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causis naturalibus non sunt prævisa, ut physicorum, medicorum et politicorum præcognitiones, sæpè probabiles, aliquando etiam certas, rejiciamus. Eodem redit divinationis defi

miracles, et autre chose, que ce soit le démon qui fasse des miracles. ›

12" Si donc l'on m'objecte le miracle du reptile qui parle à Eve, les prodiges des enchanteurs de l'Egypte, ou l'évocation de Samuel par la pythonisse, etc., les faits étant incontestables, j'avoue qu'ils sont miraculeux, je les envisage d'abord dans leur être physique, et j'y reconnais l'action de Dieu qui déroge à ses lois par le ministère de ses créatures bonnes ou mauvaises. Donc, envisagés dans leur être moral, ces miracles sont aussi la voix de Dieu qui parle à l'homme pour l'instruire, pour l'éprouver, ou pour le punir, par un moyen extraordinaire. Quelle que puisse être la vue de l'agent subalterne dont il emploie le ministère pour l'opérer, jamais il ne se servira d'un être malfaisant, ou imposteur, pour faire un miracle dans des circonstances où il serait impossible à un homme tant soit peu attentif, de discerner le langage de la Divinité, de la voix de l'imposture. Le discernement était facile à faire dans les exemples que j'ai cités, et dans les autres faits qu'on a coutume d'opposer.

15° Vous dites, Monsieur, que vous embrasseriez très volontiers ce sentiment, si vous pouviez le concilier avec la croyance de tous les âges; vous faites plus après l'avoir prouvé par les passages les plus formels, vous l'appuyez sur l'expérience constante de tous les siècles.

14° La raison, l'expérience et l'autorité sont donc sur ce point dans le plus parfait acçord. La raison me paraît répandre autant de fumières sur les arguments que fournissent l'expérience et l'autorité, que celles-ci donnent de force aux preuves appuyées sur la raison.

15° Mon doute ne tombe donc que sur le jugement que vous portez de la définition du miracle donnée par S. Thomas, adoptée par Benoit XIV, et suivie, je crois, par le grand nombre. En conséquence de ce jugement, vous dites que les preuves par vous puisées dans les lumières de la raison, ne mettent pas ce sentiment hors de toute controverse; par elle-mème, la raison ne vous paraît fournir qu'une forte présomption en sa faveur ; c'est dans l'expérience et l'autorité qu'il faut en chercher des preuves certaines..... Paris, 3 mai 1773.

Vous m'encouragez, Monsieur, par le favorable accueil que mes premières observations ont éprouvé de votre part. Vous en ferez tel usage qu'il vous plaira. Je les ai pleinement soumises à votre jugement; je les abandonne entièrement à votre bon plaisir. Il est de la bonne foi de vous prévenir que, pour la plupart, elles ne sont pas à moi. Celles dont je ne vous suis pas redevable, je les ai presque toutes empruntées d'un recueil de lettres adressées à M. Houtteville, et imprimées en 1722. On m'a toujours dit que le P. Tournemine en était l'auteur. Quoi qu'il en soit, vous ne pensez pas que l'hypothèse de M. Houtteville dimi

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nitio apud Ciceronem, juxta quem est earum rerum, quæ fortuitæ putantur, prædictio et præsensio.

Propheta apud Hebræos triplici nomine ap

nue beaucoup la force des preuves que les miracles fournissent pour établir la vérité de la Religion. Quelques écrivains modernes paraissent en avoir porté le même jugement. M. de la Chambre n'a osé prononcer entre M. Houtteville et M. Clarke; il est même impossible, selon lui, de prendre un parti sur le différend. qui les partage. Cette décision ne m'a pas empêché de regarder jusqu'ici le système de M. Houtteville comme insoutenable, soit que l'on considère le miracle dans l'ordre physique, ou dans l'ordre moral. Je ne dirai pas avec l'auteur des lettres, que ce système me fait horreur, qu'il a révolté tous les lecteurs, qu'il s'est attiré autant d'ennemis qu'il y a de chrétiens dans l'univers; mais je pense qu'il altère la nature du miracle, et qu'il en atténue la force.

