Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

» de toutes vos fonctions. Vous n'êtes plus général : » j'ordonne qu'on ne vous obéisse plus et qu'on s'em» pare de vous; je vais mettre les scellés sur vos pa» piers. »

Dumouriez ordonne, en allemand, à des hussards, d'entrer et d'arrêter les quatre commissaires et le ministre; puis il les fait conduire au général Clairfait, qui les garde en otage. Transférés ensuite dans les cachots de l'Autriche, ils y supportèrent avec courage une longue et dure captivité.

Après cet éclat, il ne restait plus à Dumouriez qu'à jeter tout à fait le masque; il promit aux Autrichiens les places fortes sur lesquelles jusqu'alors ceux-ci n'avaient fait que des tentatives infructueuses; mais en vain il compta sur l'amour de ses soldats; il ne put les entraîner dans son parti. L'armée était alors franchement républicaine, et la seule idée d'un retour à l'ancien ordre de choses la révoltait 1. Dumouriez, abandonné de tous, s'enfuit dans le camp des Autrichiens, d'où il publia des manifestes, qu'il rédigea de concert avec Cobourg, pour offrir la paix à la France avec la Constitution de 91. Nos braves soldats répondirent par la Marseillaise et des coups de

canon.

IX. Le 1er avril, le rapport de Proby, Pereyra et Debuisson fut lu à la tribune de la Convention. Il montrait assez clairement que les Girondins avaient 1 Levasseur, t. I, p. 136.

jusqu'alors favorisé un traître. Au lieu d'avouer leur erreur, ceux-ci s'efforcèrent d'en faire retomber le reproche sur la Montagne. Lasource dénonça Danton comme complice de Dumouriez. Il lui reprocha notamment de ne pas l'avoir destitué lors de sa mission. en Belgique, et d'avoir fait l'éloge du général dans le sein du comité de salut public. Lasource insinua même que Danton avait voulu profiter des circonstances pour devenir roi.

vait

Ces imputations étaient absurdes; Danton ne poupas destituer Dumouriez avant sa révolte, puisque la Convention n'avait pas jugé à propos de le faire, même après la communication secrète du rapport des trois émissaires. Le grand orateur, immobile sur son banc, avait peine à contenir l'orage terrible qui grondait dans son cœur; on sentait que c'était seulement par pitié qu'il n'interrompait pas son adversaire. Lorsque Lasource eut quitté la tribune, Danton s'y dirigea en murmurant ces mots: Les scélérats! ils voudraient rejeter leurs crimes sur nous ! Le président, cédant aux manœuvres de ses adversaires, ferma la discussion, et l'Assemblée chargea une commission de recueillir tous les faits. Danton retournait à sa place, lorsque quelques membres de la Montagne l'invitent à parler. Cette invitation est chaudement appuyée par toute la gauche et par le public. Il remonte enfin à la tribune au milieu des plus vives acclamations, et dit en substance :

<< Je dois commencer par vous rendre hommage » comme vraiment amis du salut du peuple, ci>>toyens qui êtes placés à cette Montagne. Vous avez » mieux jugé que moi. J'ai cru longtemps que, quelle » que fût l'impétuosité de mon caractère, je devais » tempérer les moyens que la nature m'a départis ; je » devais employer, dans les circonstances difficiles où » m'a placé ma mission, la modération que m'ont >> paru commander les événements. Vous m'accusiez » de faiblesse vous aviez raison; je le reconnais de» vant la France entière. Nous, faits pour dénoncer » ceux qui, par impéritie ou scélératesse, ont con>> stamment voulu que le tyran échappât au glaive de » la loi... (Un très-grand nombre de membres se lè>> vent en criant Oui! oui! en indiquant du geste les » membres placés dans la partie droite. Des rumeurs » et des récriminations violentes s'élèvent de ce côté.) » Eh bien, ce sont ces mêmes hommes... (Les mur>> mures continuent à la droite de la tribune; l'orateur » se tournant vers les interrupteurs :) Vous me ré>> pondrez, vous me répondrez... citoyens. Ce sont, >> dis-je, ces mêmes hommes qui prennent aujour» d'hui l'attitude insolente de dénonciateurs... (Gran>> geneuve interrompt; les murmures d'une grande » partie de l'Assemblée couvrent sa voix.)

» Que vous a dit Lasource? Qu'à mon retour de la » Belgique je ne me suis pas présenté au comité de » défense générale. Il en a menti. J'y ai dit que Du

>> mouriez regardait la Convention comme un composé » de trois cents hommes stupides et de quatre cents » scélérats. « Que peut faire pour la république, ai-je » ajouté, un homme dont l'imagination est frappée de » pareilles idées?... Arrachons-le à son armée... » » (L'orateur se tournant vers l'extrémité gauche de la >> salle :) N'est-ce pas cela que j'ai dit ?

» Un grand nombre de voix. Oui! oui! »

Danton prouve que ses rapports ont été conformes à tous les autres renseignements, et que le comité et la Convention ont déjà approuvé tout ce qu'il a fait à l'égard de Dumouriez. Il démontre ensuite que les Girondins n'attaquent Lacroix et lui que parce qu'ils n'ont voulu ni du fédéralisme, ni de l'appel au peuple.

<<< Et l'on nous accuse de vouloir un roi! Encore » une fois, les plus grandes vérités, les plus grandes >> probabilités morales restent seules pour les nations. » Il n'y a que ceux qui ont eu la stupidité, la lâcheté » de vouloir ménager un roi qui peuvent être soup» çonnés de vouloir rétablir le trône; il n'y a que » ceux qui constamment ont cherché à exaspérer Du» mouriez contre les sociétés populaires et contre la » majorité de la Convention; il n'y a que ceux qui » ont présenté notre empressement à venir demander » des secours pour une armée délabrée, comme une » pusillanimité; il n'y a que ceux qui ont manifeste>>ment voulu punir Paris de son civisme, armer con

» tre lui les départements... (Un grand nombre de >> membres se levant, et indiquant du geste la partie » droite, s'écrient: Oui! oui! ils l'ont voulu ! )

» Marat. Et leurs petits soupers.

» Danton. Il n'y a que ceux qui ont fait des soupers » clandestins avec Dumouriez, quand il était à Paris. >> (On applaudit dans une grande partie de la salle.)

» Marat. Lasource !... Lasource en était... Oh! je » dénoncerai tous les traîtres!

» Danton. Oui, eux seuls sont les complices de la » conjuration. (De vifs applaudissements s'élèvent à » l'extrémité gauche et dans les tribunes.) Et c'est >> moi qu'on accuse !... moi!... Je ne crains rien de » Dumouriez, ni de tous ceux avec qui j'ai été en rela» tion. Que Dumouriez produise une seule ligne de » moi qui puisse donner lieu à l'ombre d'une incul»pation, et je livre ma tête.

» Marat. Il y a des lettres de Gensonné... C'est » Gensonné qui était en relation intime avec Dumou>> riez.

» Gensonné. Danton, j'interpelle votre bonne foi. » Vous avez dit avoir la minute de mes lettres; dites » ce qu'elles contenaient.

» Danton. Je ne parle pas textuellement de vos let» tres; je n'ai point parlé de vous. Je reviens à ce qui

» me concerne.

» J'ai, moi, quelques lettres du Dumouriez; elles » prouveront qu'il n'y avait nulle identité entre son

« VorigeDoorgaan »