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pas moins toute autre puissance publique, souveraine et subordonnée, quelque nom qu'elle ait, et en quelque forme qu'elle s'exerce, puisque ce qui est permis contre les rois, le sera par conséquent contre un sénat, contre tout le corps des magistrats, contre des états, tre un parlement, lorsqu'on y fera des lois qui seront ou qu'on croira être contraires à la religion et à la sûreté des sujets. Si on ne peut réunir tout le peuple contre cette assemblée ou contre ce corps, ce sera assez de soulever une ville ou une province, qui soutiendra non plus que le roi, mais que les juges, les magistrats, les pères, si l'on veut, et même ses députés, supposé qu'elle en ait eu dans cette assemblée, en consentant à des lois iniques, ont excédé le pouvoir que le peuple leur avait donné, ou, en tous cas, qu'ils en sont déchus forsqu'ils ont manqué de rendre à Dieu et au peuple ce qu'ils lui doivent. Voilà jusqu'où M. Jurieu pousse les choses par ses séditieux raisonnements. Il renverse toutes les puissan

ces.

Ces conséquences sont plus sensibles encore dans les principes du nouvel instituteur; on doit même dire qu'il les admet en termes presque équivalents, puisqu'il veut que chaque sujet participe de telle manière au pouvoir souverain, que son suffrage doive influer dans la rédaction des lois à proportion de la part qu'il a selon lui nécessairement à la souveraineté, en raison inverse du nombre des sujets, de sorte que de l'influence de toutes ou au moins du plus grand nombre des voix dans cette rédaction, résulte la volonté générale, sans laquelle il ne reconnaît point de lois. Avec ces idées, il n'est pas surprenant qu'il ait dit que cette question, quelle est la nature et quels sont les vrais caractères d'une loi, est toute ncuve; que la définition de la loi est encore à faire, et que le droit politique est encore à

naître. >

Nous aurions encore des reproches à faire à l'auteur sur des points très-importants, par exemple sur son pyrrhonisme absolu à l'égard de l'histoire, que les gens sensés, dit-il doivent regarder comme un tissu de fables, dont la morale est très-appropriée au cœur humain (tom. 1, p. 144, en note). Sur sa maxime prétendue incontestable, que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits, qu'il n'y a point de perversité originelle dans le cœur humain, et qu'il ne s'y trouve pas un seul vice dont on ne puisse dire comment et

par où il y est entré › (tom. 1, p. 199). En quoi il contredit tous les hommes, tous les observateurs, même philosophes, et se contredit luimême, puisqu'il n'a d'autres raisons de laisser les enfants jusqu'à quinze ou dix-huit ans dans une ignorance parfaite de la moralité de leurs actions, que parce que, s'ils la connaissaient, ils seraient portés à mal faire. Sur des détails indécents, des explications qui blessent la bienséance et la pudeur, sur les railleries qu'il fait des motifs saints et sublimes proposés par saint Paul pour engager les fidèles à respecter leurs corps; motifs très-puissants sur ceux qui ont la foi, et dont on ne peut se moquer sans un horrible blasphème. Sur l'éloge qu'il fait des passions, qu'il accuse la religion de vouloir détruire, tandis que le christianisme ordonne seulement de les réprimer, et les contient dans de justes bornes, que la loi naturelle même prescrit. Sur le mépris qu'a cet homme singulier pour tous les usages, pour toutes nos institutions, sans rien excepter; sur la manière outrageante et très-injuste dont il traite toutes les femmes, en assurant (tom. 4, p. 120) qu'à Paris et à Londres il n'y en a pas une seule qui ait l'âme véritablement honnête. › Sur l'orgueil qui lui fait témoigner partout un mépris souverain pour tous les hommes, de tout état, de tout rang, de toute religion, apparemment parce qu'il n'en a jamais trouvé qui pensassent comme lui. Sur le courage, • qu'il fait consister dans l'ignorance du danger. Sur l'objet qu'il s'est proposé de traiter dans son ouvrage, duquel il s'éloigne si fort, qu'il regarde lui-même comme impossible dans l'exécution, le plan d'éducation qu'il donne. On ne finirait pas si l'on voulait relever en détail tout ce qui est répréhensible dans son ouvrage.