J'observe d'abord une différence essentielle entre l'hypothèse de M. Houtteville et l'opinion du P. Mallebranche. Celui-ci, à la vérité, n'admet en Dieu qu'une volonté simple, unique et générale pour tous les effets ordinaires et miraculeux; mais, selon lui, les miracles sont toujours au-dessus de toutes les forces et de toutes les lois de la nature quoiqu'ils n'aient pas pour principe des volontés particulières, ils n'en sont pas moins des dérogations au cours ordinaire. Mais, dans le système de M. Houtteville, le miracle est un résultat de l'ordre général de la mécanique du monde, et du jeu de tous ses ressorts. C'est une suite de l'harmonie des lois générales que Dieu a établies pour la conduite de son ouvrage; mais c'est un effet rare, surprenant, qui n'a point pour principe les lois générales, ordinaires et connues, qui surpasse l'intelligence des hommes, dont ils ignorent parfaitement la cause, et qu'ils ne peuvent produire par leur industrie.

Dans ce passage de M. Houtteville, qui embrasse tout son système, je trouve beaucoup d'embarras sur les lois générales de la nature, et peu de concert avec les lumières ordinaires de la raison. Le miracle est un résultat de l'ordre général, une harmonie des lois générales. Cependant il n'a pas pour principe les lois générales, ordinaires et connues. Je le demande, y a-t-il donc dans la nature, peut-on même raisonnablement supposer qu'il y ait des lois générales inconnues et extraordinaires, qui produisent des effets contraires aux résultats des lois générales, ordinaires et connues? La mécanique du monde roulerait donc sur des lois opposées, dont les unes, accessibles à nos recherches, seraient combattues par d'autres absolument inaccessibles à notre intelligence, Toute cette théorie, monsieur, m'a bien l'air de n'être qu'un pompeux jeu de mots, ou un fatras inintelligible. Que ne dit-on que ces lois générales, inconnues et extraordinaires, sont des lois dérogatoires au cours ordinaire de la mécanique du monde? alors on se ferait entendre mais on rentrerait dans la voie commune.

pellabatur:87, Rohe, id est, videns; MM, Choze, quæ vox eamdem habet significationem; sed sæpiùs N, Nabi, quod vocabulum juxta verisimilem conjecturam Salomonis Jarchi deriva

Supposerait-on que les lois ordinaires et connues se prêtent à des combinaisons singulières, à des résultats impénétrables à l'esprit humain, pour produire des effets rares, singuliers, et absolument éloignés de la marche générale dans la mécanique du monde? Cette supposition serait peut-être admissible pour quelques circonstances particulières, où les hommes ont dû voir une maladie désespérée se guérir, un ciel serein s'obscurcir, des nuages se former sur-le-champ, et se fondre en pluies abondantes aux ordres d'un thaumaturge, ou aux vœux d'un peuple. C'est ici le cas de dire que les lois du mouvement sont susceptibles d'une infinité de combinaisons et de rapports, dont il est impossible de saisir tous les résul

tals.

Mais je demande avec l'auteur des lettres, par quelles modifications naturelles du mouvement, la ville de Jérusalem a-t-elle pu voir autrefois sept pains se multiplier assez abondamment pour rassasier un peuple nombreux? Par quels rapports secrets aux lois de l'équilibre des liqueurs, les Apôtres ont-ils vu leur maître marcher sur la surface des eaux, et se faire suivre par l'un de ses disciples? Par quelle harmonie astronomique des planètes, qui ne doivent être opposées l'une à l'autre, que dans des temps mathématiquement définis, peuventelles sans forcer leur marche naturelle, et sans déroger aux lois qui les régissent, s'arrêter, ou s'éclipser extraordinairement, et mettre en défaut tous les principes et tous les calculs de l'astronomie? par quelles combinaisons une áme retourne-t-elle dans un cadavre déjà glacé, déjà infect, déjà livré à la pourriture, pour lui rendre le mouvement et la vie, sans violer les lois générales de la nature, et sans éprouver la plus légère opposition de sa part? Proposer ees questions, n'est-ce pas démontrer l'absurdité du système qui les occasionne? Ce qui est physiquement absurde, la métaphysique la plus raffinée a-t-elle droit de le supposer naturellement possible?...

