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REPRÉSENTATION de Meffieurs les Curés du Diocefe de Tournai, à leur Evêque (*}%, 91. MONSEIGNEUR,

'EST donc en vain que Jefus-Chrift eft mort', puifqu'il eft arrêté, ftatué par la puiffance féculiere de rendre inutiles les mérites ineffables de ce Dieu Sauveur, en étouffant dans le cœur de nos ouailles la femence précieufe de fa parole, que nous avions tâché d'y faire germer par l'affiduité de nos inftructions. Ergò gratis Chriftus mortuus eft. (Gal. 2). Oui, Monfeigneur, c'en eft fait du Chriftianifme dans notre Diocese, fi averti par nos plaintes & nos larmes vous ne venez au fecours de nos troupeaux qui féchent de langueur & dépériffent fenfiblement, faute de nourriture fuffifante & fuffifamment préparée, par l'aviliffante néceffité où l'on nous a mis depuis près

(*) L'Auteur d'une Lettre de Bruxelles qui fouhaiteroit dans ce Recueil plus d'ordre, plus d'ensemble & plus d'exactitude typographique, a bien certainement raison, mais pour cela il faudroit y mettre un tems que la nature & le but de l'Ouvrage ne comportent pas. Telle piece qui devroit être placée avant une autre, nous parvient plus tard; celles qui fe rapportent à la même matiere, arrivent avec des intervalles qui rendent la continuité impoffible; la plupart foit imprimées, foit manufcrites, font fi défectueuses qu'il faut prefque le talent de la divination pour les mettre en état d'être bien comprises. Plufieurs font écrites en Latin ou en Allemand; il faut les traduire, & la traduction qui demande du tems, oblige de les différer. On voit par - là que l'ordre & l'exactitude, tels que ce Correfpondant les défire, n'eft pas en notre pouvoir; mais nous tâcherons d'éviter les fautes & la bigarrure autant qu'il fe pourra, & de diriger par le moyen des tables, le Lecteur vers les objets dont il veut s'occuper de préférence.

de deux ans de fouiller au préjudice de l'inftruction le Temple du Seigneur par la lecture ennuyeufe & indigne des Edits profanes, & fouvent injurieux à la fainteté de la Religion. Quoi? Le Siege de la vérité deviendra l'efcabeau de la politique; la voix des Miniftres de Jefus-Chrift, la cymbale des ufurpations civiles; le peuple teint du fang de l'agneau, la victime infortunée des caprices de l'ambition; la promul gation de la Loi éternelle, le jouet des inventions de Satan le fils du Très-Haut verra fa législation divine énervée par le contrafte honteux des proclamations humaines ! La voilà donc réduite à néant cette puiffance abfolue donnée à Jesus-Christ de manifefter librement à toute la terre par fes Envoyés, la fageffe de fes préceptes, & la fublimité de fes confeils. L'homme célefte dont la formation fut le principal objet de l'avenue du Meffie, devient une chimere, ne pouvant être formé par des enfeignemens contradictoires, lefquels étant puifés à des écoles diamétralement oppofées, laiffent les. Difciples étourdis, furchargés d'une maffe confufe de doctrines qui s'entre-choquent, les livrent à la merci du trouble, de l'ignorance, de l'incertitude & de l'er

reur.

Nous ofons vous le demander, Monfeigneur, eftce un moindre crime de faire de la Maifon de Dieu une boutique d'erreurs & de futilités qu'une caverne de voleurs: Speluncam latronum (Luc. 19). Notre divin Législateur a chaffé ceux-ci du Temple, votre devoir indifpenfable eft de bannir celles-ci de nos Eglifes. Mais fuppofons pour un moment, ce qui eft démenti par une trifte expérience que tous les Edits émanés foient marqués au coin de l'utilité publique, d'où vient que les Princes alliés & voifins des Etats de notre Souverain, ont défendu févérement de mêler la publication de leurs Ordonnances aux Prônes des Paroiffes (Voyez le mot Prône dans le 4e. vol. de l'Analyfe des Conciles par le Pere Richard)? finon parce qu'ils étoient perfuadés que les chofes de Dieu

étant d'un ordre fupérieur, ne fouffrent point de mêlange, & que c'eft avoir pourvû efficacemment à l'exécution de leurs volontés fouveraines, quand on a bien établi & 'profondément enraciné la crainte du Seigneur dans le coeur de leurs Peuples; crainte fi effentielle au bonheur des Etats & à la fécurité des Rois, que fans cette énergie fortie du fein de la Divinité même, les plus puiffans Monarques font en but aux caprices & aux fougues de leurs Sujets dénués de frein & de principes. Où en feroient les plus formidables Potentats de ce monde, s'ils n'avoient pour fe faire craindre & obéir, que la pompe faftueufe & guerriere qui cache la foibleffe de leur mortalité? Point de Dieu, point de Roi, point de Chriftianifme, point d'attachement fincere à la frêle perfonne de nos Maîtres mortels.