Mais tandis qu'il écrivait sa nouvelle méthode d'éducation, et qu'il travaillait à former les Emiles au mépris des lois, de la religion et des usages de tous les hommes, il est impossible qu'il n'ait souvent senti que la raison, le sens moral et la conscience réclamajent hautement contre ses instructions détestables. C'est de là que sont venues en partie ces contradictions fréquentes qui se trouvent dans son livre, et dont une autre source est sa singularité. Il ne veut pas penser comme les autres; une idée reçue, quelque appuyée qu'elle soit, Jui déplaît par là même que c'est une idée reçue. S'il ne peut la rejeter tout à fait, au inoins il la façonne à sa manière, il en retran

che, il y ajoute, il veut se donner la satisfaction de penser que, telle qu'il la présente, elle n'est qu'à lui. Il voudrait même, à la réserve de l'incrédulité, n'avoir rien de commun avec quelques prétendus philosophes, qui sont incrédules comme lui. Il a tâché de se faire un plan particulier qui le distinguât d'eux; et il serait fâché sans doute qu'il y eût au monde quelqu'un qui pensât comme lui et qu'il fût obligé d'estimer par amour-propre. Il est allé jusqu'à déclamer contre ces philosophes prétendus, et il les a peints des plus noires couleurs, s'imaginant que les traits qu'il leur lance ne retomberaient pas sur lui. Il s'est trompé : non-seulement il tend au même but, mais, si en quelques endroits il s'éloigne d'eux sensiblement, bientôt il s'en rapproche, et détruit cette différence; et tout ce qu'il a gagné, c'est d'avoir un système encore moins lié que le leur, et de tomber dans des contradictions encore plus fréqu

Une troisième source de ces contradictions, c'est la manière dont il s'efforce dans plusieurs occasions d'établir les paradoxes que son esprit de singularité lui fait avancer. Il pousse ordinairement ses prétendues preuves tant qu'il peut, en employant tout ce qu'il croit capable de faire quelque impression sur ses lecteurs. Mais, tandis qu'il s'occupe ainsi tout entier d'un objet, il ne fait pas attention à ce qu'il a dit par rapport à d'autres; et comme chacun de ses paradoxes sont des écarts, et que tout ce qu'il dit pour les soutenir en sont aussi, il n'est point étonnant qu'il se contredise, parce qu'il n'y a que la vérité qui soit une.

Nous avons déjà remarqué dans cet ouvrage plusieurs de ces contradictions. Nous croyons utile de rassembler ici sous un seul point de vue les principales de celles dont nous avons déjà parlé, et d'y en ajouter quelques autres.

I. L'auteur parle ainsi (tome III, page 56): A quels yeux non prévenus l'univers n'annonce-il pas une suprême intelligence? Pag. 62: Il est certain que le tout est un, et annonce une intelligence unique... cet être qui veut et qui peut, cet être actif par lui-même... cet être qui meut l'univers et ordonne toutes choses, je l'appelle Dieu. Je joins à ce nom les idées d'intelligence, de puissance, de volonté que j'ai rassemblées, et celle de bonté qui en est une suite nécessaire; mais je n'en connais pas mieux l'être à qui je l'ai donnée... Je sais trèscertainement qu'il existe, et qu'il existe par lui-même; je sais que mon existence est sub

ordonnée à la sienne, et que toutes les choses qui me sont connues sont absolument dans le même cas. › Page 93: Dieu est le seul être absolu, le seul véritablement actif, sentant, pensant, voulant par lui-même, et duquel nous tenons la pensée, le sentiment, l'activité, la volonté, la liberté, l'être, etc. On ne peut exprimer en termes plus énergiques non-seulement que Dieu est un, mais encore qu'il est créateur, puisque notre existence est subordonnée à la sienne, et que nous tenons tout de lui, et même l'être.