Parmi tous les miracles de l'ancien et du nouveau Testament, ne s'en trouvât-il qu'un seul qui résistât invinciblement à cette hypothèse, il suffirait pour la renverser de fond en comble. Non, personne ne connaîtra jamais, jamais personne ne pourra connaitre tous les rapports, tous les résultats possibles. Mais depuis le plus ignorant des hommes jusqu'au plus savant des philosophes, est-il quelqu'un qui ne sente, qui ne saisisse la vérité de cette assertion: La résurrection d'un mort est un effet au-dessus de toute la force, de toute l'énergie des lois connues et inconnues, générales et particulières de la nature. Si les apotres du déisme avaient avancé cette hypothèse, je ne sais comment elle aurait été accueillie dans le sein du Christianisme.

Jusqu'ici je n'ai envisagé les miracles que dans l'ordre physique relativement aux princi pes de M. Houteville, et c'est sous le même

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tur à radice ♫ Noud, eloqui, et consequenter propriè significat oratorem, seu concionatorem. Hujus ultimæ vocis variæ sunt acceptiones. 1°Nabi, est futurorum prænuntius. 2o Nabi, est

rapport que vous avez solidement combattti son système dans votre premier volume. Toute nià difliculté roule donc sur le jugement que vous en portez, monsieur, en le considérant dans l'ordre moral, je veux dire, sous le point de vue où le miracle est pour nous le langage de la Divinité, et le sceau authentique qu'elle appose à la doctrine qui nous est annoncée de sa part. Sur quoi voici les doutes qui me sont venus, et les réflexions qui les ont fait naître. Dans le système de M. Houtteville, le miracle est un effet rare, singulier, impénétrable des lois générales; mais il en est un effet, un résultat foncièrement naturel. Voilà sa nature physique, je n'y vois pas encore le langage de la Divinité. Eh! à quel signe pourrais-je reconnaître que Dieu veut m'instruire d'une manière extraordinaire, par un événement purement naturel? serait-ce parce que cet événement est singulier, qu'il est rare? Mais combien de maladies rares et singulières, qui épuisent toutes les ressources de l'art, qui déconcertent toutes ses lumières, qui échappent à touttes ses recherches? J'en appelle aux mémoires des académies de Paris, de Leipsick, etc. Mais ces miracles surpassent toute la portée de notre intelligence... Je le veux, et je conclus que j'en ignore le principe. Or, de l'aveu sincère de mon ignorance, au langage extraordinaire de la Divinité, l'induction ne me paraît ni directe, ni prochaine, ni nécessaire dans l'ordre des événements les plus singuliers, dès qu'on les suppose naturels.

D'ailleurs, si les miracles ne sont que des résultats extraordinaires, des combinaisons inconnues, des lois générales, dans quelles Sources vont-ils puiser toute leur force pour établir la vérité d'une Religion surnaturelle? Elle ne peut partir que de leur concours avec le moment où le thaumaturge en invoque le témoignage en faveur de la doctrine qu'il annonce; concomitance de l'événement rare et singulier avec la prédication d'une doctrine extraordinaire, incompréhensible, proposée par un homme qui se dit l'envoyé de Dieu, et qui le prouve par cet événement. Je suppose qu'il savait que le miracle devait arriver au moment où il prédit qu'il arrivera. Cette connaissance surpassait toute l'intelligence de l'esprit humain, je l'accorde, et alors je conçois que la prévovance certaine et l'annonce précise de l'événement miraculeux seront le langage de la Divinité; mais j'en conclus aussi que l'événement prévu et annoncé ne prouvera rien par lui-même dans les principes de M. Houtteville. Toute la preuve qu'il offrira aux yeux d'un philosophe imbu de son système, ne viendra ni de là singularité, ni de la rareté de l'événement, mais du surnaturel de la prédiction, ou de l'annonce faite par le prédicateur, ce qui enlève au miracle toute sa force, pour confondre la preuve qu'on en tire, avec la preuve appuyée sur la prophétic ce n'est plus comme thaumaturge,