S'il n'y avoit d'autres châtimens ni d'autres récompenfes que les menaces ou les promeffes de notre horifon terreftre, la force, la rufe, l'intérêt, le plaifir, feroient les feuls refforts qui feroient mouvoir les individus de la race humaine, & le Sceptre & le Trône feroient des Simulacres qu'on n'adoreroit qu'autant que l'on ne pourroit impunément les brifer & les renverfer. Nous vous fupplions, Monfeigneur d'obferver qu'il eft de toute inutilité qu'on faffe publier par l'organe du Sacerdoce les Ordonnances Séculieres, puifqu'elles le font authentiquement par la voix de la Juftice locale au fortir de la Grand'Meffe. Si ces Ordonnances font fages, juftes, utiles en elles-mêmes, elles tireront leur force de leur propre teneur notifiée légalement; fi elles récelent quelques vices artificieusement déguisés, la Sanction Religieufe ne pourra jamais les colorer; ce feroit une grande erreur auffi bien qu'une horrible prévarication de le prétendre & de la faire fervir à une fin fi monftrueufe.

Nous espérons donc, Monfeigneur, que vous ferez au Gouvernement les inftances les plus vives & les plus fermes pour délivrer la Maifon de Dieu.

d'une profanation odieufe, les Miniftres du Seigneur d'un aviliffement inutile & fcandaleux, & rendre enfin au Peuple le pain pur & falutaire de la divine parole. Nous fommes avec un profond respect, &c.

EXTRAIT d'une Lettre de Malines, du 25 Janvier 1787.

Vous favez fans doute jusqu'à quel point de

pro

fanation les Eglifes des Pays-Bas ont été ravalées par P'Ordonnance qui fubftitue les Placards à l'Evangile, à l'inftruction quelconque du Peuple Chrétien; mais vous ne favez peut-être pas, que dans cette Ville & dans cette Province les Curés font obligés de maudire en chaire la Doctrine de l'Eglife Catholique, le nom & les Décrets de fes Pontifes. C'eft cependant dans toute la rigueur des termes, ce qui vient d'arriver ici avec le Bref fuper foliditate, Bulle qui ne contient que la croyance générale de l'Eglife touchant l'autorité & la dignité de fon Chef; oui, nos Curés ont été fommés par un Décret folemnel, de la profcrire ou d'en lire la profcription dans les Temples de Jefus-Chrift au prône, c'eft-à-dire, au milieu du Saint Sacrifice de la Meffe. Vous avez lu, Monfieur, l'hiftoire des premiers fiecles, & tous les détails des perfécutions romaines: vous avez vu qu'on brûloit, hachoit, fricaffoit les pauvres Chrétiens avec leurs Pasteurs pour ne pas adorer le bois & la pierre; mais avez vous lu quelque part, qu'on les obligeoit de maudire leur_croyance au milieu des Saints Myfteres, de lire les Décrets des Empereurs qui la profcrivoient?... Vous avez lu encore les ravages que les héréfies ont fait dans le monde; les atrocités exercées contre les Catholiques par les Ariens, les Huffites, les Luthériens, les Calviniftes, les Anabaptif

tes, &c; mais avez-vous vu qu'en pendant & découpant les Prêtres, qu'en leur ouvrant le ventre & y mettant de l'avoine pour y faire manger les chevaux (fupplice favori des Hollandois quand ils prenoient quelque Religieux ou quelque Curé ), on les obligeoit de déclamer contre le Pape, fes Décrets & fes Bulles?... Et bien, fi vous n'avez rien lu de cela, convenez que la fituation de l'Eglife Belgique eft plus déplorable, que celle de toutes les Eglifes du monde, dans les tems où la main des hommes pefoit le plus fur elles.... Mais fi le mal eft extrême, efpérons par-là même la prompfitude du remede; efpérons que la Providence ne tardera pas d'éclairer un Monarque Chrétien, fur l'abus énorme & réellement, incroyable qu'on fait de fon autorité, &c.

LETTRE écrite de la même Ville, au Rédacteur de ce Recueil, le 18 Juin 1787.

» On vient de me reprocher, Monfieur, d'avoir retranché, la fin du Refcrit de Monfieur Staffart contre le Clergé de cette Province (Voyez 3e. Recueil, p. 54); je me hâte de réparer cette omiffion. Voici le paffage dont il s'agit.» Je vous préviens au furplus, qu'il » importe de vous conduire à cet égard avec la plus

grande circonfpection & toute la prudence que » cet objet exige ». J'avois cru devoir envelopper cette phrafe fous l'Et cetera, tant parce que la fubftance du Décret étoit fuffifamment exprimée dans ce qui précédoit, que pour éviter à l'Auteur le ridicule d'une contradiction unique en fon genre. Après tout ce qui précede, la circonfpection & la décence, viennent fi fort à propos, qu'on croiroit qu'elles appartiennent à une autre piece. Qu'un homme qui traite le Clergé de factieux & de fanatique, recommande la décence aux Baillis; cela m'a paru fi étrange, que pour ne pas vous envoyer un pot-pourri, j'ai fini

par

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