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par cette nouvelle saignée, les eaux du Rhin dans le lit de la Meuse.

Corbulon, par la sagesse et la vigueur de son gouvernement, avait rétabli la paix et la tranquillité dans les contrées de la Belgique confiées à ses soins, et il contribua; il parvint même, en gouvernant les Belges avec justice (car c'est par ce moyen que dans tous les temps on a pu gagner la confiance et l'attachement de cette nation généreuse), à leur inspirer l'amour du gouvernement romain. L'empereur acheva d'affermir ce sentiment par un bienfait signalé. Auguste avait accordé aux peuples de la Gaule appelée Chevelue, dont la Belgique formait la plus grande partie, AndeJ.-C., le droit de bourgeoisie romaine. Claude étendit cet avantage, en leur accordant l'entrée aux honneurs. Cette opération souffrit cependant les contradictions et les murmures les plus violens.

48.

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Quoi donc, disait-on, faut-il que ces étrangers, dont » les ancêtres ont ravagé l'Italie et renversé le Capitole, profané nos autels et détruit nos armées ? » faut-il que ces éternels ennemis du nom romain,

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dont la haine héréditaire a exercé ses fureurs » contre le divin Jules (César ), viennent usurper les dignités dans la ville et dans le sénat ? qu'ils jouissent du titre de citoyen romain; c'en » est bien assez mais qu'ils cessent d'étaler leurs insoutenables prétentions aux honneurs de la magistrature. »

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Claude, peu ébranlé de ces clameurs, persista dans sa résolution avec une fermeté et une énergie d'expressions qui contrastent singulièrement avec la faiblesse de son caractère et la stupidité de son esprit. Si l'on m'objecte, dit-il, que les

»Gaulois ont montré la haine qu'ils portaient au » nom romain, en arrêtant le divin Jules dans son

expédition par une guerre de dix années, je ré» pondrai que depuis leur soumission, ils ont prouvé leur attachement à l'empire par cent ans d'une » inébranlable fidélité, et j'ajouterai qu'ils en ont » donné des marques efficaces par les services im» portans qu'ils nous ont rendus dans nos plus grands embarras. Ce sont entr'autres ces braves » Gaulois qui ont facilité à Drusus, mon père, » la conquête de la Germanie, en maintenant dans » les Gaules une tranquillité qui lui ôtait toutes les inquiétudes qui auraient pu l'arrêter dans ses projets, et qui lui promettait toute la sûreté qui aurait pu le ranimer dans ses revers. »

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C'est à-peu-près dans ces termes que Clodius s'expliqua sur cette affaire dans un discours gravé sur une table d'airain, qui fut conservé à Lyon et publié par Juste-Lipse dans ses Commentaires sur Tacite le discours éloquent que lui prête ce grand historien, qui, pour le fonds, est assez approchant de celui que prononça réellement l'empereur, ne lui ressemble pas pour l'expression. La volonté de l'empereur fut suivie, et les Gaulois furent indistinctement déclarés habiles aux honneurs et aux fonctions publiques par un sénatusconsulte conforme à la proposition du prince.

Dès ce moment, les Belges ne furent plus traités ni considérés comme des étrangers et comme des barbares, selon le langage des Romains: ils furent naturalisés et confondus avec le peuple romain, avec lequel tous les emplois et toutes les dignités leur devinrent communs. Rome compta donc désormais des Belges parmi ses sénateurs, ses chevaliers, ses con

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et Germ., c. 29.

suls, ses préteurs et ses généraux, et les Belges absolument, s'il est permis de parler ainsi, façonnés à la romaine, adoptèrent les moeurs, les habitudes et même le langage des Romains. Les fréquentes alliances qu'ils contractèrent avec les anciennes familles romaines, achevèrent d'unir si intimement les deux nations, qu'elles ne formèrent plus qu'un peuple.