oraculorum et decretorum divinorum internuntus. Ex. 7, 1: Dixitque Dominus ad Moysem: Ecce constitui te Deum Pharaonis, et Aaron frater tuus erit Nabi tuus. 3° N, Nibba, seu prophetare, significat aliquando furere. 1 Reg. 18, 10: Invasit spiritus Dei malus Saül, et prophetabat in medio domus suæ. 4° Nibba, est laudes divinas canere. 1 Reg. 19, 23: Factus est etiam super eum spiritus Domini, et ambulabat ingrediens, et prophetabat usque dùm veniret in Naioth, in Ramatha.....Unde et exivit proverbium: Num et Saül inter Prophetas? Eodem sensu sumitur 1 Paral. 25, 1 : Igitur David et magistratus exercitus segregaverunt in ministerium filios Asaph, et lleman, et Idithun, qui prophetarent in cytharis, in psalteriis, et cymbalis. 5° Quia latronis cadaver injectum sepulcro Elisæi vitam recepit, ideò dicitur Eccl. 48, 14: Et mortuum prophetavit corpus ejus (Elisai). 6° Nibba, significat divinare, seu rem occultam aperire, ut 1 Reg. 9, 7. Tandem in novo Testamento est Scripturas interpretari, vel populum hortari ad pietatem, 1 Cor. 14, 3: Nam qui prophetat, hominibus loquitur ad ædificationem, et exhortationem, et consolationem. Scilicet ut habet Maimonides in More Nevochim I. 2, c. 45: Secundus prophetiæ gradus est, cùm homo in se sentit rem vel " facultatem quampiam exoriri, et super se quiescere, quæ eum impellit ad loquendum, ita ut loquatur vel de scientiis et artibus, vel psalmos et hymnos, vel utilia ac salutaria rectè vivendi præcepta, vel res politicas et civiles, vel denique divinas, et quidem inter vigilandum, et in vigore sensuum orc'est comme prophète, que l'envoyé de Dieu prouve la divinité de sa mission.

Je suppose qu'un philosophie, partisan du système de M. Houtteville, lise le livre de Josué; que trouvera-t-il dans le commandement que l'homme de Dieu fait au soleil et à la lune de s'arrêter dans leur course? Tous les autres lecteurs y aperçoivent une prière que Dieu exauce, et un ordre que le ciel respecte; ils voient avec admiration un Dieu qui obéit à la voix de son ministre, et toute la majesté du spectacle que J'Ecriture lui présente, le frappe, le saisit. L'énergie des traits qui composent ce magnifique tableau se soutient, se sent, se conçoit, dans les principes qui admettent une véritable dérogation aux lois générales de l'astronomie; mais tout cela disparait aux yeux du philosophe il ne voit qu'un événement rare, singulier, surprenant, inexplicable, à la vérité, mais naturel, mais nécessaire, puisqu'il résulte d'une combinaison particulière des lois genérales le ciel et ses astres obéissent, non à la voix de l'homme, mais aux lois de la nature; l'ordre, la prière de Josué ne sont phy

dinario. Et hic est de quo dicitur, quòd loquatur per Spiritum sanctum. ›

Apud Græcos duplex præsertim nomen erat ejus, qui res futuras prædicebat; po propheta nempe, et μávrig mantis : prius derivatur à radice quæ significat prædicere. At in vulgari sermone illo nuncupabantur quicumque occultæ rei divinatores, oraculorum interpretes, et sacrorum antistites. Secundum, scilicet μávrig mantis (unde parteía, manteia, et μavríxn, mantiche, prophetia) est à radice uxívopat, mainomai, quæ significat furere, per epenthesim litteræ, quia per furorem reddebantur oracula. Apud Latinos variis nominibus appellabatur arcanorum revelator et interpres. 1o Dicebatur divinus, quia divi proprium videtur occulta revelare, neque sine Dei interventu futura prænoscuntur. 2o Vates, quasi à fando, mutando litteram fin v. Vatis erat, deorum effata proferre ac interpretari. 3° Præsagus, à sagiendo: sagire autem, teste Cicerone 1. 1 de Div. significat acutè sentire: unde saga anus, id est, vetula sacrorum perita. 4o Ariolus, quasi fatiolus, à fando dictus, vel ab aris, quòd esset illis addictus. 5o Fatidicus, quòd fatum, seu futuram hominum sortem prædiceret. Dicebatur etiam ex modo vaticinandi auspex, augur, aruspex, extispex, sortilegus, astrologus, et Chaldæus.