Cependant, il s'exprime ainsi (tome 1, p. 3): Tous les peuples qui ont reconnu deux principes ont toujours regardé le mauvais comme inférieur au bon, sans quoi ils auraient fait une supposition absurde. Voyez ci-après la profession de foi du vicaire savoyard. › Et dans cette profession de foi (tome 3, p. 61):

Y a-t-il un principe unique des choses? Y en a-t-il deux ou plusieurs, et quelle est leur nature? Je n'en sais rien, et que m'importe? > (Au même tome, p. 93): ‹ S'il (Dieu ) a créé la matière, les corps, les esprits, le monde, je n'en sais rien. L'idée de la création me confond et passe ma portée; je la crois autant que je puis la concevoir. C'est-à-dire point du tout, puisqu'il dit qu'elle passe sa portée.

II. En combattant la révélation (tome 3, p. 177), il dit que tout homme, qu'un homme né dans une île déserte, qui n'a jamais vu d'autre homme que lui, serait inexcusable de ne point lire dans le livre de la nature, qui parle à tous une langue intelligible à tous les esprits, et de ne pas y apprendre de lui-même à connaître Dieu, à l'aimer, à remplir pour lui plaire tous ses devoirs sur la terre. Il avait dit, au contraire (tome 2, p. 353), ‹ qu'il est d'une impossibilité démontrée que le même homme, qu'un pareil sauvage pût jamais élever ses réflexions jusqu'à la connaissance du vrai Dieu, et que l'aveuglement de cet homme parvenu jusqu'à la vieillesse, sans croire en Dieu, n'est pas volontaire, et ne l'empêchera pas de jouir dans l'autre vie de la présence de Dieu. › L'auteur, dans ces deux endroits, avait des intérêts différents. Le paradoxe qu'il soutenait dans ce second tome lui fait aussi dire (p. 342, 344 et 345) que nous sommes pour la plupart des anthropomorphites, que la religion des premiers hommes fut le polythéisme, et leur premier culte l'idolâtrie, qu'ils n'ont pu que difficilement parvenir à connaître un seul Dieu, que tous les enfants élevés dans la religion chré

tienne sont jusqu'à quinze ans nécessairement idolâtres ou anthropomorphites. - IHI. Il dit (tome 3, p. 98) qu'en faisant notre bien aux dépens d'autrui, nous faisons le mal. Et (p. 121) qu'en souffrant une injustice, il se dit: l'Être juste, qui régit tout, saura bien m'en dédommager. Il ajoute que les misères de la vie rendent l'idée de la mort plus supportable. Mais (tome 2, p. 113) il veut que tout soit permis pour conserver sa vie à quiconque n'a nul autre moyen pour vivre. Et (p. 223)

qu'on doit se venger d'un démenti ou d'un soufflet, non pas en se plaignant aux magistrats, ou en se battant en duel, mais par un autre moyen tout simple, qui mettra l'agresseur hors d'état de se vanter long-temps de l'insulte qu'il a faite. — IV. On lit (tome 3, p. 84): ‹ Quand je n'aurais d'autre preuve de l'immortalité de l'âme que le triomphe du méchant et l'oppression du juste, cela seul m'empêcherait d'en douter. › (Tome 4, p. 91 et 92):

Il existe un arbitre du sort des humains, duquel nous sommes tous les enfants, qui nous prescrit à tous d'être justes, de nous aimer les uns les autres, d'être bienfaisants, miséricordieux, de tenir nos engagements avec tout le monde, même envers nos ennemis et les siens. L'apparent bonheur de cette vie n'est rien ; il en est une autre après elle, dans laquelle cet Être suprême sera le rémunérateur des bons et le juge des méchants. Ces dogmes et les dogmes semblables sont ceux qu'il importe d'enseigner à la jeunesse et de persuader à tous les citoyens : quiconque les combat, mérite châtiment; il est le perturbateur de l'ordre et l'ennemi de la société. ›

