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Il n'y a nulle raison pour ne pas attribuer la rédaction de la Genèse à Moïse lui-même, ce qui la ferait remonter de cinq cents ans plus haut.

Moïse et son peuple sortaient de l'Egypte, qui, de l'aveu de toutes les nations d'Occident, est le royaume le plus anciennement civilisé de tous ceux qui entourent la Méditerranée. Le législateur des Juifs n'avait aucun motif pour abréger la durée des nations, et il se serait décrédité lui-même auprès de la sienne, s'il lui eût enseigné une histoire toute contraire à celle qu'elle devait avoir apprise en Egypte.

plerosque interiisse, omnes scilicet quibus altiores montes petere non licuit. Non negamus etiam, quin mare jam occupet aliquas telluris partes, quas antea non occupabat; quin etiam in seculis innumerabilibus fieri possit, ut omnis nostra continens submergatur; et partes quàm plurimæ jam submersæ emergant ex multis causis de quibus vide Aristotelem, 1. 1 Meteor. c. 14; Stevinum in Geogr.; Varenium, Geogr. l. 1, c. 18. Sed non putamus in illis novis continentibus solam maris lentissimam alluvionem attollere posse montes ad altitudinem vigesies mille pedum supra maris libram. • Quosdam montes, inquit Varenius l. 1, c. 9, • prop. 8, progressu temporis generatos esse ⚫ colligitur ex conchularum testis, quæ in <quibusdam montibus inveniuntur, ut in Geldriæ montibus. Et generationis modus hic esse videtur, si ventus vehemens arenam et sabulum paulatim in locum montis deferat et ‹ accumulet accedente pluviâ. Qui modus sicut minores montes producere potest, ita verisimile videtur majores montes non esse generatos, sed ejusdem cum totâ tellure ætatis et originis. Vide Whistoni Theoriam telJuris 1. 4, c. 4, ubi diligenter et minutè ex supra positis principiis singula phænomena ad præsentem terræ conformationem pertinentia, quæ nos prosequi hîc non possumus, explicat ingeniosus auctor.

(Annotatio P.-S.)

Istud de recenti mundi origine argumentum mirè versavit clarissimus Cuvier, cujus verba operæ pretium est referre, deprompta scilicet ex ejus dissertatione de Ossibus fossilibus.

‹ La nature nous tient partout le même langage, partout elle nous dit que l'ordre actuel des choses ne remonte pas très-haut; et, ce qui est bien remarquable, partout l'homme nous parle comme la nature, soit que nous consultions les vraies traditions des peuples, soit que nous examinions leur état moral et politique et le développement intellectuel qu'ils avaient atteint au moment où commencent leurs monuments authentiques. Interrogeons, en effet, l'histoire des nations, lisons leurs anciens livres, essayons d'y reconnaître ce qu'ils contiennent de faits réels et de les dégager des fictions intéressées qui y masquent la vérité

Le Pentateuque existe sous sa forme actuel'e au moins depuis le schisme de Jéroboam, puisque les Samaritains le reçoivent comme les Juifs, c'est-à-dire qu'il a maintenant, à coup sûr, plus de deux mille huit cents ans.

‹ Il y avait donc tout lieu de croire que l'on n'avait point alors en Egypte d'autres idées sur l'antiquité des peuples existants que celles que la Genèse présente.

Or, Moïse établit une catastrophe générale, une irruption des eaux, une régénération presque totale du genre humain; et il n'en fait remonter l'époque qu'à quinze ou seize siècles avant lui, selon les textes qui allongent le plus cet intervalle, par conséquent à moins de cinq mille ans avant nous.

Les mêmes idées paraissent avoir régné en Chaldée, puisque Bérose, qui écrivait à Babylone au temps d'Alexandre, parlait du déluge à peu près comme Moïse, et qu'il le plaçait immédiatement avant Bélus, père de Ninus.

On ne voit pas que Sanchoniathon en ait parlé dans son Histoire de Phénicie, quelle que puisse être l'authenticité de ce livre; cependant on paraît y avoir cru en Syrie, puisque l'on montrait dans un temple d'Hierapolis, à une époque très-postérieure, il est vrai, l'abîme par où l'on prétendait que les eaux s'étaient écoulées.