§ 2. Propheticum apud Judæos munus.

Propheticum munus apud Hebræos pars erat theocratiæ, in quâ formâ regiminis Deus ipse, extraordinariâ et supernaturali ratione, rempublicam gubernabat: prædictum in Basiquement ni la cause, ni l'occasion de l'événement l'apostrophe au soleil et à la lune de vient même un appareil inutile si le philosophe n'a pas raison d'y trouver le langage de l'imposture, lui démontrerait-on qu'il a tort d'y trouver le ton de la fanfaronnade? N'est-ce pas jusqu'à un certain point en imposer, sinon sur le fonds, au moins dans la forme et l'appareil de l'événement, que de commander au soleil d'interrompre sa course au moment où l'on sait, par révélation, qu'il doit la suspendre, en vertu des lois générales? Je pourrais pousser plus loin cette induction, et l'étendre sur tous les faits miraculeux qui se sont opérés par la voie du commandement. Si les Juifs, du temps de J.-C., avaient connu le système de M. Houtteville, ils n'auraient pas dit: Quel est celui-ci les vents et la mer obéissent à sa puissance! Ils auraient dit : Que cet homme est éclairé les événements les plus singuliers, les plus surprenants, les plus éloignés de la marche ordinaire de la nature, les plus incompréhensibles combinaisons des lois générales, n'échappent pas à sa connaissance!...Paris, 17 juin 1773.

Jaami oraculo est, futuros apud Israel divinæ voluntatis internuntios: Non est augurium in Jacob, nec divinatio in Israel; temporibus suis dicetur Jacob, quid operatus sit Deus; et lege Moysis cautum fuit ut prophetis obtemperaretur. Erant ergo prophetæ à Deo ipso electi et ejus quasi à latere legati, divinoque afflatu ad munus suum obeundum instructi. Ex eorum tamen numero plerùmque assumpti erant, qui ab ineunte ætate in convenientem disciplinam traditi et ad sacra ministeria priùs instituti fuissent: ideò Judæi negare solent Davidem, Salomonem, Danielem prophetas propriè dictos esse; ideò Amos, cùm non esset è prophetarum collegio, dicebat: Non sum propheta, nec filius prophetæ, sed armentarius ego sum. Constat ex multis sacræ historiæ locis à primis reipublicæ Hebrææ temporibus fuisse quædam prophetarum collegia, in quibus semoti ab hominum frequentià prophetici muneris candidati studiis et exercitationibus sacris vacabant. Horum singulis præerat vates aliquis summâ auctoritate, et Spiritus sancti instinctu eximiè præditus, universi cœtus moderator et præceptor. Tempore Eliæ et Elisæi in magnum numerum excreverant hæc collegia, et illis opponebant impii principes sub insigni aliquo pseudo prophetâ magnas quandoque sodalitates; cùm Elias interfici curaverit, uti narratur, Reg. 1. 3, c. 18, ejusmodi seductores octingentos quinquaginta.

Quanquàm de eorum institutis et disciplinâ paucis tantummodò atque obiter mentionem faciat sacra Scriptura, nihilominùs in eo sæpè multùmque occupatos fuisse intelligimus, ut hymnis et carminibus cum fidium et tibiarum cantu et symphonià Dei laudes celebrarent. Legimus Sam. 10, 5, Saüli jam regi designato et solemni unctione jussu Dei jam consecrato obviam factum esse, ut prædixerat Samuel, cœtum prophetarum descendentium de monte Dei (id loci nomen, in quo situm erat sacrum collegium) et præcedentibus nabliis, tympanis, tibiis, citharisque, vaticinantium : quibus auditis ipse rex protinùs, cœlesti etiam Spiritu instinctus, unà vaticinabatur. Idem illi evenit, ejusque etiam nuntiis Naiotham missis ad capiendum Davidem, qui cùm prophetas viderent vaticinantes, et præsidentem choro Samuelem, afflatu divino pariter correpti unà vaticinati sunt, id est, Deo laudes sancti Spiritûs instinctu carmine cantuque celebrabant. Eorumdem ergo erat in usum Ecclesiæ, carmina condere, et edere oracula; neque id

