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rageusement le premier choc; mais les troupes qui formaient l'aile gauche de Lupercus, coururent rejoindre leurs compatriotes : les cohortes de Trèves et de Cologne prirent la fuite, et les légions firent leur retraite dans un fort voisin, appelé le VieuxCamp (Vetera), situé à Sauten, dans le pays de Clèves.

Cependant Civilis, à force de promesses et d'argent, était parvenu à s'attacher un autre parti de Bataves et de Caninéfates, à qui Vitellius avait donné l'ordre de passer en Italie. Ces troupes, arrivées à Mayence, se mutinèrent, alléguant pour prétexte une double paie, qu'elles savaient que Flaccus leur refuserait: elles prirent donc le chemin de la Batavie: elles éprouvèrent à Bonn une assez forte résistance que leur opposa Gallus. Le choc fut sanglant: les fossés furent comblés de cadavres. Cependant, les Bataves parvinrent à forcer le passage et à gagner le camp de Civilis.

Ibid., 19,

20.

Mais ce chef adroit, qui commençait à rédou- Ibid., 21. ter la vengeance des Romains, employa une ruse politique pour déguiser sa conduite : il feignit de tenir le parti de Vespasien, et il ordonna à son armée de prêter le serment de fidélité à cet empereur. Après cette vaine cérémonie, il envoya dire aux deux légions qu'il assiégeait dans le Vieux-Camp, que, si elles voulaient reconnaître Vespasien, les hostilités cesseraient. La réponse des légions portait, qu'elles ne recevaient point d'ordre d'un ennemi ni d'un traître; que Vitellius était leur empereur et qu'elles verseraient tout leur sang pour défendre ses droits; qu'il n'appartenait pas à un rebelle de s'ériger en arbitre des affaires de l'empire, et qu'il ne

Ibid., 22,

23.

devait s'attendre qu'à un juste châtiment de son crime.

Civilis, indigné de cette réponse, résolut d'attaquer le camp des Romains; mais il y éprouva une si forte résistance, qu'il fut forcé de se borner à le tenir bloqué pour tâcher, en leur interceptant les vivres, de les réduire par la famine, puisqu'il n'avait Ibid., 24, pu les dompter par la force.

25, 26.

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Flaccus chargea Vocula de conduire du secours à ces courageuses légions; mais une malheureuse division qui régnait dans son armée, l'empêcha d'exécuter sa commission avec le succès qu'il aurait désiré, et il vint camper à Geldube, sur le Rhin.

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Cependant, la lenteur que les Germains et les Gaulois mettaient à prendre les armes, irrita Civilis qui, pour les obliger à se décider, employa la violence il envoya des partis dans le pays des Ubiens et des Tréviriens, et dans celui des Ménapiens et des Morins, pour y faire le dégât, leur ordonnant particulièrement de décharger toute leur vengeance sur les Ubiens, qui avaient eu la làcheté de renier et d'abjurer le nom de leur patrie, pour prendre un nom romain, Agrippinenses.

Les différens avantages qu'il remporta sur ces peuples, l'enhardit à tenter une seconde fois le siége du Vieux-Camp, où il échoua comme à la première opération : il eut donc recours à un nouvel artifice : il tâcha de corrompre la fidélité des légions par de belles promesses et de fausses nouvelles; mais la ruse fut aussi infructueuse que la force.

La mort de Vitellius survenue dans ces circonstances, ôtait à Civilis le prétexte dont il avait cou

vert sa rebellion. Vespasien était reconnu dans tout l'empire. Flaccus envoya sommer Civilis de rendre les armes le fier Batave commença par éluder les propositions du général romain, et finit par les braver. Flaccus réunit donc toutes ses forces contre Civilis, qui, de son côté, conduisit le gros de son armée à Geldube, pour y forcer Vocula: il l'y surprit en effet, et le rompit. Ce ne fut point un combat, dit Tacite, mais une boucherie. Les Nerviens (ceux du Hainaut et du Cambresis), qui couvraient les flancs de l'armée romaine, abandonnèrent leur poste, soit par crainte, soit par trahison, et laissèrent les légions exposées à toutes les forces des ennemis; mais les cohortes gasconnes, qui accoururent au secours des Romains, étant inopinément tombées sur les derrières des Bataves, jetèrent tellement la terreur et la confusion dans leurs

rangs, qu'ils se débandèrent dans le plus grand désordre.