Quant à l'Egypte même, on pourrait croire que cette tradition y fut effacée, puisque l'on n'en retrouve plus de trace expresse dans les plus anciens fragments qui nous restent sur ce pays. Il est vrai qu'ils sont tous postérieurs à la dévastation de Cambyse, et que leur peu d'accord entre eux prouve bien qu'ils sont tirés de documents mutilés; car il est impossible d'établir le moindre rapport vraisemblable entre les listes des rois d'Egypte écrites par Hérodote sous Artaxerxès, par Eratosthène et Manéthon sous Ptolémée, et par Diodore sous Auguste; on ne peut pas même accorder entre eux les différents extraits tirés de Manéthon. Cependant la mythologie égyptienne, au défaut de l'histoire, semble encore rappeler ces grands

daigné se servir d'aucune de ces observations faites dans le pays où il écrivait?

événements dans les aventures de Typhon et d'Osiris; et même si les prêtres de Saïs ont réellement fait à Solon les contes que rapporte, après lui, Critias dans Platon, il faudrait croire qu'ils avaient conservé des notions plus précises d'une grande révolution, quoiqu'ils en fissent remonter l'époque beaucoup plus haut que Moïse. Ils avaient même établi en théorie une alternative de révolutions, les unes opérées par l'eau, les autres par le feu idée qui fut aussi répandue chez les Assyriens et jusqu'en Etrurie.

Les Grecs, chez qui la civilisation arriva de Phénicie et d'Egypte, et si tard, mélangèrent les mythologies phéniciennes et égyptiennes, dont on leur avait apporté des notions confuses, avec les traits non moins confus de leur première histoire. Le soleil personnifié, nommé Ammon, ou le Jupiter d'Egypte, devint un prince de Crète; le Phtha, ou artisan de toutes choses, fut l'Hephastus ou Vulcain, un forgeron de Lemnos; le Cham, autre symbole du soleil ou de la force divine, se transforma en un héros thébain robuste, leur Héraclès ou Hercule; le cruel Moloch des Phéniciens, le Remphal des Egyptiens, fut le Chronos ou le Temps, qui dévorait ses enfants, et ensuite Saturne, roi d'Italie.

S'il arriva, sous quelqu'un de leurs princes, une inondation un peu violente, ils la décrivirent dans la suite avec toutes les circonstances vaguement restées dans leur mémoire du grand cataclysme, et ils firent repeupler la terre par Deucalion, tout en laissant une longue postérité à son oncle Atlas.

Mais l'incohérence de ces récits, qui atteste la barbarie et l'ignorance de tous les peuples des bords de la Méditerranée, atteste également la nouveauté de leurs établissements, et cette nouveauté est elle-même une forte preuve d'une grande catastrophe. On nous parle bien en Egypte de centaines de siècles; mais c'est avec des dieux et des demi dieux qu'on les remplit. Il est, pour ainsi dire, prouvé aujourd'hui que la suite d'années et de rois humains que l'on place parmi les demi-dieux et avant l'envahissement des pasteurs, tient à ce que l'on regarde comme des rois successifs les chefs de plusieurs petits Etats contemporains.

Macrobe assure que l'on avait des recueils d'observations d'éclipses faites en Egypte qui supposeraient un travail continué sans interruption depuis au moins douze cents ans avart Alexandre. Mais comment Ptolémée n'a-t-il