et

quidem dubium est, quin magna pars hymnorum sacrorum vaticinia sint proprie dicia, nec quin ex vaticiniis nonnulla reverà sint hymni. Imò ex universâ sacrorum voluminum serie constat, eventuum futurorum significationes ferè semper versu et numeris enuntiari; et ejusdem fuisse spiritùs rerum præsensionem suo afflatu impertire, iisque magnificos poeseos sensus et carminis ornatum inducere, ut cum rebus ipsis, longè humanos conceptus superantibus, quædam etiam eloquii divinitas consentiret. Et certè cùm is esset initio præcipuus poeseos finis, ca singularis utilitas, ut dicta sapientium ad mores vel ad fidem pertinentia in animis hominum altè imprimeret, et ad posteritatis memoriam commendaret, nemini mirum id videri debet, si prophetia, quæ in eo genere principem locum obtinet, maximique est momenti, ejus operam noluerit repudiare et ministerium ad usus suos præcipuè accommodatum aspernari. (Vide Lowth de sacrâ Poesi Hebræorum præl. 18.)

§ 3. Varii modi prophetandi, seu futura præsen

tiendi.

Cùm Deo rerum omnium creatori, adminiculo perpetuo et gubernatori, nota necessariò sit operis sui series, prophetiæ possibilitas manifesta est, modò possit Deus scientiam quam habet rerum futurarum cum hominibus communicare. Jam verò id fieri posse et faclum esse docent Scripturæ quatuor modis. Primò, per immediatum afilatum et inspirationem, qualem promittit Christus Matth. 10, 19: Cùm autem tradent vos, nolite cogitare quomodò aut quid loquamini dabitur enim vobis in illà horâ, quid loquamini. Non enim vos estis qui loquimini, sed spiritus patris vestri, qui loquitur in vobis. › Et Lucæ 21, 14 Ponite ergo in cordibus vestris, non

præmeditari quemadmodùm respondeatis. Ego enim dabo vobis os et sapientiam, cui non poterunt resistere et contradicere omnes adversarii vestri. Et qualem experti sunt Apostoli in die Pentecostes, Act. 2, 4: Et repleti sunt omnes Spiritu sancto, el cœperunt loqui variis linguis, prout Spiritus sanctus dabat eloqui illis. Et Stephanus disputans cum Judæis, ibid. 6, 10: Et non poterant resistere sapien iæ et spiritui qui loquebatur. Certè Deus omnium nostrarum facultatum auctor, qui intuitivam primarum veritatum cognitionem hominum mentibus inspiravit, quidni eâdem

