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la Doctrine qu'on y enfeignera, fur les Profeffeurs qu'on y employera, & fur les livres dont on fe fervira; ce qui eft d'autant plus effentiel, qu'il me confte que dans les Univerfités de l'Allemagne, on fe fert & on recommande même au Clergé des Auteurs condamnés par l'Eglife, dont nous ne pourrions jamais admettre la Doctrine.

Enfin, comme je me fuis apperçu depuis longtems par les différens Edits, émanés jufqu'à cette heure fur les matieres Eccléfiaftiques, qu'il femble qu'on ait voulu furprendre la religion de Votre Majefté, jufqu'à chercher à lui perfuader, que toute la Jurifdiction extérieure & la Difcipline de l'Eglife lui appartienne en vertu de fon autorité Souveraine; je manquerois à ce que je dois à l'augufte Perfonne de Votre Majefté, auffi bien qu'aux Droits de l'Eglife, fi je ne lui faifois pas connoître avec cette liberté que me donne le caractere Epifcopal dont je fuis revêtu, que ce principe qu'on a cherché à lui infpirer, eft dans la totalité directement contraire aux principes de la Religion; car il eft de foi qu'il existe deux Puiffances pour gouverner les hommes, l'autorité facrée des Pontifes, & celle des Rois; l'une & l'autre vient de Dieu l'une a pour objet leur bonheur dans la vie préfente, l'autre leur procure les biens de l'éternité; chacune eft fouveraine, indépendante, dans ce qui la concerne : or, fi toute la Jurifdiction extérieure, & la Difcipline de l'Eglife pouvoient dépendre uniquement de la Puiffance Séculiere, il s'enfuivroit (comme je l'ai déja fait remarquer au Gouvernement de Votre Majefté dans ces Pays, à l'occafion de la réponse du Prince de Kaunitz donnée au Mémoire du Nonce de Vienne qu'on avoit communiquée aux Evêques) il s'enfuivroit, disje, que l'Eglife, bornée au feul dogme & à une pure fpiritualité qui n'exifte point, n'auroit plus aucune Jurifdiction, puifqu'elle ne juge & ne fauroit juger du purement intérieur qui n'eft connu qu'à Dieu feul, & que le dogme même doit néceffairement

être extéricurement annoncé & propofé à la Foi des Fideles.

La Religion, Sire, n'eft point l'oeuvre des hommes, mais celle de Dieu même ; J. C. qui eft defcendu du Ciel pour l'établir dans le monde, & qui en eft le divin Légiflateur, ne l'a point confié aux Princes de la terre, qui au moment de fon établissement étoient fes plus cruels Perfécuteurs, mais aux Apôtres & à leurs Succeffeurs, qu'il a rendus les Dépofitaires de la Foi, en chargeant fur-tout & particuliérement leur Chef de paître non-feulement fes agneaux, mais fes brebis même, en lui remettant les Clefs du Royaume des Cieux, & lui donnant un pouvoir illimité de lier & de délier, avec promeffe que tout ce qui fera ainfi lié ou délié fur la terre, le fera auffi dans le Ciel. L'Adminiftration de l'Eglife univerfelle appartient donc effentiellement aux Pontifes, & à l'Eglife elle-même; c'eft eux feuls, qui de Droit Divin en ont le Gouvernement & la Jurifdiction; les Princes en font les Protecteurs & les Dé fenfeurs, mais enfans de l'Eglife eux-mêmes, ils ne fauroient agir en Légiflateurs fans paffer les juftes bornes de leur puiffance.

Auffi l'Eglife s'eft elle toujours maintenue dans l'exercice de cette Jurifdiction, qu'elle a reçue de fon Epoux Divin, non-feulement fur le Dogme, mais auffi fur la Difcipline; le premier Concile des Apôtres tenu à Jérufalem, la décifion de Saint Paul à l'égard de la difficulté qui s'étoit élevée entre les Juifs & les Gentils convertis, l'anathême lancé contre l'inceftueux, & tant de Conciles qui, de fiecle en fiecle fe font conftamment occupés de la réforme des abus & de la Difcipline, en portant fur ces objets un grand nombre de Décrets, en font autant de preuves évidentes; ces Décrets ont jours été refpectés & regardés comme émanés d'une autorité légitime, & l'Eglife, quoiqu'elle ait bien fouvent concerté fes Ordonnances avec les Princes, en implorant le fecours de leur protection contre fes en

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nemis & les réfractaires qui refufoient de s'y foumettre, en les fuppliant même de joindre leurs Loix aux fiennes; elle a cependant toujours jugé elle-même & ftatué de fa propre autorité, tous les points de réforme que le relâchement de la Difcipline & les abus qui s'y étoient infenfiblement introduits, exigeoient de fa vigilance. Tel a été en tout tems le concours des deux Puiffances à l'égard de la Difcipline de l'Eglife.

