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bitans, il se rendit par Toul, Langres et Autun, à Lyon; l'autre, qui, sous la conduite de Cécina, dirigea sa marche par l'Helvétie, fut attaqué à la descente des Alpes, par Othon, qui vint l'y attendre. Cécina lui opposa deux cohortes et quatre escadrons de Tongrois et toute la cavalerie des Tréviriens. Ces valeureux Belges, après avoir courageusement soutenu le choc, essuyèrent cependant un effroyable carnage, et les chefs des cohortes tongroises y périrent.

Valens, ayant rejoint Cécina entre Crémone et Vérone, attaquèrent dans les plaines de Bédiac l'armée d'Othon, qui fut complètement battue. Cette victoire, qui déconcerta tellement Othon, qu'il prit le parti de se tuer, assura l'empire à Vitellius, qui se fit mépriser par sa crapuleuse intempérance et détester par ses lâches cruautés.

Vitellius fut ignominieusement massacré par ses soldats, après un règne de huit mois, et Vespasien, que l'armée d'Orient avait élevé à l'empire, succéda à ce méprisable tyran.

L'empire se reposa sous Vespasien, dit Bossuet; ce fut en effet sous ce règne qu'on vit la fin de ces mouvemens séditieux et de ces sanglantes conspirations qui avaient été ou préparées ou exécutées dans les deux Germaniques, c'est-à-dire, dans la plus grande partie des provinces belgiques.

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CHAPITRE V I.

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CONJURATION des Bataves: Civilis en est le chef: il bat les Romains, et assiége les légions. - Vocula marche à leur secours. Classicus et Tutor, de Trèves, et Sabinus, de Langres, se joignent à Civilis : ils s'assemblent à Cologne. - Massacre des légions.

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Les Suniciens, les Béthasiens et les Nerviens entrent dans la confédération. semblée générale des Gaules. Céréalis, envoyé par Vespasien, arrive à Mayence. Défaite complète des confédérés. — Fin de Sabinus et d'Eponine, sa femme.

Les Bataves, qui tiraient leur origine des Cattes, Tacit. Hist.

4, 12.

ayant été chassés de leurs terres par une sédition domestique, s'étaient retirés dans une île déserte, située au milieu des marais; c'est l'ile des Bataves formée par deux bras du Rhin, et habitée par deux nations principales, les Bataves, qui donnèrent leur nom à l'île, et les Caninéfates, qui avaient la même Ibid., 15. origine et la même langue que les Bataves, auxquels ils étaient égaux en valeur, mais inférieurs en population. Les Bataves, qui en occupaient la partie orientale, qui correspond aux provinces de Gueldre et d'Utrecht, s'étendaient dans l'extrémité septentrionale de la Belgique, entre la Meuse et le Wahal, où sont les villes de Nimègue et de Batenbourg. Les Caninéfates occupaient la partie occidentale de

Bucherius,

lib. 6, c. 14,

Belg. rom.

n. I.

Ibid. 13.

Ibid. 14.

༄ ། ས

l'île, qui, en partant du point où se forme la jonction de la Meuse et du Wahal, est renfermée entre l'ancienne embouchure du Rhin et celle de la Meuse, et terminée à l'Océan. Ce pays correspond donc à la grande partie de la Hollande, où sont tes villes de Gouda, de Rotterdam, de Delft, de La Haye et de Leyde. Ce peuple, bien aguerri et bien discipliné, était soumis à des chefs élus dans le corps de la noblesse. Civilis, prince du sang royal, qui avait occupé les postes les plus éminens dans les armées romaines, avait été mis aux fers sous l'empire de Néron, et une seconde fois sous celui de Vitellius, parce qu'on l'avait soupçonné du crime de rebellion: Le souvenir des outrages ayant excité dans son cœur un violent désir de vengeance, le porta à exciter un soulèvement. Civilis avait plus de sagacité et de ressources dans l'esprit, que n'en avaient les barbares de son temps et de son pays: il se comparaît à Sertorius et à Annibal, parce que, comme ces deux généraux, il était défigúré par la perte d'un œil. Les troupes de sa nation, qui s'attribuaient le succès de la bataille de Bédriac, murmuraient de ce que Vitellius les avait congédiées. Civilis sut adroitement profiter de ce mécontentement pour les attirer à son parti il saisit une circo stance favorable. Le temps' de la levée des milices approchait il invita les principaux de la nation dans un bois, sous prétexte d'y assister à un banquet religieux: il les traita avec magnificence, et dès qu'il s'apperçut qu'ils étaient échauffés par le vin, il commença par leur rappeler les sentimens d'honneur qui, dans tous les temps, avaient animé la nation des Bataves, pour