Les Ubiens, qui formaient une des deux cités dont la deuxième Germanique était composée changèrent dans cette circonstance leur ancien nom Ande J.-C., pour prendre un nom romain. Agrippine, fille de Germanicus, mère de Néron, épouse de Claude, son oncle, envoya une colonie dans la ville des Tacit. Ann., Ubiens, où elle était née. La ville, à cette occalib. 12, c. 27, sion, fut appelée Colonia Agrippina, depuis, Cologne, et le peuple, Agrippinenses. Cependant il est possible qu'ils aient emprunté ce nom de celui d'Agrippa, aïeul d'Agrippine, qui, sous le règne d'Auguste, avait accordé à ces peuples une habitation en-deçà du Rhin. L'une et l'autre opinion est soutenable, puisque, dans un passage des annales, Tacite dit positivement que la ville des Ubiens prit le nom de Colonia Agrippina, de celui d'Agrippine, et dans un endroit, où il parle des mœurs des Germains, que la nation des Ubiens préférait le nom d'Agrippinenses, qu'elle avait emprunté de celui de son fondateur, conditoris sui. Cette expression au masculin paraîtrait donc insinuer qu'Agrippa leur avait laissé son nom. Cette conjecture serait d'autant plus probable que, dès le moment de leur réunion à l'empire, les Ubiens témoignèrent aux Romains, et à Agrippa en par

ticulier, le plus vif attachement, qui était l'effet de la reconnaissance qu'avait excitée dans le cœur de ces peuples, la générosité d'Agrippa qui les avait arrachés aux poursuites des Suèves, leurs voisins. Le moyen de concilier ces deux opinions est peut-être de dire que le peuple a pris son nom de celui d'Agrippa par reconnaissance, et la ville celui d'Agrippine par obligation.

lib. 12, C. 27

La paix et la tranquillité dont jouissaient les Tacit. Ann., provinces belgiques, furent troublées par une nouvelle invasion des Cattes dans la première Germanique, où ils vinrent exercer leurs brigandages. Lucius Pomponius, gouverneur de cette province, ayant rassemblé une armée composée de troupes auxiliaires qu'il leva dans le pays des Vangions et des Némètes (de Worms et de Spire), qu'il renforça par un corps de cavalerie pour les protéger, leur donna l'ordre ou de forcer leur marche pour dévancer et pour attendre ces brigands en masse, ou de diviser leurs forces pour les surprendre et les harceler en détail quand ils seraient répandus dans le pays. L'adresse des soldats seconda et remplit l'intention du général, et l'armée fut divisée en deux corps, dont l'un prit la gauche, et l'autre la droite. Les premiers tombèrent sur un parti de Cattes qui revenaient gorgés de butin et qui étaient accablés d'ivresse et de sommeil. Les autres, c'est-à-dire, ceux qui avaient pris la droite, qui était la route la plus courte, rencontrèrent une bande plus nombreuse, qui osa tenter le combat. Une terrible défaite fut le prix de sa témérité; et les vainqueurs, chargés de gloire et de butin, reprirent le chemin du mont

An de J.-C.,

54.

lib. 13, c. 53.

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Tannus, qui est, selon l'opinion des savans, le mont de Visbad, célèbre par ses eaux chaudes, à quelques lieues de Mayence, où Pomponius s'était posté pour y attendre les ennemis dans le cas où ils auraient voulu tenter une seconde attaque pour venger leur affront; mais, comme ils craignaient d'être pris d'un côté par les Romains, et de l'autre, par les Chérusques, leurs éternels ennemis, ils envoyèrent des députés et des otages pour demander la paix, ou plutôt leur pardon, et Pomponius obtint les honneurs du triomphe.

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Néron, qui avait succédé à Claude, déshonorait le trône par ses crimes, et désolait l'empire par ses Tacit. Ann., cruautés. Cependant les provinces belgiques jouissaient d'un calme heureux, qu'elles devaient à l'administration modérée de leurs gouverneurs qui croyaient avec raison, que dans un temps où les honneurs du triomphe étaient si indistinctement prodigués, ils acquerraient une gloire plus solide en maintenant dans la paix les peuples qui leur étaient confiés. Lucius Vétus était gouverneur de la première Germanique, et Pompéius Paulinus, de la seconde: ils occupèrent l'un et l'autre leurs soldats à des travaux utiles qui entretenaient l'amour du travail et l'habitude de la fatigue dans les soldats, dont le repos et l'oisiveté auraient pu énerver le courage et la vigueur. Paulin acheva la digue que Drusus avait entreprise soixante-trois ans auparavant pour prévenir et empêcher les débordemens du Bucherius, Rhin. L'endroit où cette digue fut élevée, est auprès lib. 5, c. 5, de Wyck te Duerstede, au-dessus d'Utrecht. Vétus, de son côté, avait projeté de construire An de J.-C., un canal qui aurait réuni la Moselle à la Saône,

Belg. rom.,

n. 2.

Tacit.,ibid.

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