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par toutes les communes. Quant aux royalistes, ils ne manifestèrent ni pitié ni regrets; les émigrés euxmêmes reçurent la nouvelle de cette mort avec une honteuse indifférence. Ils proclamèrent le jeune fils de Louis XVI roi de France et de Navarre. Monsieur fut nommé régent, et le comte d'Artois lieutenantgénéral du royaume.

Les armées accueillirent, comme le reste de la France, la nouvelle du supplice de Louis XVI, et envoyèrent aussi à ses juges des adresses pour les complimenter. Nous vous remercions, disaient les soldats, de nous avoir mis dans la nécessité de vaincre. « En un mot, la nation tout entière, dit un contemporain, sentit que la responsabilité du coup s'étendait à elle, et qu'il fallait être la première des nations, sous peine d'être la dernière. >>

Il était urgent que le gouvernement républicain déployât une grande activité; tous les rois de l'Europe étaient conjurés contre lui. Le consul français Basseville et les élèves de l'École de peinture furent massacrés à Rome. La Convention chargea le conseil exécutif de tirer de ces assassinats une éclatante vengeance, et adopta le fils de Basseville digne moyen d'encourager le civisme des agents d'un grand peuple!

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L'impératrice de Russie chassa de ses états tous les Français, et défendit à ses sujets de conserver avec eux aucune relation. Le comte d'Artois étant allé la visiter, reçut un brillant accueil. Elle reconnut

Louis XVII roi de France, et le comte de Provence régent du royaume.

La cour d'Angleterre, affectant une profonde douleur, prit un deuil hypocrite, quoiqu'elle n'eût fait aucune démarche en faveur de Louis XVI. Elle signifia à l'ambassadeur de France l'ordre de sortir du royaume, sous huit jours, pour tout délai. Pitt, premier ministre, rassembla extraordinairement le parlement pour lui proposer des mesures hostiles contre la république. Deux hommes illustres par leur patriotisme et leur éloquence, Fox et Shéridan, s'y opposèrent, en remontrant « que la nation française venait de s'élever au plus haut degré de splendeur, et qu'il y aurait un grand danger pour l'Angleterre à se mettre en état d'hostilité contre elle. Que, d'ailleurs, c'était toujours un attentat que de prétendre gêner la volonté d'un peuple, en ce qui concerne ses affaires intérieures. Toutes les puissances de l'Europe n'ont-elles pas reconnu la république anglaise après l'exécution de Charles Ier? »

Malgré une vive opposition, Pitt, à l'aide de ses moyens de corruption sur la majorité du parlement, obtint d'elle un bill qui lui permit d'exclure du royaume tous les Français. Il mit un embargo sur les navires chargés de blés étrangers qui partaient pour la France. La Tour de Londres fut armée par ses soins, et il ordonna la levée générale des milices. Le duc d'York débarqua en Hollande, avec quinze mille

hommes, sous le prétexte de secourir le stathouder contre les patriotes hollandais, mais réellement pour entraver dans la Belgique les opérations de la France, et marcher sur Paris. Pitt envoya en même temps une flotte, guidée par deux émigrés français, et qui devait s'emparer, par trahison, de la Guadeloupe et de la Martinique.

La puissance maritime de l'Angleterre était formidable. Elle possédait cent soixante-dix vaisseaux de ligne, cent vingt-cinq frégates et cent huit cutters; le stathouder pouvait lui fournir en outre cent vaisseaux de ligne. La France n'avait à leur opposer que soixante-six vaisseaux de ligne, la plupart désarmés, et quatre-vingt-seize frégates ou corvettes.

II. Cependant, Pitt, n'osant pas déclarer franchement la guerre, parce que le peuple anglais avait manifesté ses sympathies pour la république française, fit écrire à Brissot, par de faux républicains de Londres, que l'Angleterre s'insurgerait si la France lui déclarait la guerre. De cette époque, date l'infernale politique qui s'immisça dans toutes les affaires intérieures et extérieures de la France. La Convention avait institué depuis quelques semaines un comité de défense générale, où dominaient les Girondins. Ce comité, influencé par Brissot, proposa, le 1er février, la guerre contre le roi d'Angleterre et le stathouder de Hollande. La Convention adopta cette proposition, sur-le-champ, à l'unanimité, motivant son décret sur

l'insulte faite à l'ambassadeur français; sur l'embargo; sur les secours d'argent donnés aux émigrés; sur la coalition du cabinet anglais avec la Prusse et l'Autriche, confirmée par un traité récent; enfin, sur tous les armements, évidemment dirigés contre la nation française, ainsi que Pitt l'avait avoué dans le parlement.

La république était donc en guerre avec toutes les puissances de l'Europe, à l'exception de l'Espagne. La Convention crut que plus le nombre des ennemis serait considérable, plus grandes seraient les ressources de la nation, qui ne pouvait vaincre que par un désespoir sublime. Le 7 mars, Barrère, au nom du comité de défense générale, proposa de déclarer la guerre à l'Espagne. Un ennemi de plus pour la France, disait le rapporteur, n'est qu'un triomphe de plus pour la liberté. La guerre fut décrétée à l'unanimité, motivée sur ces motifs principaux : 1° Que le gouvernement espagnol avait fomenté la révolte des noirs de Saint-Domingue, en échangeant avec eux des armes et des munitions contre l'or et les meubles qu'ils avaient pillés dans les habitations; 2° que le ministre espagnol avait insulté la nation française par ces mots : Il est étrange que les notes officielles parlent de la république française, comme si elle avait été reconnue par l'Espagne! De plus, la Convention annula tout traité d'alliance ou de commerce avec les puissances en guerre contre la république, et prohiba l'introduction

des objets manufacturés dans les pays soumis à leur domination.

En face de cette terrible campagne, les armées de la république étaient dans un état déplorable; elles ne se composaient que de deux cent dix-neuf mille hommes à l'effectif, dont cent quatre-vingt-quatorze mille seulement sous les armes. Les rigueurs de la saison, la misère, le désir des volontaires de revoir leurs foyers, les malheurs de la guerre, avaient fait disparaître presque tous les volontaires de juillet et de septembre 1792. Les soldats présents étaient, sinon découragés, du moins près d'être accablés par leurs sanglantes victoires, par leurs derniers revers et par le défaut d'approvisionnements. La cavalerie, peu nombreuse, était mal montée; l'artillerie avait vu déserter presque tous ses officiers. Les généraux semblaient pour la plupart justement suspects aux soldats.

Les coalisés comptaient en campagne trois cent soixante-quinze mille hommes, parfaitement disciplinés, et bien approvisionnés de vivres, de munitions, de chevaux et d'artillerie.

Cette armée était répartie de la manière suivante : Autrichiens, en Belgique.

50,000

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