ratione eosdem certiores facere potest cujuscumque alterius veritatis? Secundò, revelatio divinorum consiliorum et eventuum futurorum liebat per claram vocem et familiare alloquium: sic cum Adamo et Patriarchis conversatus Deus legitur; sed præsertim cum Moyse, <qui cùm ingrederetur tabernaculum fœderis ut consuleret oraculum, audiebat vocem loquentis ad se de propitiatorio, quod erat super arcam testimonii inter duo Cherubim: unde et loquebatur ci, Num. 7, 89. Loquebatur autem Dominus facie ad faciem, sicut solet loqui homo ad amicum suum, › Ex. 13, 11. Unde in ejus laudem ipse Deus pronuntiavit, Num. 12, 6: « Si quis fuerit inter vos propheta Domini, in visione apparebo ci, vel per somnium loquar ad illum. At non talis ⚫ servus meus Moyses, qui in omni domo meå fidelissimus est: ore enim ad os loquor ei, et palàm, et non per ænigmata et figuras Dominum videt. Tertiò, revelatio fiebat per visionem, quando scilicet vigilante prophetâ, at sopitis sensibus, ejus imaginationi repræsentabantur res futuræ, ut præsentes; res remotæ, ut in conspectu ; res absconditæ, ut patentes. Sic describitur visio, Num. 24, 15: Dixit Balaam filius Beor; dixit homo, ⚫ cujus obturatus est oculus; dixit auditor sermonum Dei, qui novit doctrinam Altissimi, et visiones omnipotentis videt, qui cadens apertos habet oculos: Videbo cum, sed non modò. Et Act. 22, 17: Factum est autem revertenti mihi (Paulo) in Jeru• salem, et oranti in templo, fieri me in stupore mentis, et videre illum (Jesum) dicentem mihi Festina et exi velociter ex Jerusalem, quoniam non recipient testimonium tuum de me, etc. Visiones ejusmodi innumera recitantur in veteri et novo Testamento. Quartò, revelatio fiebat per somnia. Jobi 33, 15: ‹ Per somnium in visione nocturnâ, quando irruit sopor super homines, et dormiunt in lectulo, tunc aperit Dominus aures virorum, et erudiens eos instruat disciplinâ. › Et Joel c. 2, 28: Et erit post hæc effundam spiritum meum super omnem carnem ; et prophetabunt filii vestri et filiæ vestræ; senes vestri somnia somniabunt, et juvenes vestri visiones videbunt. Hujusmodi etiam somniorum divinorum infinita exempla sunt.

:

§ 4. Notæ veræ et false prophetiæ. Quomodo autem divini afflatus ab humanis cogitatiombus, vel visa divina per vigiliam et

quietem secernantur à visis lympnaticorum et somniantium ludibriis, ii soli nôrunt, qui ex perti sunt. Clarè sanè intelligimus Deum om nipotentem suæ præsentiæ signa dare evidentissima posse, et in prophetarum mentibus eos sensus excitare, quibus sine ullâ dubitatione secernant vocem divinam à quâcumque aliâ interiore commotione; quibusque omninò subigantur intellectus et voluntas propheta. Atque illam efficacissimám vím expertos esse Prophetas legimus Jer. 20: Factus est mihi ‹ sermo Domini in opprobrium et in derisum totà die, et dixi : Non recordabor ejus neque loquar ultra in nomine illius; et factu; est in corde meo quasi ignis exæstuans, claususque in ossibus meis : et defeci, ferre non sustinens; et c. 23, 25 Audivi quæ dixerunt prophetæ prophetantes in nomine meo mendacium atque dicentes: Somniavi, somniavi... Quid paleis ad triticumi, dicit Dominus? Numquid non verba mea ‹ sunt quasi ignis, dicit Dominus, et quasi malleus conterens petram (1)? ›

Cùm prophetiæ Dei nomine fiant eá intertione, ut ab hominibus pro Dei verbo habeantur, necesse est dari signa quædam, quibus veri prophetæ à fais dignoscantur. Prophetia post eventum nullâ aliâ probationè indigent, nisi eventûs cum prædictione convenientiâ. Si prædicta fuerit res, quæ in causis naturalibus prævideri non potuit, et in casum non possit prædictio refundi, qui illam rem prædixerit, ille post rei prædictæ eventum habebitur ut verus propheta si res non evenerit, falsus erit. Deut. 18, 20:‹ Quòd si tacità cogitatione responderis : Quomodò possum intelligere verbum quod Dominus non est locutus? hoc habebis signum: Quod in nominë Domini propheta ille prædixerit et non evenerit, hoc Dominüs non est locutus, sed per tumorem animi sui propheta confixit.› Jerem. 28, 9: Propheta, qui vaticinatus est • pacem, cùm venerit verbüm ejus, scietur

propheta, quem misit Dominus in veritate. › Prophetia, ante compertam ejus per eventum veritatem, nullum aliud habere potest signum

(1) Spiritus quoque levavit me et assunt psit me, et abii amarus in indignatione spiritùs mei: manus enim Domini erat mecum. Ezech. 3, 14. ‹ Si dederit mihi Balac plenam domnum suam argenti et auri, non potero præterire sermonem Domirti mei, ut vel boni quid, vel mali proferam ex corde meo, sed quidquid Dominus dixerit, hoc loquar. Num. 24, 15.

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