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Civilis, peu déconcerté en apparence de cette Ibid., 34. déroute, paya, pour ainsi dire, d'audace et de témérité il alla sommer les légions du Vieux-Camp de se rendre. Vocula, arrivé devant les retranchemens, tomba avec acharnement sur les Bataves, qui, après avoir soutenu le choc avec constance, commencèrent à plier. Les assiégés', qui, du haut de leurs murs, épiaient l'occasion de faire une sortie vigoureuse, saisirent le moment favorable, et cette sortie fixa la victoire. Civilis tomba de son cheval: le bruit se répandit dans les deux armées, qu'il était blessé ou mort. Cette nouvelle déconcerta les Bataves et ranima les Romains, qui, par la fuite précipitée des premiers, restèrent maîtres du champ de bataille.

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Vocula, qui aurait dû poursuivre les fuyards, laissa à Civilis le temps de rallier les débris de son armée, avec lesquels il s'empara du fort de Geldube. Cette faute de Vocula excita un nouveau soulèvement dans les légions, qui allèrent tumultuairement immoler Hordéonius Flaccus dans son quartier. Vocula n'échappa à leur fureur qu'à la faveur de la nuit et du déguisement: il s'était travesti en esclave.

Les Tréviriens, qui, en attendant le moment d'entrer dans la confédération, observaient toutes les démarches de Civilis, crurent que la mort de Flaccus leur offrait une occasion sûre de secouer le joug des Romains. Classicus, Trévirien, qui prétendait être issu des anciens rois de Trèves, se joignit à Civilis ce fier Trévirien se glorifiait d'une haine héréditaire contre les Romains. Julius Tutor, de Trèves, et Julius Sabinus, de Langres, se réunirent à Classicus. Ces trois chefs, ayant grossi leur parti d'un grand nombre de puissans seigneurs, s'assemblèrent à Cologne, où ils dressèrent et jurèrent unanimement les articles de la conjuration, avec une promesse solennelle de vaincre ou de mourir pour la liberté et la patrie.

Les confédérés envoyèrent incontinent des émissaires dans les villes des Belges pour leur representer que la colère des dieux pesait évidemment sur l'empire romain; qu'attaqué au dehors, déchiré audedans, l'état où il était réduit annonçait sa chûte prochaine et inévitable; que le temps était venu où les Gaulois devaient se soustraire à ce joug ignominieux auquel ils étaient lâchement asservis; que la liberté était le plus grand des biens, le plus noble des droits de l'homme, et qu'on devait rache

ter

ter cet inestimable trésor au prix de tous les autres avantages. Ces discours adroitement répandus, réveillèrent toute l'ardeur des Belges, qui coururent en foule se joindre à Classicus pour la défense de la cause commune.

Vocula, qui sentait l'impossibilité de s'opposer Ibid., 57, 59. à ce torrent, prit le parti de dissimuler : il feignit de croire, comme Classicus et Tutor l'insinuaient, que leur but était de combattre les Germains, et il consentit à unir ses forces à celles des Belges ; mais à peine Classicus et Tutor furent-ils à la vue des Germains, que, sous prétexte de reconnaître leur camp, ils se détachèrent de l'armée romaine pour se rejoindre aux Germains. Vocula, trahi, abandonné, se retira à Nuitz, où il fut assassiné par des déserteurs lâchement subornés par Classicus.

Classicus, ayant pris le titre et les ornemens d'empereur, alla dans le camp pour y recevoir les hommages de l'armée : il suggéra à Civilis le moyen de forcer les légions du Vieux-Camp à se rendre : il envoya un déserteur pour les y engager, en leur présentant cette alternative, ou une honorable capitulation, si elles prenaient ce parti, ou un traitement cruel, si elles le refusaient. Les vivres leur manquaient : déjà, la troupe était réduite à dévorer Ibid., 60, les alimens les plus vils: plus d'espérance de secours, plus de moyens de subsistance: les légions assiégées proposèrent donc de se rendre, en demandant seulement la vie et la liberté de se retirer où elles désireraient. Civilis accepta ces conditions. Déjà, ces braves légions, se reposant sur la foi du traité, marchaient paisiblement à leur destination. Les perfides Germains tombent sur cette troupe et l'assassinent;

Tome I.

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