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» S. Jean-Chryfoftôme déclare ouvertement, que Pierre pouvoit de fon propre droit choifir le Succeffeur Judas. C'eft de ce droit attaché à la primauté, que fe fervirent Pierre & fes premiers Succeffeurs, lorfqu'ils fonderent des Eglifes dans tout l'Occident, & leur prépoferent, même avant la convocation d'aucun Concile, des Evêques auxquels ils confierent une partie du troupeau, & qu'après avoir affigné des limites à chaque jurifdiction fpirituelle, ils défignerent un fiege dont le chef revêtu de l'autorité apoftolique préfidat aux Pafteurs d'un rang inférieur. Innocent I parle clairement de cette fondation des Eglifes comme d'une chofe inconteftable, & par où il appert pour quiconque y prête attention, que l'autorité pontifi cale n'a point fon principe dans la difcipline établie auparavant par les Décrets Synodaux, mais qu'elle eft antérieure à l'établiffement de cette difcipline. B eft reconnu que c'eft par les difpofitions du Pontife que nous venons de nommer, que l'Eglife d'Antioche eft à la tête de l'Eglife d'Orient. «<

» S. Epiphane rapporte qu'Urface & Valens, touchés par l'efprit de pénitence, préfenterent au Pontife Romain Jules, des écrits, pour abjurer leur erreur

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plier; fi les affauts les plus rudes n'ébranlent pas fa conftance; fi, fourde aux prieres, elle ne fe rend plus aux follicitations, & écoute froidement les menaces; c'est uniqueinent lorfqu'il s'agit de toucher à quelque point qui regarde directement fa doctrine " ( Difcours fur l'Hiftoire, le Gou vernement, &c. par le Comte d'Albon, Paris 1782). Ce paffage du Philofophe moderne me rappelle les vieux vers de Saint Grégoire de Naziance :

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Fides vetufta (Romæ ) reƐla erat jam antiquitùs,
Et recta perftat nunc item, nexu pio

Quodcunque tabens fol videt, devinciens;

Et univerfi prafidem mundi decet,

Totam celit qua numinis concordiam.

Gregor. Naz. Carm, de vita fua

pour rentrer dans la communion des Fideles, & être admis à la pénitence. »

»S. Jérôme regardoit comme profane quiconque ne tenoit pas à la chaire de Pierre: c'eft fur cette Pierre qu'il favoit que l'Eglife étoit bâtie; pour cette raifon, quand il étoit dans le cas de parler & de traiter dans les conteftations les plus importantes, il s'en rapportoit toujours à l'autorité du Pape Damafe, « » S. Auguftin affure que c'eft dans l'Ecriture-Sainte qu'il a appris » que la primauté des Apôtres ap» partenoit à Pierre dans un degré éminent: que » cette primauté eft fupérieure à l'Epifcopat: que l'E

glife romaine, le fiege de Pierre, eft cette pierre » que les portes de l'enfer n'ébranleront jamais. Par là on refute une autre impofture du Libellifte, qui prétend que par la pierre fur laquelle J. C. a bâti fon Eglife, il ne faut pas entendre la perfonne de Pierre, mais plutôt la croyance & la foi de Pierre; comme fi ceux d'entre les faints Peres qui ( vu l'admirable abondance de l'Ecriture) ont fait ufage de ce fens avoient pour cela renoncé au fens littéral: il confte aú contraire qu'ils s'y font très-ouvertement attachés entr'autres, S. Ambroife, le maître de S. Auguftin s'exprime par ces paroles: » C'eft lui ce Pierre » qui J. C. a dit: Tu es Pierre, & fur cette Pierre, »je bátirai mon églife par conféquent où eft Pierre, » là eft l'églife «. Tel eft le fentiment unanime des Peres, telle eft la tradition conftante des Docteurs, dont S. Bernard, parlant au Pape Eugene, nous a donné le précis en peu de mots : » C'eft à toi, dit-il, » qu'ont été données les clefs; c'eft à toi qu'ont été » confiées les brebis.... Les autres Pafteurs ont foin » chacun du troupeau qui leur a été affigné mais

tous ces troupeaux font les tiens, ils ne forment » qu'un feul grand troupeau, dont tu es feul le pre»mier Pafteur; & non-feulement les brebis, mais » les Pasteurs même forment ton troupeau «. C'eft te lait de cette doctrine qu'ont fucé tous ceux qui ont été élevés dans l'Eglife de Jefus-Chrift; c'est dans

ces fentimens que fe font nourris, dès leur tendre jeuneffe, comme ils peuvent fe rappeller, tous ceux qui fe laiffent aujourd'hui tourner à tout vent: On a conftamment dit, d'après l'Evangile, que les brebis ont été confiées à Pierre, & non pas Pierre à fes brebis. <<

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» La doctrine des Conciles écuméniques a toujours été la même que celle des faints Peres. Les Peres de Chalcédoine écouterent docilement la voix de Pierre parlant par la bouche du Pape Léon, & furent perfuadés que ce n'étoit point d'un Evêque quelconque, mais de Léon, que leurs actes devoient recevoir la fanction. Au huitieme concile général, dans la premiere feffion ont lu & approuva un écrit ot formule, où, après l'expofition des prérogatives de l'autorité pontificale il étoit prefcrit de ne point faire mention pendant les faints myfleres, des noms de ceux qui feroient détachés de la Communion de l'Eglife Catholique, c'est-àdire, de ceux qui s'éloigneroient du Siége Apoftolique. De plus, comme il s'agiffoit encore de porter des décifions fur certaines difpenfes, qui paroiffoient néceffaires au bien-être de l'Eglife, les Peres n'ont pas cru pouvoir de leur chef accorder ces difpenfes; mais ils ont trouvé à propos d'avoir à ce fujet recours à l'au torité pontificale, par la médiation du Patriarche Ignace: ce qui fait voir qu'ils ont reconnu que le pouvoir de modifier les Décrets, réfidoit auprès du faintSiege, & non pas chez les Patriarches. «<