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leur rendre plus sensibles les outrages, les violences et les mauvais traitemens dont les Romains les avaient accablés. Ce n'est plus comme des alliés » fidèles, mais comme de vils esclaves qu'on nous » traite. On arrache de nos bras notre plus brave jeunesse, et pour comble d'horreur, nos plus » beaux garçons sont condamnés à rassasier la brutalité des Romains. Nous sommes de vrais » esclaves des maitres impérieux, à qui toutes » nos propriétés semblent appartenir, nous enlè» vent impitoyablement tout ce que nous avons

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de plus cher. Bataves! souffrirons - nous encore » cette odieuse tyrannie? Le temps approche, où » l'on va faire la levée des milices: les enfans vont » être arrachés du sein de leurs pères, et les frères, » des bras de leurs frères : vous connaissez l'état » actuel de l'empire: les haines qui le divisent, » les factions qui le déchirent, précipitent sa perte.

Les légions sont dispersées dans toutes les Gaules elles ne peuvent nous échapper. Les Germains partagent nos sentimens, et les Belges, qui » n'aspirent qu'à recouvrer leur liberté, seconde»ront nos efforts. Quelle puissance pourra résister » à des nations si valeureuses? Livrez-vous seu»lement à ma foi et vous êtes libres. »

Ibid. 15, 16,

Toute l'assemblée accueillit ce discours par des applaudissemens universels et des sermens horribles. 17. Civilis, voyant le succès de son entreprise, envoya des émissaires chez les Caninéfates, qui choisirent et qui proclamèrent pour leur chef un nommé Brinio, issu d'une illustre famille de cette nation, homme d'une audace effrénée, qu'ils élevèrent sur le bouclier et soutinrent sur leurs épaules, suivant l'usage

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des anciens Germains. Civilis engagea également les Frisons, peuples voisins, qui étaient séparés des Bataves par le Rhin, à entrer dans la conspiration. Ces peuples, qui étaient naturellement disposés à seconder ses vues, lui envoyèrent des secours, avec lesquels il surprit, attaqua et défit deux cohortes commandées par Aquilius. Civilis, attentif à grossir son parti, gagna une cohorte des Tongrois, et prit vingt-quatre vaisseaux qui appartenaient aux Romains. Ces premiers succès qui procurèrent aux Bataves des armes et des munitions, leur valut, dans toute la Germanie et les Gaules, le titre de restaurateurs de la liberté.

: Civilis, assuré des Germains, tenta d'ébranler la fidélité des Gaulois, espérant que, si son projet réussissait, il parviendrait à l'empire de ces deux nations, dont la puissance et les richesses excitaient son ambition et sa cupidité. Hordéonius Flaccus, qui commandait les légions sur les bords du Rhin, méprisa et négligea ces premiers mouvemens, dont il n'attendait pas des suites si funestes; mais il sentit trop tard que l'unique moyen d'arrêter les progrès de ce terrible incendie, eût été d'en étouffer les premières étincelles : il ne reconnut son erreur qu'au moment où il apprit la défaite des cohortes et la prise des vaisseaux, et il envoya Mummius Lupercus avec deux légions contre les confédérés. Ce général, ayant fortifié dans sa marche sa faible troupe d'un petit nombre de cavalerie de Trèves et de Cologne, y incorpora encore des cohortes qui n'attendaient qu'un moment favorable pour prendre leur parti. Civilis attaqua avec la plus vigoureuse impétuosité les Romains, qui soutinrent cou

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