Or, c'eft ce concours fi effentiel pour le bien que les Evêques prennent la refpectueufe liberté de réclamer dans les circonftances préfentes, fuppliant très-humblement Votre Majefté de vouloir trouver bon qu'ils fe réuniffent en un Concile, foit Provin→ cial, foit National de l'Eglife Belgique, pour pouvoir feconder fes intentions à l'égard de certains changemens qu'elle paroît défirer, & les concilier autant qu'il fera poffible avec les principes de la Religion & les Loix de l'Eglife.

RÉPONSE du Miniftre au Cardinal, touchant le Séminaire-Général,

EMINENCE!

J'AI rendu compte à Leurs Alteffes Royales du

contenu de la Repréfentation que Votre Eminence leur a adreffée le onze de ce mois au fujet de l'Edit de S. M., concernant l'Etabliffement du Séminaire-Général à Louvain, & c'eft de l'agrément de ces Séréniffimes Princes que j'ai l'honneur de lui dire en réponse de de leur part, que les ordres de S. M. pour l'ouverture de ce Séminaire au quinze de ce préfent mois font trop précis & trop pofitifs pour que Leurs Alteffes Royales puiffent prendre fur elles d'accorder à Votre Eminence le moindre délai pour l'envoi de fes Séminaristes, Sujets de S. M., audit Séminaire

Général; Leurs Alteffes Royales fe flattent en con féquence qu'elle voudra bien, à la réception de cette, envoyer ces Séminariftes à Louvain, & par cette marque de fa déférence aux volontés de S. M., leur épargner le défagrément qu'elles auroient, de de voir, en cas de défaut, porter d'abord la chofe à la connoiffance de S. M. Votre Eminence peut fe raf furer au refte fur les alarmes qu'elle témoigne à l'égard de la pureté de la Doctrine qu'on enfeignera à Louvain l'intention de S. M. n'eft nullement d'exclure l'infpection & la furveillance des Evêques fur le dépôt de la foi qui leur eft confié, ni par conféquent fur l'enfeignement de la Doctrine Chrétienne; fon objet n'eft autre que de donner à ceux de fes Sujets qui fe deftinent au Sacerdoce, l'éducation & l'inftruction convenables à la dignité & à l'importance de cet état, dès qu'ils auront fini au Séminaire-Général le cours prefcrit à cet effet, ils rentreront naturellement dans les Presbyteres Epifcopaux fous la conduite & la direction immédiate de leurs Evêques, pour être employés, comme ceux-ci le jugeront à propos, dans le Saint Miniftere; quant à l'enfeignement de la Théologie, dont ils devront pendant leur cours fréquenter les leçons publiques à Louvain, la piété de S. M. doit être un fûr garant qu'elle ne permettra jamais qu'on y enfeigne aucune erreur préjudiable à la foi; on ne s'éloignera d'ailleurs jamais de donner à Votre Eminence tous les appaifemens qu'elle pourra défirer pour la tranquillifer fur la pureté de cet enfeignement, & d'établir à cet effet le concert fi défirable entre le Gouvernement & l'Epifcopat, pour parvenir à la reforme falutaire dont le Clergé en général a un befoin fi reconnu, tant du côté des mœurs & de la difcipline, que du côté de l'inftruction. Il dépendra donc de Votre Eminence d'envoyer quelqu'un de fa part à Louvain pour s'aboucher avec l'Abbé Stoeger, que S. M. a nommé Recteur du Séminaire - Général & Directeur de la Faculté de Théologie, à laquelle S. M. n'a fait d'ail

leurs aucun changement, cet Abbé donnera, ainf qu'il vient d'en être chargé, au Député qui fe préfentera chez lui de la part de Votre Eminence, toutes les notions & tous les éclairciffemens qu'elle défirera fur l'ordre & le régime du Séminaire, & fur l'enfeignement de la Théologie qu'il eft chargé de diriger; & fi enfuite Votre Eminence trouve quelques obfervations à y faire, elle peut compter qu'on y fera la plus grande attention, & que le Gouvernement s'empreffera à accueillir tout ce qu'elle pourra propofer à l'effet d'établir un concert parfait pour remplir les vues & les intentions pures & bienfaifantes de Sa Majefté.

J'ai l'honneur d'être avec une parfaite vénération,
DE VOTRE EMINENCE,

Le très-humble & très-obéiffant
Serviteur. Etoit figné BAR-
BIANO DE BELGIOJOSO.

BRUXELLES, le 15 Novembre 1786.

Plus bas étoit : A S. E. Monfeigneur le Cardinal de Franckenberg, Archevêque de Malines.

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REQUETE de l'Univerfité de Louvain à Meffeigneurs les Etats de ce Pays & Duché de Brabant, en leur Affemblée générale. (*)

L'UNIVERSITÉ de Louvain, cette bénigne & propice Mere, qui depuis fon Erection dirigée fous des Loix d'une difcipline rigide, en peu de tems eft par

(a) Il n'eft pas toujours poffible de claffer exactement les Pieces fuivant la divifion donnée à ce Recueil. Plufieurs Pieces publiées par les Magiftrats & autres Corps contien

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