L'auteur a donc mérité châtiment, a troublé l'ordre, et s'est montré l'ennemi de la société, lorsqu'il a dit (tome 3, p.77) que ‹ la providence n'empêche pas l'homme de mal faire, soit que de la part d'un être si faible, le mal soit nul à ses yeux, soit qu'elle ne pût l'empêcher sans gêner sa liberté. › Et lorsqu'il s'écrie (p. 90 et 91): ‹ Que m'importe ce que deviendront les méchants? Je prends peu d'intérêt à leur sort... Si la suprême justice se venge dès cette vie, vous et vos erreurs, ô nations! êtes ses ministres. Elle emploie les maux que vous vous faites à punir les crimes qui les ont attirés.... Qu'est-il besoin d'aller chercher l'enfer dans l'autre vie? il est dès celle-ci dans le cœur des méchants.... O Être clément et bon! Si les remords de ces infortunés doivent s'éteindre avec le temps.... si la même paix nous attend

tous également, je t'en loue.... Que (le méchant) délivré de sa misère, perde aussi la malignité qui l'accompagne, qu'il soit heureux ainsi que moi; loin d'exciter ma jalousie, son bonheur ne fera qu'ajouter au mien. ›

V. (Tome 3, p. 26): Je bénis Dieu de ses dons, mais je ne le prie pas; que lui demanderais-je ?, etc.

Au contraire (tome 4, p. 79): «Contentezvous de faire régulièrement les vôtres (vos prières) devant elles (les jeunes filles);.. faites-les courtes, suivant l'instruction de J.-C. Faitesles toujours avec le recueillement et l'attention convenables. Songez qu'en demandant à l'Être suprême de l'attention pour nous écouter, cela vaut bien qu'on en mette à ce qu'on va lui dire. > - VI. Tome 3, p. 184, il avance que toutes les religions particulières sont autant d'institutions salutaires, et qu'elles sont toutes bonnes. (Pag. 195 et 196) il dit qu'un homme né et élevé à Genève, retournant dans sa patrie, doit professer et pratiquer la religion qu'on y suit, et ne la plus quitter ; que cette religion est très-simple et très-sainte; et il ajoute avec vérité (pag. 196) que c'est une fausseté de ne pas pratiquer sincèrement la religion qu'on professe. Il avait pourtant dit (page 133) que dans toutes les religions révélées il ne voyait que les crimes des hommes et les misères du genre humain. › Il veut (tome 4, p. 77) que les filles aient la religion de leurs mères et les femmes celle de leurs maris ; d'où il suit que la mère et la fille doivent en changer, en professer et pratiquer une nouvelle toutes les fois qu'il plaira à la mère ou au mari de varier sur ce sujet, fût-ce pour embrasser un culte idolâtre.

Dans le tome 4, pag. 81 et suivantes, il condamne tous les catéchismes, celui de Genève, comme ceux de toutes les autres communions chrétiennes. Les vaines raisons qu'il apporte feraient condamner le Symbole, et ailleurs il va jusqu'à prétendre que les catéchismes ne servent qu'à rendre les hommes impies ou fanatiques. Tome IV, p. 78, 79, 80 et 81.

VII. Tome III, pag. 191: ‹ Tant qu'il reste quelque bonne croyance parmi les hommes, il ne faut point troubler les âmes paisibles, ni alarmer la foi des simples par des difficultés qu'ils ne peuvent résoudre et qui les inquiètent sans les éclairer. ›

Néanmoins son ouvrage est plein de déclamations contre la révélation chrétienne.

dre public, et de porter les citoyens à désobéir aux lois locales qui prescrivent le culte. Cependant une grande partie de son ouvrage n'est qu'une infraction perpétuelle des lois portées là-dessus, non seulement dans le royaume, mais presque dans toute la partie du monde où il a écrit et publié son livre.

Croft-il donc qu'il ne reste plus quelque il bonne croyance parmi les hommes? Non, ne le pense pas; nous venons de voir qu'il regarde même toutes les religions particulières qui sont dans le monde comme autant d'institutions salutaires, qu'il les croit toutes bonnes, que, selon lui, le calvinisme, tel qu'on le professe à Genève, est une religion très-sainte, qu'on ne doit pas quitter quand on y est né, et qu'on ne pourrait professer, sans la pratiquer, que par une fausseté criminelle.

