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surprendre les Allemands, qu'il enveloppa avec un corps de troupes légères. Ces barbares, réveillés par le bruit des armes, cachent leurs dards et leurs épées. Julien, profitant de ce désordre, fond sur cette troupe consternée, tue ceux qui se défendent, pardonne à ceux qui se rendent, et accorde la paix aux autres, qui promirent de rester toujours tranquilles.

Julien, parvenu à l'empire, rendit le nom romain respectable aux barbares: il méditait contre les Perses une grande entreprise, dont le but était de venger sur Sapor les outrages faits au nom romain. Les Belges, qui avaient contribué à élever Julien à l'empire, le suivirent dans cette expédition, où il périt.

Les historiens ecclésiastiques, à qui un zèle peu éclairé a fait imaginer ou répéter une foule de contes absurdes sur la vie et la mort de ce prince, en ont fait un monstre, parce qu'ils n'ont vu dans Julien qu'un ennemi du christianisme; mais ces historiens, dans le jugement intéressé qu'ils en ont porté, n'ont écouté que la haine qu'ils portaient à sa mémoire qu'ils cherchaient à flétrir, et ils ont dissimulé ses vertus. L'historien impartial, en blâmant dans Julien un fanatisme outré et une superstition quelquefois ridicule, que lui reproche Ammien lui-même, ne pourra s'empêcher d'admirer ses talens et ses vertus politiques. «Julien,

dit Montesquieu, Julien (un suffrage ainsi arraché ne me rendra point complice de son apos»tasie); non, il n'y a point eu après lui de prince plus digne de gouverner les hommes »,

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366.

cell., I. 27,

C. 1.

CHAPITRE XI.

INCURSION des' Allemands. Défaite des Romains. Jovin défait à son tour les Allemands: Valentinien et Gratien remportent une seconde victoire sur ces barbares. Irruption des Saxons : ils sont défaits. Paix de Valentinien avec Macrien. — État florissant de la ville de Trèves. Мопиment d'Igel. État du commerce et de l'agriculture dans la Belgique sous Valentinien. Premières invasions des Huns et des Alains. Les Francs acquièrent une grande influence dans l'empire. - Gratien est assassiné par Maxime, qui usurpe l'empire: ce tyran est tué.

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La mort de Julien avait ranimé toutes les espérances des barbares. Les Allemands, ayant rassemAmm. Mar- blé toutes leurs forces, sortirent de leurs demeures dans les premiers jours de janvier de l'an 566, au milieu de l'hiver le plus rigoureux, pour attaquer les frontières des Gaules. Charietto, qui était comte de l'une et de l'autre Germanie, marcha promptement pour s'opposer à leur première troupe : il appela, pour le seconder, le comte Sévérien, qui commandait un corps près de Châlons-sur-Marne. Les Romains, après s'être rassemblés, attaquèrent vigoureusement les barbares, qui firent une si terrible résistance, que l'armée romaine, violemment ébranlée par le choc des ennemis, vivement frap

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pée par la vue de Sévérien cruellement blessé, prit la fuite. Charietto, qui tâchait, de la voix et du geste, d'arrêter les fuyards, mortellement atteint lui-même, tombe. Les Romains, que la mort de leurs chefs a rendus furieux, parviennent à reprendre l'étendart que les barbares avaient enlevé aux Erules et aux Bataves, qui formaient ensemble un corps auxiliaire.

2.

La nouvelle de cette défaite avait cause un cha- Id., ibid., c. grin universel. Jovin, général de la cavalerie, char- * gé de réparer cet échec, arrivé à Scarponne, actuellement Charpeigne, petit hameau de la Lorraine, à une lieue de Pont-à-Mousson, y surprit un gros corps de barbares, qu'il hacha avant qu'ils eussent le temps de se reconnaître il conduisit ses soldats, dont cette victoire avait animé le courage, à l'attaque d'un second corps: il reçut sur sa route des avis sûrs qu'une troupe de barbares, après avoir ravagé les campagnes voisines, se reposait au bord d'une rivière, vers laquelle il dirigeait sa route il vit au travers des arbrisseaux d'un vallon où il se cacha, ces brigands qui s'amusaient, les uns à se laver, les autres à s'enivrer : il fondit toutà-coup sur ce camp de voleurs, qui, dans leur saisissement, n'opposèrent au vainqueur que des hurlemens et des menaces impuissantes; car ils n'eurent ni le temps ni le moyen d'employer leurs forces, ni même de ramasser leurs armes. Ceux qui échappèrent au carnage, se sauvèrent dans des sentiers étroits et tortueux. Jovin, dont ce succès avait augmenté la confiance, marcha promptement à un troisième corps, qu'il trouva dans les environs de Châlonssur-Marne il y prit un poste avantageux, où, dès

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Id. ibid., c.