Il n'y avait point encore de grand empire en Asie du temps de Moïse, et les Grecs euxmêmes, malgré leur facilité à inventer des fables, n'ont pas pris la peine de se fabriquer une antiquité. Les plus anciens colons d'Egypte ou de Phénicie, qui vinrent les arracher à un état sauvage, ne remontent pas à plus de quatre mille ans avant le temps présent; et les plus anciens des auteurs qui en parlent ne datent pas de trois mille. Les Phéniciens cuxmêmes n'étaient en Syrie que depuis peu, quand ils firent des établissements en Grèce. C'est aussi à quatre mille ans que remontaient les observations des Chaldéens, envoyées à Aristote par Callisthène, si ce fait, qui n'est rapporté que par Simplicius, six cents ans après Aristote, avait quelque chose d'authentique, ce qui est fort douteux, puisque les observations chaldéennes d'éclipses réellement conservées et citées par Ptolémée ne remontent qu'à deux mille cinq cents ans. Quoi qu'il en puisse être, l'empire de Babylone et celui d'Assyrie n'ont pu être long-temps puissants, et laisser autour d'eux de petites peuplades libres comme étaient toutes celles de Syrie, avant ce qu'on appelle le deuxième royaume d'Assyrie. Les milliers d'années que s'attribuent les Chaldéens sont donc tout aussi fabuleux que ceux des Egyptiens, ou plutôt ce ne sont que des périodes astronomiques, calculées en rétrogadant, d'après des observations inexactes, ou même de simples cycles arbitraires et multipliés par eux-mêines.

Les plus raisonnables des anciens n'ont pas eu d'autres idées, et ne font pas remonter à plus de quarante et quelques siècles leur Ninus et leur Sémiramis, premiers des conquérants, et après lesquels l'histoire garde un long silence; ce qui fait soupçonner qu'ils pourraient bien encore n'être que des créations postérieures des historiens.

Nos connaissances, notre civilisation actuelle descendent sans interruption des Egyptiens et des Phéniciens par les Grecs et par les Romains: les Juifs nous ont donné immédiatement nos idées plus épurées de morale et de religion; quelques traits de lumière nous sont aussi venus par eux et par les Grecs, des Chaldéens, des Perses et des Indiens; et, chose bien remarquable, les peuples ne forment qu'une race ils se ressemblent par les traits du visage, et même par une infinité de choses

de convention, telles que leurs divinités, les noms de leurs constellations, enfin jusque dans le fond de leurs langages.

• Ceux d'entre ces peuples dont la civilisation est peut-être la plus ancienne et parait avoir le moins varié dans ses formes, ceux qui probablement sont encore les plus voisins de son berceau, les Indiens, n'ont malheureusement point d'histoire; et, parmi cette infinité de livres de théologie mystique ou de métaphysique abstruse qu'ils possèdent, ils n'ont rien qui puisse nous instruire avec ordre sur leur origine et sur les vicissitudes de leurs sociétés. Leur Maha Barata, ou prétendue grande histoire, n'est qu'un poème; leurs Pouranas ne sont que des légendes; et l'on a eu beaucoup de peine, en les comparant avec les auteurs grecs et romains, à établir quelques lambeaux d'une espèce de chronologie interrompue à chaque instant et qui ne remonte pas plus haut qu'Alexandre.

Il est prouvé aujourd'hui que leurs tables astronomiques, d'où l'on voulait déduire leur extrême antiquité, ont été calculées en rétrogradant; et l'on vient de reconnaître que leur Suria-Ciddhanta, qu'ils regardent comme leur plus ancien traité scientifique d'astronomie, et qu'ils prétendent révélé depuis plus de deux millions d'années, ne peut avoir été composé qu'il y a environ sept cent cinquante ans.

Leurs livres sacrés, ou Vedas, à en juger par le calendrier qui s'y trouve annexé et auquel ils se rapportent, et d'après la position de colures que ce calendrier indique, peuvent remonter à trois mille deux cents ans: ce qui serait à peu près l'époque de Moïse.

⚫ Cependant les Indiens n'ont point totalement oublié les révolutions du globe; leur théologie consacre les destructions successives que sa surface a déjà essuyées et doit essuyer encore; et ce n'est qu'à un peu moins de cinq mille ans qu'ils font remonter la dernière : l'une de ces révolutions est même décrite dans des termes presque correspondants à ceux de Moïse.

Ce qui n'est pas moins remarquable, c'est que l'époque où ils placent le commencement de leurs souverains humains (ceux de la race du soleil et de la lune) est à peu près la même que celle où l'on fait commencer ceux des Assyriens, environ quatre mille ans avant le temps présent.