VIII. Tome III, pag. 135: Dieu veut être adoré en esprit et en vérité: ce devoir est de toutes les religions, de tous les pays, de tous les hommes. Pag. 196: Songez que tous les vrais devoirs de la Religion sont indépendants des institutions des hommes : qu'un cœur juste est le vrai temple de la divinité; qu'en tout pays et en toute secte, aimer Dieu par-dessus tout et son prochain comme soi-même, est le sommaire de la loi; qu'il n'y a point de religion qui dispense des devoirs de la morale; qu'il n'y a de vraiment essentiels que ceux-là; que le culte intérieur est le premier de ces devoirs, et que sans la foi nulle véritable vertu n'existe. Comment accorder cela avec ce que dit l'auteur p. 195 et 196: «Quand vous voudrez écouter votre conscience,... vous sentirez que... c'est une inexcusable présomption de professer une autre religion que celle où l'on est né, et de ne pas pratiquer sincèrement celle qu'on professe. Si on est né dans l'idolâtrie, dans une de ces sectes où des crimes défendus par la loi naturelle sont autorisés et prescrits par le culte même, qu'on retienne et qu'on professe la religion où l'on est né, et qu'on la pratique sincèrement, adorera-t-on Dieu en esprit et en vérité? Aura-t-on la vraie foi en Dieu ? L'aimera-t-on par-dessus tout et le prochain comme soi-même? Remplira-t-on les devoirs de la morale? Comment encore l'auteur a-t-il pu dire que toutes les religions particulières sont des institutions salutaires, qu'elles sont toutes bonnes, qu'on y sert Dieu convenablement, qu'un fils doit avoir la religion de son père, la fille celle de sa mère, la femme celle de son mari, et que pour servir Dieu convenablement dans toute religion qu'on professe, il faut en même temps pratiquer sincèrement cette religion, et adorer Dieu en esprit et en vérité, croire en lui, l'aimer pardessus tout, et remplir tous les devoirs de la morale?

IX. T. III, p. 90, il défend de troubler l'or

X. T. III, p. 179 et suivantes: ‹ Lamajesté, dit-il, des Écritures m'étonne, la sainteté de l'Évangile parle à mon cœur. . . . . Se peut-il que celui dont il fait l'histoire ne soit qu'un homme lui-même? est-ce là le ton d'un enthousiaste ou d'un ambitieux sectaire. . . . . Où Jésus-Christ avait-il pris. . . . cette morale élevée et pure dont lui seul a donné des leçons et l'exemple?... La vie et la mort de Jésus sont d'un Dieu. Dirons-nous que l'histoire de l'Évangile est inventée à plaisir ? Mon ami, ce n'est pas ainsi qu'on invente. . . . Il serait plus inconcevable que plusieurs hommes eussent fabriqué ce livre, qu'il nè l'est qu'un seul en ait fourni le sujet. . . . L'Évangile a des caractères de vérité si grands, si frappants, si parfaitement inimitables, que l'inventeur en serait plus étonnant que le héros. › P. 189: Le dogme (dans l'Évangile ) est simple et la morale.

sublime. >

Avec tout cela, dit l'auteur p. 183, ce même Évangile est plein de choses incroyables, de choses qui répugnent à la raison, et qu'il est impossible à tout homme sensé de croire ni d'admettre. › Jésus-Christ qui les a enseignées était donc au moins un enthousiaste, qui se croyait inspiré et envoyé de Dieu, quoiqu'il ne le fût pas. Jésus-Christ, dont la morale était si élevée et si pure, et qui le premier en a donné un exemple parfait, dont la vie et la mort sont d'un Dicu, aurait donc encore mal fait, et troublé l'ordre public, porté les citoyens à la désobéissance, lorsqu'il a envoyé ses Apôtres prêcher l'Évangile à toute créature, si, comme le dit l'auteur, les religions particulières sont toutes des institutions salutaires, qui peuvent avoir leurs raisons dans des causes locales, si elles sont toutes bonnes, si chacun doit suivre la religion où il est né, si c'est toujours mal faire que de porter quelqu'un à quitter cette religion, quelle qu'elle soit, si c'est troubler l'ordre et désobéir aux lois qui prescrivent le culte dans chaque pays, et qu'on est toujours obligé d'observer, si c'est une obligation pour la fille de suivre la religion de sa mère et pour la femme de suivre celle de son mari.