10.

la pointe du jour, il rangea, dans la plaine, son armée qu'il déploya avec tant d'art, que, malgré sa grande infériorité, elle paraissait égaler celle des ennemis. Le combat dura jusqu'à la fin du jour. Les Romains, qui n'eurent que douze cents hommes tués et deux cents blessés, blessèrent quatre mille ennemis, et en tuèrent six mille. Jovin, ayant laissé la nuit à ses soldats pour se reposer, fit, dès le matin, prendre à son armée la forme d'un bataillon quarré, pour poursuivre l'ennemi, qui avait disparu. Jovin, après cette glorieuse expédition, revint couvert de gloire à Paris.

Cependant les indomptables Allemands, qui réparaient toujours leurs pertes avec une facilité étonnante, faisaient de nouveaux mouvemens. Randon, un des princes de cette nation, profitant de l'ab-, sence de l'empereur Valentinien, se glissa inopinément dans Mayence, qui était sans garnison, pour la piller. Les chrétiens célébraient précisément dans ce moment avec grande solennité, une de leurs fêtes. Randon enleva donc sans peine un grand nombre de personnes de tout rang et de tout sexe, avec un butin considérable. Les mouvemens effrayans des barbares engagèrent l'empereur à faire des préparatifs plus sérieux et à rassembler des troupes plus nombreuses, que pour les expéditions précédentes. Valentinien, accompagné de Gratien, passa le Rhin, au printemps, à la tête d'une armée formidable, et après avoir partagé ses troupes en bataillon quarré, il conduisit le centre, et Jovin et Sévère gardèrent les flancs pour éviter les surprises. L'armée, après avoir traversé de vastes pays, apprend que l'ennemi s'était emparé d'une mon

.

tagne inaccessible par les chemins escarpés qui l'en-
vironnaient. Les Romains, en gravissant avec les
plus grands efforts, des chemins hérissés d'épines,
parvinrent, malgré la terrible résistance des Alle-
mands, au sommet de ces hauteurs, où l'on se battit
avec un égal acharnement. L'armée romaine, ayant
trouvé le moyen de se déployer, profita du trou-
ble où le fracas des armes, le hennissement des che-
vaux et le son des trompettes avaient jeté les bar-
bares, qui, après avoir cependant soutenu le com-
bat avec courage, furent enfin forcés de fuir. La
perte fut considérable des deux côtés; mais la fuite
fut,
, pour ainsi dire, plus funeste aux Allemands,
que le combat. Ces malheureux fuyards, harassés
de fatigue, tombèrent au pouvoir du vainqueur,
qui en fit un horrible carnage. Ceux qui échappè-
rent, cherchèrent leur salut dans l'enfoncement des
forêts. Les soldats, après cette expédition, rentrè-
rent dans leurs quartiers d'hiver, et les empereurs
revinrent à Trèves.

Valentinien, pour arrêter les progrès de ces ef- Id., l. 28, froyables incursions, fit construire des digues, bâ- c. 2. tir des forts, élever des tours sur toute la rive du Rhin, depuis les limites de la Rhétie, jusqu'à l'Océan, c'est-à-dire, à peu près de sa source, à son embouchure; mais ces hordes redoutables, que le désir du butin arrachait de leurs retraites, pour assouvir leur avidité, bravèrent encore ces impuissantes bar- 370. rières. Un déluge de Saxons, franchissant les écueils et affrontant les dangers, venait d'un cours précipité, inonder la seconde Germanie, c'est-à-dire, la plus grande partie de la Belgique moderne. Nannénus, qui exerçait la charge de comte dans ces

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