Il est inutile de consulter, sur ces grands événements, les peuples les plus méridionaux, tels que les Arabes et les Abyssins : leurs an

ciens livres n'existent plus; ils n'ont d'histoire que celle qu'ils se sont faite récemment, et qu'ils ont modelée sur la Bible. Ainsi ce qu'ils disent du déluge est emprunté de la Genèse et n'ajoute rien à son autorité. Mais les Guèbres, aujourd'hui seuls dépositaires de la doctrine de Zoroastre et des anciens Perses, placent aussi le déluge universel avant Cayoumarats, dont ils font leur premier roi.

‹ Pour retrouver des traces vraiment historiques du dernier cataclysme, il faut aller jusqu'au-delà des grands déserts de la Tartarie. Vers l'Orient et vers le Nord, habite une autre race dont toutes les institutions, tous les procédés diffèrent autant des nôtres que sa figure et son tempérament. Elle parle en monosyllabes; elle écrit en hiéroglyphes arbitraires; elle n'a qu'une morale politique sans religion, car les superstitions de Fo lui sont venues des Indiens. Son teint jaune, ses joues saillantes, ses yeux étroits et obliques, sa barbe peu fournie, la rendent si différente de nous, qu'on serait tenté de croire que ses ancêtres et les nôtres ont échappé à la grande catastrophe par deux côtés différents. Mais, quoi qu'il en soit, ils datent leur déluge à peu près de la même époque que nous.

Le Chou-king est le plus ancien des livres des Chinois on dit qu'il fut rédigé par Confucius avec des lambeaux d'ouvrages antérieurs, il y a environ deux mille deux cent cinquante ans. Deux cents ans plus tard, arrivèrent la persécution des lettres et la destruction des livres, sous l'empereur Chi-hoang-ti. Une partie du Chou-king fut restituée de mémoire par un vieux lettré, quarante ans après, et une autre fut retrouvée dans un tombeau; mais près de la moitié fut perdue pour toujours. Or, ce livre, le plus authentique de la Chine, commence l'histoire de ce pays par un empereur nommé Yao, qu'il nous représente occupé à faire écouler les eaux qui, s'étant élevées jusqu'au ciel, baignaient encore le pied des plus hautes montagnes, couvraient les collines moins élevées et rendaient les plaines impraticables. Ce Yao date, selon les uns, de quatre mille cent cinquante, et, selon les autres, de trois mille deux cent trente ans avant le temps actuel. La variété des opinions, sur cette époque, va même jusqu'à deux cent quatre-vingtquatre ans.

• Quelques pages plus loin, on nous montre Yu, ministre et ingénieur, rétablissant le cours des eaux, élevant des digues, creusant des

canaux et réglant les impôts de chaque province dans toute la Chine, c'est-à-dire dans un empire de six cents lieues en tout sens; mais l'impossibilité de semblables opérations, après de semblables événements, montre bien qu'il ne s'agit ici que d'un roman moral et politique.

Des historiens plus modernes ont ajouté une suite d'empereurs avant Yao, mais avec une foule de circonstances fabuleuses, sans oser leur assigner d'époques fixes, en variant sans cesse entre eux-mêmes sur leur nombre et sur leurs noms, et sans être approuvés de tous leurs compatriotes.

C'est à Yao qu'on attribue l'introduction de l'astronomie à la Chine; mais les véritables éclipses, rapportées par Confucius dans sa chronique du royaume de Lou, ne remontent qu'à deux mille six cents ans, à peine un demi-siècle plus haut que celles des Chaldéens, rapportées par Ptolémée. On en trouve bien une dans le Chou-king qui daterait de trois mille neuf cent soixante ans, mais qui est racontée avec des circonstances si absurdes, qu'il est probable que l'histoire en a été ajoutée après coup. Une conjonction de quatre mille deux cent cinquante-neuf ans, et qui serait la plus ancienne observation connue, est encore contestée. La première qui paraisse véritable est une observation du gnomon de deux mille neuf cents

ans.