XI. L'auteur, comme on vient de le voir, paraît

A

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reconnaître la force de l'ordre public et des lois,
lorsqu'il peut les objecter contre la révélation
chrétienne; mais dans le fond il méprise toutes
les lois. Il ne croit pas qu'il y en ait encore qui
aient le vrai caractère de loi, et il pense
que le droit politique est encore à naître. ›
XII (T. 3, page 178): ‹ A l'égard de la révé-
lation, dit-il, si j'étais meilleur raisonneur,
ou mieux Instruit, peut-être sentirais-je sa
vérité, son utilité pour ceux qui ont le bon-
heur de la connaître ; mais si je vois en sa
faveur des preuves que je ne puis combattre,
Je vois aussi contre elle des objections que je
ne puis résoudre. Il y a tant de raisons so-
lides pour et contre, que ne sachant à quoi me
déterminer, je ne l'admets, ni ne la rejette, ▸
etc. Il ne va pas ici plus loin que le doute,
et il donne ce doute pour bien appuyé sur
des raisons solides de part et d'autre, sur des
preuves qu'il ne peut combattre, et sur des
objections qu'il ne peut résoudre. Pourquoi
donc a-t-il pris si souvent le ton le plus décisif
et le plus dédaigneux en proposant ses objec-
tions, ou en combattant ses preuves? Pour-
quoi représente-t-il ses preuves comme de la
plus grande faiblesse, et les met-il dans la bou-
che d'un inspiré, à qui il fait faire le rôle d'un
vrai idiot dans la dispute que sa mauvaise foi
lui a fait inventer entre un chrétien et un rai-
sonneur?

Mais nous nous lassons de faire le détail des
contradictions de cet homme singulier. Nous
en avons assez rapporté pour qu'on voie clai-
rement que l'iniquité s'est démentie.

Il ne nous reste plus qu'à appliquer à l'au-

1218

teur les traits dont il peint quelques faux
philosophes de nos jours, qu'il veut qu'on évite
(tome 3, p. 197): ‹ Fuyez, dit-il, parlant à un
jeune homme, fuyez ceux qui sous prétexte
d'expliquer la nature, sèment dans le cœur
des hommes de désolantes doctrines, et dont
le scepticisme apparent est cent fois plus affir-
matif et plus dogmatique que le ton décidé de
leurs adversaires. Sous le hautain prétexte
qu'eux seuls sont éclairés, vrais, de bonne foi,
ils nous soumettent impérieusement à leurs
décisions tranchantes, et prétendent nous don-
ner pour les vrais principes des choses, les in-
intelligibles systèmes qu'ils ont bâtis dans leur
imagination. Du reste, renversant, détruisant,
foulant aux pieds tout ce que les horumes res-
pectent, ils ôtent aux affligés la dernière con-
solation de leur misère, aux puissants et aux
riches le seul frein de leurs passions; ils ar-
rachent du fond des cœurs le remords du
crime, l'espoir de la vertu, et se vantent
encore d'être les bienfaiteurs du genre hu-
main. L'auteur fait ainsi son portrait, en
traçant celui des faux philosophes de notre
siècle.

Que le Seigneur, qui ne veut point la mort
de l'impie, le guérisse enfin de cette aveugle
fureur, de cette vraie sorte de fanatisme avec
lesquelles il combat la religion chrétienne, et
fasse qu'il se convertisse et qu'il vive.

Par le commandement des doyen et docteurs
de la faculté de théologie, suivant la conclusion
du 20 août 1762.

WOUSTOURN, Greffier.

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