» Le grand Concile de Latran, le quatrieme de ce nom, C. 5, enfeigne que c'eft de Dieu même que l'Eglife Romaine tient la principauté entre toutes les autres, auxquelles il ne compete qu'une puiffance ordinaire, puifqu'elle eft la mere & la maîtreffe de tous les Fideles Chrétiens. «

» Le deuxieme Concile de Lyon a publié la profeffion de foi des Grecs, où ils déclarent reconnoître que l'Eglife Romaine a reçu de Dieu même dans la perfonne de St. Pierre, Prince ou Chef des Apôtres dont le Pontife Romain left le fucceffeur, une pleine

Primauté & Principauté fur toute l'Eglife Catholique, avec la plénitude de la puiffance. Le Concile de Florence, poftérieur au Concile ci- deffus nommé, établit folemnellement cette Primauté comme un dogme de la Foi Catholique. «<

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» Les Peres du Concile de Trente, infpirés par le même efprit divin, ont défini que le Souverain Pontife, en vertu du pouvoir fuprême, qu'il eft en droit d'exercer dans l'Eglife univerfelle, pouvoit réferver à fon jugement particulier la connoiffance de certains crimes graves. Et perfonne ne pourra contef→ ter (à moins qu'on ne veuille impudemment mettre les fupercheries de l'ignorance humaine au-deffus de la Sageffe célefte qui a préfidé aux Conciles) que ce pouvoir, qui s'étend fur toutes les autres Eglifes, & à qui appartiennent d'autres droits femblables que l'Auteur du Libelle s'efforce en vain de leur difputer, ne vient point de dehors, & n'eft point transféré des Pafteurs inférieurs aux Souverains Pontifes, mais eft inaliénable & inféparable de la Primauté. «<

Eybel réclame le Concile de Conftance; mais il devoit fe rappeller que ce même Concile a condamné les erreurs de Wiclef & de Jean Hus, dont le premier avoit ofé avancer qu'il n'étoit point néceffaire au falut de croire que l'Eglife Romaine fut fupérieure à toutes les autres Eglifes, ni que le Pape fut le premier & immédiat Vicaire de J. C.; & le fecond avoit prétendu que Pierre n'eft, ni n'a été le Chef de l'Eglife Catholique. C'eft pour oppofer la vraie croyance à ces erreurs à ces erreurs, que Martin V pref→ crivit qu'on interrogeât ceux qui feroient fufpects dans cette matiere, s'ils croient que Saint Pierre a été le Vicaire de J. C., ayant la puiffance de lier & de. délier fur la terre; item, que le Pape canoniquement élu eft le Succeffeur. de S. Pierre, avec l'autorité fuprême dans l'Eglife de Dieu; item, que le Pape peut accorder des indulgences à tous les Chrétiens, & que les Evêques n'ont ce pou

voir

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voir qu'autant que les faints Canons leur permettent de l'exercer à l'égard de leurs Sujets. Ceci confond pleinement l'erreur du Libellifte, qui a audacieusement avancé que chaque Evêque avoit le même pouvoir que le Pape d'accorder des indulgences. Pour tous ceux qui examineront attentivement & avec un ef prit calme & jufte les témoignages des Peres & des Conciles que nous venons de rapporter, c'eft une chofe évidente que ces témoignages déterminent une autorité bien fupérieure à celle qu'on fe plaît à définir un droit de fimple direction, ou un droit d'ex-. horter, de remontrer & de fuppléer. «

» Les Peres memes du Concile de Bafle, qu'on n'accufera pas d'avoir flatté les Papes, dans leurs répon fes à l'Evêque de Tarente, déclarent hautement, » Qu'ils confeffent & croient que le Pontife Romain -eft le Chef & le Prince de l'Eglife, le Vicaire de » Jefus-Chrift, établi par Jefus-Chrift lui-même, & » non par les hommes, ni par les Conciles, Pasteur

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des Chrétiens, à qui Dieu a confié les clefs, à» qui feul il a été dit: Tu es Pierre, & qui feul a » été appellé à la plénitude de la puiffance, les au»tres Pasteurs n'étant chargés que d'une partie du » foin de l'Eglife «. L'Auteur du Libelle devroit donc être pénétré de honte, vu l'audace impuiffante avec laquelle il entreprend de contefter cette plénitude de la puiffance que les Peres du Concile de Bafle mettent au nombre des points de doctrine, affez connus & manifeftes, pour qu'on puiffe fe difpenfer de les expofer. Et fi l'on veut une preuve de ce que nous avons avancé ci-deffus, d'après S. Auguftin, favoir que la primauté de la chaire apoftolique, a toujours réfidé dans le Siege de Rome, & que cette primauté de l'Apoftolat étoit fupérieure à l'Epifcopat, il fuffira de faire entr'autres cette réflexion importante que le Succeffeur de Pierre, par-là même qu'il fuccede à Pierre, eft chargé de droit divin du foin de tout le troupeau de Jefus-Chrift, en forte que le gouvernement univerfel eft remis entre fes

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