Est-il possible que ce soit un simple hasard qui donne un résultat aussi frappant, et qui fasse remonter à peu près à quarante siècles l'origine traditionnelle des monarchies assyrienne, indienne et chinoise? Les idées de peuples qui ont si peu de rapport ensemble, dont la langue, la religion et les lois n'ont rien de commun, s'accorderaient-elles sur ce point, si elles n'avaient la vérité pour base?

Nous ne demanderons pas de dates précises aux Américains, qui n'avaient point de véritable écriture, et dont les plus anciennes traditions ne remontaient qu'à quelques siècles avant l'arrivée des Espagnols, et cependant l'on croit encore apercevoir des traces d'un déluge dans leurs grossiers hiéroglyphes.

La plus dégradée des races humaines, celle des nègres, dont les formes s'approchent le plus de la brute, et dont l'intelligence ne s'est élevée nulle part au point d'arriver à un gouvernement régulier, ni à la moindre apparence de connaissances suivies, n'a conservé nulle part d'annales ni de traditions. Elle ne peut donc nous instruire sur ce que nous recher

chons, quoique tous ses caractères nous montrent clairement qu'elle a échappé à la grande catastrophe sur un autre point que les races caucasique et atlaïque, dont elle était peut-être séparée depuis long-temps quand cette grande catastrophe arriva.

Ainsi toutes les nations qui peuvent nous parler, nous attestent qu'elles ont été récemment renouvelées après une grande révolution de la nature.

Cette unanimité de témoignages historiques ou traditionnels sur le renouvellement récent du genre humain, leur accord avec ceux que l'on tire des opérations de la nature, dispenseraient sans doute d'examiner des monuments équivoques dont quelques personnes veulent se prévaloir pour soutenir l'opinion contraire; mais cet examen même, à en juger par quelques essais, ne ferait probablement qu'ajouter des preuves de plus à ce que les traditions

annoncent.

Il paraît aujourd'hui que le fameux zodiaque du portique du temple de Denderah n'a pu le soutenir; car rien ne prouve que sa division en deux bandes, de six signes chacune, indique la position des colures résultant de la précession des équinoxes, et ne réponde pas simplement au commencement de l'année civile à l'époque où on les dessina, année qui, n'étant en Egypte que de trois cent soixante-cinq jours juste, faisait le tour du zodiaque en quinze cent huit ans, ou, selon ce que les Egyptiens imaginaient (ce qui prouve qu'ils ne l'avaient pas effectivement observé), en quatorze cent soixante ans. Un fait qui achève de rendre cette supposition vraisemblable, c'est que, dans le même temple, il y a un autre zodiaque où c'est la vierge qui commence l'année. S'il s'agissait de la position du solstice, le zodiaque intérieur aurait été fait deux mille ans avant celui du portique; en admettant, au contraire, que l'on a voulu indiquer le commencement de l'année civile, un intervalle de cent et quelques années suffira.

Il resterait à savoir si notre zodiaque ne contiendrait pas en lui-même des preuves de son antiquité, et si les figures que l'on donne aux constellations n'auraient point de rapport avec la position des colures à l'époque où elles ont été imaginées. Or, tout ce que l'on a dit à cet égard est fondé sur les allégories que l'on a prétendu voir dans ces figures; que la balance, par exemple, indique l'égalité des jours et des nuits; le taureau, le labourage; l'écrevisse, une rétrogradation du soleil; la

vierge, la récolte, etc.: et combien tout cela n'est-il pas hasardé! D'ailleurs, ces explications devront varier pour chaque pars; en sorte qu'il faudra donner au zodiaque une époque différente, selon le climat ou l'on placera son invention peut-être même n'est-il aucun climat ni aucune époque où l'on puisse trouver pour tous les signes une explication naturelle. Qui sait enfin si les noms n'auraient pas été donnés très-anciennement, d'une manière abstraite, aux divisions de l'espace ou du temps, ou au soleil dans ses différents états, comme les astronomes les donnent maintenant à ce qu'ils appellent les signes, et s'ils n'ont pas été appliqués aux constellations ou groupes d'étoiles à une époque déterminée par le hasard, en sorte que l'on ne pourrait rien conclure de leur signification?

