la révolte dans cette province, engagea, par des intelligences secrètes, les barbares qui étaient dans les Gaules, à secouer le joug de Constantin. La plus grande partie de ses troupes se trouvant occupées en Espagne à combattre les révoltés, mettait Constantin dans l'impuissance de résister à cette nouvelle masse d'ennemis. Les barbares de la Germanie, profitant de la détresse où était Constantin, firent des conquêtes si rapides et si étendues, qu'ils parvinrent aisément à soustraire au joug des Romains les peuples de la Grande-Bretagne avec une partie des Gaules, dans lesquelles étaient compris les Arboriches, les Taxandres, les Tongrois et les Belges voisins.

Ces Belges chassèrent les magistrats et les gouverneurs romains: ils s'affranchirent des lois auxquelles ils étaient soumis, et par une suite nécessaire de leur défection, ils se donnèrent, comme le disent Procope et Zozime, une nouvelle forme de

lib. 14, c 8.

gouvernement, qui était une sorte de démocratie militaire. Les vétérans romains, à qui, comme je l'ai dit plus haut, les empereurs avaient accordé des terres sur les frontières des Gaules, voyant que, dans l'impossibilité où ils étaient de retourner à Rome, il ne leur restait d'autre alternative que de se réunir avec les Belges et les Francs, ou de se mêler avec les barbares, prirent le parti de livrer leurs personnes, leurs drapeaux et leurs postes aux Francs et aux Belges réunis.

Géronce, qui avait conquis l'Espagne, vint attaquer Constantin et Constant, son fils, dans les Gaules il surprend et tue le fils dans Vienne, et assiége le père dans Arles. Constantius, général d'Honorius, ayant forcé Géronce à se sauver et à se tuer, emporte la ville d'Arles. Constantin, pris dans cette place, fut massacré par ordre d'Honorius, qui, par cet exemple, crut éteindre le feu de la guerre, qu'il ne fit que propager. Le parti des Francs, qui avaient choisi et suivi Constantin, reprit les armes pour venger la mort de son chef. Les Gaules, livrées à tous les genres de dévastation, deviennent derechef le théâtre d'une guerre atroce. Trèves fut saccagé et brûlé. Les Francs perdirent cependant une grande bataille contre les Romains, commandés par Castinus, dans laquelle le roi Théodémère fut tué.

Cette défaite ne put lasser leur féroce patience, et Bucherius, ils ne consentirent à la paix, qu'à condition que Belg. rom., les Romains leur céderaient tout le vaste pays renMém. hist. fermé entre la Meuse et le Rhin qui, dans la suite, Théod.-Pa- forma un nouveau royaume, sous le nom de Francs ces et belles- Ripuaires. La fondation de ce royaume est attrilettres, t. 4. buée à Clodébald, un des fils de Clodion, et date

de l'Académ.

lat. des scien

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