‹ Mais, dira-t-on, l'état où nous trouvons l'astronomie chez les anciens peuples n'est-il pas une preuve de leur antiquité; et n'a-t-il pas fallu aux Chaldéens et aux Indiens un grand nombre de siècles d'observations pour parvenir aux connaissances qu'ils avaient déjà, il y a près de trois mille ans, de la longueur de l'année, de la précession des équinoxes, des mouvements relatifs de la lune et du soleil, etc.? Mais a-t-on calculé les progrès que devait faire une science dans une nation qui n'en avait point d'autres, et chez qui la sérénité du ciel, la vie pastorale et la superstition faisaient des astres l'objet de la contemplation générale; où des colléges d'hommes les plus respectés furent chargés de les observer et de consigner par écrit leurs observations? Que parmi ces nombreux individus qui n'avaient autre chose à faire, il se soit trouvé un ou deux esprits géométriques, et tout ce que ces peuples ont su a pu se découvrir en quelques siècles.

Songeons que, depuis les Chaldéens, la véritable astronomie n'a eu que deux âges: celui de l'école d'Alexandrie, qui a duré quatre cents ans, et le nôtre, qui n'a pas été aussi long. A peine l'âge des Arabes y a-t-il ajouté quelque chose, et tous les autres siècles ont été nuls pour elle. Il n'y a pas eu trois cents ans entre Copernic et l'auteur de la Mécanique céleste, et l'on veut que les Indiens aient eu besoin de milliers d'années pour trouver leurs règles!

Au surplus, quand tout ce qu'on a imaginé sur l'ancienneté de l'astronomie serait aussi prouvé qu'il nous paraît destitué de preuves, on n'en pourrait rien conclure contre la grande catastrophe dont il nous reste des documents

bien autrement démonstratifs; il faudrait seulement admettre avec quelques modernes que l'astronomie était au nombre des connaissances conservées par les hommes que cette catastrophe épargna.

‹ On a aussi beaucoup exagéré l'antiquité de certains travaux de mines. Un auteur tout récent a prétendu que les mines de l'île d'Elbe, à en juger par leurs déblais, ont dû être exploitées depuis plus de quarante mille ans; mais un autre auteur, qui a aussi examiné ces déblais avec soin, réduit cet intervalle à un peu plus de cinq mille, et encore, en supposant que les anciens n'exploitaient chaque année que le quart de ce que l'on exploite maintenant. Mais quel motif a-t-on de croire que les Romains, par exemple, tirassent si peu parti de ces mines, eux qui consommaient tant de fer dans leurs armées ? De plus, si ces mines avaient été en exploitation il y a seulement quatre mille ans, comment le fer aurait-il été si peu connu dans la haute antiquité?

Je pense donc, avec MM. de Luc et Dolomieu, que, s'il y a quelque chose de constaté en géologie, c'est que la surface de notre globe a été victime d'une grande et subite révolution, dont la date ne peut remonter beaucoup audelà de cinq ou six mille ans; que cette révolution a enfoncé et fait disparaître les pays qu'habitaient auparavant les hommes et les espèces d'animaux aujourd'hui les plus connues; qu'elle a, au contraire, mis à sec le fond de la dernière mer et en a formé les pays aujourd'hui habités; que c'est depuis cette révolution que le petit nombre des individus épargnés par elle se sont propagés sur les terrains nouvellement mis à sec; et par conséquent, que c'est depuis cette époque seulement que nos sociétés ont repris une marche progressive, qu'elles ont formé des établissements, élevé des monuments, recueilli des faits naturels, et combiné des systèmes scientifiques.

Mais ces pays, aujourd'hui habités et que la dernière révolution a mis à sec, avaient déjà été habités auparavant, sinon par des hommes, du moins par des animaux terrestres; par conséquent, une révolution précédente, au moins, les avait déjà mis sous les eaux (1).

(1) La foi universelle ou catholique, mots qui signifient la même chose, ne prescrit pas de croire qu'avant la race humaine la terre n'ait pas eu un autre mode d'existence. Il ré sulte seulement des livres saints que la race humaine n'existe sur la terre que depuis six ou sept mille ans. (Note de M. de Genoude.)

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